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NOTICES ET EXTRAITS
DE
QUELQUES MANUSCRITS LATINS
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
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B. HAUREAU
KfEMBRE DE L'INSTITUT
TOME TROISIÈME
PARIS
LIB-RAIRIE C. KLIACKSIECK
11. RUE DE LILLE, 11
1891
NOTICES ET EXTRAITS
DE QUELQUES MANUSCRITS LATINS
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
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TYPOGRAPHIE
EDMOND MONNOYBR
AU MANS (SinTHE)
NOTICES ET EXTRAITS
DE
QUELQUES MANUSCRITS LATINS
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
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TOME TROISIÈME
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LIBRAIRIE G. KLINCKSIECK
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NOTICES ET EXTRAITS
DE
QUELQUES MANUSCRITS LATINS
DE
LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
QUÀTRIÈMI PARin
(Fonds de Saint-Viotor)
14246
Ce Yolume est occupé tout entier par des postules
anonymes sur le Pentateuque, Josué, les Juges, les
Rois, les Pâralipomènes, Esdras, Néheœias, Tobie,
Judith, Esther et Job. Elles sont toutes du cardinal
Hugues de Saiat-Cher, et nous les avons déjà citées
sous le n"" 363 (1). Les copies de ces postilles sont
nombreuses. Ajoutons qu'elles ont été plus d'une
foi^ . imprimées, étant demeurées, pendant plusieurs
siècles, un de ces ouvrages que nous appelons clasT
siques. On dit même que les rabbins juifs' ne dédai-
gnaient pas de les consulter
(1) Tome I, p. 1.
m. 1
MANUSCRITS LATINS
14250
Le commentaire anonyme sur Job que nous offre
ce volume e^t di'uhô dimension vlraiiheAt extraordi-
naire, car il n'occupe pas moins de onze cent trente-
deux colonnes in-folio. Il ^aut croire qu'on l'a, non
seulement lu, mais encore goûté. En effet nous en
avons un autre exemplaire anonyme dans le n* 15566,
Bandini nous en indique un troisième dans la biblio-
thèque Laurentienne (1)^ et il s'en trouvait autrefois
un quatrième à Glairvaux, aujourd'hui conservé, sous
le n° 487, dans la bibliothèque de Troyes. Quel en est
Tauteur ? Les copies de la Laurentienne et de Glairvaux
sont, comme lés nôtres, anonymes ; mais un ancien
bibliothécaire de Glairvaux a cru devoir attribuer ce mo-
nument d'une héroïque patience au frère Mineur Guil-
laume de Melton {de Melitona)^ disciple d'Alexandre
de Halès, et le P. Lelong a donné son assentiment
à cette attribution. Wadding et Sbaraglia Tauraient
peut-être admise s'ils l'avaient connue; mais ils ne
Tout pas connue, puisqu'ils n'en parlent pas. Il faut
s'en tenir au doute.
14258
Postules anonymes sur les Proverbes, ï'teccïésîaste,
la Sagesse, le Cantique des cantiques et TËcclésiasti-
que. Posiillx cujusdam^ dit Claude de Grandrue. Ge qui-
dam est le célèbre cardinal Hugues de Saint-Gher. Nous
(1) Catal bibl Laurent.^ U lY, c. 372.
DE LA BIBLIOTHèQUE NATIONALB ^
avons déjà cité sous le n® 469 (1) les postilles sur les
Proverbes, rEcclésiaste, la Sagesse et TEcclésiasti-
que; sous le n^ 481 celles sur l'Ecclésiastique et sur le
Cantique des cantiques (2). Ces dernières sont incom-
plètes dans notre n® 14258,
14264
Le commentaire anonyme sur saint Luc que nous
avons dans ce volume a pour auteur le Dominicain
Nicolas de Gorran. Il a été souvent imprimé.
14265
Voici maintenant cinq postilles anonymes sur les
Actes des apôtres, l'évangile de saint Marc, les Pro-
phéties de Jérémie, ses Lamentations et le livre de
Barulh. Comme on le voit, ces postilles sont ici trans-
crites sans aucun ordre. Sont-elles pourtant du même
auteur ? Échard a vu ce volume. Ta décrit et a fait sur
l'ensemble des pièces qu'il renferme une conjecture
à laquelle nous ne pouvons souscrire. Ayant, dit-il,
rencontré dans un autre manuscrit de Saint-Victor,
autrefois coté 419, les postilles sur saint Marc attri-
buées à Nicolas de Gorran, Echard a conclu de là que
les quatre autres postilles sont aussi de ce fécond
scholiaste, et les auteurs de V Histoire littéraire se
sont rangés sans défiance à son opinion. Cependant,
comme nous allons le montrer, aucun autre manus-
crit ne la confirme et plusieurs la contredisent. Il
(t) Tome I, p. 20.
(2) Ibid,, p. 22.
4 MANUSCRITS LATINS
s'en faut néanmoins que ces témoignages contraires
méritent tous la même créance. L'affaire est des plus
obscures, et elle^réclame un examen très attentif.
Les postilles sur les Actes commencent par ces
mois: Actiùs apostolorum. Argumentum hoc in
Actus apostolorum dividitur in très partes ; quarvm
prima tangit hujus libri materiam; et le n" 106
d*Ârras les rapporte au Franciscain Nicolas de
Lire. Mais cette attribution est certainement fausse.
Notre volume est un de ceux qui furent donnés à
Saint- Victor, en 1289, par le prévôt de Saint-Omer
Âdénulfe d'Anagni, et Nicolas de Lire, né vers 1270,
mort en 1340, n'avait pas encore fait à dix-neuf, à
vingt ans, des postilles assez renommées pour être
transcrites avec un si grand luxe par les soins du
riche prévôt. Mais si Fauteur n'est pas Nicolas de
Lire, il ne faut pas de là conclure que c'est Nicolas
de Gorran. L'argument en faveur de Nicolas n'est
en effet, comme on va le voir, d'aucun poids.
Voici le début des postilles sur saint Marc : Filii
Sion, exultate... — Secundum verbum prophéties
promissionis videtur manifeste evangelista Marcus
disposuisse seriem . . . Ecbard dit donc avoir trouvé ces
postilles sont le nom de Nicolas dans le n^ 419 de
Saint- Victor. Mais il s'est ici laissé tromper par quel-
que note mal prise. Ayant voulu* sur son indication,
vérifier le témoignage de ce n*»419, M. Lajard l'a,
dit-il, vainement recherché; il n'a pas, assure- t-il,
été transmis à la Bibliothèque nationale; il ajoute
même que le manuscrit est perdu (1). Non, il ne Test
(1) i?w*./i«. de Za Fr., t. XX, p. 336.
DE LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE 5
pas, car cet ancien 419 de Saint-Victor est justement
aujourd'hui ce n^ 14265 que nous avons présente-
ment sous les yeux, et où les postiiles sur Tévangile
de saint Marc sont anonymes, ainsi qu'Échard Ta,
comme nous, constaté. Il y a bien, à la vérité, dans un
ancien volume de Saint-Victor, notre n® 14312, coté
365 du temps d'Échard, une glose par saint Marc
attribuée par Claude de Grandrue, non par le copiste,
à Nicolas de Gorran, qui commence parles mots Filii
Sion, txultate; mais voici ce qu'on lit à la suite : In
verbis istis quatuor tangv/ntur ad commendationem
evangelicse docirinsB . Ce n'est donc pas la glose con-
tenue dans notre n* 14265. Pour conclure, aucun
manuscrit jusqu'à ce jour cité n'attribue cette glose à
frère Nicolas. Mais ce n'est pas à dire que l'auteur
en soit ignoré. C'est Jean de La Rochelle. Un autre
exemplaire anonyme est dans le n^ 16298 (fol. 1);
mais dans le n^ 15597 (fol. 1) il est écrit à la marge
supérieure du premier feuillet : Postillœ super Mar-
cum fratris J. de Rupella ; et cette note ancienne ne
nous inspire aucune défiance.
Sur les Prophéties de Jérémie : Direxit opéra eorum,.
— Verba ùta scripta sunt Sapientiœ JT, et dicta sunt
ad litteram de Moy se. Le n^'iO du Nouveau collège, à
Oxford, attribue ces postiiles à un certain Gaurricus,
Guerricus^ ordinis Prœdicatorum, qui ne peut être que
Guerric de Saint-Quentin, mort en 1245. Écharda proba-
blement ignoré celte attribution, car il ne l'a pas men-
tionnée. Mais encore ici tous les manuscrits ne sont pas
d'accord, len<» 184 du collège Merton donnantlesmèmes
gloses à un Guillaume de Lissy, que Wadding croit
6 MANUSCRITS LATINS
Franciscain et fait vivre en 1340. Si celte date était
exacte, ce Gaillaumne de Lissy devrait être écarté.
Mais elle est simplement conjecturale, et nous allons
montrer qu*elle est fausse. D'abord Guillaume de
Lissy, de Luxy ou de Lexy n'était pas Franciscain ; il
était, il s'est dit lui-même Dominicain dans un ser-
mon que nous aurons à citer sous le n® 14952, et
comme ce n® 14952 est du xiii* siècle, Wadding s'est
évidemment trompé quand il a dit de l'auteur : clor-
ruit sub anno 1340; il aurait dû le vieillir environ
d'un siècle. Maintenant est-ce lui qu'il faut admettre
comme auteur despostilles et nonOuerric? Si nous
hésitons entre l'un et l'autre, pour ce qui regarde
Nicolas de Gorran nous n'hésitons pas.
Sur les Lamentations de Jérémie : Quis dabit
capitimeo aquam... — In verbis istis, scriptis Jere-
mix IX, tangitur quadruplex causa hujibs operis. Ces
postilles sont aussi sous le nom de Guerric dans le
n** 4.0 du Nouveau collège, et, dans Je n° 184 du collège
Merton, sous le nom de Guillaume de Lissy.
Sur Baruth : Post lamentalionem et fletum. . . —
Verbaista sunt Tobix III, eu salis competunt huic libro.
Les premiers mots de ces postilles prouvent qu'elles
doivent suivre celles qui se rapportent aux Lamen-
tations et qu'elles sont, les unes et les autres, du
même auteur. Notre volume, celui du Nouveau col-
lège et du collège Merton nous les offrent, en effet,
dans cet ordre, et elles sont attribuées par les deux
manuscrits d'Angleterre au même Guillaume, au
même Guerric.
Echard s'est donc évidemment trompé. Aucune
DE LA BIBl^IOTHÈQUE NATIONALE 7
des postilles qufi contiçat ce yplume ][)'appartient à^
Nicolas de Qp^raq,
14268
Postilles sur toutes les épitres do saint Paul» avec
un prologue commençant par : Dedi te in lucem geti'
tium... — Legimus Oenesis I quod fecit Deus duo
luminaria magna. Quoique ces postilles aient été
publiées sous le nom de Nicolas de tiorran, Échard
se déclare presque certain, fere certum^ qu'elles sont
de Pierre de Tarentaise, qui fut, comme on le sait,
le savant pape Innocent Y (1). Notre certitude est sur
ce point complète. Aux manuscrits cités par Échard
comme offrant le nom de Pierre nous en pouvons
ajouter plusieurs^ trois notamment dans la bibliothè-
que Laurentienne (2).
14269
*
Quatre postilles, sur Tépitre aux Romains, les deux
épitres aux Corinthiens et le prologue de Tépltre aux
Galates. Ces postilles, qui manquent .dans le
n° 14268, ont été publiées aussi sous le nom de
Nicolas de Gorran. Elles appartiennent pareillement
à Pierre de Tarentaise.
14384
On lit à la fin de ce volume : Lectura seu compilatio
supra librum Catonis, édita a circumspecto et religioso
(1) Quôtif et Échard, Script, ord, Prssd,, 1. 1, p. 353.
(2) Bandini, Cat. bibl. Lqur,^ t. IV, çol. 421, 422, 423,
8' MANUSCRITS LATINS
viro fratre Philippo de Pergamo. Philippe de Ber-
game n*a fait qu^une partie de ce gros livre ; il a seu-
lement amplifié le prologue en prose des distiques.
Tout le commentaire des distiques est d'un moine
Cistercien, nommé Robert d'Envermeuil . On en a
la preuve au fol. 106, où se lit une épîlre de ce moine
adressant au jeune Pierre de Saluées un travail en-
trepris, dit-il, à sa prière. Il importe de signaler cette
épitre, car elle manque dans plusieurs manuscrits de
la Compilation, notamment dans les n*** 15931 et
17899. C'est pourquoi les bibliographes ont quelque-
fois attribué Tœuvre entière à Philippe de Bergame.
Les deux parties ont été imprimées, la seconde plus
souvent que la première, mais non pas, il est vrai,
toujours complète. On en a fait, au xv® siècle, un
abrégé, qu'on a mis aux mains des écoliers. Avait-
elle bien mérité cet honneur ?
14411
Le titre est, dans le manuscrit, Mamotretus. Il faut
lire Mamrnothreptv^s, C'est l'ouvrage, souvent im-
primé, de Jean Marchesini, de Reggio. Wadding
avait eu raison de placer ce Jean Mjarchesini dans le
XIV* siècle. L'âge de notre marjuscrit prouve qu^on
n'aurait pas dû le rajeunir. A la fin, comme supplé-
ment au MammothreptuSf des vers très médiocres dont
voici le premier : .
Palpât, contrectat, manibus blanditur, anhelat...
Si ces vers ont été imprimés dans quelques éditions>
ils ne l'ont pas été dans les- premières. - ' ^
DK LA BIBUOTHEQUK NATIONALE
14416
Le commentaire incomplet sur le Pentateuque qui
s'étend jusqu'au feuillet 121 est celui de Nicolas de
Gorran. Le nom de Fauteur, qui manque ici, se lit
dans plusieurs manuscrits cités par les bibliographes,
notamment dans le n® 161 des Cod. Laud. miscell.j à
la Bodléienne. Mentionnant cet ouvrage dans sa
notice sur Nicolas de Gorran, M. Lajard a regretté de
n'en pouvoir indiquer aucun exemplaire parmi les
manuscrits de Paris (1). Il y en a plusieurs à Paris,
trois au moins, mais tous les trois anonymes : celui
que nous avons ici, un autre que contient notre
n® 15560 et un troisième dans le n^ 46 de la Maza-
rine. Ce commentaire est inédit.
À la marge supérieure du feuillet 121 on peut lire
encore, mais non sans peine, cette note presque effacée:
Postillx Holcoti super librum Sapientix. Ces postilles
de Robert Holkot sur le livre de la Sagesse ont été
souvent imprimées. Echard et Fabricius en citent de
nombreuses éditions. Notre copie n'est pas com-
plète.
Au fol. 132, un commentaire sur la Consolation de
Boèce, commençant par : Nec me consolata est in hu-
militate. . . — Hœc propositio scribitur in Psalmo CX VIII
a propheta, et^ licetibiad aliud referaturpropositum...
Claude de Grandrue donne ce commentaire à Robert
Holkot. Mais c'est une attribution qui ne parait pas
(l) Hùt. litt. de la Fr., t. XX, p. 331.
10 MANUSCRITS LATINS
fondée. Elle ne l'est certainement pas sur le témoi-
gnage de quelque ancien bibliographe, et le scrupu-
leux Echard n'en fait aucune mention.
14425
Le titre de la première pièce que renferme ce vo-
lume est Disiinctiones super Psalterium. Le copiste
de ces Distinctions nous les a transmises anonymes ;
mais, plus tard, la main de quelque chanoine a sur-
monté le titre d'une note aujourd'hui presque effacée,
qui semble pouvoir être ainsi lue : Distinationes
Odonis Astensis. Si cela est écrit, l'attribution est
fausse. Eudes d'Asti nous a laissé des gloses sur le
Psautier plusieurs fois imprimées, notamment dans
le tome CXLV de la Patrologie^ col. 1141 ; mais elles
n'ont aucun rapport avec nos Distinctions, qui §ont
inédites, et dont l'auteur est le cardinal Eudes de
Châteauroux. Nous les avons déjà citées sous le
n' 3715(1).
Au fol. 114, un assemblage méthodique de frag-
ments moraux, tous extraits des œuvres de saint
Bernard. En tète, ces deux vers léonins, qui sont
presque inintelligibles :
Pax est in verbis id odoriferis opus herbis,
Nempe gerit flores Bernard! nobiliores ;
et, à la suite, un prologue, où le compilateur rend
ainsi compte âe son travail :
Cum non essem alicui exercitio magno^ opère occupatus,
placuit mihi ut opuscula viri illustrissimi beati Bernardi,
(l) Tome I, p. 237.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 11
egregii abbatis Claraevalleiisis, diligenter inspiciendo per-
currerem^ et, si quid in eis laudabile memoriaque dignum,
praecipue de virtutibus, invenirem, excipiens scripto breviter
Gommendarem.
Et, à la Ad, ces cinq vers, qui ne sont pas plus clairs
que les deux premiers :
Flagrat Bernardus sacer in dictis quasi nardus,
E quibus hic tract us liber est in scripta redactus.
Prologus in verbis exhaustis fonte beato.
Sic Augustinum lector cognosce vocatum,
Hune dum sacra fides suscepit fonte renatum.
D'autres exemplairesanonymes de cette compilation
sont dans notre n^ 4878 (fol. 1), dans les n°' 346 de
Tours, 29 du collège Lincoln, 41 du collège Merton et
206 du collège Saint-Jean-Baptiste, à Oxford. Un
autre nous est indiqué par Bandini dans son Cata-
logue de la bibliothèque Laurentienne ; t. IV,
col. 597.
14427
Du fol. 1 au fol. 147 de ce volume s'étend un com-
mentaire sur le Psaume Beati immaculati^ dont voici
les premiers mots ; Alléluia, laus et gloria.., Quis
titulus, quis ornatus, quis fructus astruatur prxsentis
psalmi... L'auteur n*est pas ici désigné, et il ne Test
pas non plus dans notre n® 14869, qui contient une
autre copie de ce commentaire. Il ne paraît pas l'être
davantage dans cinq volumes de Troyes, décrits sous
les nû« 556, 1534, 1624, 1714, 1857. Mais ces volumes
de Troyes sont venus de Clair vaux, et l'ancien
catalogue de Clairvaux nomnaait l'auteur Jean de
12 MANUSCRITS LATINS
Limoges. On peut se fier à cette attribution. Jean de
Limoges était un moine deClairvaux, et bien certaine-
ment les religieux de cette maison auraient moims
souvent pris la^ peine de transcrire cette immense
paraphrase, s'ils n'avaient pas été convaincus que
c'était Tœuvre principale d'un confrère dont, à bon
droite ils faisaient grand cas. Cette paraphrase n'est
pas d'ailleurs partout anonyme ; à Venise, dans la
bibliothèque de Saint-Marc, sous le n^ 59 de la théo-
logie, elle est aussi sous le nom de Jean de Limoges. Si
les auteurs de V Histoire littéraire ont omis d'en parler
dans leur notice sur cet écrivain, c'est probablement
parce que Fabricius avait fait avant eux la même omis-
sion.
Du feuillet 142 à la fin du volume, sous ce titre :
Hortus deliciarurriy un gros livre, en deux parties,
composé de courts sermons sur des thèmes emprun-
tés^ pour la première partie, aux écrits des douze
petits prophètes, au livre de Job, à l'Apocalypse, aux
prophéties d'Ezéchiel et d'Isaïe ; pour la seconde par-
tie, aux Épîtres, aux Actes, aux Paraboles, à TEcclé-
siaste, au livre de la Sagesse et au Cantique des canti-
ques. Il manque, suivant Claude de Grandrue, une
troisième partie, contenant des sermons sur les Evan-
giles. Mais ce n'est peut-être là qu'une conjecture ; nous
lisons en effet, à la dernière page de notre manuscrit :
Explicit liber.
On a déjà dû constater que cet Hortus deliciarum
est sans rapport avec celui d'Herrade de Landsperg.
Ce n'est guère qu'un centon dépourvu d'intérêt. Ce-
pendant nous nous félicitons de l'avoir rencontré,
DE LA, BIBLIOTHEQUE NATIONALE 13
puisqu'il nous a fait connaître un auteur jusqu'à ce
jour complètement ignoré. On lit au commencement
de la seconde partie : Incipit secunda partttio Horti
deliciarum, quant magister Simo, Civitatasis ecclesix
canonicus, per areola^s limitavit. Ainsi l'ordonnateur
de tous les parterres de ce vaste jardin est, un cha-
noine séculier nommé Simon. Il faut sans doute subs-
tituer Civitalensis à Civitatasis. Mais cette substitu-
tion nous éclaire peu, le nom de Civitas étant com-
mun à plus d'une ville épiscopale. Il est simplement
probable que ce Simon était Italien.
14435
Berthold, archidiacre de Wirtzbourg, a donné ce
volume, avec dix-neuf autres, aux chanoines de Saint-
Yiclor (1). Ce riche don méritait certainement une
vive reconnaissance; mais on est allé trop loin quand,
pour la lui témoigner, on l'a dit auteur de divers
ouvrages dont il n'était que le donateur.
Le présent volume commence par un commentaire
anonyme sur l'évangile de saint Matthieu dont tels
sont les premiers mots : Fecit Deus duo luminaria
magna... — Per firmamentum cœli salis eleganter
sacra Scriptura intelligitur. Or on lit sur la feuille de
garde cette note ancienne : PostilleB super Maithxum
archidiaccmi Herbipolensis. Mais c'est une erreur qu'il
est facile de corriger. Ces postilles anonymes sont du
chancelier Pierre Le Mangeur, comme nous l'avons
(1) Delisle, Cabin, des man.^ t. II, p..2L2.
14 kANUSiÙRÏTS LAïms
dit sous le n^ 446 (!)• Nous les avons déjà trouvées
sous le n° 620 (2) et elles sont encore anonymes dans
le n« 15591.
A la marge supérieure du feuillet 67, il est écrit :
PostillsB super Joannem archidiaconi Herbipolensis.
C'est encore une fausse attribution, ces postilles, com-
mençant par Omnia poma riova^ ou par Poma omnia
nova^ sont aussi de Pierre Le Mangeur, et nous les
avons citées aussi sous les n°» 446 et 620.
On lit enfin, au fol. 25, des postilles anonymes sur
saint Marc qui commencent par Vidi et ecce quatuor
quadrigœ,.. — Hujusmodi visionem revelavit Dominus
Zachariœ^ et fuit Visio imaginaria. Eh bien ! ces pos-
tilles, pareillement anonymes dans le n° 15591 (fol. 35),
ont encore pour auteur Pierre Le Mangeur, comme
l'attestent les manuscrits indiqués sous le n*» 446.
Au fol. 136, l'opuscule intitulé soit Genealogia et
chronologia sanctorum Patrum, soit Compendium his-
toriœ veteris et novi Teslamenti. Les copies manuscri-
tes en sont très nombreuses, et presque toutes, comme
celles-ci, sans le nom de l'auteur. Mais cet auteur
n'est pas douteux; c'est un autre chancelier de Paris
du nom de Pierre, Pierre de Poitiers. Cet opuscule a
d'ailleurs été plusieurs fois imprimé sous son nom (3).
Il est, ainsi qu'on l'a dit, sans intérêt.
Au fol. 143, Cantica caniicorum, secundum cancel-
larium Carnotensem. Voici les premiers mots de cette
glose : Eoce ego hodie et cras dœmonia ejicio.., —
(1) Tome I, p. 5.
(2) Ibid., p. 44.
(3) Hùt. litt. de la Fr., t. XVI, p, 487.
DE LA ëtëkJOyi^tTa NATIONALE 15
Vtrbâ, t^àmi Dùm/ini ifi Evangelio, in qmbus ostenditur
tHpliûiter status Ecclesix. C'est une paraphrase morale
dont l'objet principal est de recommander leurs devoirs
professionnels à tous les ministres de rÉglise, parti*
culièrement aux prélats. Mais quel est ce chancelier
de Chartres dont le titre cité ne dit pas le nom? Aucun
iautre manuscrit ne nous le fait connaître. C'est peut-
être, avons-nous supposé (1), Pierre de Roîssy, qui
vivait en 1215 et mourut vers 1230. Mais aucune
supposition ne doit être accueillie sans défiance.
. Le volume finit par des gloses sur leç premiers
chapitres de la Genèse, et d'abord sur le prologue de
saint Jérôme. En voici les premiers mois : In Exodo
legitur, tricesimo septimo capitula : Faciès mihi altàre.
Nous ne connaissons pas l'auteur de ces gloses ; mais
l^âge du manuscrit nous permet d'assurer qu'elles sont
antérieures à la seconde moitié du xiii" siècle; et
comme, d'autre part, nous y voyons cité Jean de
Salisbury (fol. 147, col. 3), nous tenons pour certain
qu'elles lie sont pas antérieures à la seconde moitié
du xii".
14512
Les auteurs des écrits que contient ce volume sont
presque tous nommés, et il n'y a pas d'attributions
fausses. Deux pièces seulement sont anonymes.
Celle qui s*0JËfre à nous la première, intitulée De
operibus sex dierum^ a maintes fois été publiée sous le
nom de saint Cyprien, et les moines du Mont-Cassin
(1) Mémoires de VAcad. des inscripiy t. XXXI, deuxième part,
p. 120.
16 MANUSCRITS LATINS
en ont, dans leur n^ 186, un exemplaire sous le nom
de saint Bernard. Mais il est reconnu que ces deux
attributions sont également fausses. Le véritable
auteur est celui quUndique notre copie: Ernaud, abbé
de Bonneval. Ce traité digne de remarque est au tome
CLXXXIX de la Patrologie, col. 1515,
Le traité suivant, De verbis Domini in cnice^ est
aussi d'Ernaud et publié sous son nom au même tome
de la Patrologie. Le nom se lit dans ce manuscrit,
ainsi que dans notre n° 1925 et les n**» A 421 de Rouen,
108 de Soissons ; mais la plupart des copies sont
anonymes. Comme telles citons celles qui se trouvent
dans notre n« 3563(fol. 124) et les n^'A 514 de Rouen,
1388 de Troyes.
Le sermon anonyme en l'honneur de la Vierge qui
succède à ces deux traités est sous le . nom de saint
Bernard dans notre n° 1201 (fol. 61). Il n'est pas indi-
gne de saint Bernard; cependant on Taurait à tort
inséré dans ses Œuvres, car il est encore d'Ernaud.
En voici d'autres exemplaires anonymes : Bibl. nat.,
n^» 3563 (fol. 129), 3564 (fol. 26), 14593 (fol. 206); 654
delà Mazarine; 1388 de Troyes. Il est imprimé sous le
nom d'Ernaud au même tomede laPatrologie^ col. 1725.
A la suite trois traités do Hugues de Fouilloi, /)e
medicina animm^ Ad socium volentem nubere, De
natura avium. Nous avons déjà plus d'une fois ren-
contré ces traités et les avons cités sous les n®» 712 (1),
3218 (2), 1231 (3).
(1) Tome I, p. 86.
(2) Ibid., p. 205.
• (3) Tome II, p. 67.
DE LA • fiiBLtÔTKèOUK NAÎÎONALB lî
L'écrit qui termine ce volume est un commentaire
anonyme sur le Cantique des cantiques dont l'auteur
n'a pas été bien désigné par le rédacteur du catalogue
des manuscrits de Troyes. Le n® 563 de cette bibliothè-
que contient notre commentaire, sous ce titre : Tratta-
tus Gilleberti de Stanfordia super Cantica canticorum;
et, ne connaissant pas ce Gilbert de Stanfordia, le
rédacteur du catalogue l'envoie chercher, dans le
tome XIII de VHistoire littéraire^ sous le nom dé
Gilbert de Hoilandia (1). On possède, en eflFet^Aincom^
mentaire bien connu mv le Cantique dont ce Gilbertus
de Hoilandia est l'auteur maintenant incontesté; mftis
jen voici les premiers mots : Varii su>nt affectus aman-
tium quia casus varii; tandis que jcelui dont nous
avons à faire connaître l'auteur véritable commence
dans notre manuscrit, dans celui de Troyés et, en.oulrèj
dans notre n*" 2504 (fol. 97) ainsi que dans le n® 23 dé
Lao.n, par ces mots bien diJËférents : Scriptura sacra,
morem rapidissimi fluminis tenens, sic humanarum
mentium profûndà replet ut semper exundet. Ainsi
voilà, sur le même texte, deux commentaires faits par
deux Gilbert. Laissons le sien au Gilbert de Hoilandia]
-m^is ne lui donnons pas l'autre. L'autre est d'un
théologien de plus grand renom. Sans doute le mot
Stanfordia ûu manuscrit de Troyes doit être corrigé;
mais. ce n'est ^^^ Hoilandia qu'il faut lire; c'est'/^éra-
fordia. Notre commentaire anonyme est en effet, dô
jGilbert Fôlioth, évêque dTIérèford, le véhément àdvef i
.saire de'Thomas Beckét, et il a été publié sous^son nom.
-•'-,•■- .',*.. • • ' t '■■;,. ■'■ ■' "' ' ' '\
: (l);(7û£al.;^éM. d«iin«., ia-âvt. II, ïT. 245. :\ ' ^ . i)
m. 2
t%, : mMTmmn» hknm
14690
Oa toliima est un recueil de sermouB qui ae sont
pu; tous du même auteur, mais qui paraissent tous
avoir été prononcés, durant la seconde moitié du
xu^ siècle, dans le chapitre de Saint-Victor. Entre
des orateurs divers il y a toujours des différences
plus ou moins sensibles, qui tiennent à leurs carac-*
tares, à leurs habitudes d'esprit. Mais deux choses
sont communes aux sermons que contient ce volume.
La première est qu'ils ont été composés, non pour
le peuple des fidèles, mais pour des religieux.
La seconde est quUls ont pour objet de stimuler chez
ces religieux, dont la plupart étaient de vrais lettrés^
le mépris de tout ce qu^estime le siècle, non seule-
ment, cela va sans dire, des richesse!^ des honneurs^
mais encore de la science qui se propose d'expliquer
ce quUl suffit de croire.
Telle ^t, en efiEet, à cette date, la doctrine propre
de Tabbaye de Saint- Victor : quiconque s'y fait admet-
tre vient s'eorôler sous les enseignes du mysticisme.
On ne reconnait là qu'un maître, magister Hugo^ le
^second Augustin, non moins vénéré que le premier^
3ous d'autres toits, et, par exemple-, au doîtire de
Koti«-Dame, dans Técole ^iscopale, professent des
docteurs très applaudis, qui raisonnent sur les
matières delà religion, signalent des contradictions, au
moins ai^arentes^ entre les textes, s'efforcent de tout
accorder, et, s'ils ne le peuvent, autorisent des
doutes. Mais à Saint- Victor on ne doute de rieû; on
DB lA BIBU0Th2qU8 NATIONALE 19
croit ce qu'on doit croire, avec passion, par le cœur.
Aux croyants de cette 3orte on crie vainement que
toute passion aveugle, que la raison a des droits et
qu'on la pousse h la révolte en s'obstinant à les mé-
connaîtra. Ce sont là des conseils qu'ils ne veulent
psfô entendre . S'ils sont aveuglés, soit ! à cet aveu-
glement ils doivent de vivre en paix ; ce qui, dans
ce monde, est le souverain bien, et ils n'envient pas à
leurs conseillers cette avidité de tout connaître qui
les condamne, ne pouvant être jamais satisfaite, à
des agitations sans trêve et sans fin.
Les soixante sermons que contient ce volume
paraissent avoir été choisis comme des modèles. On
peut, du moins, les considérer comme exprimant de
la manière la plus fidèle les sentiments particuliers
des religieux qui les ont entendus. Nous avons donc
ici ce qu'on peut appeler la doctrine parénétique de
Saint-Victor. Voilà nos sermons suffisamment recom-
mandés aux historiens de la philosophie. Ajoutons
qu'ils méritent aussi d'être signalés aux historiens
de la littérature, car, s'ils ne sont pas tous d'un
égal mérite, ils sont tous d'un style scrupuleuse-
ment travaillé par des gen& curieux de bien dire.
Point ici de propos facétieux, point de joviales allu-
sions aux mœurs du temps. On ne rit jamais à
Saint- Victor. Mais la pieuse gravité qu'on s'y fait un
devoir d'observer en toute circonstance n'interdit
pas la recherche du beau langage. Ajoutons que ces
soixante sermons sont, pour la plupart, inédits. En
voici le détail :
Fol. 1. In ramu Palmanm. Sermon commengant
20 ' MANUSCRITS LATmS ' ' '
par : Benedicius qui venit in nomine Domini. —
Mediator Dei et hominum, homo Chris tics JesvSy ut
sv^ mediationis impleret officiv/m.... Il est, dans
notre manuscrit, anonyme, et l'est pareillement
dans trois autres volumes venus de Saint- Victor, les
il»» 14589 (fol. 13), 14925 (fol. 109) et 14948 (fol. 1);
mais dans le n^ 16461 (fol. 1), manuscrit de même
provenance, passé plus tard à la Sorbonne, l'auteur
est indiqué par la lettre G. Cette abréviation signifie
Galierus. Nous lisons, en effet, sur la feuille de garde
de notre volume, au recto : Sermones prions Galteri^
et, d'une autre main, au verso : Sermones prioris
Galteri XX VIII. Or, si la première de ces deux notes
paraît être du xv* siècle, on croit pouvoir rapporter
ia seconde au xiii®. Le témoignage est donc ancien.
Ancien et précieux, car ce prieur Gauthier est un
personnage d'importance. C'est ce fougueux libelliste
qui traita si durement Abélard, Gilbert de La Porrée,
Pierre de Poitiers, Pierre le Lombard, qu'il tourna
contre lui-même le plus grand nombre de leurs ad-
versaires déclarés. Aucun de ses sermons n'est encore
imprimé; il y à plus : aucun n'est mentionné ni par
€asimir Oudin, ni par Fabricius, ni bar M. Daunou(l).
tlependant ils ne valent pas moins que bien d'autres
'daht on a idit beaucoup de bien. Nous n'entendons
pas, en faisant cette remarque^ très haut porter le
mérite de Gauthier. C'est un orateur médiocre. Il
n^èst pourtant pas tout à fait banal, car il laisse voir
'son icaractère.
' (i) Hùt.m. de la France, l. XIV, p. btà. —
BE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE Si
Ses modèles sont ceux de tout Yictorin : sajnt
Augustin,^ le patron de Tordre ; Hugues, la gloire de
^a^ maison. Sa méthode, qui n^a pareillement rien de
personnel, consiste à citer d'abord un texte sacré,
puis à le commenter, pour en tirer, avec plus ou
moins de contrainte, soit une thèse dogmatique, soit
lune leçon de morale. Ajoutons que, si le ton de son
discours est d'une gravité soutenue, cela : n'est pas
non plus à noter, car tout le monde est grave à Saint-
Victor. Mais tout le monde n*a pas l'accent Mïde et
tranqhant de Gauthier, conmiandant de ^ croire strie-
tement tout ce qu'il croit, jde dire tout ce qu'il dit, et
s'emportant contre quiconque ose Tiaterroger sur les
motifs de. sa croyance. • .
Fol. 3. In solemnitate paschali; commençant par:
Çhnstus mortuiùs est propter delicta nostra, et rcsv/r^
reœit propter justificationem nostrcftn. Autres copies :
n** 14589 (fol. 15), 14948 (foL 3), 16461 (fol. 4). C'est
encore un sermon de Gauthier, désigné dan* notre
manuscrit et dans plusieurs autres par la lettre G.
Tout n'y est pas sans intérêt. Gauthier nous apprend
d'abord qu'il est encore novice dans l'art de prêcher»
et qu'il n'aborde pas la chaire sans crainte, dans un'
jour si solennel, se défiant de son inexpérience : r
SdtiSj fratres mei dilectissimi^ quia hoc genus loquendi^
nondv/m attigi; unde expavesco sermonem vobis facere
in tanta solemnitate. Cependant il ne tarde pas trop
à s'enhardir, et, conduit par le sujet qu'il traite à dis-
courir sur la double nature du Christ, le voilà tout à »
fait à l'aise, quittant le ^on du sermonnaire et prenant .
celui du théologien, : ,
î? MANUSClIfTS LA«NS
Le sermonnaire doit toujours être doux: à T^rd des
pécheurs, des égarés, qu'il faut habilement ramener
au bercail. Gauthier Ta reconnu dansTexorde du
sermon qui précède, où nous lisons :
Dominus et magister mitis erat et humilis ; mitis, xiemi-'
nem IsBdens ; humilis, nullum contemnens. Et nos ergo,
tante magisterio ernditi et exemple provocati, simas mites
et kumiles: mites, neminem Isedentes; mansueti, tracta-
bilea, sine omni feUe aauuritudlnis» al^sque omiÛTeDeno ser-
pentis...
Mais le théologien est-ïï tenu d'avoir la même in-
dulgence pour ceux de ses confrères qui ne pensent
pas comme lui ? Evidemment Gauthier ne le croit
pas. Le croyant, il n'aurait pas, à la fin du passage
suivant, aussi brutalement injurié les maîtres phis
jaloux que lui d'aller au fond des choses, les inter-
prètes rationalistes des classiques Sentences :
Nen in Yerbi incamatione divinitas mutat% y'el conversa^
est in humanitatem, vel e converse, nec ex duabus nataris
facta est tertia; sed sic inefifabiliter home unitus est Dee ut
totum haberet per gratiam quod Deus per naturam. Unde
dicit Augustinus : c Tanta est unie utriusque natur» in
Christe qued tetum dicitur Deus et tetum home,^ et vicissim
Deus heme et heme Deus. » Qued quidam ebtuse cerde
légentes, quia non pessunt hoc ratiene humana cemprehen-
dere, nolunt iïLnd credére. Unde constat quod eerum fides
nil meretur apud Deminum, quia ûdes non habet meritum
cui ratie humana prsebet experimentum ; id est eerum ûdes
nihil habet meriti qui nelunt credere qued nen pessunt se-
cundum ratienem humanam intelligere. Unde, tumere su-
perbisB ebrumbrante eos, eerum aqusB yertuntur in sanguÂ-
nem, id est mérite superbiae tradunturinreprebum sensum.
Oum sint animales, spiritum Dei non habentes, quid igitur
mîrum si ea qusB Dei sunt ignorent ? ,
DE LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE 33
Animales ! Le mot est d'une grande dureté. CSes
théologiens perdent leur temps et leur peine lorsqu'ils
travaillent à comprendre ce qu'ils doivent tout simple*
ment croire. On Taccorde ; on n'est pas même trop
choqué de les entendre taxer d'orgueil. Hais les assi-
miler à des animaux ! Gela est grossier.
Fol. 6. De Spiritu sanctOy G.; commençant par :
Advenif ignis divinuSy non combtùrens , sed ilhtminans,
nec consumens, sedlucens... — Vniversitatis conditor
Dev^^ cum cœlùm ordinavit^ duo himinaria fecit^ solem
et lunam. Autres copies : n^ 14589 (fol. 17), 14948
(fol. 5), 16461 (fol. 7). Ce troisième sermon de Gau-
thier n'est qu'une paraphrase de heux communs.
Mais ce n'est pas une de ces paraphrases traînantes
où les redites fatiguent bientôt Tattention. La dic-
tion vive, impérieuse de Gauthier la tiennent toujours
en éveil. Nous retrouvons le style de saint Bernard
dans le fragment qu'on va lire :
Scientia quaa non habet condimentam divinœ dilectioniç
non est sapida, sed insipida, inflans, non SBdificans, ideoque
indigna nomine sapientise. Non enim quaelibet cognitio dici-
tur sapientia, sed cognitio Dei ; nec quœlibet cognitio Dei,
sed illa tantum quœ habetur cum dilectione; hœc enim
sola recte vocatur sapientia et sapida scientia. Deus spiritus
est. Qui eum adorant oportet adorare in spiritu et veritate :
in veritate quantum ad cognitionem, in spiritu quantum &i
dilectionem. Cognitio veritatis reformat in nobis Dei imagi-
nem, dilectio réparât in nobis Dèi similitudinem. In omni-
bus membris Ghristi Spiritus sanctus. Hic duo operatur :
cognitionem veritatis et amorem virtutis. Unum est enim
corpus Ghristi, quod constat ex capite et membris. Christus
est caput, gratise et veritatis habens plenitudinem. Membra
sunt cbristiani, de plenitudine capitis accipientes. Spiritus
Igitur Ghristi non nisi in cprporeQhristi habitat; sed 8ec\m-
24' MANUSCRITS ïiATINS • *
dum plenitudinem in capite, secundum participationem in
membris. in hoc ergo corporenihil est mortuum, extra nihil
viyum. Qui enim spiritum Christi non habet hic non est
ejus membrum; hi enim soli qui spiritu Dei aguntur hi
sunt ôlii Dei, templum Spiritus sancti, h8e^e4es 'Dei, çohas-
redes Christi, qui mundum contemnunt et in spe heredit&tis
astemae quiescun t. . , " ,\
• . . • ...
. .Fol. 8. In- nOftali Domini, secundum rnqgistrum
AçJiardum; commençant par : Jn natule Emmanuelis
ejm cibonos refiçi condeçetf oujus cibics est butirum et
fiel. Autres copies, toutes avec le nom d§ rauteur:
n^» 14589 (fol. 24), 14948 (fol. 7), 16461 (fol.lO). Ge
maître Àchard, qui, d'abord abbé de Saint-Yictor,
mourut évêque d'Avranches en 1171, fit moins de
bruit que Gauthier, mais eut un meilleur renom. Le
prompt discrédit de son école Ta fait pourtant vite
publier, .et ses sermons sont restés inédits, comme
ceux du fougueux prieur. Inédits et presque ignorés,
car notre volume en referme quinze et les auteurs de
Y Histoire littéraire Tirent ont mentionné qu'un seul (1).
Ils mériteïit ' cependant qu'on les fasse connaître.
Achard n'est pas non plus un rationaliste; il né sou-
Xûet pas au tribunal de sa raison les articles de la
croyance prescrite par rautorité ; mais il ne se défend
pas de méditer sur ces articles et d'approfondir les
mystères, pour faire valoir, en les exposant, l'esprit
de Dieu. Il n'est pas d'ailleurs, comme Gauthier, im-
périeux ; il est tendre. Les yeux toujours levés au ciel,
il admir.e, il prie, il "fleure. Ces docteurs séculiers,
dont Gauthier voudrait faire proscrire la méthode
téméraire, Achard ne les connaît pai^.
r \
V . •
.(l) HisL un. de la France, u XIII, p* 455. :
DE LA BIBLIOTkèQUE NATIONALE 2S
Le premier de ses sermons, qui paraît avoir la
rédemption pour matière, est d'une telle subtilité
qu'on avoue n'en avoir pas tout compris. C'est pour-
quoi l'on û'en cite rien.
Fol. 10. De Epiphania. — Ecce Stella quant viderant
magi in oriente. Antecedebat eos usquedum veniens sta^
ret supra ubi erat. . . — Solemnitas pressentis diei tribus
miraculis decoratur . Anonyme : n® 14957 (fol. 104).
Autres copies, où le nom de l'auteur est indiqué par
la lettre G. : n*»* 14589 (fol. 26), 14948 (fol. 9), 16461
(fol. 12). Ce sermon paraît donc être de Gauthier. Il
se rencontre, il est vrai, dans le n* 13774 (fol. 31),
sous le nom de certain maître Odon dont nous parle-
rons plus loin. Mais, si ce n® 13774 est d'une bonne
date, il était à Saint-Germain, non pas à Saint- Victor,
et les n°*. 14589, 14948, venus de Saint-Victor, nous
inspirent plus de confiance en ce qui touche les reli-
gieux de cette maison.
; Fol. 13. De Purificatione, (?.; commençant par:
De solemnitate Purificationis scriptum est in lege
Uoysi : Mulier quae, suscepto semine . . . Autres copies :
no« 13774 (fol. 32), 14589 (fol. 28), 14948 (fol. 11),
14957 (fol. 52), 16461 (fol. 15). Il n'y a guère, dans
ces deux sermons, que des interprétations d'allégo-
ries supposées. Quelques-unes ont du paraître ingé-
nieuses à des religieux qui faisaient grand état,
comme on le sait, des jeux d'esprit.
Fol. 14. Mag. Pétri Manducataris in Purificatione;
commençant par ; Oblatus est quia voluit. — Bis legi-
tur Dominus oblatus (sic) fuisse : hodierna die in tem^
plo,postea inpatibulo,.
26 MANUSCRITS LATINS
Pierre Le Mangeur, Fauteur justement célèbre de
Y Histoire scolastique^ se retira, vers la fin de sa vie,
dans Tabbaye de Saint- Victor (1). Des sermons qu'il
avait prononcés durant son commerce avec les gens
du siècle un assez grand nombre ont été publiés, soit
sûiis le nom de Pierre de Blois, soit sous celui d'Bilde*»
])ert, à qui les ont faussement attribués des éditeurs
peu clairvoyants. Mais on ne cqnnaît encore aucun
de ceux quMl fit à Saint- Victor. Il y eji a cinq dans
QQtr^ volume.
Du premier nous pouvons indiquer ces autres co-*
pies : n<^ 14589 (fol. 29), 14948 (fol. 13), 1&461
(fol, 17). Ajoutons que, sans être digne de remarque
^u point de vue littéraire, ce sermon mérite, au point
^e vue nioral, d'être particulièrement signalé. Pierre
Le Mangeur s'est exilé du siècle. Pour quel motif?
Nous rignorons. Mais nous apprenons ici qu'il ne
songe aucunement à recommander son exemple aux
gens quHl a quittés. Qu'oji préfère, dit-il, librement
^Ue condition à telle autre; que chacun suive son
penchant naturel : Âd kabitum religionis nemo cogen^
4^^y a/i xfotum contineniim nemo constringendus est.
Il n'y a pas, sous la loi de Dieu, de contrainte; on
peut, dans tous les états, se comporter de manière à
mériter le ciel. Nous aimons entendre un reclus
parler ainsi des mondains ; cela fait concevoir une
bonne opinion de son jugement et de son caractère.
Fol. 16. Mag» A, in Z>edica«ion«; commençant par:
In sole posuii tabernaculum . . . ^— Sol iste invisibilis
(1) Hist. lut. de la France, t. XIV, p. n.
DE LA BIBLIOTHKQUB NATIONALB Vt
spleThdorem habet eê calorem. Autres copies : n^ 1458d
(fol. 31), 14948 (fol: 14), 14957 (fol. 109), 16461
(fol, 19). Dans le u° 14948, au verso du foL 14, une
note du xv^ siècle nous avertit que la lettre A. désigne
Àchard. Nous n'en doutions pas. Le défaut d'Achard,
nous Tavons signalé, c'est d'être subtil ; mais il n'est
pas habituellement banal : il a le goût des périodes
arrondies et des mots pompeux. Nous allons en
donner la preuve :
De istlus soHsplenitudine omnes viri sancti (sunt) aecipien-
tes, ut ipsi sint soles in se semper lucentes et ardentes, née
tamen ad alios illuminandos radios suos semper emittentes,
imo quandoque ipsos abscondere conantes, detrimentum suî
luminis par imprudentem osiensionem sustinere metuentes.
Sed quoniam tiihil occultum quod non sciatur, née abscon-
ditum quod non reveletur, et quia civitas super montem
posita non potest abscondi, ad laudem Dei et ad utilitatem
proximi produntur, etiam quandoque inviti, non quia non
dili^nt Deum et proximum, sed quia Ument seipsos potius
destruere per laudis jactantiam quam alioç œdiûcare per
suarum virtutum manifestationem. In his ergo, tanquam in
sole, posuit Deus tabernaculum suum, in quibus Deus
habitat per veram sui cognitionem et sinceram dilectio-
nem.
Tabernaculum est viantium, iter agentium, laborantium
et militantium. Quandiu enim sumus in vita pressenti sti-
mus quasi peregrini et advenae. Non enim habemus hio
manentem civitatem^ sed futuram inquirimus, ideo'qne prse-
sens ecclesia tabernaculo, non templo comparatur; in quo
tabernaculo Deus militât nobis et in nobis et per nos. Ipsi us
enim est bellum quod gerimus, quod sustinemus, et militia
cui soli adscribenda est omnis Victoria. Multiplex quippe
bellum contra nos geritur : caro enim concupiscit adversus
spiritum, voluntas ration! contradicit, ipsa etiam voluntas a
selpsa divisa est. Ex altéra parte certaminis accedit mundus
tumultuans : delectationibus suis rigorem bominis emollire
conatur, adversis fortitu4\nem debilitare ; et, ut manus i|ijr
28 MANUSCRITS* LA.TINS
taico'rum cQnfortentur contra nos, adest multitudo daemo-
num cum exercitu omnium vitiorum. Hi omnes, cum magno
împetu unanimes, omni fraude et dolô armati, insurgunt
contra nos, ut nos captivent et ad stagnum in quo non est
aquà trahant, sed vermis immortalis et ignls inextinguibi«
lis. Ut igitur his satellitibus non succumbamos, imo viri^
uter resistamus, de viribus nostris non praesumamus, sed
ad adjutorium confugiamus. Diçat ergo miles Christi régi
éuo, imperatori suo : < Effundè frameam tuam adversus eos
qui persequuntur me.; appréhende arma et scutum tt exsurge
in adjutorium mihi. . . »
^ ' Peu de tenjps après la mort d*Achard, ces paraphra-
ses très étudiées cessèrent de flatter le goût du public.
Les poètes et les rhéteurs étant tombés dans le même
discrédit, rargumentation logique eavahit la chaire
elle-même. Cependant elle n'y fit pas très bonne
figure, n'étant pas là sur son théâtre, et elle en fut
dépossédée promptement par un gei;ire nouveau, sans
règle^ sans nom, une sorte de soliloque familier, qui,
malgré de scandaleux excès, fut plus longtemps en
faveur (1). Quoi qu'il en soit, il faut reconnaître, d'une
part, que le genre d'Achard était le plus conforme
aux convenances, et, d'autre part, que cet orateur sui-
vant la vieille mode n'était certes dépourvu ni d'in-
vention ni de talent.
Fol. 18. Mag. A. inAdventu Domini, — Veni, Domine
Jesu! — Hœc verba posuit Joannes in fine Apocalypsis,
in fine totius canonicx Scripturx,,. Autres copies :
n«» 14589 (fol. 32), 14948 (fol. 16), 14957 (f. 111, mais
incomplet), 16461 (fol. 21) de la Bibliothèque nationale
et 316 (fol. 31) de l'Arsenal. En tête de cette dernière
s
{i)EUt. «tt. de ia France, U XIV, p, 13.
D£ LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 29
copie, que contient ua volume pareillement originaire
de Sain t- Victor, . le nom d'Achard se lit en toutes
lettres.
Fol. 20. Mag. Henrici de Apostolis. — Estote pru^
dentés sicut serpentes... — Prxcipitwr in Evangelio ut
xdificaturus turrim prias sedeat et sumptus computet.
Autres copies : n»» 14589 (fol. 34), 14925 (fol. 119),
14948 (fol. 18), 14957 (fol. 111), 16461 (fol. 23). Quel
est cet Henri? Evidemment c^était un religieux. On
u^en doute pas quand on le voit qualifier en des ter-
mes très dédaigneux tantôt les prélats séculiers,
tantôt les maîtres des écoles mondaines. M. Vdhhè
Bourgain (1) a déjà cité ce passage de son sermon sur
les apôtres :
Sumptus necessarii ad sermonem faciendum sunt vita et
scientia, quas mihi déesse non dubito. Unde consequens est
ut ab irrisoribus insultationem patiar; qusB fortassis non
erit ad caritatis diminutionem, sed ad profectum. Hujus in-
sultationis timorem habeant sseculares artium disputatores,
quorum est velle magis videri sapientes quam esse, humano
favori studere quam cèmmuni utilitati. Nos autem, quorum
est et esse de]bet in contumeliis gaudere. . .
Ce qui nous fait, en outre, supposer qu'il était cha-
noine de Saint- Victor, c'est que le sermon ici men-
tionné, le seul qu'on ait conservé sous son nona,
n'existe, à notre connaissance, qu'en des manuscrits
venus de cette abbaye. Mais là doivent s'arrêter nos
conjectures.
Fol. 22. Mag. Mauricii in solemnitate B. VictO"
ris. — Vincenti dabo manna abscondiium. — Décét
(1) Bourgain, La Chaire franc, au ixfi sîàcle^ p. 126. .
30 HANUSGRtte IATIN8
in 4olenmitate gUmosi martyris beaU Vicions nofiien
mctorias frequentius in ore habere. Autres copies:
ii«« 13774 (fol. 28), 14589 (fol. 35) 14948 (fol. 19), 14957
(foL 112), 16461 (fol. 25). Noire volume nous offre,
sous le nom de ce maître Maurice, six sermons dont
aucun ne figure parmi ceux que Maurice, évèque de
Paris, a réunis lui-même en corps d'ouvrage et divi*
ses en trois livres, avec autant de préfaces. Mais il est
bien probable qu'il avait formé ce recueil avant même
d'être évêque, tandis que les six sermons ici transcrits
doivent avoir été par lui prononcés quand, ayant
abdiqué Tépiscopat, il s'était retiré, pour mourir en
paix, à Saint-Yictor (1). Ils lui sont attribués sans
difiBculté par M. l'abbé Bourgain (2). Le premier n'est
en rien remarquable.
Fol. 23. Mag. Pétri M. de Assumptione Virginis;
commençant par : Moyses tulit virgam Àaran et repo*
suit in archa fœderis; filii namque Israël murmurave-
rantcontraAaroUy quod solus prx ceterissummosacer"
dotio fungeretur. Autres copies : n®* 13774 (fol. 27),
14589 (fol. 36), 14948 (fol. 20), 14957 (fol. 113), 16461
(fol. 27). En tête de cette dernière copie, le nom de
l'auteur est en toutes lettres : Petrus Manducaior^
Pierre Le Mangeur. Le sermon est, d'ailleurs, sans
intérêt ; il n'y a que des explications de puériles allé-
gories.
Fol. 25. Mag, Mauricii de S. Victore; commençant
par : Hœc est Victoria quœ vincit mundv/m, fides nostra.
— Scitis, fratres mei, diem prxsentem celebrari in
(1) Hist. liU. de la France, t. XV, p. 153.
(2) La Chaire 'franp. <iu xn* siàde^ p. 48, note.
DE LA tttliïOtdÂQtTÉ HATIONALB Si
kanore et vénérations beati Yietoris. Autres copies :
n^ 14589 (fol. 37), 14948 (fol. 22), 16461 (fol. 29).
Dans ce sermon, d'une gravité soutenue, il n'y a que
des parai^rases banales.
Fol. 27. Mag. Pétri M. de S. Augustino; commençant
par : FUius accrescens Joseph... Jacob diem obitt^ sui
imminere prasmdens... Autres copies : n®* 14948
(fol. 24), 16461 (fol. 32). L'orateur, Pierre Le Mangeur,
commente successivement chacun des mots de son
thème, appliquant tout ce qu'on y lit sur Joseph
d'abord à saint Augustin, ensuite aux religieux de
son ordre. Ainsi qu^on le soupçonne, tout est
forcé dans ce commentaire; ce ne sont que jeux
d'esprit :
Jacob signîficat Deum Patrem^ qui plures habet filîos. Tri-
bus modis accipitur filius, videlicet ûlius naturœ, ûlius gra-
tise, ûlius obedientiaB : ûlius Del naturalis ab setemo, ûlius
gratisB a baptismo, ûlius obedientisB a voto. Ut autem oom-
petentius ostendatur qualiter prsedicta verba secundum
triplicem acceptionem ûlii tripliciter possunt exponi,petimus
ut detur nobis licentia loquendi. Dicatur itaque ûlius naturœ
Augustus, ûlius gratisB Augustinus, ûlius obedientisBÀugus -
tinianus. Nemini autem videatur mirum quod ûlium Deî
vocamus Augustum, quo nomine ille Romanus imperator
ab augenda republica prius nuncupatus est ; quis autem ex
re hoc nomen convenientius possidet quam ille qui rem
publicam auxit ecclesiâB civitatis supemse, qui estpax nostra,
qui utraque fecit unum, qui pacem super pacem dédit, qui
oleastrum sterilem olivae fructiferœ inseruit, eccleeiam syna-
gogse conjunxit, gentilem populum in se, angulari lapide,
populo judaico sociavit. Videndum est igitur primo qualiter
verba proposita de Augusto, ûlio naturse, debeant intelligi...
De tout cela rien n'est vraiment ingénieux. Ce qui
suit ne Test pas davantage. Mais quels efforts pour
32 ; HàKCÇGRrrS LATINS •
atteindre' le bu t . manqué i Comparant • les . sermons
d'Acbard à ceux de Pierre Le Mangeur, nous
trouvons que ceux-ci sont bien loin de valoir ceux-
là. Ceux-là pourtant semblent avoir eu moins de
succès.
Du folio 29 au folio 33, nous avons des fragments
de théologie mystique, sous ce titre Capitula^ qui sont
anonymes dans le n" 14957 (fol. 116), mais qui, dans
les n«» 14589 (fol. 104) et 16461 (fol. 35), sont intitu-
lés : Expositio super Ecclesiasîen secundum mag. H.
Le maître désigné par la lettre H. semble bien être
Hugues de Saint- Victor, et, en effet, sa onzième homé-
lie sur l'Ecclésiaste est la paraphrase de Tobscure
sentence par laquelle commencent nos Capitula :
Sapientia attingit a fine usque ad finem. Cependant
la paraphrase imprimée n'est pas celle que nous offrent
les manuscrits cités. Si le fond est le même, la forme
diffère beaucoup. Avons-nous dans ces manuscrits
un premier essai de raulcar? On peut le supposer.
A ce fragment succède une nouvelle série de ser-
mons.
Fol. 33. De Purificatione, mag. G.; commençant
par : Sinl lumbi vestri prœcincti. . . — Fesiiva solem-
nitas praesentis diei in tribus linguis tribus nuncupatur
•i)ocabulis. Dans le n° 16461 (fol. 40), Fauteur est indi-
qué, comme il l'est ici, par la lettre G. C'est donc le
prieur Gauthier. Mais le même sermon est anonyme
-dans le n» 14948 (fol. 30), et dans le n^ 2950 (fol. 145)
il est attribué à Pierre Le Mangeur. Nous le croyons de
•Gauthier. Les sermons de Pierre sont plus courts et les
.mêmes choses y sont exprimées avec. beaucoup moins
,
r
DE LÀ BIBLIOTHilQUE NATIONALE 33
d'âpreté. Ainsi nous ne retrouvons pas le style de
Pierre dans le passage suivant :
Oculorum inquinamento inquinamur quoties mors carnalis
concupiscentiae, ex vanitate accepta occasione, intrat per
fenestras ipsorum oculorum nostrorum. Quoties ergo species
mulieris vel aliquid aliud quod nobis solet prsebere mate-
riam peccandi se offert, oculos nostros in ipsum non debe-
musfigere..., sed eos avertere ne videant vanitatem per
quam hauriant mortem. Aurium autem inquinatione inqui-
namur quoties praebemus eas verbis saecularibus, verbis
otiosis, verbis nocuis et detractionis ; quoties libenter
audimus eos quoioim sermo ut cancer serpit, quorum collo-
quia corrumpunt bonos mores. Magna equidem inquinatio
bonorum morum corruptela. Hi sunt de quibus dicit Joannes
apostolus : « Hi de mundo sunt et de mundo loquuntur et
mundus audit eos. > Ipsi sunt de mundo, imo ipsi sunt
mundus, id est mundi amatores, et de mundo loquuntur, id
est de mundanis et vanis, et mundus, id est mundi amatores
eos audiunt. Mundus ergo audit mundum de mundo loquen-
tem, id est vani vanos de vanitate fabulantes. Si ergo
nolumus talium confabulationibus corrumpi, si volumus
bonorum morum integritatem ilIaBsam custodire, talcs fugia-
mus tanquam animarum corruptores . . .
Gomme on Ta vu, Pierre Le Mangeur est moins dur
pour ce monde dont il s'est volontairement éloigné..
S'il ne le regrette pas, il croit néanmoins qu'on y
peut bien vivre. D'ailleurs son langage est sur toute
chose habituellement modéré, tandis que celui de!
Gauthier ne Test jamais.
Fol. 36. In Annuntiatione Domini^ magistri Pétri
Mand.; commençant par : Eo tempore egressus est
Isaac ad meditandum, .. — Alia translatio habet :
Egressus et Isaac ad exercitandum in agro: Autres
copies : n^' 13774 (fol. 26), 14948. (fol. 33), 1646,1
ni. 3
(
f
34 MANUSCRITS LATINS
(fol. 4i5). Il n'y a rien à citer de ce sermon, que nous
regrettons de trouver si dépourvu d'intérêt.
Fol. 38. De Epiphania Domini, G.; commençant
par : Hic est films meus ; ipsum audite, — SU omnis
homo' velox ad audiendum, tardus ad loquendum,
' Autre copie : n9 14948 (fol. 34). Gauthier invoque ici,
touchant un point de doctrine, Fautorité de <c maître
Hugues » de Saint-Victor; mais, les phrases qu'il cite
. étant empruntées au grand traité des Sacrements^
livre II, part. I, ch. ix, nous n'en pouvons pas tirer
une information utile, l'attribution de cet ouvrage à
l'illustre chanoine n'ayant jamais été contestée.
Fol. 40, De Spiritu sancto^ G,; commençant par :
Non accepistis spiriium servitutis... — Spiritus sa/ne-
tus creatrix est potentia. Autres copies : n? 14948
(fol. 36), 14957 (fol. H9), 16461 (fol. 49). Ce sermon
est un des plus dogmatiques qu'ait composés Gau-
thier, de Saint-Victor; on peut môme dire que c'est
plutôt une leçon de théologie qu'un sermon.
Fol. 42. In Pascha, G. ; commençant par : Si qua
in Christo nova creatura^ vetera transierunt et ecce
facta sunt nova. — In die dominiez resurrectionis, in
hac die nostra spes. Autres copies, avec l'indication de
l'auteur par la même initiale : n®" 14948 (fol. 38),
16461 (fol. 53). Le même sermon est anonyme dans
les n«» 3563 (fol. 69), 13586 (fol. 160), 14957 (fol. 122),
et dans le n** 2950 (fol. 19) il est sous le nom de
Pierre Le Mangeur. Mais cette attribution ne parait
pas non plus admissible. Nous avons déjà cité ce ser-
mon sous le n' 13586 (1).
(1) Tome II, p 311.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 35
Fol. 45. Sermo communis, magistri Gaufridi; com-
mençant par : Vidi aquam egredientem a dextro latere
templi. . . — Libenter sufferlis insipientes^ cum sitis
sapientes. Autres copies : 14948 (fol. 41), 16461
(fol. 56) Quel est ce Gaufridus ! On peut supposer que
c'est Godefroid de Saint- Victor, qui fut un des con-
temporains de Gauthier, d'Achard et de Pierre Le
Mangeur. A la vérité, ce sermon n'est pas au nombre
de ceux que Ton a réunis sous son nom dans les
n^' 14881 de la Bibliothèque nationale et 942 de la
Mazarine ; mais il est reconnu qu'il en a fait
d'autres (l).
Fol. 47. De AssumpHone, G. ; commençant par :
Ostende mihi faciem tuam,., — Omni devotione co-
lenda est gloriosa assumptio B. Marix. Autres copies :
14948 (fol. 43), 16461 (fol. 59). Ce qu'il y a de moins
banal dans ce sermon de Gauthier, c'est une invective
contre les fêtes mondaines.
Fol. 49. De Resurrectione, magistri Achardi ; com-
mençant par : Dies ista dies Christi, dies Domini, dies
quant fecit DominuSy dies dominica, dies nova ^ sole
novo illustrata. Autres copies : n** 568 (fol. 148),
14948 (fol. 45), 14957 (fol. 126, incomplet), 15033
(fol. 190), 16461 (fol. 62). Achard se montre, dans ce
sermon, un mystique très raffiné, qu'il n'est pas tou-
jours facile de comprendre. Nous croyons pourtant
en avoir compris et nous allons en citer un
fragment où sont dénoncées comme hérétiques cer-
taines opinions émises en ce temps-là dans quelques
chaires de Paris ;
(1) Eut. m. de la France, t. XV, p. 79.
l
36 MANUSCRITS LATINS
Quidquid de Deo dicitur positive, et de homine, ut sapiens,
bonus et similia. Ideo dico positive quod sunt quidam qusede
Deo dicta nil in eo ponunt, sed potius removent, utseternus,
immensus ; setemus enim dicitur Deus quia non principium
vel ônem habet; unde, quamvis homo assumptus non sit
seternus, sed Deus sit setemus, non ideo habet minus homo
quam Deus, quia, ut dictum est, œternus nil ponit, sed
removet. Cur saltem non credunt apostolo dicenti : i In quo
habitat omnis plenitudo divinitatis corporaliter >. Cumdicit
« omnis »> comprehendit omnia quse in Deo sunt, ut poten-
tiam, sapientiam, bonitatem' ; cum dicit « plenitudo » tota-
litatem singulorum innuit, posset enim habere et non
secundum eamdem plenitudinem; sed, ne quis hoc totum
exponat de verbo, subjunxit t corporaliter » , id est in
corpore Christi. Item ipsa veritas de se dicit : t Data est mihi
omnis potestas in cœlo et in terra ». Manifestum, quia non
Inferiori datur ; si enim tantam potentiam homo assumptus
non haberet quantam Verbum, quomodo verum esset omnem
potestatem sibi datam fuisse ; vel, si non habet omnipo-
tentiam, quomodo est omnipotens? Et, si non est omnipo-
tens, quomodo est Deus ? O oculi qui non vident ! Non
audent dicere quod homo ille non sit Deus, et tamen dicunt
id ex quod illud sequitur ; hi etenim tangunt Christum qui
ejus divinitatem eorrodunt, quia, si non habet tantam divi-
nitatem, quomodo idem Deus et tantus quantus est Deus
ipsum Verbum ?. . . Nos ergo. . . dévote et màgna reverentia
comedamus caput agni, humanitati Christi plenitudinem
deitatis inesse credendo, nihil de ipsa demendo. Pedes vero
agni quidam maie comedunt et irreverenter eorrodunt, veluti
illi qui de corpore Jesu dicebant quia fantasma erat, et illi
qui dicebant Verbum assumpsisse corpus tantum et non
animam, et ipsum Verbum loeum animas obtinere, et ut illi
qui dicebant corpus et animam, sed non rationem, Verbum
assumpsisse et locum mentis Verbum ob tin uisse. Sunt adhuc
quidam inimici veritatis qui dicunt quod, quando Verbum
factum est homo, non est factum aliquid, nec in eo quod est
homo est aliquid quod nos sumus. Sed si hoc est, quomodo
nobis est consubstantialis secundum humanitatem sicutpatri
est consubstantialis secundum divinitatem ?... Sicut auferunt
prsedicti plenitudinem divinitatis Christi humanitati, sic
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 37
isti auferunt plenitudinem humanitatis ejusdem divinitati ;
uthque csBci duces csecorum.
Ainsi la doctrine d'Achard est que le Ghriét possède,
en tant qu'homme, la plénitude de tous les attributs
divins, et qu'il ne manque à Dieu fait homme rien de
ce qui comporte la définition de la personne humaine.
Mais cette doctrine n'est pas, dit-il, celle de tous les
maîtres, et celle qu'ils professent devrait, assure-t-il,
les conduire, s'ils étaient bons logiciens, à nier la
divinité de Jésus-Christ. Ce fragment nous semble
avoir l'intérêt d'un document historique.
Fol. 52. Mag. A.^ in Ramis palmarum ; commen-
çant par : Venit Jestis ad montent Oliveti et dixit dis-
cipulis suis : a Ite in castellum. . . » — Venit mons ad
montem'j spiritua/is ad materialem, veritas ad
figuram. Autres copies: n*» 568 (fol. 147), 14948
(fol. 47), 14957 (fol. 127), 16461 (fol. 66). Il n'est pas
douteux que ce mag. A. soit maître Achard. Les
noms sont, dans notre manuscrit, plus ou moins
abrégés, suivant l'espace que le copiste avait réservé
pour la rubrique.
Fol. 54. Sermo deomni exhortations ; commençant
par : Veni in aîtitudinem maris et tempestas dimersit
me. — Mare sœculum prœsens. Mare salsum. Autres
copies: n^» 568 (fol. 141), 14948 (fol. 49), 14957
(fol. 102), 16461 (fol. 68). Ce sermon est anonyme
dans les cinq manuscrits, et, si nous soupçonnons
qu' Achard enestTauteur, nous n'en avons pas d'autre
preuve qu'une conformité de style très souvent, re-
connaissons-le, décevante. Quoi qu'il en soit, ce pré-
38 MANUSCRITS LATINS
dicateur innomé parle, comme Achard, une langue
dont la correction et Télégance sont également re-
commanda^les. On en va juger. Voici l'exorde du
sermon :
Vent in altitudinem maris et tempestas dimersit me.
Mare sseculum prsesens. Mare salsum est, inquietuin est,
tumidum est et fœtidum est ; sic prsesens sseculum falsum
per amaritudinem, inquietum per curiositatem, tumidum
per superbiam, fœtidum per luxuriam. Ad transeundum
illud mare necessaria est nobisnavis, malus, vélum et cet,
Navis significatfidem cujus tabulas sacrae Scripturae sententise
sunt, clavum vero auctoritates sanctorum doctorum sunt.
Navis in prora et in puppi stricta est et in medio lata ; sic
fidesi Stricta enim fuit in Abraham, qui fuit prima credendi
via; non quod intempore Abrahse vêlante fides non fuerit,
sed quod in tempore ejus fuit rara, occulta et quasi sopita
et in ipso solo excitata, manifestata et probata, et in ipso
quasi uno ligno navis inchoata ; et adhuc etiam quando
Jacob descendit in JSgyptum, in animabus septuagînta satis
stricta fuit ; quando autem populus israeliticus in deserto
cuUum Dei suscepit et in terra promissionis unum Deum
coluit, tune navis fidei dilatari cœpit. Denique, adveniente
Christo in carne, et ipso passopro humano génère, et praedi-
cantibus apostolis evangelium in omni gente, tune ipsa navis
latitudinem suam suscepit. Verum veniente antichristo, et
ipso niiracula sua faciente, divitias multis tribuente, tor-
menta Christianis inferente, rursum coaretabitur navis ista,
quia multi qui putabantur fidèles extra fidem invenientur.
In ultime denique juste, quasi in ultimo et uno ligno, con-
summabitur.
La comparaison qui est toute là matière de cet
exorde est sans doute prolixement paraphrasée ;
mais la paraphrase ne manque pas de traits ingé-
nieux.
Fol. 55. Mag. i4. in Pa5c/ia; commençant par: Domi"
nicx resurrectionis eœcellentia^ tantâs feativitatis solem-
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 39
nitas^ nostrsB redemptionis simul et salutis celebratio
nos eœcUet, moveat et tangat.... Autres copies : n®* 568
(fol. 142), 14948 (fol. 50), 14957 (fol. 128), 16461 (fol.
79). Au ton pompeux de l'exorde on reconnaît aisé-
ment Tauteur, maître Achard.
Fol. 58. De Ascensionej mag. Mauricii; commen-
çant par: Sol oritur et occidit.,.. — De solemnitate
Ascensionis dominicœ, non prout vestrœ capacitati,
sedmeœ parvitati convenit... Autres copies: n®" 568
(fol. 144), 14957 (fol. 129, incomplet), 14948 (fol. 52),
16461 (fol. 73).
Fol. 59. Sermo magîstri Mav/ricii communis; com-
mençant par : Quid estbonv/mDei? Quid'estpulchrum
Dei ? Ea qux dicuntur non solum pensanda sv/nt ex
qualitate sermonis.,. Autres copies : n°" 568 (fol. 145),
13774 (fol. 30), 14948 (fol. 54), 14957 ^(fol. 130, in-
complot), 16461 (fol. 75).
Nous citons ces phrases, qui certainement se rap-
portent aux théologiens de Técole séculière :
Nonne mali seque ut boni audiunt, legunt et intelligunt
verbum Dei, plicant et replicant scripturas ? Utique ; sed
non simili modo. Mali namque legunt ut linguas ornent,
non vitam componant; sapien.tiam quserunt non propter
sapientiam, sed ut venalem prostituant, vel pro laude
humana, vel pro pecunia. XJnde, sapientia indigni, ipsam
in veritate non inveniùnt; corticem frumenti nostri exte-
rius rodere nobiseum possunt, sed ad ejus meduUam, ut
adipe satientur, non pertingunt.
En effet, après s'être exercés à bien dire, ces maîtres
séculiers font de la science, pour la plupart, un métier
lucratif. Or l'éloquence, la richesse, ce sont là choses
mondaines, dont tout religieux, doit, à Saint- Victor,
40 MANUSCRITS LATINS
professer le mépris, même au risque de n'être pas
tenu pour sincère. La richesse, oui, c'est bien sincè-
rement que chacun y fait profession de la dédaigner;
mais, en ce qui touche l'éloquence, Hugues et
Richard, par exemple, les plus honorés des maîtres
Victorins, ne se sont-ils pas appliqués, autant que
quiconque, à parer leurs discours, leurs écrits, de
toutes les fleurs de la rhétorique ou profane ou
sacrée? Et quand nous voyons Maurice lui-même citer,
sans à-propos, dans ce sermon, plusieurs vers
d'Horace et d'Ovide, nous jugeons qu'il ne dédaignait
pas les ornements du langage autant qu'il croyait
devoir le dire.
Fol. 61. Mag. Odonis de Purlficatione ; commençant
par : Adorna ihalamum tuum, Sion... Scriptum est:
Ubi est majus scientiœ donum, ibi majus culpae pericu-
lum. Autres copies : n^' 568 (fol. 182), 14948
(fol. 56), 14957 (fol. 58), 16461 (fol. 78); Mazar.,
n® 358 (fol. 124). On a compté, parmi les auteurs du
xii'' siècle, deux chanoines de Saint- Victor nommés
Tunet Tautre Odon, dont l'un devint abbé de Sainte-
Geneviève, l'autre de Saint-Père, près Auxerre (1).
Ce sermon appartient probablement à l'un des deux .
Mais auquel ? C'est ce que nous ne saurions dire. ïi
est du moins certain que c'est uu sermon prononcé
dans un cloître devant des religieux. La phrase sui-
vante le montre clairement :
Nobis autem, fratres, inter cetera coUatum est praefulgens
scientiae donum et commissum pretiosum sapientisB talen-
(1) BisL litt. de la France^ t. XIV, p. 346.
DE LA BIBUOTHÈQUE NATIONALE 41
tum, quibus Deus arcana coelestium secretorum revelavit,
incerta et occulta sapientise suae manifestavit.
On De parle pas de cette a[iaoière au commun des
fidèles. Dire à des gens que Dieu leur a particuliè-
rement révélé les mystères du ciel, c'est déjà bien
certainement les flatter outre mesure. Le dire au
peuple des laïques, ce serait se moquer.
Fol. 63. De Septuagesima, mag. A.; commençant
par : Septuagesima in alterius rei memoriam et in
alterius rei figurant et signum a devotione fidelium
celebratur. Autres copies ; n"» 568 (fol. 184), 14925
(fol, 118), 14948 (fol. 58), 14957 (fol. 131, incomplet),
16461 (fol. 81); Mazar., n« 358 (fol. 127). Ce sermon
d'Achard a pour objet d'expliquer certains passages
de la Genèse. Il avait reconnu, théologien scrupuleux,
que ces passages manquent de clarté. Quant à ses
explications, ce que nous en pouvons dire c'est
qu'elles sont très subtiles, trop subtiles.
Fol. 65. In solemnitate cujuslibet martyriSj tnag.
M.; c'est-à-dire Mauricii; commençant par : Vincenti
dabomanna.,, — Semel loquitur Deus et duo audiuntur.
Autres copies : n^» 568 (fol. 185), 14948 (fol. 59),
14957 (fol. 112, incomplet), 16461 (fol. 83); Mazar.,
n° 358 (fol. 130).
Fol. 66. De Assumptione B. Marias, mag. Pétri
Manduoatoris; commençant par : Cum sim pulvis et
cinis timeo loqui vobis, quia vestra conversatio in cœlis
est; ego vero tanquam jumentum computrui in sterco-
rihus meis. Autres copies de ce sermon inédit :
n»' 568(fol.l86), 14948 (fol. 60), 14957 (fol. 61), 16461
(fol. 85); Mazarine, n"" 358 (fol. 131). Les premiers
42 MANUSCRITS LATINS
mots montrent assez qu'il fut prononcé devant des
religieux par un confrère qui avait longtemps vécu
dans le siècle. On ne doute donc pas qu'il soit attri-
bué justement à Pierre le Mangeur. Il est d'ailleurs
de son style, où le travail se fait trop sentir. Nous
en citons ce passage, qui manque certainement de
simplicité, mais où Ton trouvera de justes remar-
ques et quelques traits ingénieux :
Per lilium virginitas, per byssum continentia in Scriptura
solet designari. Byssus enim, cum sit genus Uni subtiUs-
simi, nascens viridem et gramineum habet colorem ; deinde
m^ltis decoctionibus multisque tunsionibus magnoque la-
bore magnoque studio ad candorem perducitur. Sic post
lapsum non nisi multo sudore ingentique studio candor
continentiaB acquiritur, nec facile post pravam consuetudi-
nem habenas quis continet ne campos licentise discurrat;
qui verp in adolescentia, quando pori, ut aiunt physici,
aperti sunt, integritatis amator virginitatis ^ lilium inviola-
tum custodit postmodum in succedenti setate pudieitiae decus
non ex facili deponit, sed incorruptionis thesaurum sine
labore velut donum naturae custodit
Fol. 68. In Dedicatione: — Vidit Jacob in somnis
scalam ... — Triplex est Visio : Visio noctis, visio diei,
Visio lucis. Les copies de ce sermon sont nombreuses.
Il a donc été très goûté. Cependant aucune de ces
copies n'en indique l'auteur. Nous l'avons cité sous
lenM3577(i).
Folv69. De Nativitate B. Marîse, mag, A. — Ego quasi
vitis fructificavi.,. — Apostoli bonus odor et suavis erat
Deo ; sed et virgo Maria odor suavissimus erat sponso
suo. Autres copies : n«« 568 (fol. 138), 14948 (fol. 63),
(1) Tome II, p. 265.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 43
14957 (fol, 132, incomplet) 15461 (fol. 90); Mazarine,
358 (fol. 134).
Achard a fait de bien meilleurs sermons. Nous ne
trouvons à signaler dans celui-ci qu'une^oûrte phrase
sur rimmaculée conception de la Vierge. Achard
veut y croire : Ex utero ma tris suœ, ut credimus, fuit
sanctificata. Mais cet ut cred/mw^ nous fait ejutendre
qu'il laisse à d'autres la liberté d'en douter.
Fol. 71. De Omnibus sanctis^ G, ; commençant par :
In domo patris mei multx mansiones sunt. — Nemo
aliquidhabetnisiqioodaccepit.kMtTescoipies : n°' 14948
(fol. 65), 14957 (fol. 133, incomplet), 16461 (fol. 92).
Fol. 74. In Natali Domini, G.; commençant par:
Verbum caro factum est,,. — Fratres, quoties hoc
génère loquendi... Autres copies : n®' 14948 (fol. 69),
14957 (fol. 135, incomplet), 16461 (fol. 97).
Ce qui suit nous apprend que Gauthier fît ce ser-
mon, non dans l'église, mais dans le chapitre de
Saint- Victor :
Fratres, quoties hoc génère loquendi vobis loqui compel-
lor, quid intiis in cordibus vestris agatur nescio, de me au-
tem hoc scie quod ego ipse cbnfundor, quoniam imperitiam
meam aliis manifestare cogor. Seniores quidem qui sunt
in vobis, laudabiles in vita, probati in scientîa, habentes
sensus exercitatos ad discretionem boni et mali, et ideo ido-
nei ad aliorum informationem, sermonem communis sediû-
cationis jam ex toto praetermiserunt ; unde necesse est ut
haec consuetudo loquendi in capitulo postponatur et relin-
quatur, vel ut juniores ad hoc accingantur, maxime iUi qui
spiritu fervent et verbis.profluunt, ut excludantur qui pro-
bati sunt argento^ et illi qui parati sunt et prompti ad lo-
quendum emineant et appareant et manifestentur. . . Junio-
res ergo de cetero tanquam boni filii succédant patribus.
44 MANUSCRITS LATINS
suppléant vicem seniorum qui jam quasi fatigati et emeriti
silentium sibi elegerunt.
Fol. 78. In festo B. MarùB, G.; commençant par :
Gaudeamug omnes in Domino! — Prwsens generatio
non tant attendit quid dicatur quantum considérât
quomodo dicatur. Autres copies : n*** 14925 (fol. H 5),
14948 (fol. 72), 14957 (fol. 136). Gauthier reproche à
ses contemporains de plus estimer, dans un sermon,
la forme que le fond. Le goût de la belle forme fut,
en effet, très vif au xii' siècle, là même où, disait-on,
c'était un devoir professionnel de la mépriser ; mais il
le fut moins au xiii®, et au xiv* moins encore.
Fol. 80. Sermo communis P. L.; commençant par :
Quis dabii mihi pennas ?... Videntur hmc verba esse
peccatoris qui longius advolavit in regionem longin-
quam. Autres copies : n°' 6674 (foL 13), 14925
(fol. 117), 14948 (fol. 74), 14957 (fol. 137, incomplet),
16461 (fol. 105). Dans le n^ 16461, Fauteur est ainsi
désigné : Pétri L.; et l'on ne peut hésiter à croire
que c'est Pierre le Lombard.
Un assez grand nombre de sermons de Pierre le
Lombard ont été publiés soit sous son nom, soit sous
le nom d'Hildebert, avec ceux de Pierre Le Mangeur,
de Geoffroi Babion, de Maurice de Sully, etc., etc.
D'autres cependant sont encore inédits, comme celui-
ci, que nous allons tirer des ténèbres par respect
pour la grande et juste renommée de l'auteur. Nous
en avons établi le texte sur les manuscrits cités.
Quis dàbit mihi pennas sicut columbœ ? Et volabo et
requiescam (1). Videntur hœc verba esse peccatoris qui lon-
(1) Psalm. Lir. 7,
DE LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE 45
gius advolavit in regionem longinquam, in regionem dissi-
militudinis, ubi prave et inordinate vivendo dissipavit
substantiam suam, id est bona naturalia, quse, in quantum-
cumque profundum peccatorum, usque in mediam etiam
Babylonem, aliquis perveniat, non sunt tamen ex toto at-
trita quin maneat quidam bonus affectus et voluntas natu-
ralis ex qua vult saltem se velle bonum. Unde David :
Concupivit anima mea desiderarejustificationes tuas (1).
Ecce iste concupiscentiam desiderii habuit, nondum deside-
rium illud quod sufûcit ad salutem; id est velle naturas per
se invalidum et insufficiens habuit per quod velle gratise
quod nondum acceperat appetivit. Et apostolus in persona
hominis nondum redempti, sed sub lege constitutif loquens,
ait : Non quod volo bonum hoc facio, sed quod nolo ma-
lum hoc ago(2}. Sed quid est quod dicit se nolle malum quod
fecit, cum et volens illud fecerit, alioquin videretur non
peccatum perpétrasse quod pênes voluntatem consistit? Unde
ex ejus verbis diligenter consideratis perpenditur quod in
ipso fuit qusedam scintilla rationis ex qua naturaliter bo-
num voluit ; fuit etiam in eodem placitum et desiderium
peccati quod praBvaluit et actum peccati pertraxit. Dicit igi-
tur : Quis dabit mihi pennas^ et cet. Per se quidem in lon-
ginquam regionem advolavit ; sed inde redeundo revolare
nisi aliunde acceptis pennis non potest ; quas desiderat di-
cens : Quis dabit mihi pennas, etc.
Quatuor sunt alae, sive pennse, quibus advolavit in regio-
nem dissimilitudinis, in qua tribus vinculis irretitur et liga-
tur ne liberum habeat reditum. De quibus ait Joannes
apostolus in canonica epistola : Nolite diligere mundum
nec ea quœ in eo sunt, quia quidquid in m>undo est vel
est concupiscentia carnis vel concupiscentia ocuîorum
vel superbia vitœ (3) ; omne illud, inquam, per quod princeps
mundi nos expugnat et debellat et sibi subjugat et irretitos
et ligatos tenet. Concupiscentia carnis consistit in gulosi-
tate, in ebrietate et in luxuria. Per gulositatem cecidit pri-
mus homo, quia per gulam tentatus et superatus ; per ebrie
(1) Psalm, cxviii, 20.
(2) Paulus, Epist. ad Roman., vu, 19.
(3) Joann.y I, 2, 15.
46 MANUSCRITS LATINS
tatem cecidit Loth; per luxuriam Salomon ille magnus,
plenus scientia, est prsecipitatus et amore mulierum infa-
tuatus. Per concupiscentiam vero oculorum expugnamur
cum speciosa et décora mundi videmus et visa concupisci-
mus sicque mors per fenestras nostras intrat. Unde scriptum
est : Oculus meus deprœdatus est animam meam videndo
mulierem ad concupiscendam eam (1). Superbia vitse est
cum quis melior quam sit videri concupiscit. Quae valde
timenda est, quia per eam Lucifer cecidit de cœlo et homo
expulsus est de paradiso. Haec vincula mortifera arma
Christi induendo disrumpamus : gulositatem per abstinen-
tiam ; ebrietatem per sobri^tatem ; luxuriam per continen-
tiam ; concupiscentiam oculorum per mundi contemptum,
avertendo oculos ne videant vanitatem ; superbiam vitse per
contemptum sui.
Prima autem pennarum quatuor est Isetitia temporalis et
mundialis ; quae consistit vel in affluentia divitiarum et sa-
nitate corporis, de quibus et in quibus multi gaudent in Ms
ponendo finem desideriorum, cum in solo Deo sit glorian-
dum, sicut scriptum est : Qui gloriatur in Domino glo-
rietur(2); et alibi : Gaudete in Domino semper, iterum
dico gaudete (3) ; vel in expletione desideriorum earnalium
et illicitorum ; sunt enim qui gaudent cum maie fecerint et
exultant in rébus pessimis, qui non dormiunt antequam
maie fecerint. Secunda penna est tiistitia mundialis, quae
inest vel cum mundus non arridet affluentiapi divitiarum
tribuendo, vel cum quis non permittitur sua prava desideria
explere post concupiscentias eundo ; quae mala est et mor-
tem operatur. Tertia penna est hypocrisis, quae est cum
aliud est in corde et aliud in ore. Unde propheta : Totus
populus iste hypocrita 65^(4). Haec comparatur parieti deal*
bato, sepulchris mortuorum quae foris nitent, intus vero
sunt plena ossibus mortuorum omnique spurcitia. Quarta
penna est superbia, quae tribus modis fit, vel cum quis ea
quae Dei suût sibi attribuit, vel 'ea sibi data esse pro suis
(1) Hierem. Thren,, m, 51.
(2) Paulits, Epist, ad Corinih. prima, i, 31.
(3) Paulus^ ad Philipp,, iv, 4.
(4) Passage librement cité d*Isaïe, ix, 17.
DE LA BIBLIOTHàQUE NATIONALE 47
merîtis asserit, vel se super alios extollit et eadem non
habentes despicit.
Istis autem quatuor alis mortiferis alise quatuor pennse,
in quibus est vita, contrarias sunt, quibus revertendum et
revolandum unde advolavit. Prima est lœtitia spiritualis;
secunda, tristitia salutaris, quae est in pœnitentia. Tertia
est Veritas pietatis et religionis ; unde David Ponite corda
vestra in virtute ejus (1) ; corda inquit, non ora, in virtute,
id est in caritate, quae antonomastice dicitur virtus, cum
ipsa mater sit et vinculum omnium virtutum. Quarta est
humilitas, quae in tribus attenditur ut ejus contrarium. Sunt
et sex pennsB quibus assumptis reditur ad patriam. Unde
Isaias : Seœ alœ uni et sex alœ alteri (2); et Joannes in
Apocalypsi vidit animaliasenas alas habentia. Senarius per-
fectionis est nota ; unde in senario Deus mundum creavit
et sexta aetate, et sexta feria sextaque hora diei crucis tor-
mentum pro nostra salute pertulit. Congrue igitur per sex
alas omnium virtutum perfectio designatur, ut duae virtutes
sint latérales, duae pédestres, duae capitales, ut homo cir-
cumquaque munitus et armatus contra adversarium incedat
nullusque aditus pateat hosti.
DusB igitur virtutes latérales sunt timor et spes. Timoré
contra prospéra mundi quasi a dextro latere, ne per ipsa
dissolvamur, munimur; qui triplex est : est enim timor
pœnae, est timor ruinas, est timor reverentiae. Primus est
incipientium, secundus proficientium, tertius pervenientium,
Spe autem munimur contra adversa quasi sinistro latere
ne in ipsis frangamur, sicut dicit apostolus, quia tribulatio
patientiam operatur, patientia probationem, probatio spem;
spes autem non confundit, quia caritas Dei diffusa est in
cordibus nostris. Spes alla est veniae, alla gratiae, alia glo-
riae. Prima est incipientium, secunda proficientium, tertia
p€rvenientium. Duae vero pédestres sunt pœnitentia et con-
fessio. Vera pœnitentia débet in se tria habere : primo dolo-
rem et cordis contritionem pro peccati perpetratione ; secundo
îpsius peccati et delicti punitionem ; tertio per memoriam
praecedentium facinorum erubescentiam. Unde apostolus,
(1) Psalm. XLVii, 14.
(2) Isaias, vi, 2.
48 MANUSCRITS LATINS
conversis loquens, ait : Quem ergo fructum hahetis nunc
in quibus erubescitis (1). Qui enim non erubescit inrecorda-
tione delictorum nondum vere pœnitet. Confessio nihilomi-
nus tria continet, ut videlicet sit vera, nuda sit et indivisa :
vera, ut quod factum est non taceatur, et quod factum non
est velut causa humilitatis non dicatur ; nuda, ut sine ex-
cusatione sui, sine verborum ambagibusfres simpliciter osten-
saproutgesta est narretur : indivisa, id est perplures sacer-
dotes non dividatur, ut una pars delicti huic sacerdoti, altéra
illi sacerdoti dicatur, ut sic nulli eorum pateat quam malus
sit ipse peccator ; quod prohibitum est in canonibus. Duse
vero capitales pennsB sunt humilitas et caritas. Humilitas
ad custodiam aliorum necessarià est, ut, cum haec omnia
quae imperata sunt nobis fecerimus, dicamus quia servi inu-
tiles sumus, tantum quae debuimus facere fecimus. Quid est
hoc? Si omnia quae debuimus facere fecimus justi et sancti
sumus, et, si justi sumus, quomodo servi inutiles dicimur ?
Sed hoc dictum est ex quadam similitudine. Sicut enim
servus qui nullam utilitatem confert domino suo inutilis
dicitur, sic et nos, quantœcumque fuerimus perfectionis,
nihil Deo conferimus, ipse enim bouorum nostrorum non
eget; unde vere quantum ad ipsum servi inutiles sumus.
Dilectio alla carnalis, alla rationalis, alla spiritualis. Car-
nalis, qua se diligit mundus quodam affectu carnali, et haec
dilectio mala est. Bationalis est qua diligimus ea quae a
nobis diligi persuadet ratio ; haec dilectio non est mala qui-
dem, sed bona; sed insufficiens. Unde Dominus in Evange-
lio : Si dilexeritis eos qui vos diligunt quam mercedem
habebitis(2)f Quam dilectionem non improbat, sed non suffi-
cientem demonstrat. Spiritualis est qua Deum diligimus
ex toto corde, ex tota anima, ex tota mente et proximum
sicut nosmetipsos. Haec dilectio spiritualis ordinata esse
débet ut ahte omnia diligatur quod supra nos est, id est
Deus; deinde quod nos sumus; tertio quod juxta nos est,
id est proximus ; quarto quod infra nos est, id est corpus
nostrum. His duabus alis humilitatis et dilectionis tegitur
mens nostra ne laedatur ab hoste ; bas pennas sibi dari
(1) Paul, Epist. ad Rom. y vi, 21.
(2) MaUh., v, 43.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 49
desiderat peçcatar revolare cupiens, dicens : Quis mihi
dàbitpennas sicut columhœ f Non sicut corvo qui iterum
ad arcam non est reversus, sed sicut columbse quae reversa
est iterum ad arcam, portans in ore ramum olivae; vel
ideo dicit sicut columbœ quia ipsa gemitum pro cantu habet,
sicque, ut dicit apostolus, omnis creatura ingemiscit et
parturit usque adhUc, revelationem filiorum Dei expec-
tans (1) ; et volabo, inquit, scilicet mundum contemnendo^
omnia quae in eo sunt velut stercora reputando, et requies-
cam etiam jam hic in prsesenti. Intus in mente requiescunt
sancti ; de qua pace animi transituri sunt ad pacem Dei, de
pace interna ad pacem seternam, pacem super pacem accep-
turi. Ad quam pacem nos perducere dignetur Christus Jésus,
pax nostra. Amen.
Pierre le Lombard est, dit M. Tabbé Bourgain, un
prédicateur médiocre (2). C'est, du moins, un prédica-
teur pédantesquement méthodique, qui manque tout
à fait d'abandon, ou qui, plutôt, dédaigne vraiment
trop les artifices du genre appelé pathétique. Ainsi le
jugera-t-on sur le sermon que nous venons de repro-
duire : grave paraphrase, très correctement ordonnée,
d'une allégorie frivole comme le sont la plupart des
allégories, où rien ne touche, n'émeut l'auditeur. Et
pourtant ce sermon, qui nous semble aujourd'hui
dépourvu de tout agrément, eut certainement, quand
il fut prononcé, plus ou moins d'approbateurs. Ce qui
le prouve, c'est qu'on l'a très servilement imité. Nous
OQ signalons un pastiche dans le n^ 6674 (fol. 13) de
la Bibliothèque nationale, et, si nous n'en dénon-
çons pas l'auteur, c'est qu'il nous est inconnu.
Quand Pierre le Lombard fit ce sermon à Saint-
(1) Paul, Epist, ad Rom. y viii, 22.
(2) La Chaire franc* au xn« siècle, p. 40.
m. 4
T^
50 MANUSCRITS LATINS
Victor, il était sans doute évêque de Paris. Les cha-
noines de cette illustre maison, si mal portés à l'é-
gard des théologiens séculiers, auraient-ils invité
Tun d'entre eux, même le plus en renom, à venir se
faire entendre dans leur chapitre ? Gela n'est guère
vraisemblable. Quoi qu'il en soit, n'est-ce pas de Saint-
•
Victor que fut un jour lancée, vingt ans après la mort
de Pierre, la plus vive des diatribes contre sa mé-
moire ? Cependant, qu'on le remarque, il est ici, dans
un recueil formé par les chanoines, honorablement
mis côte à côte avec son véhément détracteur, le
prieur Gauthier.
Fol. 82. In solemnitate S, Augustini, magistri
Achardi ; commençant par : Quoniam oportet me
implere locum sapientis, oportçt me insipientem fieri.
Autres copies: n°« 14948 (fol. 76), 14957 (fol. 139,
incomplet), 16461 (fol. 108). On peut compter Achard
parmi les écrivains de son temps qui ont le plus
recherche l'élégance. C'est une recherche pénible,
dont le résultat ne contente pas toujours même celui
qui Ta faite. Aussi voyons-nous, dans l'exorde de ce
sermon pour la fête de saint Augustin, l'orateur s'ac-
cusant de l'avoir mal préparé, parce qu'il est, dit-il,
un homme habituellement distrait. Ce passage est
curieux :
Non quidem ut oportuit me praeparavi ; non ut decuit
sermonem exhortationis mihi providi vestrsô fraternitati
con venientem . . . Cujus improvidentias causa est prsecipua
curiositas et inquietudo spiritus mei ; qui^ cum deberet
intus quiescere domique residere et his quss Dei sunt vacare,
foris vagatur mobilis et instabilis, hue ac illuc discurrens et
in momento et in ictu oculi per di versas regiones variasque
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 51
provincias, nunc ad bella haec, nunc ad illa, ducitur nec
redacitur, et, si aliquando, post longos circuitus erroris,
intas ad se redeat, non tamen ea quae intus sunt attendit et
considérât, sed exteriora rétractât, et, si non in semetipsis,
tamen in imaginibus suis. Dum igitur talibus est intentus
sui oblitus non attendit bellum quod intus et f oris contra
se geritur ; sed miser ^ in bello securus, ab hoste nudus et
inermis reperitur...
Fol. 83. De vinea Domini excolenda, mag. i4. /com-
mençant par : Simile est regnum cœlorum liommi
patrifamilias.,, — In hoc evangelio, quod hodie legitur
in ecclesia,.. Autres copies : n°* 14948 (fol. 77),
14957 (fol. 139, incomplet), 16461 (fol. 110).
' Fol. 85. In dominica Palmarum, secundum magis-
trum Achardum; commençant par ; Duœ sunt pro-
cessiones principales, inier ceteras majores et excellen-
tiores. Autres copies : n®' 14948 (fol. 79), 14957
(fol. 102), 16461 (fol. 113).
Fol. 87. De Nativitate B. Mariœ. G.; commençant
par : quam pulchra est casta generatio cum cari-
tate ! — Quoties sermo fit de Virgine virginum^ domina
angelorum, reginacœli, génitrice Dei.., Autres copies :
n^» 14948 (fol. 80), 16461 (fol. 115). Gauthier avoue
très sincèrement, dans son exorde, qu'il ne va pas
réciter un sermon original, ayant pris un peu partout
ce qu'il se propose de dire :
Pauper sum ego et mendicus, indigens pane ; non est
enim panis in domo mea ; nonhabeo panem integrum, panem
candidum et sapidum, dulcem et suavem, quem vobis,
apponam, quo vos satiem. Tamen, quia mihi injunctum est
ut vobis loquar, de fragmentis reliquiarum quse collegi de
mensis divitum vobis apponam.
52 MANUSCRITS LATINS
C'est lace qu'ont fait, sans l'avouer, beaucoup d'au-
tres prédicateurs^ surtout au moyen âge. Ce que
nous appelons aujourd'hui plagiat était alors réputé le
plus véniel des délits.
Fol. 89. Sermo S. Augustiniy mag, Mauricii; com-
mençant par : Anima cum obtulerit sacrificmm obla-
tionis... — Hxc auctorilas habetur in Levitico, in quo
libro per ministeria sacrificiorum ostenduntur arcana
cœlestia. Autres copies : n«» 14948 (fol. 82), 14957
(fol. 140, incomplet), 16461 (fol. 118).
Fol. 90. Mag. A. de Transfiguratione Domini; com-
mençant par : Assumpsit Jésus Petrum... — In hacsua
transfiguratione Dominus quid sperare, quid desii
derare, quo animi intentionem dirigere debeamus
insinuât. Autres copies : n«* 14948 (fol. 84), 16461
(fol. 122). Achard se propose de traiter la Transfigura-
lion comme une allégorie et d'en tirer des leçons de
morale. C'est ce qu'il fait en décrivant point par
point toutes les transformations que doit subir la créa-
ture pour s'élever de la terre au ciel. Ces change-
ments d'état sont au nombre de quinze. On devine
qu'il a fallu, pour en marquer les différences, faire un
grand effort de subtilité.
Fol. 92. De Ascensione Domini, G.; commençant
par : Ascendo ad patrem meum et patrem nostrum,
Dominum meum et Dominum nostrum. — Deceret ali-
quem virum magnum pro ferre sermonem. Autre
copie : n« 14948 (fol. 86).
Fol. 95. Alius de eodem , G,; commençant par : Qui
descendit ipse est qui ascendit super omnes cœlos... —
Vos autem, fratreset domini met, non estis lactis par-
DE LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE 53
ticipes. Autres copies: n'* 14948 (fol, 88), 14957
(fol. 140, incomplet), 16461 (fol. 127).
Les confrères de Gauthier n'ont pu manquer de
trouver très flatteur l'exorde de ce sermon :
Vos autem, fratres et domini mei, non estis lactis parti-
cipes. Non enimtanquam parvuli in Christo, tanquam teneUi
in ûde, tanquam imperfecti in sancta conversatione, indige-
tis lacté simplicis doctrinae, ideoque non estis expertes ser-
monis justitiae, imo participes ; vobis enim convenit sermo
qui est faciendus justis et perfectis.
Mais il est habituel à Gauthier de dépasser en tout
la mesure.
Fol. 97. In Dedicatione ecclesiw; commençant par :
Sapientia œdificavit sibi domum... — Verbum proposui
de eedificatione^ non de dedicatiofie ; non tamen ignora
quia festum hodie celebratur^ non aedificationis, sed
dedicationis. Ces premiers mots de l'exorde prouvent
que Tœuvre est bien un sermon. Mais quel sermon !
Il n'occupe pas, dans notre manuscrit, moins de cin-
quante-cinq colonnes. On a donc lieu de croire qu'il
n'a pas été prononcé tout entier le même jour.
Notre manuscrit n'en indique pas l'auteur. Il est
pareillement anonyme dans les n°*3739 (fol. 40), 14957
(fol. 142) de la Bibliothèque nationale, 966 de la Maza-
rine (fol. 159) et 445 de Grenoble (fol. 96). Mais Tau-
leur est nommé dans les n'* 259 de Troyes et 195 de
Saint-Omer. C'est maître Achard. On n'en doute pas;
on n'en peut douter. De tous les orateurs entendus à
Saint- Victor dans les dernières années du xii* siècle,
il est le seul qui ait parlé la langue de ce sermon.
Le style d'Achard est, nous l'avons dit, très étudié.
54 MANUSCRITS LATINS
C'en est le mérite et le défaut : le mérite, car on
estime volontiers tout ce qui n'est pas facilement
banal; le défaut, car trop de recherche rend souvent
le style obscur, et celui d'Achard Test beaucoup. En
citant un des passages les plus clairs du sermon que
nous avons présentement sous les yeux, nous ferons
apprécier l'obscurité du reste :
Quantumcumque bona sit hominis natura, rudis tamen est
et informis materia nisi formetur ex superveniente gratia.
Et quidam haec materia in nobis manu Dei fuerat formata,
sed nostra manu, qu8B ad vetitum est maie extensa^ in nobis
et a nobis est deformata. NuUa autem nostra virtute vel
merito potuit vel potest reformari, sed sola virtute iUius a
quo formata est reformanda est per gratiam Christi. Christus
namque Libanus est superior a quo expectanda est forma ;
mundus vero Libanus est inferior ubi satis abundat materia.
Antequam Libanus superior descenderet ad Libanum infe-
riorem, antequam Christus veniret in mundum, materia et
forma longe a seerant divisée; materia deorsum erat in terra,
forma sursum erat in cœlo ; materia erat in hominibus, for-
ma non erat nisi in Deo per naturam et in angelis per gra-
tiam. Materia, utpote terrena, gravis et ponderosa non potuit
incœlum ascendere ad formam; ideo oportuit ut forma îji ter-
ram descenderet ad materiam, ut se imprimeretmateriœ et sic
materiam formaret secundum se, formatam secundum se in
cœlum traheret post se et ad se. Olim autem forma gratis ad
materiam venerat et eam sui impressione gratis informave-
rat ; materia vero ingrata gratise formam contempsit, gratiam
abjecit et seipsam contra formas voluntatem voluntarie defor-
mavit. Non erat ergo in ea unde adventum formas exigere
posset, sed potius cur ad eam forma deinceps merito non
veniret. Forma vero, etsijustitia erat, non tamen absque
pietate erat ; nec solum ipsa quidem non erat absque pietate,
sed ipsa plena erat pietate, imo ipsa forma eratpietasplena;
idem enim apud Deum est pietas et justitia ; imo justitia,
quia ipsa pietas erat, quodam modo vicit semetipsam. Non
enim continuit in ira sua misericordias suas, sed, tanquam
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 55
oblita prioris injuriœ et pristinsB immemor repuisse, denuo
ad materiam inferius quam ante descendit et se arctius
impressit et eam secundum se formavit, imo reformavit.
Voluit quoque forma ad tempus esse cummateria in regione
materise, ut esset postmodum materia in seternum cum forma
in regione ipsiusformœ. O justitia pia ! forma vere divina î
Id enim summe summum condecet Deum ut, cum justissi-
mus, sit et piissimus ; sed et hoc ipsum certe est justissi-
mum ipsum, utpote Deum, esse piissimum. Quomodo autem
comprehendere sufûceres quantum pius ipse sit in se, si
deâcis etiam cum cogitare vis quantum pius sit circa te ?
Quis enim cogitet condigne circa nos quoque tam indignos
tantam pietatis divinse dignationem? Forma tam formosaex
pietatesola se uni vit materise tam informi, necmodo informi
sed et deformi, nec modo deformi sed et deformatse, nec
deformatsB quidem ex uUa necessitate, sed ex sola pro-
priae voluntatis voluntaria perversitate ; forma, inquam,
divinaspontevenit adhominem sponte deformatum, gratia
gratis ad gratise ingratum, medicina non rogata ultro
venit ad segrotum, virtus ad infirmum, sapientia ad stultum,
sanctitas ad immundum, veritas ad mendacem, misericordia
ad immisericordem, pax ad rebellem, pietas ad impium,
caritas ad inimicum, justitia ad injustum, non ut eum secun-
dum injustitiam suam judicaret et damnaret, sed ut eum ab
injustitia sua justiûcaret et secundum se reformaret et for-
matum secundum se tandem glorificaret in se ! ^
Quelle surabondance d'antithèses ! Que d'artifices
pour varier l'expression d'une pensée banale! C'était
là ^ans doute ce que Gauthier ne trouvait pas à son
goût. Soit ! le genre est mauvais ; mais le talent de
récrivain n'est certes pas contestable. Pour composer
le fragment que nous venons de reproduire, il ne
suflBt pas d'avoir beaucoup d'esprit; à ce don naturel
il faut joindre un sentiment très délicat de l'élégance
littéraire. Il nous semble, n'hésitons pas à le dire,
que certains passages d'Achard, s'ils étaient bien tra-
56 MANUSCRITS LATINS
duits en français, ne seraient pas jugés indignes de
Massillon.
Fol. 110. Infesto Omnium sanctorum; commençant
par : Magnorum et spiritualium viromm,, eorum scili"
cet qui omnimodam fiabent sancttficationem et sancti-
tatem, qui omni pollent virtutum génère,.. Ce sermon
est anonyme dans notre manuscrit ainsi que dans les
n°* 568 (fol. 164) du même fonds et 966 delà Mazarine
(fol. 148). Le trouvant indiqué par Monlfaucon sous le
nom d'Achard, Fabricius et les auteurs de V Histoire
littéraire l'ont inscrit parmi les œuvres d'un autre
Achard, moine de Glairvaux (1). Ayant reproché juste-
ment à Vossius d'avoir mis au compte du Victorin la
vie d'un ermite écrite pa*r le Cistercien, ils n*auraient
pas dû commettre une erreur semblable en parant
celui-ci des dépouilles de celui-là. La présence du
sermon dans notre volume confirmé le témoignage du
n** 195 de Saint-Omer, qui le donne à maître Achard
de Saint-Victor. S'il est sous le simple nom d'Achard
dans le n** 259 de Troyes, le bibliographe à qui l'on
doit le catalogue de cette bibliothèque a judicieuse-
ment joint à ce nom le titre à! Ahrincensis episcopusl
Comme le précédent sermon, celui-ci peut être aussi
qualifié de traité dogmatique. Il occupe dans no^re
manuscrit trente-six colonnes, où sont très ample-
ment développées plusieurs propositions qui sont des
articles de foi dans l'école de saint Augustin. On
conteste qu'il soit possible de concilier la prescience,
la grâce et le libre arbitre. Mais on le conteste par
«
(i) Hi8t, litt. de la France, t. XIII, p. 411.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 57
ignorance ou par esprit de chicane. Achard se propose
à la fois d'éclairer les ignorants et de confondre les
sophistes, et s'adresse tour à tour aux uns et aux
autres, sur le même ton, le ton de la charité. Mais,
après avoir successivement combattu les négations
contraires de Pelage et des fatalistes, il ne fait pas
une déclaration expresse de sa croyance. Ce serait,
en effet, inutile; ce qu'il croit, tous ceux qui Técou-
tent le croient comme lui. Si l'on avait des doutes sur
ce point de doctrine, on ne serait pas un vrai disci-
pie de saint Augustin.
Fol. 120. Sermo in Quadragesima, fr, mag. A,;
commençant par : I>uctus est Jésus in desertum a spi-
ritu. — De série lectionis evangelicœ sufficU hiicusque
in sermone pressenti. Autres copies, avec ou sans le
nom de Fauteur : n«« 568 (fol. 151), 14957 (fol. 3),
15033 (fol. 164), 17282. (fol. 119) de la Bibliothèque
nationale, 966 de la Mazarine,- 259 de Troyes, 195 de
Saint-Omer et 402 des Cod. Laud. miscelL, à la
Bodléienne. Après avoir attribué ce sermon, comme
le précédent, au moine de Clairvaux, les auteurs de
VHistoite littéraire Tont une seconde fois mentionné
dans le même volume (1) sous le nom de l'abbé de
Saint- Victor. Dans le manuscrit de la Bodléienne Tat-
tribution est formelle : Achardus de S, Victor e. Ce
sermon est encore un vrai traité, qu'Oudin inutile :
De tentatione Christi, Fabricius, De septem descrtis et
l'Histoire littéraire, De Vabnégation de soi-même. Il
s'étend, dans notre volume, sur cinquante -neuf colon-
(1) Tome XUI, p. 455.
58 MANUSCRITS LATINS
nés. On s'explique qu'il ait été, du vivant de Tauteur,
très goûté. C'est en effet, comme on dit, un morceau
de style, où Ton aurait peine à découvrir quelque
négligence. Jamais peut-être le laborieux écrivain ne
s'est tant efforcé de faire preuve d'esprit; il est, du
moins, certain qu'il n'y a jamais mieux réussi. Nous
en avons ailleurs cité quelques pages vraiment dignes
de remarque (1).
La suite du volume n'offre aucun sermon d'Achard ;
celui que nous venons de mentionner est le quinzième
et dernier, et il n*y en pas un de plus, sous son nom,
à la Bibliothèque nationale. Mais, l'occasion nous
étant offerte d'en faire connaître quelques autres, ne
la négligeons pas. Achard fut, dans son temps, un
personnage trop considérable pour qu'on ne soit pas
curieux d'être exactement informé sur tout ce qu'il
nous a laissé.
Notre n« 14957 (fol. 111), souvent cité, contient un
sermon anonyme d'Achard qui commence par ces
mots : Veni, Domine Jesu... — Hœc verbaposuit Joannes
in fine Apocalypsis, Il est, disons-nous, anonyme dans
ce n° 14957; il est même incomplet; mais dans le
n® 316 de l'Arsenal Tauteur est nommé Mag. Aquar-
dus. Cinq autres encore nous sont indiqués par diffé-
rents catalogues. 1^ De tribus ventis ; commençant
par : In prato pulcherrimo scripturarum très venlos
diligentia invenit scriptoris. Dans les n<*' 259 de Troyes
et 195 de Saint-Omer. — 2® De incarnatione Domini;
commençant par : Manna de cœlo descendit; gaudeant
(I) llist, Uit, du Maine y t, I, p. 13-20.
J
^T^
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 59
esurientes! Dans le n° 259 de Troyes. — 3* Quoi
modis damnum infertur homini; commençant par :
Tribus modis damnum infertur homini : a dœmone^ a
proximo, a carne. Dans le n'' 259 de Troyes. — iP De
duabiiszonis; commençant par : Duas zonas legimus :
unam in veteri Testamento, aliam in novo. Dans le
n°259 de Troyes. — 5® De Epiphania; commençant
par : Cum natusesset Jésus. Dans le n' 259 de Troyes.
Fol. 135. Sermo communis. Nesciat sinistra tua
quid faciat dexlera tua. — Juxta apostolicam admoni-
tionem, si qiiis indiget sapientia, postulet eam a Do^
mino. Nous ne connaissons pas l'auteur de ce sermon,
dont il existe une autre copie dans le n° 14957 (fol.
135).
Fol. 137. De Epiphania, G. — Qui misit me baptizare
in aqua. . . — Fratres, veritas qux sine periculo audi^
tur non absque periculo prœdicatur. Autres copies :
n«« 14589 (fol. 18), 14948 (fol. 95), 16461 (fol. 136).
Uexorde de ce sermon est une sorte de plaidoyer
personnel. Les uns reprochent à Gauthier la
dureté de son langage; les autres, au contraire,
trouvent à leur goût le ton de ses discours. Les uns
elles autres le mettent en péril de pécher, ceux qui
le louent comme ceux qui le blâment ; il n'a pas, en
effet, il en convient, plus d'humilité que de patience.
Sont-ils d'ailleurs, les uns et les autres, bien sincères?
Tels, qui n'aiment pas Tentendre mal parler d'eux, le
trouvent volontiers plaisant quand il parle mal de
leur prochain. Il lui semble donc qu'il vaut mieux
taire la vérité que la dire. C'est pourquoi, si ses
supérieurs ne veulent pas le dispenser de prêcher, ce
60 MANUSCRITS LATINS
qu'ils devraient bien faire, il ne sortira plus de sa
bouche que des phrases banales; on ne l'entendra
plus censurer mêmes les fautes les plus mani-
festes :
Fratres, veritas qiiae sine periculo auditur non absque
periculo prœdicatur. Sunt enim quidam quibus sermo veri-
tatis est gravis et odor mortis. Alii vero sunt quibus est gra-
tus et acceptus et odor vitae et odor suavitatis. lUi autem qui
graviter verbum Dei audiunt et bono odore moriuntur luci-
dissimas margaritas cœlestium eloquiorum conculcant ; insu-
per veritatis praeconem dente malitise corrodunt. Qui vero
bono odore reviviscunt non solum veritatem sed et ipsius
praeconem laudibus efferunt. Ecce duplex periculum : a
sinistris periculum vituperationis ; a dextris imminet peri-
culum elationis. Contra hsec duo pericula gemina virtus est
necessaria. Contra periculum reprehensionis opponendum est
scutum patientise; contra periculum elationis necessaria est
soliditas humilitatis. Ego vero, sciens me modicam vel
nullam habere humilitatem vel patientiam, timeo manum
mittere ad ignem, formido intrare in fornacem ne exuràr a
dextris vel a sinistris. Forsitan haec pericula non attendunt
qui nobis hoc officiuminjungunt, vel, sihœcanimadvertunt,
immitius nobiscum agunt qui nos invitos ad hoc compellunt,
cum non magna utilitas ex nostris sermonibus auditoribus
proveniat, quia non modificantur secundum mores moderno-
rum; nos enim, propriam infirmitatemet aliorum impatien-
tiam considérantes, peccata delinquentium etiam manifesta
non arguimus, quia nemo vult argui, nemo vult reprehendi,
nemo vult notari. Placet quidem subditis ut peccata prsela-
torum libère arguantur, nec displicet praelatis éi errata
subditorum reprehendantur; si quis vero, zelo domus Dei
motus, sublato omni timoré et persotiarum acceptione,
incipiens a sanctuario Dei, efifundat phialam suam in solem,
id est in prœlatos, eorum peccata manifeste arguendo, deinde
in terram, id est in subditos, eorum culpas arguendo, quis
hoc feret ? qui hoc patietur ? Nonne omnes una voce dicent:
« Iste insanit, iste furit. Ligate eum, tenete eum ; abjiciatur
« de collégio nostro, vel ponatur in silentio perpetuo. » Unde
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 61
tanta impatientia, nisi ex defectu caritatis ; caritàs enim
patiens est, caritas omnia sufTert.
Ainsi Gauthier a pris la résolution de ne plus rien dire
sur le compte d'autrui. Mais il Ta prise au futur; pré-
sentement, pour ladernière fois, il s'accordera la satis-
faction de qualifier comme ils méritent de l'être
quelques professeurs des écoles séculières qui ne
s'expriment pas sur les dogmes en vrais croyants :
Si non possumus omnia credenda ad plénum intelligere,
saltem illum usum et formam loquendi teneamus quam
sancti Patres in scripturis nobis tradiderunt, maxime-
cum sermo sit de Verbi incarnatione et de ipsius aeterna
generatione ; veluti pueri prius erudiuntur ut sciant verba
sana formare, deinde docendi sunt ut ea quae dicunt intelli-
gant. Ecce quotidie audio in ecclesia quod Christus est per-
fectus homo, ex anima i:ationali ethumana carne subsistens,
et item quod ipse est ex substantia Patris ante sseeula geni-
tus. Contra hane formam loquendi multi loquuntur, dicentes
quod Christus non est aliquid in quantum est homo, nec est
ex substantia Patris genitus, cum sancti in pluribus locis
dicant quod divina essentia genuit divinam essentiam et
natura naturam^ et substantia substantiam, sicutDeusDeum
et persona personam. Non est mirum si linguas habent
leprosas quorum manus sunt leprosse ; quaedam enim lepra
volatilis est quae transit de mem]?ro ad membrum. Quid
ergo mirum si prave intelligunt qui maie vivunt I Caeci et
duces csecorum solidissimis sanctorum Patrum auctoritati-
bus humanse rationis argumenta, imo figmenta, prseferunt.
Quae omnia ad petram ûdei ut baculus arundineus fraiigun-
tur.
Ce sermon est le treizième et dernier de ceux
qui se rencontrent dans notre volume sous le nom
abrégé de Gauthier. L'auteur de la note écrite sur la
garde en a, dit-il, compté vingt-huit. S'est -il trompé?
Gela semble probable. Peut-être néanmoins faut-il
62 MANUSCRITS LATINS
attribuer à Gauthier quelques-uns des sermons ano-
nymes que contient le même recueil.
Quoi qu'il en soit, un quatorzième sermon du fana-
tique prieur est dans le n* 14932 (fol. 156) sous ce
titre : Sermo fratris Gualtcri, prions S, Victoris; et
tel en est le début : Cum venit plenitudo temporis,
misit Deus filium suum natum exmuliere^ factumsvÀ)
lege,,. — Nihil omnino de me prœsumens, sed solam
fiduciam in Dei gratia ponens.,.
Fol. 141. In die Paschx. — Paschanoslrum immola
tus est Christus, — Fratres, scripturas scitiset virtutem
earum. L'auteur n'est pas ici nommé, mais il nous
est bien connu ; c'est Richard de Saint- Victor. Il y a
de nombreuses copies de ce sermon : Anonymes :
n^^ 14589 (fol. 21), 14957 (fol. 54), 16461 (fol. 140). Il
est imprimé dans les Œuvres de Richard : Patro-
logie, t. GXGVl, col. 1067.
Fol. 145. De Iriplici glorificatione in cruce. — Absit
mihi gloriari nisi in cruce Domini nostri Jesu Christi,,
— Dominicx passionis sacramentum magnum est et
profundum. Autre copie : n° 14589 (fol. 2). Les deux
copies sont anonymes. Il est du moins certain que
l'auteur de ce sermon était chanoine de Saint-Victor;
plusieurs phrases l'indiquent clairement.
Fol. 147. In Purificatione B, Mariœ. — Hodie beata
Virgo Maria puerum Jesum prœsentavit in templo et
Simon, repletus Spiritu sancto, accepit eum in ulnas
suas. Autres copies : n^ 3301 (fol. 34), 14589 (fol. 4),
14957 (fol. 147). Ce sermon, anonyme comme le pré-
cédent, ne nous offre rien à faire remarquer.
Fol. 149. De divinœ laudis laudatoribus, — Benedicta
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 63
gtoria Domini de loco suo, — Scriptùm est in pro*
phetis : Prudens tempore illo tacebU. Hase prophetia^
ut arbUror, de prœsenti tempore pronuntiata est.
Autres copies, pareillement anonymes : n" 14589
(fol. 1), 14957 (fol. 156).
Fol. 152. In Dedicatione. — Domus mea domus oror-
tionis vocabitur. — Multiformis sapientia Dei multi*
pliciter nos docet, erudit et illuminât. Autres copies :
n'^ 14589 (fol. 7), 14957 (fol. 157). Ces deux copies
sont anonymes.
Fol. 154. In festivitate S. Augustini. — Invenit se
Augustinus longe esse a Deo, in regione dissimililudi-
nis. De solemnitate venerabilis patris nostri Augustini
sermones exquisitos sœpe awrf/^/w. Autres copies, pareil-
lement anonymes, n«« 14589 (fol. 9) et 14957 (fol. 159).
Fol. 157. In dominica Palmarum, — Geminum
Pascha colimus^ geminum sane celebrare debemus,
Primum est illud quod vulgo solet Floridum dici. De
Richard de Saint- Victor : Patrologie, t. GXGVI, col.
1059. Nous avons d'autres exemplaires anonymes de
ce sermon dans les n°« 14809 (fol. 418), 14957 (fol.
160), 18082 (fol. 25).
Fol. 161. In die Paschœ, — In pace in id ipsum
dormiam, . . — Pax illa per quam et in qua anima
obdormit... — De Richard de Saint-Victor. Mais nous
avons à faire remarquer que, dans les éditions de ses
CEuvresy cette pièce n'est pas un sermon ; c'est un
chapitre des remarques sur les Psaumes de David.
D'autres exemplaires anonymes sont dans les n*** 14957
(fol. 162) et 15082 (fol. 27). Celui que contient le
n° 14957 est incomplet.
64 MANUSCRITS LATINS
Fol. 163. In die Pentecostes. — Spiriius Domini re-
plevit orbem, . . — Ecce qualem, fratres, paraclitum de
Domini promissione accepimus. Autres exemplaires
anonymes : n»* 14957 (fol. 30), 15082 (fol. 28). Avec
le nom de l'auteur, Richard de Saint- Victor : 17469
(fol. 105); Mazarine, 358 (fol. 30). Dans ses Œuvres,
au volume cité de la Patrologie, col. 1017.
Fol. 171. Sermo communis. — Ego sum via^ ve-
ritas et vita. — Fratres, jam sœpe eœperti estis quam
hoc genus loquendi nondum atiigi. Une autre copie de
ce sermon, semblablemenl anonyme, se trouve dans le
n^ 14589 (fol. 11). Il est, comme on le voit, d'un dé-
butant. On lit, vers la fin, cette anecdote édifiante :
Audite quid contigit, in ecclesia beati Victoris, miraculum
grande per quod constat quod dico. Quidam frater, videns
et per spiritum prsevidens horam mortis susb appropinquare,
ait assistent! sibi : « Me pone super cilicium, vade, percute
« tabulam ut conveniant fratres et sint prsesentes in tran-
« situ meo. » Quod totum statim factum est. lUe vero, post-
quam vidit conventum fratrum adesse, jacens super cilicium
surrexit ut sederet, et sedens levavit duas manus in cœlum
et cœpit cantare : f Gloria in excelsis Deo, » sicut solet in
duplici festo decantari. Postquam vero pervenit € et in terra
« pax hominibus bonœ voluntatis, » scilicet super « tis »,
extremam scillicet syllabam proferens hujus dictionis « vo-
luntatis >, prorupit in jubUum et jubilando reddidit spiri-
tum. Unde unus de fratribus ait : « Non est auditum a sœ-
« culis quod aliquis cantando moreretur. »
Achard et Gauthier auraient certes mieux raconté
cette histoire domestique. Le débutant n'a pas été
trop modeste en parlant de son inexpérience. Il avait
encore beaucoup de progrès à faire pour devenir un
bon écrivain.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 65
Fol . 174. Sermo communis. — In salicibus^ in medio
ejus suspendimus. — Salices arbores sunt stériles, nul-
lum penitus fructum afférentes. Autres copies ano-
nymes : 14948 (fol. 140), 14957 (fol. 194). L'auteur
est Richard de Saint- Victor. C'est, dans les éditions
de ses Œuvres^ la paraphrase du Psaume 136.
Fol. 178. Sermo communis. — Benedictus Dominus
Deus meus qui docet, . . — In manibus operatio^ in
digitis intelligitur discretio. Autres copies anonymes :
no* 14809 (fol. 440), 14948 (fol. 178), 14957 (fol. 39 et
194), 15082 (fol. 31). Avec le nom de Richard:
n° 258 de la Mazarine. Est-ce bien un sermon ? C'est,
dans les Œuvres de Richard, YAnnotatio sur le Psaume
143. Patrologie, t. CXCVI, col. 379.
Fol. 180. In média Quadragesima. — Egredere de
terraet de cognatione tua... — Magnum quidem ac
difficile ad nos Dominus hortatur sub figura Abrahœ.
Autres copies : n^* 3537 (fol. 35), 12415 (fol. 17),
15948 (fol. 180); 14957 (fol. 196), 16506 (fol. 96),
18170 (fol. 63), 18192 (fol. 45) ; Mazarine, 1318 (fol.
189).
De ces copies plusieurs offrent le nom de l'auteur,
Pierre le Lombard. C'est un de ces sermons de l'il-
lustre évêque qui ont été publiés par Reaugendre
sous le nom d'Hildebert : Opéra Hildeb.^ col. 775.
Fol. 186. Sermo communis. — Exitus aquarum de-
duxerunt oculi mei... — Soient agricole siccitatis
tempore, dediwtis fontium rivulis, terram rigare.
C'est VAnnotatio sur le Psaume 118, dans les Œuvres
de Richard. Autres exemplaires anonymes : n°* 14957
(fol. 42 et 198) 15082 (fol. 34).
m. ♦ 5
66 MANUSCRITS LATINS
Fol. 191. De nativitate B. Marias. — Descendit
sicut pluvia in velliis et sicut sHllicidia stillantia
super terrain singularis gloria Mariœ. Autres copies
anonymes : n«' 14948 (fol. 139), 14957 (fol. 48), 15082
(fol. 39). C'est VAnnoiaiio de Richard au Psaume 71 ;
Patrologie, t. CXGVI, col. 383.
Fol. 193. Sermon sans titre : Melior est canis vivus
leone mortuo. — Litterx superficies arida quidem et
exsanguis videtur. D'autres copies de ce sermon se
rencontrent, pareillement anonymes, dans les n*' 2603
(fol. 32), 14932 (fol. 201), 14957 (fol. 201), 16463
(fol. 16) de la Bibliothèque nationale, et 982 (fol. 15)
de la Mazarine ; mais le nom de l'auteur, Pierre Le
Mangeur, est offert par les n«' 2602 (fol. 33), 2951
(fol. 14), 2952 (!o\. 32), 12415(fol. 11), 14933 (fol. 25)
et 18171 (fol. 16), de la Bibliothèque nationale,
982 de la Mazarine et 386 de Douai. Il est de plus
imprimé sous ce nom dans là Patrologie, t. GXGVIII.
col. 1788. La rubrique des n»» 2951, 16463 et 18171
est Ad canonicos régulâtes. Ce sermon a donc été
prononcé, comme tous les autres, à Saint- Victor.
Des soixante sermons que renferme ce volume, la
plupart étaient inédits. C'est là ce qui nous a d'abord
inspiré le dessein d'en faire le dénombrement et de
rechercher les autres copies qu'en possèdent nos bi-
bliothèques. Les ayant lus ensuite avec l'attention
qu'ils nous ont paru mériter, nous y avons cru trouver
la matière d'une notice accompagnée de quelques ex-
traits. Plusieurs historiens ont fidèlement exposé
quel fut, au xii** siècle, le caractère particulier de
l'école de Saint- Victor ; mais tous les renseignements
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 67
fournis jusqu'à ce jour sur les docteurs de celte
école ne sont pas dignes de la même confiance.
Le travail par nous entrepris sur ce volume nous a
donné l'occasion d'en contrôler quelques-uns, d'y
constater des erreurs et de les corriger.
14593
Deux tables de ce recueil sont aux feuillets 113 et
226. Elles sont prolixes et pourtant insuffisantes.
Nous avons à donner quelques explications nouvelles
sur un grand nombre des pièces qui sont ici ras-
semblées.
Les douze premiers feuillets sont occupés par des
sermons d'Etienne Langton et de Pierre de Poitiers,
chancelier de Paris . Ceux de Pierre sont reproduits
sous son nom à la fin du volume, fol. 308, 332,
333, 335.
Du fol. 13 au fol. 36, des notes très diverses. Ce
sont des emprunts faits, pour la plupart, au quatrième
livre des Sentences de Pierre le Lombard et au Ratio-
nale de Jean Beleth. Le premier extrait des Sen-
tences appartient à la deuxième distinction du qua-
trième livre, le second à la huitième, etc.
Au fol. 36, un décret de Guala Bichieri, cardinal-
diacre de Saint-Marie in Poriicu et légat en France en
l'année 1208. Ce décret a été plusieurs fois imprimé,
notamment dans les Conciles de Mansl, t. XXII,
p. 763.
Au fol. 38, les ordonnances synodales, aussi pu-
bliées, d'Eudes de Sully, évêque de Paris.
68 MANUSCRITS LATINS
On lit au feuillet 41 : Incipiunt sermones et notulx
de teniporibus et feslis per anni circulum, collecti et
excerpii de aliis sermonibus et tractatibus. Nous avons
à dire quelque chose de plus sur presque tous ces
sermons. Il en existe une autre copie dans le n° 14770 ;
mais il ne suffit pas de signaler cette autre copie ; les
deux manuscrits ne nous offrant pas les mêmes sermons
dans le même ordre, nous croyons utile de mentionner
particulièrement chacun de ceux que nous avons
déjà rencontrés et d'indiquer où ils se trouvent, soit
dans le n° 14770 soit ailleurs. Nous aurons en outre
à faire connaître quelques auteurs dont pas un n'est
ici nommé.
Fol. 45. Beati mortui qui in Domino.,. — Si sœpe
reducerimus ad memoriam quod mors peccatorum pes-
sima est . Une autre copie anonyme de ce sermon est
dans le n° 14470 (fol. 283). On y lit plusieurs anec-
dotes, entre autres celle de maître Serlon quittant sa
chaire pour aller faire pénitence de ses impiétés.
Nous citons celle-ci, qui est moins connue :
Quidam rogavit abbatem quemdam ut eum reciperet. Ille
dixit ei : « Si intraveris religionem, oportet te esse obedien-
tem. » At ille dixit quod libenter obediret. Tune abbas prae-
cepit ei ut iret in cœmeterium et maledicet ossa mortuo-
rum per totam diem; quod ille fecit. Alia die praecepit ei
quod eadem ossa benediceret ; quod ipse fecit. Tune abbas
dixit : < Sicut ossa mortuorum non responderunt tibi nec
maledicendo nec benedicendo, eodem modo tu non respon-
dere debes alicui qui dicet tibi aliquid. »
Faisons ici remarquer qu'il existe de notables dif-
férences entre les deux copies. L'historiette que nous
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 69
venons de transcrire est, par exemple, tout autrement
racontée dans le n* 14470.
Fol. 48. Ecce sacerdos magnus. . . — JestùS, filius
Sirachj sacerdotem magnum mulUpliciter describenSy
similitudinem,.. Ce sermon est aussi, sans le nom de
Fauteur, dans le n^ 14470 (fol. 201).
Fol. 51. Venite post me:.. — Dominus nititur nos
revocare sicut mater filium fugitivum. Aussi dans le
n° 14470 (fol. 289), dont le texte est meilleur. Une
grande partie du sermon manque dans notre
n» 14593.
Fol. 53. Ecce venit rex... — Nota sex homini neces-
saria esse currere volenti. Autre copie anonyme :
n« 14470 (fol. 167).
Fol. 54. Surget gens adversus gentem.,. — Filii et
filix^ audite me ; timorem Domini docebo vos. Aussi
dans le ii° 14470 (fol. 168).
Fol. 55. Sobrieetpie et juste vivamus.., — Sobrietas
in duobus consistit, in resecanda carnis voluptate et
curarum sascularium occupatione. Dans le n° 14470
(fol. 221).
Fol. 56. Orietur Stella ex Jacob.,. — Quod diciiur
Orietur Stella pertinet ad primum Adventum. Dans le
n» 14470 (fol. 269).
C'est encore un sermon incomplet dans le manus-
crit que nous décrivons ici.
Fol. 57. — Homo natus demuliere,., — In hujus
itaque exilii miseriam dignatus est filius Dei des-
cendere. Autre copie : n® 14470 (fol. 214).
Même feuillet : Salvatoremexpectamus... — Sacro-
sancti dies^ quse ex antiqua canonum et Patrum auo-
70 MANUSCRITS LATINS
toritate... Autres copies anonymes : n®* 3563 (fol. 7),
14470 (fol. 163). Mais le nom de Tauteur nous est
fourni par le n"" 13586 ; c'est GeofiFroy de Troyes.
Fol. 60. Est diligendus Christus dulciter, sapienter^
fortiier. Voir sous le n° 13577 (1). Autre exemplaire
anonyme : n** 14470 (fol. 323). Mais ceci n'est pas un
sermon.
Fol. 62. Erat Hierosolymis probatica piscina. . . —
Probaton grxce ovis. Ce sermon est de Pierre Le
Mangeur. Nous l'avons déjà cité sous le*n® 2951 (2).
Fol. 63. Nuptix factx sunt in Cana... — Veritas
dicit in Evangelio : Qui ex Deo est... Autre copie :
nM4470(fol. 272).
Fol. 64. Homo, cum in honore esset... — Deus uUio-
num, Dominus Deus ultionum sœpenumero per servos
suos... Autre copie : n° 14470 (fol. 266)
Eol. 66. Novate vobis novale.,. — Hic est familiaris
modus instructionis ut per visibilia fiât doctrina de
invisibilibus. Autre copie : n^ 14470 (fol. 216).
Fol. 68. Videmus nunc spéculum... — Intellige,
miser Judœus^ ad litteram hoc prœcepium. Nous n'a-
vons pas à citer une autre copie de ce sermon ; mais
nous allons en extraire plusieurs exemples. Et
d'abord celui-ci :
Hoc pone exemplum de comitissa Campaniae, quae, cum
mortua fuit, ita spoliata fuit quod nihil super eam reman-
sit ; uno parvo staminé tecta fuit. Quam cum ita vidisset qui-
dam abbas in caméra, sicut rigida erat erexit ad parietem,
et postea exiens de caméra omnes milites vocavit, quibus
cadaver comitissae ostendit,[dicens : t Mirier, \os,mirier. »
(1) Tome II, p. 256.
(2) Tome 1, p. 144.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 71
Cette lugubre historiette est racontée dans un autre
sermon, par Eudes de Cériton, au fol. 125 de notre
n° 2593. Nous lisons ensuite :
Yel pone exemplum de Saladin ; qui, cum laboraret in
extremis, nobiles ad eum accedentes eum rogaverunt ut eis
aliquod bonum exemplum vel verbum ostenderet, sicut
consuetudo fuit aliorum regum. Saladin ante se très ulnas
grossse telae fecit apponi et vexillo suo sigillari et per regnum
suum clamari : c Saladin, rex Babylonis, de toto regno suo
nihil aliud secum defert. »
Cela est aussi conté, mais en des termes un peu dif-
férents, dans un sermon de Henri de Provins (l)et dans
le Promptuarium de Hérolt (2).
Quoique ce sermon soit du ton familier, il y a des
passages d'une grande violence, surtout contre les
usuriers, c'est-à-dire contre les riches bourgeois.
Nous avons ensuite quelques extraits dont il y a
d'autres copies au fol. 234 du n^ 14470. Au fol. 74
les sermons recommencent et nous avons d'abord
celui-ci :
Ecce nunc tempus acceptabile.,. — Salomon ait :
Cor sapientis erudit cor ejus. Autres copies anonymes:
n" 14470 (fol. 247) ; Arsenal, 400 (fol. 75). Mais Tau-
leur nous est connu; c'est Etienne Langton, dont le
nom se lit dans notre n° 14859 (fol. 266).
Fol. 75. Accingere cilicio... — Cavete vobiSy carissi*
mi^nemeledictionem Domini incurratis. Autre copie
anonyme : n« 14470 (fol. 248).
•Fol. 79. Tibi dixi : Cor meum quœsivi.,. — Cum
(1) Hist. lut, de la Fr., t. XXVI, p. 421.
(2) Sermon, discipuli, Promptuarium, exemple 7 de la lettre T.
72 MANUSCRITS LATINS
pauper, cui offenms est domintis, vadii ad cunam
domini... Autre copie : n® 14470 (fol. 271^.
Fol. 80. Estote imitatores Dei. — Gaudiam est ma-
tris et signum legitimi conjugii filius similis. Autre
copie :n» 14470 (fol. 267.
Fol. %^,Erat Jésus ejiciens dœmonium... — Ec-
clesia quotidie pandit nobis miracula Christi ut osten-
daturnobis virtus potentiœ. Autres copies anonymes :
n°» 14470 (fol. 253), 14925 (fol. 151).
Fol. 85. Pulli aquilœ lambunt sanguinem,.. —
ChristuSj verus aquila, ut esuriret nostramsalutem...
Autre copie: n" 14470 (fol. 209).
Fol. 89. RetrahamiLS aum sole claritatem gaudii, . . —
Ecce patei quomodo asina respondit peccatori. Autre
copie : n« 14470 (fol. 259).
Fol. 90. Exemplum dedi vobis... — Caveat quilibet
ne cadat rétro, audito verbo Domini. Autre copie :
no 14470 (fol. 251).
Fol. 97. Templum Dei estis.,. — Legitur quod in
dedicatione templi Salomon, flexis in terra genibus...
Ce sermon est du chancelier Prévostin. Nous l'avons
sous son nom dans le n** 14859 (fol. 251). Il est d'une
constante gravité.
Fol. 99. Nemo potest duobus dominis servire... —
Isaias docet quomodo verba Domini sint audienda.
Autres copies anonymes : n<>* 14470 (fol. 310), 16463
(fol. 91).
Fo\A02. Refulsit sol in clypeos... — Cantatur in
ecclesia de prœliis, quia omnes qui ad Dominum desi-
derantpervenire,,. Autre copie: n^ 14470 (fol. 280).
La légende des filles du diable est ici très ample-
J
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 73
ment commentée. Les clercs sont en cause avec les
laïques ; aux uns et aux autres la satire dit leur fait
en des termes d'une grande véhémence. Notre inten-
tion était donc de transcrire tout ce passage. Mais le
texte en est très corrompu dans les deux manuscrits,
et, dans les deux, la fin manque. Voici, du moins,
deux paragraphes, peut-être sans lacunes, où tout se
peut comprendre. Il s'agit d'abord du mariage de la
troisième fille, la rapine :
Tertia conjuncta est principibus qui compares sibi sub-
jectos debacchantur, de lacrymis viduarum et orphanorum
sumptuosas vestes et epulas splendidas comparantes ; qui
tanto peccant gravius quanto per violentiam gravius est
rapere quam furari. Profecto possent in matrimonio filia-
rum, in reparatione munitionum, in defensione terras suaB
moderatum auxilium postulare; sed quidquid assumunt
pro expensis superfluis, pro torneamentis et aliis casibus,
totum iUud proculdubio est rapina ; de qua, nisi reddant
ablata et peniteant, nunquam veniam consequentur.
Gela fait soupçonner le reste. On prévoit bien
qu'après avoir ainsi traité les seigneurs, il ne ména-
gera pas les bourgeois :
Quarta, scilicet usura, burgensibus est conjuncta. Est au-
tem usura quidquid exigitur ultra sortem... Vendunt bla-
dum et vinum ad terminum, ut majorem inde recipiant pe-
cuniam quam valebant tempore venditionis. Sciant quod
quidquid accipiunt pro expectatione usura est, et, sicut
bursa in qua reponunt usuras tandem consumitur et nigres-
cit et ultime projicitur, ita et animas eorum nigrescunt et
consumuntur et projicientur in infernum et aeternaliter pu-
nientur; nec etiam cessant mortui Dominum irritare, quia
relinquunt filios et filias qui eos imitantur, et etiam uxores
quae duodecim vel pluribus manibus dant pecuniam ad usu-
ram. Quod attendens propheta dixit : Patres succendebant
ignem, filii colligébant ligna, mulieres adipem asper-
74 MANUSCRITS LATINS
gébant (1). Patres i^em succendant dum exemplum usu-
randi filiis exhibent; filii coUigunt ligna dum pa^um detes-
tanda in talibus sequuntur exempla; mulieres aspergunt
adipem cum maritos suos faciunt esse usurarios ut pretio-
sis vestibus induantur. Heu 1 veniet hora in qua perpétuas
damnationis audient sententiam, sine fine pœnis Insestima-
bilibus cruciandi.
Fol. 103. Amice, quomodo hiùc intrasti... — Intrante
Israël in terram promissionis et pugnante Josue contra
hostes... Autre copie : n° 14470 (fol. 225).
Fol. 105. Circumdederuntme dolores.... — Tempus
flendi et tempus ridendiy dioit Ecclesiastes. Autre
copie : nM 4470 (fol. 210).
Après ces sermons, quelques fragments sur la
désobéissance, la confession, la prière, etc., etc. Dans
celui qui concerne la confession se rencontrent quel-
ques vers publiés par Beaugendre, sous le nomd'Hil-
debert, d'après deux manuscrits de Jumièges ; Hild.
Opéra, col. 1229. Mais ces manuscrits de Jumièges
étaient sans doute l'un et l'autre incorrects, car l'édi-
tion nous donne à lire un vers inintelligible. Voici
le texte que nous avons ici :
Sunt in judicio personae quattuor : una
£st accusator, reus altéra, tertia testis,
Judex quarta; manus tortoris crimina punit.
Has in me video personas. Sum reus ipse,
Est accusatrix mens conscia, vitaque testis,
Judex est ratio ; me terret tortor Averni,
»
Nous ne garantissons pas que cette épigràmme
soit d'Hildebert; mais elle nous semble assez bien
tournée pour être digne de lui.
(1) Jérémie, vu, 18.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 75
A la suite, la table raisonoée des sermons qui
précédent, des notes recueillies pour les prédica-
teurs et une pièce de dix vers léonins commençant
par :
Si bene res memoras, sic Christus consecrat horas. . .
Du fol. 118 au fol. 169, une liasse intitulée: Ser-
mortes quidam per anni circulum, Excepti de sermo-
nibus mag. Pétri Pictaviensis, Parisiensis cancellarii.
L'Histoire littéraire ne mentionne pas ces sermons
du chancelier Pierre de Poitiers. C'est une omission
regrettable. Ils sont d'un moraliste très jaloux de
bien dire, mais dédaigneux d'exciter l'attention de ses
auditeurs par des jeux d'esprit qui les mettent en
gaité. S'il est obligé, censurant certains vices, de les
définir avec précision, d'en décrire toutes les formes
et d'exprimer en des termes un peu crus l'horreur
qu'ils doivent inspirer, il demande aussitôt qu'on l'en
excuse. Il sait quel langage on doit parler en chaire et
fait profession d^observer les convenances du lieu.
En somme, Pierre de Poitiers est un des bons prédi-
cateurs du XII® siècle. Son grand mérite est d'être
toujours grave, sans être jamais pédant.
Du fol. 169 au fol 189, des extraits, intitulés No-
tulx. Ces petites notes ont été prises partout, dans les
écrits des Pères et dans ceux deS théologiens mo-
dernes.
Au fol. 189, un long fragment d'un Pénitentiel
longtemps estimé, dont l'auteur est Thomas de
Gabham, sous-doyen de Salisbury. Si notre manuscrit
ne le nomme pas, il est ailleurs plus d'une fois
76 MANUSCRITS LATINS
nommé. Nous avons précédemment cité ce Pénitentiel
sous les no« 3218 et 3239 (1).
Ensuite de nouveaux extraits ; notamment, au
fol. 200, un fragment d'Ernaud de Bonneval, De
verbis Domini incruce^ et, au fol. 206, un autre, plus
considérable, du même auteur, De laudibris béates
MariâB. Ces deux opuscules sont complets dans le
n"^ 14542, ci-dessus décrit.
Du fol. 216 au fol 226, cinq sermons du chancelier
Pierre, dont le premier, commençant par Isti sunt filii
olei, est anonyme dans le n^ 941 (fol. 113) de la Ma-
zarine.
Au fol. 227, ces vers :
Unum cole Deum, nec jures vana per ipsum,
Sabbata sanctiûces et venerare parentes.
Non sis fur, mœchus, occisor, testis iniquus,
Vicinique thorum resque caveto suas.
Il y a d'autres copies de ces vers dans les n®^ 15957
(fol. 92) et 492 (fol. 191) des Nouvelles acquisitions, à
la Bibliothèque nationale, ainsi que dans les n°* 467,
767 et 1050 de Saint-Gall. Le premier vers commence,
dans la plupart des copies, par Unum credo Deum,
Du fol. 228 au fol 262, une chronique très abrégée
depuis la naissance d'Abraham jusqu'à Tannée 1274.
Il nous semble qu'il n'y a lieu d'en rien extraire, si
ce n'est peut-être ceci :
Anno 1248. Ludovicius rex vadit ultra mare, et, in Cypro
hiemans, sequenti ssstate Damietam miraculose cœpit. Sed
paulo post plusquam centum millia hominum in belle cap-
(1) Tome I, p. 185, 206.
DE LÀ BIBLIOTHÈQUE NATONALE 77
tos vel mortuos perdidit, et, perdito Roberto, fratre suo,
ipse etiam captus fuit ; et, post paucos dies, princeps qui
eum ceperat, accepta redemptione 8,000 bisanciorum, ab
alio principe occisus, pecuniam et vitam perdidit; et ille
Victor Damietam, quam rex captus perdiderat, f unditus des-
truxit ita quod etiam lapides in Nilum projecit.
1254. Feria VI, luna X, circa festum S. Andraeœ, comètes
apparuit; tempore sereno, cœlo quadripartite, duae lunse
visse sunt in cœlo alterutrimque divisas quasi in longum
lancese, una rubea, altéra cserulea, cum magno tonitruo.
1261. Mortalitas maxima in Lotharingia iUo anno. Viginti
fratres in conventu fratrum Praedicatorum Metensi mortui
sunt.
Au fol. 262, un catalogue des saints et des saintes.
Les plus modernes des saints sont François, Domini-
que, Antoine, Edmond, sub Frederico ultimo, c'est-à-
dire sous Frédéric IL
Du fol. 264 au fol 279, une autre copie de la chro-
nique plus haut citée. Elle ne commence qu'avec la
naissance de la Vierge ; mais il y a dans toutes les
parties des additions plus ou moins considérables.
Nous citons la dernière, qui n'est pas datée, mais qui
doit se rapporter à Tannée 1245 :
Fredericus depositus est, in festo S. Luciae. Hoc anno,
magna multitudo pastorum in Francia coUigitur, speran-
tium quod Terra sancta, quam tôt milites Franciae recupe-
rare non potuerant, pastoribus redderetur ; sed eorum sim-
plicitatem delusit associata eis multitudo malorum, scilicet
latronum, exulum, apostatarum^ paganorum, haereticorum
et meretricum, qui in favorem laicorum clericos occidebant,
et etiam in urbe Parisius multos in Secana submerserunt
et omnes de Aurelianis f ugaverunt ; apud Turonis, publiée
praedicabant quod sacramenta ecclesias nihil erant, et qui
clericum vel sacerdotem occideret pro potu boni vini absol-
veretur ; et cum fratres Praedicatores contraria praedicarent^
78 MANUSCRITS LATINS
quatuor fratres Prœdicatores graviter vulneraverunt, et,
confractis sedibus chori et spolîata ecclesîa, decem fratres
per mediam urbem coram cunctis fustigantes, extra urbem
ocoidere voluerunt ; sed cives, metu régis et reginae, non
permiserunt ; et cum tôt mala facientes usque sexaginta mil-
lia convenissent, principalibus eorum suspensis, quorum
unusin morte MachjDmetum invocavit, et occisis ceteris,
paucissimi occulte fugerunt.
Au fol. 581, un opuscule de droit canonique, com-
mençant par : Verborimi super fluitatepenittis resecata^
de talento credito vobis relinquo, socii, murgaritam.
Cet opuscule est pareillement anonyme dans les
n«' 13672 (fol. 146), 14608 (fol. 176), 14616 (fol. 143)
de la Bibliothèque nationale, 605 de Tours, 496 de
Saint-Omer, 245 et 427 de Chartres, 122 de Metz, 36
et 136 du Mont-Gassin, 666 de la Palatine et 2071 de
Vienne. Mais il est sous ce titre dans le n° 1850 de
Troyes : Bernardi Breviarium ad omnes materias in
jure canonico inveniendas ; et ce Bernard est, assure-
t-on, Bernard de Parme.
Suit un autre traité de jurisprudence, avec un pro-
logue dans lequel Tauteur se désigne ainsi : Ego
T., Bononiensis . C'est le traité bien connu de Tancrède
De sponsalibus et matrimoniis.
Du fol. 289 à la fin du volume, une liasse intitulée
Sermones mag. Pétri P., où nous retrouvons la plupart
des sermons dont il existe plus haut une meilleure
copie, et, outre ceux-là, d'autres encore. Ajoutons
qu*un assez grand nombre des sermons du chancelier
Pierre de Poitiers sont anonymes dans le n® 941 de
la Mazarine.
DE LA BIBUOTHÈQUE NATIONALE 79
14604
Cet immense dictionnaire de TÉcriture sainte, inti-
tulé Tabula originalium, est du frère Mineur Jean de
Hereford. Il en existe d'assez nombreux exemplaires,
avec ou sans le nom dé Tauteur. La bibliothèque
Mazarine en possède deux, sous les n°' 120 et 349.
14795
On lit à la fin de ce volume: Explicit summa ma^
gisiri Adœ BritoniSj canonici Sancti VictoriSy de vocor-
buUs Bibliœ, Il ne faut pas trop s'étonner si, vers le
seizième siècle, des chanoines de Saint- Victor, moins
attentifs qu'ils auraient dû l'être, ont attribué ce
Vocabulaire de grand renom à leur confrère le lyrique
Adam, le seul Adam dont les annales de leur maison
eussent conservé la mémoire. Ce fécond rimeur était-
il Breton ? On croit qu'il l'était. Quoi qu'il en soit,
étant mort en 1192, il n'est certainement pas l'auteur
de ce Vocabulaire, où sont cités divers maîtres qui
vécurent plus ou moins d'années après lui, notam-
ment Uguccione de Pise mort en 1210, Alexandre
Neckam mort en 1217, Alexandre de Villedieu mort
en 1240. Gomme nous l'apprennent des bibliogra-
phes mieux informés et de plus anciennes copies de
ce Vocabulaire l'auteur se nommait, non pas Adam,
mais Guillaume, il n'était pas Victorin, mais religieux
Mineur, et vivait, non pas au xii® siècle, mais au xiii®.
Une notice étendue sur sa personne et sur son livre
est au tome XXIX de V Histoire liuéraire^ p. 583-602.
80 MANUSCRITS LATINS
14799
Quoique ce volume nous ait été transmis comme
appartenant au fonds de Saint- Victor, presque toutes
les pièces dont il se compose ont pour auteurs des
religieux de Tordre des Prêcheurs.
On y trouve d'abord, du fol. 1 au fol. 21 , les postilles,
gloses ou moralités de Jacques de Lausanne sur la
Genèse, dont un autre exemplaire est conservé dans le
n^ 14798 ; un autre, mais abrégé, dans le n* 605.
Ces postilles sont, pour la plupart, inédites. Nous y re-
marquons ceci de particulier, que le moraliste fait cons-
tamment intervenir les animaux pour qu'ils donnent
aux hommes des exemples à suivre. Aussi le voit-on
souvent citer Aristote, Isidore. Il est bien entendu
que sa science .est, en fait de zoologie, toute d'em-
prunt .
Au revers du feuillet 21 : Incipit Jobsecu7idum lectu-
ram ejusdem. Cette Lecture est un autre cours d'his-
toire naturelle. Elle existe aussi dans le n° 14798. On
lit à la fin : Eœplicit Job, de lectura fratris Jacobi de
Lausanna^ Prœdicatoris, Sixte de Sienne rapporte à
Jacques de Lausanne un commentaire sur Job dont
tel est, dit-il, le début ; Sustinentiam^ Job, audistis.
Il faut lire : Sufferentiam, Job, audistis. Une glose
anonyme sur Job qui commence par ces mots existe
dans le n" 67 de la Mazarine, et c'est probablement
celle que Sixte de Sienne a mentionnée sous le nom
de Jacques de Lausanne. Mais il s'est trompé.
A la suite, fol. 33, un commentaire sur les Prover-
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 81
bes, sous celte rubrique : IncipU lectura cjusdem
fratris Jacobi super Proverbia. L'attribution est donc
formelle. Ajoutons que le même commentaire est dans
le n^ 14798 sous le même nom. Cependant au fol. 435
de ce n"* 14798, beaucoup plus lisible que notre 14799,
après le récit d'un miracle arrivé dans la ville de
Vienne, il est dit : Ego frater P. de Palma vidi civem
qui hoc diceret se vidisse. Ainsi voilà le témoignage de
la rubrique contredit par le texte lui-même. Mais un
copiste n'a-t-il pas introduit dans le texte une note
mise à la marge d^un exemplaire par le futur général
Pierre de Baume, qui doit avoir lu, dans sa jeunesse,
les écrits de Jacques de Lausanne comme ceux d*un
maître vénéré?
Au folio 69 on lit : Explicit super Proverbia a fralre
Jacobo de Losanna; et aussitôt après : IncipU lectura
ejusdem super EcclesiasHcum. Cette attribution n^est
pas douteuse.
Si nous ne transcrivons rien de ces commentaires,
où nous avons rencontré plus d'une vive censure,
plus d'une narration instructive, c'est qu'on en a
depuis longtemps extrait et publié les passages les
plus intéressants. Voici le titre de celte compilation :
Opus Moralitatum prxclari fratris Jacobi de Losanna,
cunctis verbi Dei concionatoribus pro declamandis
sermonibus maxime necessarium ; Limoges, Garnier,
1528, in-8«.
A ces commentaires succède un gros recueil de ser-
mons prononcés pour la plupart, comme il semble,
dans les églises de Paris, soit vers la fin du xin® siècle,
soit dans la première moitié du xiv®. Répétons qu'ils
III. 6
•V *
82 MANUSCRITS LATINS
paraissent avoir été composés presque tous par des
religieux Dominicains. Il y en a sans doute de plus et
de moins libres ; mais ils ne sont guère d'un style plus
noble les uns que les autres. Nous indiquerons chacun
d'eu X séparément et , quand nous le pourrons, nous join-
drons quelques notes à ces indications particulières.
Fol. 128. Senno de sanclo Victore, — Cerlamen
forte dédit illL.. — la omni exercitu bene ordinato,
qiiando sibi ini^ninct pugna. Autre copie : n** 14973
(fol. 15^). L'auteur de ce long sermon n'est pas
nommé ; il nous apprend, du moins, lui-même qu'il
était religieux (fol. 129, col. 2). C'est pourquoi sans
doute il parie très dédaigneusement des évêques.
Fol. 131. Sej^mo i)i Annuntiaiione Domini. — Pul--
cberrima feminarum eligilur,,, — Ratio et curialitas
hochabent quando personamagni valons,.. L'auteur de
ce sermon est indiqué par les lettres initiales de son
nom : Dur, En tète d'autres sermons nous lirons plus
loin fr. Dur,, et, plus loin encore, fr. Durandus.
Suivant Echard, qui plus d'une fois a cité notre volume
sous le n° 681 de Saint- Victor, ce frère Durand serait
le Dominicain Durand de Saint-Pourçain (1). Nous
n'objectons rien à cette conjecture. On trouvera sans
doute très singulier qu'un théologien, un philosophe
aussi grave ait osé fairej en terminant son sermon,
une comparaison aussi peu noble, aussi peu décente
que celle-ci :
Notandum quod magni domini volunt habere juxta came-
ram suam garde robe; sic Dei filius, licet haberet cor
(1) ^criplor» or(L Pned.y t. î, p. 587.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 83
beatsa MarisB pro caméra in quantum Deus, voluit tamen
ejus uterum pro garde robe.
Mais, comme oq le sait, tel était généralement, en
ce temps-là, le style des prédicateurs les plus goûtés.
Nous avons une autre copie du mémo sermon dans
le n' 3553 (fol. 17). Elle est anonyme.
Tous les sermons de Durand de Saint-Pourçain sont
inédits. Il importe d'autant plus de signaler ceux qui
nous ont été conservés par les manuscrits qu'Ëchard
lui-même, le plus scrupuleux des anciens bibliogra-
phes, a, ce qui va surprendre, omis d'en mentionner
quelques-uns.
Fol. 131, col. 3. In Assumptione beatx Virginis^
Diir. — PosuU diadema regni in capitc... — Si
Assuerus in coronatione Esther reginx largitus est
munera... Dur. est, nous venons do le dire, Durand
de Saint-Pourçain.
Ce sermon est è l'adresse des présomptueux, des
orgueilleux, et le prédicateur ne leur épargne pas les
remontrances. Nous y remarquons le passage suivant:
Inter omnes mulleres magis suspectsB sunt uxores jocula-
torum, quia ubique discurrunt, coram omnibus ludunt,
saUunt, strepunt. Motiva autem sunt hœc ad maie agendum.
Nota quod propter unam talem décoUatus fuit Joannes.
Quid ergoerit deillis quse docentfilias psallere, tripudiare?
Taies videntur esse uxores joculatorum, et vix potest hoc
esse sine suspicione mali.
Un exemplaire anonyme du même sermon est dans
le n® 14966, deuxième série, fol. 104. Il y a, dans ce
n"" 14966, deux liasses de sermons dont chacune a une
pagination particulière.
i
\
Ô4 MANUSCRITS LATINS
Fol. 132, col. 4 la Annuntiatione Domini, Dur. —
Bodie in doino tua oporlet me manere... — Consue-
tudo est altéra natura et per modum naturx inclinât.
II est conDu que Durand de Sait-Pourçain pensait très
librement. N a-l-il pas pris à partie saint Thomas lui-
même, l'accusant d'avoir, comme philosophe, fait à
ses adversaires plus d'une concession regrettable (1) ?
Eh bien ! nous allons le voir se déclarer ici, comme
théologien, pour une des opinions que les docteurs
de son ordre condamnaient avec le plus de rigueur. Il
s'agit de Timmaculéo conception de la Vierge, qu'il
expose en ces termes, fol. 733, col. 1 :
Isaias : < Erlt iii novissimis diebus praeparatus mons
flomus Domini in vertice montium » et cet. Talis domus
fuit beata Virgo, quia luit purissima. Unde Ancelinus :
« Decebat illius hoininis conceptum in matre purissima fierl,
quia ea puritatc niteret qua sub Deo nequit major intel-
i^gi * (^)> 3î"6 peccato quoque fuit, quia nullum peccatum
actuale comaiisit et ab originaliin utero matris sanctiûcata
fuit.
Fol. 133, col 3. In Nativitate beatœ Virginis, Dur.
— Judœis nova lux oriri visa est, . . — ûeus, qui mira-
biliter formavit hominem in esse naturx. Nous avons
une autre copie de ce sermon, sans aucun nom d'au-
teur, dans le ii° 3553 (fol. 13). Il y a de vives censures
à Tadresse des évoques qui, pour grossir leurs revenus,
imposent à leurs diocésains des charges nouvelles :
Legimus de Nerone quod, cum nihil grande fecisset unde
ejus nomen célèbre haberetur, hoc novum fecit quodurbera
(i) lllsl, de la pliil, scoL: deux. pôr.. t. II, p. 34G et suiv.
(2) Anselmus Canluar., De conceplu virg., cap. xviii. Patrol»
U CLVIIIjCol. 451.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 85
succendit, ncc permisit quemquam ad sua currere ut ex eis
aliquid salvaretur. Sic aliqui praelati^ qui volunt prseesse,
non prodesse, cum nil fecerunt dip^num memoria, novltates
damnosas subditis constituunt, nuUi acquiescentes contia-
rium suadenti.
Lalhèsede l'iinmaculéo conception est encore ici
très fermentent exposée. Durand dit de Marie (fol. 133,
col.3):
Nova oritur, sine veteri fermento originalis peccati quod
totam massam humani generis corrupit, cum sanctifieato-
rum in utero est privilegiata nativitas, quia hoc est praeter
communem legem nascenlium secundum quam nascimur
omnes filii irae.
m
Fol. 134, col. 3 .1)1 Annuntiatione beatœ Mariœ^
P, de Pal. — la rore cœlidesuper erit benedictio... —
DiciturJob XII: Narrabunt pisces maris. . • Gomment
devons-nous interpréter ces initiales P. de Pal. ?
L'auteur esL-il Pelrus de Palma^ Pierre de Baume,
ou Petrusde Palude, Pierre de La Palu, l'un et l'autre
Dominicains. Alva croit qu'il s'agit ici de Pierre do
Baume; mais Echard prouve qu'il motive mal son
opinion, et lit Petrus de Palude. Cependant Echard no
justifie pas mieux cette lecture lorsqu'il prétend que
Pierre de La PjIu fut un des contemporains de Du-
rand, tandis que Pierre de Baume vécut longtemps
après. Longe posterior, dil'W. Or si Dnrand de Sainl-
Pourçain mo'irut en 1334 et Pierre de Baume en
1343, Echard lui-même ne fait mourir Pierre de La
Palu qu'un an plus tôt, en 1342. Ainsi .l'argument
allégué contre Pierre de Baume n'est pas moins
valable contre Pierre de La Palu. Trois des sermons
contenus dans notre volume ont été transcrits sous
86 MANUSCRITS LATINS
celle rubrique : P. de Pal. Mais, dans le n** 14973,
la rubrique de Tun d'eux est, en toutes leltres,
P. de Palrna. Du premier nous citons celle explicalion
d'un proverbe populaire :
Vulgo dicitur quod melior est ros unus vel pluvia maii
quam thésaurus régis David, quia thésaurus régis solum
regem ditat et non regnum, eo quod sunt multi pauperes
sub divite imperio; sed ros maii vel aprilis frugibus quan-
doque ditat totum regnum.
Fol. 135, col. 4. In Nativitaie beatx Maux, P. de
Pal. — Egredieiur virga de radice, . . — Gaudium
estpauperi cui non remansU nisi truncus aridus. . ,
L'auleur est donc Pierre de Baume. Autre copie :
n° 14973 (fol. 145).
Fol. 136, col. 4. [a Nativitaie beatœ Virglnis, Diir,
— Sicut sol oriens mundo — Gloriosa virgo Maria,
forma et illuminât io totiusEcclesiae... Nous ne remar-
quons rien dans ce sermon, si ce n'est une phrase
d'Aristote citée pour démontrer que la conformité
du soleil et de la Vierge n'est en rien contraire aux
lois do la physique. Celle démonstration semble su-
perflue. D'autres exemplaires du môme sermon sont
dans les n'»^ 3565 (fol. 1) et 14973 (fol. 147).
Fol. 138, col. 3. Dominica XXII post fcstum Trini-
tatis, Jo. Par. — State in Domino. — Terra non est
stabilis extra centrum. Le nom abrégé paraît bien
être Joannes Pai^isiensis ; mais il y eut, au xiii® siècle,
plusieurs Jean de Paris, plusieurs même parmi les
Dominicains. Nous ne savons donc auquel attribuer
ce sermon. Il n'est pas, d'ailleurs, intéressant. Il y a
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 87
des exemples ; mais ils sont emprunlés à Vllisioire
scolastique de Pierre Le Mangeur.
Fol. 140. Dominica XX^ post Trinitatem, Dur. —
Misit servos suos vocare, . . — Cum spiritualia sub
aliqua similitudinererum corporalium proponuntur. . .
Rcbardn'a pas menlionné ce sermon, où les mœurs
du clergé séculier sont très durement censurées.
Après avoir empatbiquement exposé combien grande
est la dignité professionnelle de tout clerc ordonné
pasteur des &mcs, l'orateur fait ainsi le portrait des
curés de son temps (fol. 140, col. 3) :
Hodie super omnes alios homines curam carnis faciunt
ecclesiarum ministri, in desideriis, in eomessationibus et
ebrietatibus, in cubilibus et impudicitiis. Quae gens aut
regnum ubi tôt vacent eomessationibus et ebrietatibus
sicut ministri ecclesiarum, adeo ut in quibusdam locis non
erubescant de ecclesia, imo de Christi mensa et de altari,
statim, in dominicis omnibus, publice, in tabernam ire, in
opprobrium suum et scandalum aliorum, et illud quod jura
statuunt de vita et honcstate clericorum, quod a crapula et
ebrietate clerici abstineant et quod vinum sibi temx^erent;
et se vino sic facto suo exponunt quasi temperare se vino
sit immergi, sicut panis dicilur temperatus vino quando in
60 totus immergitur; et, cum ebrictas mentis exilium et libi-
dinis provocat incentivum, consequens est quod vivant
carnis in impudicitiis.
Et plus loin, après les avoir représentés comme des
monstres de crapule, il leur reproche ainsi leur tyran-
nique cupidité :
Magna perversitas est si pastor, qui débet oves pascere,
eas comedit. Talis non est pastor, sed lupus; et tamen hic
Videmus quotidie clericos, per fas et nefas et abusiones,
pauperes opprimere quibus sua potius debuerunt erogare.
88 MANUSCRITS LATINS
L'Eglise, née pauvre, est devenue riche et sa richesse
l'a perdue. Une voix du ciel avait, dit-on, annoncé
sa future décadence le jour où Constantin lui conféra
Tempire d'Occident : Tempore Conslantini^ qui dédît
imperium occidentale Ecclesix^ avdita fuit hœc vox
manifeste dicens : « Hodie infusum est venenutn in
Ecclesia. » Il plait à Durand de reproduire cette pro-
phétie, qui n'est pas assurément plus authentique
que la donation de Constantin. Son confrère Guillaume
Péraud avait autrefois conté la même fable, animé,
comme lui, de sentiments peu favorables à l'Eglise
séculière (1). On sait du reste qu'il ne faut pas plus
se fier aux séculiers parlant des réguliers. Ni les uns
ni les autres n'avaient généralement, en ce temps-là,
de très bonnes mœurs; mais les uns et les autres
se sont certainement calomniés.
Un exemplaire anonyme de ce sermon 'est dans le
n*» 14966, deuxième série, fol. 13.
Fol. 141, col. 2, In die Paschœ, J. de N. — Surrewit,
non est hic . . . Exsurge in adjutoriumy Domine ... —
Voïens aliquod onus levare de terra et non potens
solus. . . Nous sommes ici d'accord avec Échard : les
initiales J. rfé ^^. (nous lirons plus loin /. de Neap.)
désignent certainement le frère Prêcheur Jean de
Naples, qui, licencié en 1315 (2), mourut en 1330.
Ce sermon est suivi d'une longue collation. Jean
de Naples cite volontiers Aristote et Senèque; mais il
parait n'avoir trouvé dans les écrits de ces graves
auteurs que la matière de comparaisons frivoles.
(1) Guill. Perald., Summa de viliiSj tract. IV, cap. vir, art. 3.
(2) Hist. liU. delà Fr., t. XXX, p. 410.
f
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 89
Fol. 144, col. 4. Dominica XXI* posé Trinitatem^ a
fratre Dur., in capUulo nostro acceplus (sic) ad com^
mendationem omnium Sanctorum. — Multi sunt
vocal i, . . — Hieronymus dicit quod timor est custos
m
virtutum. II s^agit ici, (lit Ecbard, du chapitre de
Saint- Victor, où Durand avait été prié de venir se faire
entendre. Nous avons déjà constaté que les religieux
de Saint-Victor appelaient quelquefois chez eux des
prédicateurs étrangers, même des séculiers; mais ils
ne faisaient cet honneur qu a des gens de grand renom.
Fol. 145, col. 4. De pluribus sanctis, P. de Pal. — la-
borave'Tunt in evangelio cum Clémente... — Quando
hotno non habet unde vivere possit, nisi de labore
manuum. . .Après ce sermon, une collation sur le même
thème. Sous le nom P, de Palma dans le n" 14973
(fol. 177). La matière du sermon est l'éloge du travail,
et l'orateur fait remarquer que le plus fructueux
desarls est Tart de vivre selon les préceptes de
TEvangile, celui-ci procurant des biens éternels, les
autres des biens périssables.
Fol. 147. Dominica secunda Adventus, et fuit fes-
tum beati Nicolai, a fratre J. de Palma, ordinis PrW'
dicatorum. — Cum adkuc esset puer.. . Puer parvu-
lus juvabit eos . . . — In verbo isto secundo proposito
propreambulo prœmisso dicere possumus . . . Une notice
sur ce frère Prêcheur, Jean de Baume, se lit dans le
lome XXII de V Histoire littéraire, p. 153. A la suite de
cetle notice est l'analyse du sermon que nous avons
ici. On y voit que Jean do Baume prêchait dans le
genre familier.
Fol. 149, col. 3. Jn festo omnium Sanctorum,
90 MANUSCRITS LATINS
vel Pétri et Pauli. — Laudemus viros gloriosos. . . —
Sapiens dicit, Eccles. XI : Ante mortem.. , — Itatîo
est quia soli boni et viriuosi sunt laudandi. Ce ser-
mon anonyme est court et grave. Nous en avons une
autre copie, où manque aussi le nom de Tau leur,
dans le n* 14966, deuxième série, fol. 71.
Fol. 150, col. 1. (Sans indication de jour.) Viam
Dei in veritate doces. . • — Intra sicut in illo sermone :
Sequamur vestigia ejus. Le jour n'est pas, disons-
nous, indiqué; mais, dés le début, Torateur annonce
qu'il va faire l'éloge de saint Martin. Il termine en
racontant cette anecdote :
Notandum de idolo quod fuit in provincia Provinciae, quod
dabat rcsponsa justiciariis de omnibus qui forefaciebant
revelando malefactores ; ad quod venit latro volens furtum
facere, dicens ei quod, si eutn manifestaret, in iUa die se
occultaret, sed sequenti frangeret ei caput cum clava quam
portabat. Quo facto, venit justitia, petens more solito de
malefactore notitiam. Nec primo, nec i;ecundo, nec tertio
potuerunt habere responsum. Tandem ab ipsis infestatum
respondit : « Tempora mutantur et homines deteriorantur,
et qui vera loquitur caput ei frangitur » . Sic his tempori-
bus Veritas estodiosa. Qui loquitur veritatem caput ei fran-
gitur ; Veritas corruit in plateis.
Cette dernière phrase parait contenir une allusion
à quelque fait récent. Peut-être néanmoins est-ce
une maxime banale ; on n*a jamais, dans aucun temps,
beaucoup aimé la vérité.
Un autre exemplaire anonyme est dans le n® 14966,
deuxième série, fol. 57. Les premiers mots, Intra
sicut in illo sermone^ montrent que le sermon est tiré
d'un de ces recueils qui doivent être considérés
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 91
comme des œuvres littéraires. Quant à celui dont les
premiers mots sont Sequamur vesdgia, nous ne Tavons
pas ici ; mais il y est dans le n^ 14966, deuxième série^
fol. 42, et il y est anonyme.
Fol. 151. In Epiphania, fratris Girardi de S. Dio-
nysio. — Apparuit gloria Domini super tectum... Non
apparebis inconspeciu meo.., — Quiverbum Delpro-
ponit Deo assistU. Ce prédicateur, Girard ou Gérard
de Saint-Denys, était un régulier puisqu'il est appelé
« frère »; mais nous ignorons à quel ordre il
appartenait. Le sermon dont on vient de lire les
premiers mots est mentionné dans le tome XXVII de
V Histoire littéraire^ p. 428. Ce qu'il y a de plus
notable, c'est, vers la fin, une diatribe contre les
philosophes qui se sont mis en peine d'expliquer la
formation du monde, n'ayant pas appris de Moyse
comment Dieu Ta créé. Autre copie: n® 14973 (fol. 179).
Fol. 152 col. 2. Magister P. de Sancto Dionysio in
Sepiuagcsima. — Voca operarios et rcdde illis merce-
dem... — Et legitur dominica in Septuagesima*
qmndo aliquis amisit hereditatem. h'Histoire litté-
raircy qui cite ce sermon, fournit quelques renseigne-
ments sur Fauteur, Pierre de Saint-Denys. Il professait
la théologie dans FUniversité de ' Paris vers l'année
1308 : Hist. littér. de la Fr., t. XXVII, p. 429. C'était
un séculier ; il le prouve quand il impute aux exemp-
tions des ordres le relâchement de la. discipline et la
perversion de la foi :
Insurgunt haereses quia non habentur operarii in vinea
Domini qui radiées haeresum velint et possint extirpare, et,
si vellent, non possent propter exemptiones ; quod credo
92 HANusGarrs latins
esse malum et specialiter in religionibus quae sunt disperscX
per totum mandam, et maxime abi omnes sunt laici igno-
rantes, qni sine dubio possunt facere multa mala et tamen
non possunt corrigi qiiia non possunt visitari, nec ab istis
qui sunt ordinarii, cum sint esempti, sed nec a papa cum
sint nimis remoti,et ideo oportet ut sequantur multi errores.
L'orateur o'hésile pas d'ailleurs à reconoailre, quoi-
que séculier, que beaucoup trop d'évêques négligent
de visiter les lieux dont Taccès ne leur est pas interdit,
et que de nooibreux abus, qui pourraient être corrigés,
ne le sont pas. Le mal, dit-il, est que ces évèques,
qui devraient résider dans leurs diocèses, préfèrent
vivre dans les cours des rois. Comment pourraient- ils
de si loin surveiller Tadminislration de leurs églises
et les pourvoir de bons pasleurs? Aussi les voit-on
souvent appeler aux emplois les plus enviés des igno-
rants, des incap:ibles, même des infâmes. Ce prédi-
cateur, quelle que fut sa robe, appartenait, comme
on le voit, au parti des mécontents.
Fol. 153, col. 4. FratrisDwrandi,in Quinquagesima,
— Ecce ascendimius JerosoUjmam. — In progressu vix
necessaria est cogiiatio termini. Nous avons ici le nom
de frère Durand, en toutes lettres. Le sermon est,
d'ailleurs, digne de remarque, offrant plus d'un trait
original. Le style en est généralement simple, sans
mouvements oratoires; tout y vise h la démonstration.
C'est bien le sermon d'un logicien, mais d'un logicien
nullement gourmé, qui, pour exprimer plus clairement
sa pensée, a souvent recours à des comparaisons fami-
lières. Nous en citerons plusieurs. D'abord celle ci :
Divites isti habent equum et palefridum et cursorem. Licet
palefridus suaviter incedat et a dominis libentius equitetur,
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 93
tamen in loco periculoso bene habent necesse dimittere
palefridum suaviter incedentem et accipere cursorem durius
ambulantem. In Isaia dicitur : Equi eorum caro{l). Quidam
de carne faciunt palefridum, eam impinguant et nutriunt;
quidam de ea faciunt cursorem per pœnitentiam. Sed tem-
pore isto divites homines, et maxime clerici, qui praeceteris
viventibus volunt deliciose vivere, nequaquam volunt cur-
sorem ascendere per pœnitentiae incboationem, et tamen
sunt in periculo damnationîs acternœ.
Et maxime clerici ; c'est-à-dire, on l'entend bien,
les clercs séculiers. S'ils ne s'amendent, ils seront
damnés. On a, du moins, la charité de les en prévenir.
Nous trouvons ensuite cette paraphrase assez ingé-
nieuse d'une autre métaphore :
Duo sunt gênera pontium. Quidam sunt stabiles et fixi ;
quidam sunt levabiles et intransibiles nisi secundum volun-
tatem levantis. Christus fecit pontem levaticium in quo
nullus potest transire nisi quandiu dies (est) ; si differtur
venire, levatur pons et nullus transit. Et ideo dicebat Domi-
nas: Operamini dum dies est; Véniel nox quando nemo
potest operari {2). £t hoc deberet movere ad celeriter venien-
dum. Yidemus quod viatores distantes et habentes transire
per talem pontem quantum possunt festinant ut de die
veniant ad pontem, scientes quod, si prœoccupentur nocte,
non intrabunt. Sic peccator quandiu dies est débet labo-
râre quomodo per opéra sua possit Christum habere et ad
gloriam ingredi.
Fol. 153. Dominica prima post Trinitatcm, Jo. Nea.
— biligamus Dominum quoniam ipse prior.., —
Prudens et bonus servitor, qui vult aliorum pedes
lavare... C'est le deuxième sermon de JeandeNaples,
que suivront plusieurs aulres pareillement inédits.
(1) Isaïe, x&xi, 3.
(1) Evang, Joannis, is, 4.
94 MANUSCRITS LATINS
Fol. 156, col. 2. Dominica iertia post Trinitatem,
ei in nativiiate Joannis Baptistœ, Jo. Neap, — Gau^
dium erit coram angelis.,. Factum est mihi verbum
tuum.., — Expcrientia docet quod omnis amicus li-
tenter,.. Voilà un long sermon, où les citations
abondent, mais où Toriginalité fait complètement
défaut.
Fol. 158, col. 2. Dominica quarta Adventus, Jo. de
Neap. — Dominus prope est... Experientia docet quod
domini temporales consuevcrunt llbcnter sibi propin-
quos... Sermon encore plus long, mais non plus inté-
ressant. Si la diction en est soignée, on y cherche
vainement un trait original.
Fol. 161, col. 2. In festo beati Ludovici, dominica
duodecima post Trinitatem ^Jo. de Neap. — Bene omnia
fecit... Sine me nilpoteris facere.... — Sicut natura-
liter arbor ^ quantiimcumque bona^ no7i fructificat...
Un sermon sur le roi saint Louis, composé 'peu
d années après sa canonisation, doit nécessairement,
même quand l'orateur est médiocre, offrir un ou
deux passages qu'il peut être utile de transcrire. Dés
le début, après Texorde, nous lisons :
Dici potest congrue quod bene omnia fecit de eo qui
sic spiritualiter servos fecit audire et mutos loqui. Talis fuit
beatus Ludovicus, cujus totus conatus et studium videtur
fuisse fidem et nomen Christi etiam in terris infidelium pro-
palare et divulgare ; propter quod etiam bis cum ingenti
exercitu contra eos personaliter transfretavit, ut vel sic,
saltem timoré, eos ad ûdem revocaret, vel terras eorum fides
inhabitaret, a quibus semel captus est ut iidei suse virtus et
meritum augeretur. Post captionem interrogatus a quodam
quid cogitaret dum actu cogeretur, respondit quod cogitabat
quam esset utilis illi populo infldeli unius boni prcedicatoris
DE LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE 95
•
praedicatio cum bona audientia, qui eos ad fidem instnieret
et ad fidem induceret. Tandem in eodem facto et opère
mortuus est, die scilicet secundo dam transfretasset et actu
obsideret quamdaffl civitatem impiorum. Congrue ergo de eo
potest dici quod bene omnia fecit. . .
Sunt homines terreni quaerentes otium... Xon fuit talis
beatus Ludovîcus, scilicet otiosus ; imo, ut patet ex ejus
legenda, continue in aliquo sancto opère occupabat se ;
propter quod a multis amatoribus hujus mundi vocabatur
frater Ludovicus. . .
Mais le reste du sermon n'est que du verbiage. Les
prédicateurs italiens de ce temps-là ont généralement
la parole très facile ; mais leur défaut est de parler
beaucoup pour ne dire presque rien.
Fol. 163, col. 2. Dominica infraoctabas Epiphaniœ,
Jo. de Neap, — Dolentes qtixrebamus te... Petite et
dabitur vobls... — Proverbialiler dicitur quod promis-
#
sio fîdelis hominis xquivalet... Rien à citer.
Fol. 164, col. 3. Dominica in Passione et de Annun»
tiatio7ie Domini, Jo. de Neap. — Introivit scmel... —
Reges de novo coronati, vel quando intrant civitatem
aliquam... À la suite une collation oùt vers la fin,
roraleur se prononce pour l'immaculée conception
de la Vierge.
Fol. 166, col. 2. De Assumptione beatx Virginis
Mariœ. — Sedet ad dexteram majestatis... — Nilpro-
hibet eamdem rem deberi alicui dupliciter, scilicet jure
communi et privilégia. Ce sermon est anonyme. En
voici d'autres exemplaires où manque aussi le nom de
Fauteur: n°» 3553 (fol. 36), 'l4973 (fol. 132), 17516
(fol. 36). Puisqu'on Ta plus d'une fois copié, c'est qu'on
Ta jugé louable. Il est suivi d'une collation.
Nous trouvons dans lo sermon (fol. 166, col. 4)
96 MANUSCRITS LATINS
quelques phrases plus vives que décentes à Tadresse
des chanoines et des prélats trop jeunes :
Hodie prsesident mal! sicut boni, non solum in regimine
saeculari sed in ecclesiastico et pastorali, et pueri regunt
qui seipsos regere non noverunt. Jam diu est quod in
gremio matris positi sunt pueri in prsebendis et in talibas. .,
et ex tune fœdatum est gremium Ëcclesiae, quia puer par-
vulus non multum stat in gremio matris vel nutricis quin
fœdet ipsam.
Ces trop jeunes évêques, qui n'avaient pas les mœurs
de leur emploi, étaient, pour la plupart, de noble race.
N'ayant fait que paraître dans les écoles, ils les avaient
quittées sans grades, avec une instruction insuffisante.
On les avait sans doule canoniquement élus, mais
pour jouir en leur compagnie d'une plus grande
liberté.
Fol. 168, col. 4. De Assumptione beatx Mariœ. —
Maria abiit cum fesiinatione,,, — Quando regina
aliqua, sicut Franciœ^ débet cnronari et nuntiatur per
totum regnum. , .
L'auteur inconnu de ce sermon n'avait pas une
gravité soutenue. Voici les comparaisons dont il use
pour bien faire comprendre quelle était la pureté de
la Vierge :
Sicut liber non reputatur alicujus valoris nisi sit illustra-
tus et illuminatus ; sed quando ibi sunt litterse <c dazur »
et de auro « tornees au pincel, » tune liber est pulcher. Ista
[Maria) autem bene fuit illuminata, scilicet lumine fidei
super omnes sanctos, ut patuit in passione Domini; quod
figuratur in candelis in Parasceve. Sed aliqui sunt sicut
libri beguinarum vel dominarum, qui sunt extra novitef
depicti, intus vero maculati et deleti ; qui vellet eos emere
cito posset decipi.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 97
Presque tout le sermon est du même style. Un
chanoine de Saint-Yictor, nommé Jean d'Âunay,
Payant trouvé selon son goût, en a fait ou fait faire
une copie que nous mentionnerons sous le n*^ 14961
(f. 169).
Fol. 170, col. 2. Sancti Pétri aposioli, a fratre
Johanne de Neap. — Princeps et maximus cecidit...
Loquente Petro hœc, cecidit Spiritus sanctus super eos...
Autre copie, sous le même nom, nM 4793) (fol. 136.
Nous sommes loin, dit l'orateur, de saint Pierre,
des apôtres, et Ton a perdu tout souvenir des leçons
de conduite qu^offrent leurs légendes :
Qaomodo prsedicator persuadere poterit sœculari laico
quod non fornicetur, qui videt eos, qui ad honestatem ser-
vandam tenentur, eam nuUatenus observare ? Quomodo per-
suadere poterit sseculari ut ad ecclesias et praedicationes con-
Yêniat, qui videt clericos, qui debent esse divine cultui et
servitio mancipati, rare ad sermones audiendos accedere,
mlssas et reliquo servitio divino interesse ? Quomodo
persuadere poterit ut in res hujus mundi affectionem non
ponat, qui videt clericos, qui debent esse maxime ab istis
temporalibus segregati et divinls intenti, pompis et curiosi-
tatibus vestium delectari ?. . .
Le ton de cette censure la fera certes juger plutôt
haineuse que charitable. Yoilà le dernier des sermons
que nous avons ici sous le nom de Jean de Naples.
Ont-ils eu, les uns et autres, quelque succès ? Antoine
de Sienne dit que Ton conservait de son temps, au
couvent de Naples (1), un gros recueil, volumen mag-
num, de sermons attribués à ce religieux. Mais il ne
paraît pas qu'il s'en trouve beaucoup aujourd'hui dans
(1) Biblioth. ord. fr. Prxd,, p. 137.
m. 7
98 MANUSCRITS LàTINS
les bibliothèques de France, d'Angleterre, d'Allemagne
et même d'Italie.
Fol. 774, col. 1. De uno martyre. — Certamen forte
dédit un... — In omni exercUu bene ordinato, primi
et ultimi debent esse robustissimi. Cette vague rubri-
que De uno martyre^ annonce un exercice littéraire
plutôt qu'un vrai sermon.
Fol. 175, col. 3. De beato Bernardo. — Vidi et ecce
equus a/&u5... — Secundum apostolum ad Rom., invi"
sibilia Dei per ea quœ facta sunL.. V Equus albus est le
moine blanc de Giteaux, et tout le sermon est une
apologie de cet ordre. Aussi ne Tattribuons-nous pas
à un Dominicain.
Fol. 177. De sancto Vincentio^ a fratre Joanne de
Palina. — Certamen forte dédit... — Dominus Christus
Jésus y princeps militiœ christianœ. Ce sermon de Jean
de Baume est cité dans VHisloire littéraire, t. XXVÏI,
p. 155.
Fol. 177, col. 4. De uno martyre. — Labora sicut
bonus miles.., — Job IX, dicitur quod homo nascilur
ad laborem.
Un éloge d'un martyr innomé ne peut être qu'un
assemblage de phrases banales. De tels sermons
étaient faits pour servir en des occasions diverses,
quelques mots étant, suivant le cas, ajoutés ou chan-
gés. Il devaient être courts, comme l'est celui-ci ; ils
étaient ainsi plus facilement mis en usage par tel ou
tel clerc doutant de lui-même ou pris au dépourvu.
D'autres copies de ce sermon, anonymes comme
celle-ci, se rencontrent dans les n®* 14966, deuxième
série, fol. 76 et 14973 ( fol. 176).
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 99
Fol. 178, col. 2. In Exaliatione sancis crucis. —
Exaltari oportet filium hominis,,, — Contraria contra-
riis curantur.
Il y â dans ce sermon plus d'une thèse médicale ;
c'est Galien qui fournit la matière des démonstrations
tbèologiques ou des enseignements moraux. Nous en
citons ce passage qui donnera quelque idée du reste :
Scitis quia mter alios infirmes illi qui habent vermes circa
cor subito moriuntur et pereunt. Sic inter alios peccatores
clerici videntur habere vermes circa cor, scilicet remorsum
conscientise de malis quse faciunt. Laioi enlm peccare pos-
sunt ex ignorantia ; sed clerici, qui legunt per se et audiunt
in scolis et in sermonibus quse sunt facienda et quœ fu-
gienda, qualiter possunt peccare ?
Remarquons en passant que Torateur excuse les
laïques de ne rien entendre aux sermons faits dans
la même langue que les leçons des écoles. Il est bien
de les excuser ; il eût été mieux, comme il semble, de
prêcher devant eux dans une autre langue. Le même
sermon est dans le u9 14966, deuxième série, fol. 73.
Le nom de l'auteur ne nous est pas non plus indiqué
par cette copie.
Fol. 179, col. 4. In Inventione sanctœ crucis. —
Lignum vitx est his qui apprehenderunt... — Vulgo
éicitur quod qui nescit petit.
Nous avons quatre autres copies anonymes du même
sermon : n«- 3736 (fol. 240), 13374 (fol. 143), 14963,
deuxième série, n®25, 14966, deuxième série, foL 82.
Mais l'auteur nous est connu ; c'est Jacques de Lau-
sanne, dont le nom se lit dans le n** 18181 (fol. 234).
Ce sermon est inédit.
943591 A
100 MANUSCRITS LATINS
Fol. 180, col. 2. Deangelis. — Divisit lucem atene*
bris.,. — DominiLS^ qui ex ordine sapientim sux omni-
bus rébus providet... Autre exemplaire anonyme :
n° 14966, deuxième série, fol. 65.
Fol. 181, col. 3. De beato Francisco. — Propheta
magnus surrexit. . . — Proverbium est quod nova faciunt
mirari. Autres exemplaires anonymes : n" 14966, deu-
xième série, fol. 66 et 14973 (fol. 163). Il s'agit de
saint François d'Assise, et nous n'avons que la ma-
tière d'un sermon. Ici, dit l'auteur, il faudra raconter
tel miracle du saint, là tel autre.
Fol. 182, col. 2. Pétri et Pauli. — Tu es Petrus...—
Secu/ndum apostolum^ XT, /«?, debemus omnibus red-
dere débita.
L'orateur est un ennemi déclaré des évêques, et
l'on peut dire qu'il ne trouve pas de termes assez forts
pour exprimer combien ils lui sont odieux. Il ne parle
d'abord, à la vérité, que des mauvais prélats ; mais en
laissant déjà comprendre qu'il n'en connaît pas un seul
bon. Voici comment il réclame ensuite l'exçulsion des
mauvais :
Gâllus gallinacius non cantat nec générât, et tamen habet
magnos et fortes aeuleos quibus fortiter pungit et vulnerat.
Sic malus praelatus nec ecclesiam officiât nec praedicando
fruetifieat, et tamen volentes fruetificare suis aculeis gravi-
ter pungit et vulnerat. Est ergo sicut gallus gallinacius, qui
portatur ad forum ligatis pedibus et capite verso ad terram.
Sic una est sententia de omnibus talibus, quod, ligatis
manibus et pedibus, projiciantur in tenebras exteriores.
Cette dure sentence doit avoir été dictée par un
religieux à qui la permission de prêcher avait été
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 101
refusée par quelque ëvêque. On connaît les vifs et
longs débats que provoqua, vers la fin du xiii* siècle,
cette question canonique : le droit de prêcher est-il
sans condition, sans limite? Les religieux, non jus-
ticiables des ordinaires, peuvent-ils prêcher en tous
lieux, sans leur congé ? Les mots Nec prxdicando
fructificat, et tamen volentes fructi/icare suis aculeis
graviter pungit nous paraissent contenir une claire
allusion à cette contestation tumultueuse.
Assurément, le religieux l'accorde, les évêques sont,
en droit, les successeurs des apôtres ; mais, en fait,
remplissent-ils les devoirs que cette succession leur
impose ? Non, sans doute, et ils ne le peuvent, élus
comme ils le sont. Voici Ja mise en scène d'une élec-
tion épiscopale :
Si essent mille millia hominum et nonnusquam duo nite-
rentur esse in eodem loco, nonnusquam facerent pressu-
ram; sed quia plures volunt habere eumdem locum, nec
possunt, ideo est pressura; id est nuUam rem mundanam,
nec praelationem, nec quodcumque aliud possunt habere duo
simul, et ideo in electionibus est pressura et non pax, dum
plures sunt qui volunt habere et non possunt simul esse,
sicut inter canes est rixa quando quilibet vult habere os
projectum in medio, et quilibet non potest .
Il y a sans doute des évêques qui valent mieux que
d'autres; mais n'hésitons pas à dire qu'il n'y en a pas
de louables en tout point :
Tôt incumbunt prselato agenda, et in agendis tôt instigant
ad minus recte agendum, quod, si videamus aliquem in ali-
quibus minus recte agentem, compati debemus ; si autem
bene in omnibus, quasi pro miraculé habendum est.
102 MANUSCRITS LATINS
Et cependant ces grands pécheurs sont d'arrogants
despotes et ne veulent être blâmés par personne :
Si scirent quid de eis dicitur, non sic facerent; sed modo,
non solum non interrogant, imo, si quis non interro-
gatus loquitur, caput ei frangitur, sicut dixit qusedam
statua in Provincia, quse erat posita ad custodiandas res ab
hostibus ; quibus comminantibus quod si diceret qui essent
raptores, quod verberarent eam, cum postea alii superve-
nientes peterent quis bona rapuerat, respondit : « Tempora
mutantur et bomines deteriorantur, et qui veritatem dicit,
vel loquitur, caput ei frangitur. » — t Audi, vide, tace, si
tu vis vivere in pace, » dicunt Lombardi.
Nous avons reproduit plus haut un autre texte
de cette légende. Les deux narrations peuvent être
comparées. Ce sermon est aussi dans le n** 14966,
deuxième série, fol. 101. Le nom de l'auteur n'est pas
non plus fourni par cette autre copie.
Fol. 184. De beata Maria Magdalena. — Cum amaro
esset animo.., — Magnum avantagium est adrecte
eundum h<ibere ostendentem viam.
Ce sermon est d'un style très familier. On va le
reconnaître en lisant ce qui suit :
Mercatores, quando plus perdunt in nundinis quam lu-
crantur, sunt in magna amaritudine. Yita ista data est no-
bis pro nundinis ad meritandum futuram. . . Si bene cogi-
temus, forte inveniemus quod pro una bona mercatione
fecimus decem malas. Simus ergo sicut mercatores qui sem-
per plus cogitant et melius sciunt quantum perdunt quam
quantum lucrantur. Nos autem e contrario optime computa-
mus bona, sicut beguinse et religiosi computant annos
beguignagii et religionis, et maie fréquenter quia solum
deberent computari illi anni quibus vixerint secundum ins-
tituta religionis, et essent multo pauciores aliis. Istae dominas
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 103
qaae portant c Pater noster > optime scirent dicere quot
et Pater noster > dixerunt in die, sed non quot defectus fe-
cerunt maie cogitando, vane loquendo, et cet.
On ne parlait pas cette langue barbare au xn' siè-
cle, quand on avait Donat etPriscien pour maîtres de
grammaire. Pourquoi donc en a-t-on pris d'autres ?
Fol. 184, col. 4. Dominica XXIII^ post Trinitatem.
— Observate eos qui ita ambulant... — Sicut dicit
beatus GregoriuSy nemo repente fit summus.
Ce prédicateur n'est pas non plus bien porté pour
les évêques :
Modo aliqui praelati sunt sicut oculi non habentes palpe-
bras, ut est in piscibus, quia in mari, id est in negotiis
ssecularibus, tumultuosis et fluctuosis, optime sciunt se et
alios regere ; sed in medio rariori vel subtiliori, id est in
spiritualibus, pertinentibus ad salutem, nil sciunt, et
tamen magis tenentur subditos dirigere in istis quam in aliis.
Autre exemplaire anonyme : n" 14966, deuxième
série, fol. 83. Le sermon se compose de deux parties,
dont la seconde est intitulée collatio; ce qui veut
dire, comme on le sait, sermon de Taprès-midi.
Fol. 186, col. 3. In Rogaiionibus, — Petite et acci-
pieiis... — Vulgo dicitur quod bonum forum eœ trahit
argentum de bursa. Dans len® 14966, deuxième série,
fol. 43, où se trouve une autre copie du même ser-
mon, le proverbe que nous venons de citer est en
français : a Bon marcbié trait argent de borse. »
Quelques phrases de l'exorde vont faire apprécier
la manière de l'orateur :
Nos sumus in hoc mundo ut paradisum eniamus. Velit
Deus quod simus boni mercatores I Sic autem fecit Chris tus
104 MANUSCRITS LATINS
ut faciunt mercatores in nundinis, qui primo denariatas
suas faciunt cariores, deinde dant pro minori pretio, sed in
fine adhuc pro minori. Sic Christus de paradiso, quem per
passionem suam emerat, fecit in primo carum forum, scili-
cet prima dominica post octavas Paschae ; tune enim, secun-
dum recitationem Ecclesiae, primo exposuit paradisum
venalem, nec fuit forum adeo carum quin esset justum,
quia pro tanto dédit pro quanto émit... Pro tali pretio
emerunt paradisum primi sancti, scilicet apostoli et marty-
res... Postea vero fecit melius forum, non exspectando mor-
tem pro pretio paradisi, sed condeseendendo inflrmitati
nostrse. Sufûcit enim quod doleamus de malis commissis et
caveamus a futuris . . . Sed hodie, appropinquante termino
quo recessurus erat de mundo et iturus ad patrem, offert
regnum cœlorum quasi pro nihilo, sed pro sola petitione,
dicens : Petite et accipietis.
Ce sermon a pour suite, conime le précédent, une
collatio.
Fol. 188. De beato Nicolao, — Cum adhuc esset
puer... — Cuilibet via tort et prœcipue ductori lumen
est necessarium.
Il faut, pour bien conduire les autres, savoir se
conduire soi-même. C'est une leçon de morale à
l'adresse des évoques. Mais elle est donnée dans un
style banal.
Fol. 189. De beato Stephano. — Cum esset plenus
spiritu. . . — Homines qui sunt aggressivi terribilium
etdifficilium,.. Ce sermon n'est pas moins banal que
le précédent.
Fol. 190, col. 2 (sans indication de jour). Diliges
Dominum Deum tuum... — Tangit duo : primo dilec-
tionis modum. C'est une homélie soigneusement com-
posée par un théologien sans abandon.
Fol. 191, col. 2. De beato Ludovico. — Rex sapiens
DE LA BIBUOTHÈQUE NATIONALE 105
siabilimentum populi. . . — A capite multum dependet
regimen corporis.
L'exorde est une apologie du régime monarchique.
Dans l'exposition se lisent plusieurs anecdotes, em-
pruntées soit à l'histoire, soit à la légende populaire.
Nous citons :
Hector bonus est minîster Dei et amicus, et ideo commu-
nitas commissa tali rectori commissa est amico, quod est
signum dnectionis ; de qua dilectione est Dec valde regra-
tiandum. Talis fuit beatus Ludovieus. Unde fertur dixisse
quod prius vellet quod omnes fllii essent mortui quam quod
Deum offenderent per peccatum mortale.
Et plus loin :
Semel vel pluries in septimana sedebat in loco communi,
ut pauperes possent habere accessum ad eum. Ita puniebat
magnos sicut par vos. Nota de domino de Cociaco (1). Sed
nunc econtra versum est.
«
Ainsi, dit l'orateur, le roi présent ne fait pas, comme
saint Louis, bonne justice. Il est dur, ajoute-t-il, pour
les petits, indulgent à l'excès pour les grands :
Justitia est quasi torrens fortis. Quod si obviet turris forti,
non trahit eam secum, sed res minutas trahit; sic exsecutio
justitiae nunc non trahit magnos dominos potentes, sed par-
vos et pauperes. Non sic fecit beatus Ludovieus. . .
Si sol staret, tota ejus influentia esset ad unam partem
vicinam, et alise privarentur lumine et beneficio solis.
Sic, quando princeps est otiosus et negligens, totuni
emoliimentum venit ad collatérales et propinquos con-
siliarios assistentes ; isti replent bursam suam et alii
(1) Enguerrandde Coucy, emprisonné d'abord, ensuite puni par
le roi pour avoir fait pendre de pauvres paysans. Voir Le Confesseur
de la reine Marguerite; Hist. de la Fr., t. XX, p. 113.
106 MANUSCRITS LATINS
rémanent in frigore multiplicis desolationis. Non sic beatus
Ludovicus ; sed circuibat investigando per se vel per alios
defectus suorum ofûeialium, et bene proveniebat; propter
hoc regnum ejus ûrmum fuit et populus ei adhaesit.
Ces regrets sont très touchants. Et n'omettons pas
de faire remarquer qu'ils sont exprimés en des termes
très désobligeants pour un des successeurs du roi
béatifié, qui paraît être Louis le Hutin. On voit ici
quelle était alors la liberté de la chaire à l'égard de la
puissance civile. Cette liberté n'avait, pour ainsi
parler, aucune limite, l'Église n'ayant pas encore
éprouvé le besoin de se faire protéger par l'État.
Une autre copie de ce sermon est dans le n"* 14966
(deuxième série, fol. 25).
Fol. 192, col. 1. Dominica tertiapost Trinitatem. —
Primum qicœrite regnum Dei,,. — Quœ a Deo sunt
ordinata sunt; Joann, XIII; et ideo qui recedii a
debito ordine,,.
Le même sermon est dans le n® 14966, deuxième
série, fol. 26. Il faut en citer un fragment pour mon-
trer une fois de plus avec quel sans- façon les prédica-
teurs de ce temps-là se pillaient les uns les autres.
La preuve de ces pilleries sera faite quand, en regard
de ce fragment, nous aurons mis quelques phrases
d'un sermon imprimé sous le nom de Jacques de
Lausanne et dont une copie se trouve au fol. 211,
col. 3, de notre volume :
Fol. 194, col. 1 Fol. 212, col. 1
Beati pauperes spiritu, Matth. ix : Quant difficile
quoniam vestrum est reg- qui pecunias habent reg-
num Bel; Luc. vi. Isti si num Dei intrabunt. Et
divites habent timere, plus quare magis clerici quam
DE LÀ BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
107
laici ? Quia ex signe clerici
huic regno ascribuntur. Co-
rona enim signum est regale.
Sed aliter coronantur princi-
pes, aliter clerici ; iUi enim
apponunt, sed clerici sola
capillorum ablatione, in ar-
gumentum quod ascribuntur
regno Dei per contemptum
terrenorum...
tamen clerici quam laici. Cu-
jus ratio est quia ex signo
clericatus ascribuntur regno.
Corona enim signum est re-
gale. Modo sic est quod co*
rona clericorum ût sola abla-
tione capillorum; laici vero
principes coronantur per
appositionem , in signum
quod clerici ascribuntur
regno Dei per contemptum
et depositionem terrenorum,
quamvis contrarium sit de
aliis. . .
Fol. 194, col. 2. In Nalivitate heaix Virginis, —
Judœis nova lux oriri visa est. . . — Deus qui mirabi-
liter formavit hominem.
N'avons-nous pas déjà rencontré ce sermon, au feuil-
let 133, sous le nom de Durand ? Comparés l'un à
Tautre, les textes ne sont pas tout à fait semblables.
Si la plupart des phrases sont littéralement conformes
dans l'un et dans Taiitre, il y en a qui diffèrent plus
ou moins, quelques mots ayant été changés, ajoutés
ou retranchés. Nous allons montrer comment ont été
faites ces retouches, en transcrivant le passage du
présent sermon où les mauvais prélats sont comparés
à rincendiaire Néron :
Legimus (de Nerone) quod, cum nihil grande fecisset in
bonum rei publicae unde nomen ejus célèbre post mortem
suam haberetur, ipse aemulus in vicinos, sœvus in subditos,
post multa flagitia diversis illata, hoc novum fecit quod
urbem incendit, nec permisit quemquam ad sua currere ut
aliquid ex eis salvaretur. Sic aliqui, in regimine animarum
constituti, qui subesse non sustinent, prœesse semper volunt,
non prodesse, cum nil in se dignum memoria habeant.
m
108 MANUSCRITS LATINS
mercenarii, non pastores, aliquid novi committunt in dis-
pendium subditorum, et, quod majoris dementiœ est,volente5
occurrere periculo alios non permittunt.
Ce qu'on vient de lire est manifestement la para-
phrase plus ou moins élégante de ce qu'on a lu ci-
dessus, page 84. Mais quel est Fauteur de cette para-
phrase ? Il n^est pas impossible que ce soit Durand
lui-même. Cependant il est aussi permis de supposer
que c'est un autre. Ces pilleries, que nous tenons
aujourd'hui pour illicites, devaient être alors facile-
ment pardonnées, car nous avons surabondamment
prouvé qu'il y en a de nombreux exemples.
Fol. 195, col. 3. In festo sancti Pétri martyris. —
Dilectus meus candidus,.. — Seciindum beatum Dio-
nysium hxc est vis amorïs ut amantem transformet in
amatum.
Il s'agit du frère Prêcheur Pierre de Vérone, assas-
siné près de Milan en 1253. Mais ce qui concerne,
dans ce sermon, la vie et la mort du saint n'ofiFre
aucun intérêt.
Fol. 194, col. 2. De beato Dominico. — Hic magnus
vocabatur,,. — Vulgo dicitur « que nouveles font
merveiller et merveilles font demander » .
Nous ne remarquons dans ce court sermon que
cet autre proverbe français : « Qui à bon seignor sert
bon guerredon en atent, » Autre copie : n" 14966,
deuxième série, fol. 104.
Fol. 198, col. 2. Dominica tertia in Quadragesima, a
fratre Dur. — Cum ejecisset dasmonium.., — Caris-
simi, sicut palet expluribus locissacrx Scripturx.
Echard n'a cité, sous le nom de Durand, ni ce ser-
1
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 109
mon, ni la collation qui le suit. Nous trouvons dans
la collation une moralité Urée d'une supposition bien
singulière :
Si esset aliqua domina quse de marito suo nobili et pulchro
concepisset filium pulchrum, similem marito, et de servo
suo turpi ûlium turpem, patri similem, si in pariendo filium
de légitime marito conceptum pareret mortuum, alium
pareret vivum, multam amaritudinem haberet, tam quia
pulchrum filium amisisset, tam quia ne damnaretur ut
adultéra timeret. Ita est de anima existente inpeccato mor-
tali. Aliquando concepit filium pulchrum et cet., id est
propositum aliquod bonum opus faciendi, a Deo inspiratum,
aliquando turpem filium concepit a servo et cet., id est
malum propositum et voluntatem perpetrandi aliquod
maluma diabolo suggerente; in partu autem, id est in
exteriori opère, quando perducit scilicet ad eflfectum, quod
proposuerat bonum opus producitur mortuum, quia sine
gratia et immeritorium, aliud autem vivum et meritorium,
non vitse aeternae sed mortis perpétuée et pœnse.
Fol. 200, col. 1. Domiiiica post Pascha, a fr. Dur.
— Non sis obliviosus auditor. . . — Plus requiritur
ad hoc quod aliquis sit bonus quam ad hoc quod sit
sciens.
Toute la première partie de ce sermon est contre
les conversations déshonnétes. Durand en fait voir
ainsi le péril :
Quando canis tenet porcum vel bovem per aurem ducit
eum ad voluntatem suam ; propter hoc carnifices consueve-
runt canes fortes habere. Sic quando diabolus tenet homi-
nem per aurem, quod libenter audit turpia verba et scurri-
lia, facit de eo pro voluntate sua et précipitât in quodcumque
vult peccatum.
Fol. 202, col. 1. Dominica infra oclahas Ascensionis.
— In omnibus honorificetur Deus. . . — Décor et valor
110 MANUSCRITS LATINS
operù redundat in gloriam et honorem operantis. Une
collation succède à ce sermon.
Fol. 204, col. 2. De sancto Nicolao, — DeuSj docuisti
me ... — Nos legimus in Isaia quod prœdicator
appellatur tuba. Autre copie, pareillement anonyme:
nM 4973 (fol. 168).
De ce sermon très familier tirons ce proverbe
français : Vulgo dicitur « que touz jours sent le mor-
tier les ans et la poche le haranc. » Il ne faut donc
pas contracter de mauvaises habitudes. C'est la ma-
tière que développe Torateur, laissant bientôt de côlé
saint Nicolas.
Fol. 205, col. 3. Dominica prima in Adventu. —
Sicut in die honeste ambulemus,.. Dicetis in illa die :
Con/itemini Domino . . . Vulgo- dicitur quod curialitas
incognita est perdita.
Ce sermon est de Jacques de Lausanne. On peut le
voir sous son nom en divers manuscrits et dans l'édi-
tion de ses Sermones dominicales et festivales donnée
par Ambr. Girault en 1530, au fol. 2 de cette édition.
II est habituel à Jacques de Lausanne de mêler, dans
ses sermons, le latin et le français. Quelquefois il cite
des proverbes français ; d'autres fois il traduit en fran-
çais le latin de son thème ou son propre latin, et ses
traductions sont même souvent des paraphrases.
Citons un exemple :
Sicut in die, etc, Ibi tanquhtur tria ; gallice : « Il nous
amoneste de nostre proôst fare, > ambulemus ; c il nous
monstre maniera qui doit à chacun plaire », honeste ; < il
dit que le temps nous doit à ce atraire, > sicut in die. Circa
primum notandum quod c mal vit qui ne s'amende >. Ideo
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 111
dicit : Ambulemus ; qui enim ambulat seinper appropin*
quat termino.
Nous citons d'après noire manuscrit, non d'après
Timprimé, qui n'est pas correct. D'autres copies de
ce sermon sont dans les n°* 3553 (fol. 6), 13374
(fol. 148), 14973 (fol. 103), 18181 de la Bibliothèque
nationale, 337 de Toulouse, 128 de Soissons, 1711,
1765, 1889 de Troyes, 266 et 267 de Bruges.
Fol. 206, col. 3. Dominica tertia in Adventu. —
Cxd vident, claudi ambulant.,, — Sicut dicit Seneca,
dementia est supervacua quœrere.
D'autres exemplaires anonymes de ce sermon sont
dans les n"* 14966, fol. 1 de la deuxième série et
17516 (fol 53). Oui, dit Torateur après Sénèque, c'est
folie de s'employer à la recherche des choses super-
flues. Or, quoi de plus superflu que les disputes de
récole? Ce passage de son exorde est notable :
Carissimi, istis diebus motae sunt qusestiones multse et
disputatse dequodlibet; nec est mihi dubium quod multse
inutiles et supervacuae, nihil pertinentes ad aediôcationem
ûdei et morum, sed potius ad subversionem, quia ex talibus
et similibus oriuntur invidiae et contentiones et pugnse
verborum... Tamen hujusmodi quœstionibus solvendis,
quas forte melius esset contemnere quam solvere, invigila-
bunt magistri et laborabunt.
Si donc la foule des maîtres et des écoliers avait
alors tant de goût pour les tournois quodlibetiques,
quelques gens osaient dire qu'ils les trouvaient inu-
tiles, et qu'on y disputait moins sur des choses que
sur des mots. Nous ne sommes pas très loin aujour-
d'hui de penser comme ces gens-là. Mais quand
112 MANUSCRITS LATINS
l'orateur, allant plus loin, incrimine avec la même
aigreur toute science qui n*est pas celle des textes
canoniques, on ne peut plus, cela va sans dire, témoi-
gner qu'on adhère à son réquisitoire. Le sermon est
suivi d'une collation.
Fol. 208, col. 4. De Joanne Baptista. — Angélus
Domini exercituum... — Intra sicut in illo sermone :
Propheta magnus.
Ce sermon est en Thonneur de saint François,
comme celui dont les premiers mots sont Propheta
magnus, au feuillet 181. L'auteur de l'un et de l'autre
est-il Jacques de Lausanne ? Â cette question, nous
ne saurions faire une réponse appuyée par un témoi-
gnage. Mais voici bien le style de Jacques de Lau-
sanne :
Angélus enim exercituum est ; et tanguntur tria ad ejus
commendationem : sublimitas conversationis, Angélus ;
dignitas legationis, quia Domini Angélus ; probitasactionis,
eœercituum, Gallioe sic : « Sa conversation fu de grant
hautece i, Angélus; « ses offices de grant noblece >, Domi-
ni; € si fet de grant prouece », exercituum.
Autres exemplaires anonymes : n® 14966, deuxième
série, fol. 92, 14973 (fol. 162).
Fol. 209, col. 3. De pluribus martyribus. — Beati
qui persecutionem patiuntur, . . — Omnis dolor quem
aliquis voluntarie patitur aut hahei delectationem
principaliter annecpam. . .
Ce sermon anonyme l'est aussi dans les n°' 3553
(fol. 10) et 14966, deuxième série, fol. 74. Il y a des
mots durs contre les riches. On lit à la fin : Tertium
membrum habes in sermone ; Mundo corde. Quâsre ibi.
DE LÀ BIBUOTHÈQUE NATIONALE 113
Or nous avons, dans le u9 18181 (fol. 294) et ailleurs,
un sermon inédit de Jacques de Lausanne qui com-
mence par ces mots : Mundo corde. Il est donc pro-
bable qu'il est aussi l'auteur de celui-ci .
Fol. 211, col. S. DominicasextapostTrinitatem. —
Nisi abundaverit justitia vestra. . . Sicut dicit beatus
Gregorius^ hoc solum bene agitur. . .
 Jacques de Lausanne appartient sûrement ce ser-
mon anonyme. Il est sous son nom dans le nM 8181
(fol. 155) et est imprimé dans l'édition citée de 1530,
fol. 179. Mais faisons remarquer que le texte imprimé
n'est pas complet. Il y a dans ce sermon plus d'un
trait que Tauteura cru plaisant. Nous en citerons,
d'après nos manuscrits, non d'après l'imprimé, qui est
souvent fautif, un passage où se rencontre une des
mille fables contées sur maître Renard :
Hypocritss sunt martyres diaboli, et per prsesentem afflic-
tionem acquirunt sibi supplicium seternum. Isti simulant se
mortuos mundo, quasi non curantes de mundo, cuminveritate
mundo vivunt, quia quidquid faciunt totum faciunt intuitu
acquirendi aliquid terrenum, sicut recitatur de vulpe quse
simulavitse mortuam quousque projecta fuit in loco ubi erant
alectia et tune comedendo se vivam ostendit. Sic aliqui
ostendunt se quasi mortificatos quousque habeant prseben-
dam val prselationem in qua délicate vivant ; et ideo vere
sunt ut vulpescuj us pellis prse valet carni; sic exteriorcon-
versatio istorum prsevalet intentioni.
Le même sermon est, sans nom d'auteur, dans les
no» 14963 (fol. 67) et 14966, deuxième série, fol. 50".
Fol. 212, col. 2. Item de eodem, — Nisi abundaverit.,.
Vulgariter dicHv/r « que tant comme l'en prie le vilain,
lors ne fera il ja bien. » Unde oportet rusticum non
m. 8
114 BfÂNUSGRITS LATINS
solum allicerepromissis. Pareillement anonyme dans
les n°» 14966, deuxième série, fol. 51 et 16508 (fol. 83).
L'auteur, quel qu'il soit, n'avait pas, on le soup-
çonne déjà, les vilains en grande estime. Il va, dans
ce qui suit, les traiter plus mal encore :
Oportet rusticum non solum allicere promissis, sed etiam
terrere minis, quia plus facit timoré quam amore : « Nus
n^est vilain se du cuer ne li muet; au cuer tient la villenie ;
au cuer tient la noblece et la courtoisie ».
Ce sermon, d'ailleurs très court, est du plus bas
style. Si le superbe contempteur des vilains était un
clerc de noble race, son langage ne répondait pas à sa
naissance.
Fol. 212, col. 3. Dominica sectmda post Trinitatem et
in Cœna Domini. — Homo quidam fecit cœnam ma-
gnam... Beatus Augustinus^ loquensde Christo in quor-
dam homelia...
Ce sermon est sans nom d'auteur, comme ici, dans
les n°» 3553 (fol. 7) et 14966, deuxième série, fol. 71.
Il y a, dans la première partie, une vive déclamation
contre la noblesse de race. Ainsi l'on n'épargnait pas
plus en chaire les nobles que les vilains. Chacun avait
liberté d'y déclarer ses opinions politiques ou sociales,
et en usait sans aucun égard pour des convenances
qui n'étaient pas encore dans les mœurs.
Fol. 214, col. 3. Dominica septima post Trinitatem.
— Omnis arbor qusB non facit fructum.., — Consue-
tum est quodf cum aliquis in horto suo...
Voici maintenant un sermon du Dominicain Nicolas
de Biard. Nous l'avons sous son nom dans le n** 15383
(fol. 103) et il en suit, il en précède d'autres dont ce
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 115
religieux est Tau teur certain dans les n°' 12419 (fol.
88), 13579 (fol. 143), 15964 (foL 176), 18081 (fol. 113).
Fol, 215, col. 4. De uno martyre. — Qui sustinuerit
usque in finem. . . — Inira sicut in sermone: Beati qui
persecutionem patiuntur.
Le sermon qui commence par Beati qui persecutio-
nem se lit au feuillet 209 de notre volume, et s'il est,
comme nous Tavons supposé, de Jacques de Lausanne,
celui-ci lui doit être pareillement attribué. De celui-ci
nous avons deux autres exemplaires anonymes : dans
les n°* 3553 (fol. 15) et 14966, deuxième série, fol'. 91.
Au fol. 216, col. 2, une collation qui fait suite au
sermon.
Fol. 217. De beatoJoanne Baptista, — Mittam prœ-
cursorem tui.., — Isti reges et nobiles, quando de novo
incipiunt terram tenere... Court sermon, qui paraît
n'avoir pas été très estimé, car nous n'en pouvons
indiquer une antre copie.
Fol. 217, col. 3. De beato Joanne Baptista. — Dedi
te in lucem gentium... — Experientia docet quod in
nocte ambulantibus necessaria est Lux.
Ce sermon est d'un religieux, car les clercs sécu-
liers y sont maltraités :
Multi sunt sicut aliqua spécula quae reddunt faciem homi-
nis tortuosam in respiciendo ; sic qui vult speculari in vita
clericorum invenit eam monstruosam, et hoc provenit ex
abundantia materiae, scilicet divitiarum.
Nous disons, qu'on nous comprenne bien, qu'il est
d'un religieux, non pas qu'il est d'un moine. Depuis
longtemps les moines avaient perdu le droit de
reprocher leurs richesses aux clercs séculiers.
116 MANUSCRITS LATINS
Fol. 218, col. 2. De apostolis Pet/ro et Pcmlo. —
Assumpsi mihidu^s virgas... — Auceps^ in capiendo
»
aviùulas, inter alia instrumenta.. •
On osait tout dans les sermons ; on osait même se
plaindre des innovations, c'est à dire des altérations
de la monnaie royale :
Rex quando innovât suam monetam, fiunt mnltsB monetsB
falsœ juxta illam, et oportet quod iUa moneta duplex pona-
tur pro duobus simplicibus, et tamen non valet. Unde, quando
isti dupUces venerunt, oportuitquod ponerentur pro duobus
simplicibus beati Ludovici, et tantum non valent; tamen,
quia est imago régis, oportet quod recipiantur.
Gela nous parait se rapporter à Tordonnance de
Charles IV, du 15 octobre 1322, concernant l'émission
des parisis doubles. Voir le Glossaire de Ducange, au
mot Moneta. Mais on se demande peut-être à quel
propos, dans un sermon, cette libre digression sur la
valeur nominale, et non réelle, des nouveaux parisis.
Cela tend à prouver qu'il n'en est pas de même en
fait de parisis et en faitd'évèques. Le nouveau parisis
ne vaut pas deux anciens. Ëh bien ! deux évoques
d'aujourd'hui eh valent-ils un d'autrefois, un Martin,
un Rémi î Non sans doute. Il faut pourtant qu'on
fasse le même accueil, qu'on rende les mêmes hom-
mages aux modernes qu'aux anciens, puisqu'ils sont
les uns et les autres, au même.titre, des évêques. On
n'avait certainement pas prévu cette badine conclu-
sion.
Fol. 220, col. 1. Desancto Martino. — Stetit sol in
medio cœlL.. — Homo safictios et virtuosiis in omni
opère suo débet stare semper in medio. C'est là, dit
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 117
Torateur, un conseil donné par Aristote, et il engage
tout le monde à le suivre.
Fol. 220, col. 4. De beato Clémente. — Cum transie-
rispdir aquas... — Verbitm commune est et in sacra
Scriptura hàbeturquod amicus in necessitate... Sermon
sans intérêt.
Fol. 221, col. 2. /)e beata Catharina. — Veni de Li-
bano, sponsa,.. — Secundumjv/ra,maritustransfeTens
se... Nous ne trouvons non plus rien de notable dans
ce sermon.
Fol. 221, col. 4. De sancto Andréa. — Christo con-
fixus sum cruci... — In omniloco et negotio periculoso
bonum est...
Les traits de ressemblance sont nombreux entre ce
sermon et un autre sur le même saint André que con-
tiennent, sous le nom de Jacques de Lausanne, les
n"^ 18181 (fol. 200) de la Bibliothèque nationale et 1779
de Troyes. Jacques de Lausanne s'étant fait applaudir
par ses confrères, un d'entre eux aura recherché le
même succès en l'imitant un peu plus qu'il ne con-
vient. C'est là ce que Ton va constater avec nous. Ainsi
débute le sermon qui nous est offert par le n* 18181 :
Christo con fixus sum cricci; Gai. II. In negotio periculoso
et dubio sequendum est consilium prudentius. Quœ sit via
rectior paradisi negotium est periculosum et dubium. Pericu-
losom quidem quia transiens maie passum mortis nunquam
potest redire ut corrigatur. . .
Et voici comment ce début, pris pour matière, est
paraphrasé dans notre n® 14799 :
Christo confi^us sum cruci ; Gai. II. In omni negotio
periculoso bonum est sequi consilium sapientum, quia qui
118 MANUSCRITS LATINS
sequitur consilium minus sanum aliquando recipit et repor-
tât damnum... Modo quae sit via melior ad cœlum? Istud
est negotium perieulosum, quia qui non transit modo per
bonam viam in perpetuum non poteritreverti... Quaestioest
bene dubia quando illi qui sunt magistri de illa quasstione
sibi invicem contrariantur. Sic est de via cœli, et non solum
homines ad se invicem adversantur et contrariantur, sed
quilibet sibi ipsi. ..
idela n'est pas, toutefois, une transcription littérale.
Le délit est donc véniel.
Fol. 222, col. 2. In capitula . — Super muros tuos,
Jérusalem... — Rex habens duas civitates, unarasitam
inloco pacifico...
Un exemplaire de ce sermon, conservé dans le
n® 631 de la Bibliothèque impériale de Vienne, porte
qu'il fut prononcé par Jacques de Lausanne dans un
chapitre assemblé à Reims en l'année 1300, tandis
qu'une note transcrite à la marge d'une autre copie,
n° 18181, fol. 321, assigne la date de 1307 à ce cha-
pitre de Reims. Cette dernière date est la plus vrai-
semblable. Cependant nous sommes loin de la tenir
pour certaine, Jacques de Lausanne étant encore, en
r^nnée 1316, simple bachelier.
Le sermon, qu'il faut ranger au nombre des inédits,
est un véhément réquisitoire contre les évoques. En
chapitre, les portes closes, les religieux mendiants
s'exprimaient sur le compte de leurs ennemis décla-
rés, les évêques, d'une façon .plus libre encore que
dans leurs églises, où se trouvaient habituellement,
parmi les auditeurs, beaucoup de séculiers. De ce dis-
cours capitulaire toute phrase est soit une remon-
trance, soit une injure. Pour n'être pas étonné d'un
DE LA BIBUOTHÈQUE NATIONALE 119
tel langage il faut savoir à quel point les deux partis
étaient alors animés F un contre Tautre. Quelquefois
rinjure est faite sur le ton plaisant :
Prselati ecclesîœ, tam majores qnam minores, custodes
snnt, et hoc consonat cum nomine curse; omnibus enim est
cnra imposita. Sacerdotibus cura populi simplicis, prioribus
etabbalïbus cura conventuum et monasteriorum, episcopis
et superioribus cura sacerdotum et omnium curatorum.
Unde omnes sunt curati. Sed, nota, secundum communem
usum loquendi multum differunt curatum esse et curam
habere : ille enimdicitur de aliqua re curam habere qui circa
eam sollicitus est ; ille vero dicitur a morbo curatus qui ml
habet de ipso, sicut curatur a febre qui nU habet de febre.
Secundun hoc prselati ecclesisB non solum dicuntur curati,
sed etiam curam habere, propter duo gênera bonorum quœ
sunt in ecclesia, scilicet temporalia et spiritualia : de tem-
poralibus bene dicuntur curam habere, de ipsis enim ita
sunt diligentes et soUiciti quod exactiones, extortiones,
pœnas pecuniarias nuUi audent committere, imo talia ipsi-
met exercent in propria persona ; sed quantum ad bon a spi-
ritualia, scilicet salutem animarum, ipsi sunt curati, id est
ab omni soUicitudine liberati et curati, de custodia anima-
rum non curantes.
C'est assez jouer sur le mot curatus. Maintenant
sur le mot pastor :
Pastor dicitur a pascendo ; ideo prselati ecclesiae dicuntur
pastores quia debent subditos pascere verbo doctrinœ,
exemplo vitae, subsidio temporalis substantise; ideo primo
et principi pastorum dixit Christus, non semel aut bis, sed
ter : a Pasce oves meas. * Non enim débet praelatus solum
credentes verbo informare, sed virtutum exemplo confor-
mare vel sediôcare et etiam temporali subsidio, si necesse
fuerit, sustentare. Verum est quod Petrus fuit turbatus
quando dietum est ei tertio : Pasce et cet. ; et certe modemi
prselati multum turbarentur si haberent subditis temporalia
ministrare. Nec mirum. Quomodo enim dabit sua qui con-
suevit rapere aliéna ? Et tamen istud prohibetur specialiter
120 IfANUSGRITS LATINS
praelatis in decretis ; dicitur enim ibi : « Nalli episcoporum
liceat a sacerdote subjecto vel a quolibet clerico vel a piis
locis dationes ultra statuta patrum exigere. »... Sed certe
modo illud decretum per contrariam consuetudinem est
abrogatum. Hodie prœlati dicuntur pastores non quia pas-
cunt subditos, nisi sicut ovis pascit herbam quam dévorât
et corrodit ; sic ipsi faciunt de bonis subditorum ; ipsi dicun-
tur pastores quia pascunt seipsos^ non subditos.
Tout cela n'est pas sans doute du meilleur goût.
Hais comme on sent la colère et la haine sous ces
vulgaires facéties ! Aux jeux de mots succède une
anecdote dont le récit a dû faire frémir ceux qui Vont
crue vraie :
Quidam praedicaturus in S3modo angustiabatur cogitans
quid posset dicere. Tune apparuit ei daemon inferni, dicens :
c Quid angustiaris istis clericis praedicare ? Dicas eis hoc
solum : c Princeps inferni principes salutat Ecclesise. Omni-
€ bus vobis gratias referimus, quia propter negligen-
« tiam vestram quasi totus mundus ad nos devolvitur,
« et cum praelatis nobis subditi offeruntur. » — Invitus ista
tibi dico, tamen divina jussione coactus. » Oui prsedicator :
< Non credenty inquit, mihi. » Tune dsemon tetigit faciem
ejtis et statim apparuit macula nigra insoUta. « Ecce, ait,
signum.Istam maculam antesermonem nonpoteris amovere;
sed finito sermone. Iota aqua benedicta statim delebitur. >
Qui, sic faciens, multorum corda ad psBuitentiam commovit.
La lettre de Satan aux princes de TÉglise a eu le
plus grand succès. M. P. Meyer en a cité cinq textes
peu différents (1), et il en existe d'autres encore. La
narration qui raccompagne ici est empruntée au
Bonum universale de Apibus de Thomas de Ganlim-
pré (2).
(1) p. Meyer, Les contes moralises de N. Boxon, p. 269.
(2) HUt. mt. 4e la Fr. t. XXI, p. 358,
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 121
La fia de ce sermon manque dans le n^ 18181 ; mais
nous lisons dans ce n® 18181 une anecdote qui, dans
len? 14799, est trop brièvement racontée. Cette anec-
dote, la voici :
Cnm rex AnglisB teneret Normanniam, semel venabatar
cum canibus quos adduxerat de Anglia. Cum ergo canes
ejus, lupum captum tenentes, morderent, miles Normannus
cœpit canes verberare et lupum juvare. Super quo cum
argueretur a rege, respondit quod multo plus diligebat
lupos de Normannia quam canes de Anglia.
Ces citations nous semblent suffire, les sermons
imprimés de Jacques de Lausanne ayant déjà fait
connaître que ce religieux s'était particulièrement
signalé parmi les détracteurs de l'épiscopat. Nous
remarquons qu'il n^y a pas un mot français dans ce
sermon capitulaire. On a lieu de penser que l'orateur,
parlant à des confrères, s'est fait une loi, dans cette
occasion, d'être aussi solennel qu'il pouvait Têlre.
Nous avons d'autres copies anonymes dans les
û«» 14963, deuxième série, n* 80, 14966 (fol. 33) et
14969 (fol. 232).
Fol. 224, col. 2. De Conceptions beatx Marix. —
Ipsaest mulier quam prœparavit... Vos videtis quod
homines exheredati ad hereditatem possunt redire.
Ce sermon, très court, n'offre rien à citer. L'auteur
ne se prononce ni pour ni contre l'immaculée concep-
tion. Cette prudence est rare. Faisons remarquer qu'il
ofTre aussi beaucoup d'analogie avec un sermon de
Jacquesde Lausanneque contient len** 18181 (fol. 202).
La même matière est ici et là peu diversement para-
phrasée.
122 MANUSCRITS LATINS
Fol. 224, col. 4. De beato Thoma apostolo. — Ecce
cognovi quoniam Deus . . . — Philosophus dicit quod
experientia facU artem.
Sermon également court et d'une familiarité sou-
vent choquante. On en va juger :
Venaticus canis, qaando non habet prsedam praesentem,
nec eam videt, non latrat; sed quando videt eam latrat ; sic
beatus Thomas, quando non habuit Chrîstum prsesentem
per experientiam, non latravit. Unde dixit quod non crederet
nisi videret ; sed quando vidit cito clamavit : « Deus meus, etc. >
Fol. 225, col. 1 . De Nativitate Domini. — Venit Deus
in castra. . . — Castrv/m quod tenetur in feodo a domino
superiori quandoque ab hostibus obsidetur. Autre
copie: n° 14973 (fol. 156).
Celui-ci, s'il n'est pas plus long, est plus grave,
mais sans aucune originalité.
Fol. 225, col. 3. De Circumcisione Domini . — Infans
octoannorum... In alia facultate dicitur quod contraria
contrariis curantur. Autre copie: n** 14973 (fol. 156).
Le prédicateur reproche aux religieux, ses confrères,
d'être trop occupés des affaires du dehors et d'en
trop parler :
Certe est de nobis sicut de avi quœ est in capiola inclusa.
Nescit enim garrire aprincipio; sed ibi addiscit etnon suf&cit
sibi proprius cantus, sed cantus aliorum fingit. Sic de
inclusis, de religiosis. Non sufficit eis habere proprios can-
tus, sed volunt habere garritum aliorum, Sciunt enim plus
rumores de curia régis et papae quam iUi qui sunt in mundo,
et istud non est tutum nec bonum.
Fol. 225, col. 4. De beato Vincentio. — Vincenti
daboedere.., — Pugil qui habet intrare dueUum,vel
campum vult certificari de mercede.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 123
L'auteur est Jacques de Lausanne. Ce sermon est
sous son nom dans le n** 18181 (fol. 210). Ajoutons
qu*il est inédit. Nous en avons deux autres exem-
plaires anonymes : n^' 14962 (fol. 233) et 14963,
deuxième série, n^ 9.
Fol. 226, col. 2. De heaio Firmino. — Thronus ejm
erit firmissimtùs.,. — Jtùstitia requirit quod miles qui
cum rege in bello et labore. . . Nous ne saurions indi-
quer une autre copie de ce sermon banal.
Fol. 226, col. 4. De beato Marco. — Léo venatori
insidiatur... — Venator, qui habet capere animalia et
volatilia...
11 ne s'agit, dans ce sermon, que de chasse ; d'ani-
maux et de chasseurs habiles à se tromper les uns les
autres. Il est tout entier la paraphrase de cet exorde :
Philosophus dicit quod aper involvit se in luto quando
débet pugnare, et tune vadit ad solem, et ita induràtur et
siccatur lutum in eo quod non timet jacula venatoris. Ita
peccatores involvunt se luto peccati et ita indnrant se quod
non timent jacula venatoris Christi.
Saint Marc fut un des chasseurs envoyés par le
Christ à la poursuite de ces aniiùaux féroces et malins,
et la paraphrase nous fait voir comment il réussit à
les dompter.
Fol. 227^ col. 2. De beato Petro martyre. — Ascendit
Petrus ad superiora,,, — Inter ceteras aves aquila
altius volât. Ce martyr est Pierre de Vérone, comme
ci-dessus, fol. 195.
Fol. 227, col. 3. De Ascensione Domini. — Si exaU
iatv^ fuero... — Adamas elevatus sursum trahit ad se
ferrum. Autre copie :.n^ 14973 (fol. 182).
124 MANUSCRITS LATINS
Ce sermon est, à proprement parler, une courte
leçon de physique céleste.
Fol. 228, col. 1. Debeato Joanne evangel. — Proie-
gitur sub tegmine illius... — Comestor dicit qtùod
ligna setim sunt imputribilia. Autre copie: n® 14973
(fol. 174).
Ici nous avons une leçon d'histoire naturelle.
Fol. 228, col. 2. De Trinitate. — Tresunumsunt...
— Aliquando contingit secundum naturam, quod ab
eodem fonte derivantur très rivuli. Autre copie :
no 14973 (fol 175).
Ce prédicateur préfère, en matière de gouverne-
ment, le régime héréditaire au régime électif :
Melius reguntur ea quse habentur per successionem quam
per electionem, quia tune soUicitatur rex non solum propter
se sed etiam propter heredem ; sed quando unus eligitur in
regem vel dignitatem non est ita sollicitus quia non curât
nisi de se.
On doit s'étonner d'entendre ainsi parler un régu-
lier, ou même un clerc séculier, un sujet quelconque
d'un pape élu. Un autre passage de ce sermon a trait
aux mœurs du temps :
Homines in exercitu sunt bene uniti simul; sed post exer-
citum, quando venitur ad spolia, tune pugnant unus contra
alium et sunt multum discordes. Sic clerici, quandiu sunt
socii et scolares, in studio existentes, sunt uniti per dilectio-
nem; sed ponatur quod unus habeat praebendam, tune fit
divisio ; unus qui nihil habet pugnat contra alium ut illum
amoveat si potest ; vel, si est in dignitate maxima constitu-
tus, alium socium suum pauperem non recognoseit. Unde in
domo canis et catus sunt uniti, quia unus jacet juxta alium ;
sed quando projieitur os ante ipsos, tune fit divisio et tune
rixantur. Ita fit hodie in Ecclesia.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 125
Fol. 229, col. 1, De beatis Simone et Juda. — Nubes
spargimt lumen... — Àugustinus dicit quod oculis
infirmis odiosa est lux. Ce sermon est encore d'un
religieux très animé contre les évêques.
Fol. 229, col. 2. De omnibus sanctis. — Justorum
animœ in manu Dei... — Tempore persecutionis et péri-
culi homines consueverunt msliora bona sua portare
in secretioriloco . Autre copie: n" 14973 (fol. 183).
Il s'agit moins des saints que des grenouilles, des
poissons, des oiseaux.
Fol. 229, col. 3. In Cathedra sancti Pétri. — David
sedet in cathedra... — In curia bene ordinata quilibet
sedet secundum exigentiam personae.
Les élections épiscopales avaient souvent, trop sou-
vent, de fâcheux résultats. L'orateur n'a pas cru
devoir négliger l'occasion de s'en plaindre :
Modo est de Ecclesia sîcut de festis in quibus portas maie
castodiuntur. Tune enim multitudo hominum intrat et viles
personse portantur a multîtudine, et sic intrant curiam et
sedent quandoque in loco honoris, et (quando), personae va-
lentes veniunt, sedent in pulvere et loco minus nobili. Sic
aliqui indigni modo intrant sedem EcclesiaB per violentiam,
per preces, per munera vel per obsequia, et, licet isti sint
caeci vel claudi spiritualiter et viles personœ, tamen, quia
multitudo supportât eos, ideo intrant sedem honoris et reve-
rentiae.
Fol. 230, col. 1. (Sans indication de jour.) Salomo-
nem, filiummeumy elegitDeus... — Prudens hortolor-
nus, habens in horto suo arborem sterilem... C'est
réloge funèbre de saint Matthias.
Fol. 230, col. 4. De beato Gregorio. — Virgam vigi-
lantem ego video... — Pastor non potest commode
126 MANUSCRITS LATINS
ex0rcere officium... Encore un sermon contre les évo-
ques. Nous n'en citons rien, pour ne pas reproduire
soit des témoignages, soit de vains propos qui sont
également connus.
. Fol. 231, col. 3, De Annuntiatione dominica. — Hœc
dies boni nuntii est.,. — * Nativitas seu conceptio primo^
geniti régis solet . . . Rien à citer.
Fol. 232, col. 1. (Sans indication de jour.) Sanguis
Christi emunddbit conscientias... — Ecclesiastes, IX,
dicit quod omni negotio tempus est et opportunitas, et
ideo medici,.. Ce sermon paraît être pour le jour de la
Passion. D^autres exemplaires anonymes se rencontrent
dans le n^ 14966, deuxième série, fol. 21 et dans le
n« 14969 (foL 191).
FoL 232, col. 4. De Circumcisione, ^ Apparuit béni-
gnitas et humanitas... — Exoperihus mundanis^ peccato
duntaxat factis, possurmi^ devenir e.,. Autres exem-
plaires anonymes : n°' 14966, deuxième sério, fol. 29
et 14973 (fol. 157). Le style de ce sermon est celui de
Jacques de Lausanne.
Fol. 233, col. 3. (Sans indication dejour.) Reforma-
bit corpus humilitatis... — Vais dissipatum solet meliibs
reformariper artificem.
Ce sermon est de Jacques de Lausanne. Il est sous
son nom dans le n° 18181 (fol. 193) et il a été publié
parmi ses Sermones dominicales, fol. 218. Les princes
du siècle et ceux de l'Église n'y sont pas plus
ménagés les uns que les autres. Nous en avons un
autre exemplaire anonyme dans le n® 14963, fol. 86.
Fol. 236, col. 3. Dominica quartain Adventu, a fr,
^., lectore Biblix. — Gaudete in Domino semper, . . -
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 127
Quando aliqui impugnantur a fortibus hominibus. . .
Nous ne savons quel est ce frère A., lecteur de la
Bible ; mais nous ne risquons guère de nous tromper
quand nous le supposons Dominicain, ses sentiments
à l'égard des clercs séculiers étant ceux des religieux
de sa robe :
Quando viri ecclesiastici acceperunt satis de bonis £c-
clesias, résîduum deberent dare pauperibus eos sequentibus
et post eos clamantîbus pro famé et inedia ; sed molti sunt
similes lupo qui, quando comedit satis de prœda sua, resi-
duum infodit sub terra ; sic multi sunt quibus non suf&cit
quod saturati sint de bonis cruciiixi, sed residuum abscon-
dunt sub terra et thésaurisant.
Fol. 238, col. 3. Collatio de Innocentibus, a fratre
Jacobo de Los. — Innocentes et recti adhaeserunt . . .
Innocentia subditorumet rectitudo adregem vel domi-
num...
Rien, avait dit saint Grégoire, ne touche plus qu'un
exemple. De cela convaincu, Jacques de Lausanne ne
donne pas un conseil, n'énonce pas une maxime
sans alléguer un exemple plus ou moins propre à
démontrer ce dont il s'agit ; ce qui l'amène à faire des
rapprochements quelquefois ingénieux, comme Test
celui-ci :
Diabolus est fraudulentus exactor ; unde ipse facit sicut
collector pedagii permittit mercatorem transire passum pe-
dagii sine hoc quod aliquid ezigat ; sed quando transivit
passum pedagii, arrestat eum et ipsum incarcérât. Sic
diabolus, quando videt hominem onustum peccatis, nil ab
eo exigit, oum tamen ipse pro modica pœnitentia posset
satisfacere; sed quando ipse transivit passum mortis,
tune ipsum arrestat et in inferno incarcérât.
128 MANUSCRITS LATINS
Ce sermon est aussi sous le nom de Jacques de
Lausanne dans les n<« 14973 (fol. 184), et 18181
(fol. 208) ; mais il est anonyme dans le n** 14963,
deuxième série, n"" 8. Il faut le compter au nombre
des inédits.
Fol. 239, col. 3. Dominica XVII* post Trinitatem.
— Solliciti servare unitatem. .. — Persona cuUncum-
bit interesse bello mortali. . .
Jacques de Lausanne est encore l'auteur de ce ser-
mon, que nous lisons sous son nom dans le n^ 18181
(fol. 180) et qui, d'ailleurs, est imprimé dans le
recueil de l'année 1530, fol. 203.
Le n*^ 18181 et Tédilion nous offrent un texte peu
conforme à celui de notre manuscrit. Celui-ci est-il le
moins authentique ? Il est, du moins, le plus correct et
le plus clair. Pour faire apprécier la différence, nous
citons d'abord le passage suivant d'après notre manu-
scrit :
Multi sunt alios judîcantes et corrîgentes et seipsos négli-
gentes, qui tamen plus indigent corrigi quam forte alii. Isti
sunt similes clamantibus pelUceum reparandum, qui tamen
communiter magis dissutas vestes portant et laceratas ma-
gis quam alii.
Une anecdote qui vient après n'a pas été non plus
assez fidèlement reproduite par Téditeur. La voici
d'après notre manuscrit et le n® 18181 :
Nota de milite qui, tempore Caroli Magni, moriens uni-
cum nepotem suum exsecutor^m fecit, rogans eum quod
equum suum venderet et pretium pauperibus daret. Qui, vi-
dens equum pulchrum et fortem, pro se retinuit, nihil om-
nino dans pauperibus. Oui post biennium anima defuncti
apparens ait : < Quare non fecisti quod praeceperam tibi?
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 129
Grâvissime usque nunc tortus sum ; sed Deus dédit senten-
tiam quod ego vadam ad requiem et anima tua sustineat
pœnas quas adhuc passurus eram. » Quo dicto, miles dis-
pai*uit et nepos ille œgrotans cito obiit, succédons militi in
tormentis.
Cette anecdote est tirée de la chronique de Turpin On
peut la lire à la page 492 des Appendices à la Chronique
de Philippe Mouskes, publiée par M. de ReiSenberg.
Un autre exemplaire anonyme est dans le manus-
crit coté 14963, n« 79.
Fol. 240, col. 3. (Sans indication de jour.) Qui se
humiliât exallabitur,,. Humilia valde spiriium... —
Ramiis non fructificat qv^ando inseritur trunco sicco.
Sous le nom de Jacques de Lausanne dans le
n° 18181 (fol. 167) et dans l'édition de 1530, fol. 189.
11 y a dans ce sermon plusieurs anecdotes que nous
allons transcrire. Voici la première :
Filius usurarii orabat Deum ut ostenderet sibi statum pa-
tris sui et fratris sui defunctorum in ssbcuIo ; qui, inter
ceteras pœnas inferni, vidit puteum ardentem in quo pater
suus et frater descendebant et ascendebant sicut situlae, et,
quando sibi invicem obviabant, se mutuo mordebant et
dentibus lacerabant, dicente pâtre ôlio : c Maledicta hora
qua natus es t Propter te damnatus sum, factus usurarius
ut te ditarem. » Et contra filius patri : c Maledicta hora
qua me genùisti ! Propter te damnatus sum, succédons usu-^
rariis bonis.
Celle-ci n est certes pas moins tragique :
Guido, magister beguinarum de Nivella, cum juvenis
scolas regeret, incaute feminam intuens ita graviter fuit ten-
tatus quod post mortem feminse per très (1) annos, vigilando
et dormiendo, crederet eam habere pnesentém. Yidens ergo
(1) Dans le n» 18181, fol. 168, col. 4 et dans Timprimé, il y a tredecim,
m. 9
130 MANUSCRITS LATINS
tentâtionem daeinonis, clàm de nocte sepulchrum ejus ape*
riens, faciem et nares in cœno putrefacto corporis tândiu
tenuit quod fere suffocatus cecidit resupinus. Quod sibi tan-
tum profecit quod nunquam postea sensit motum iibidinis.
Fol. 241, col. 4. (Sans indication de jour). Quicum-
quespiritu aguntur... — Communiter dicitur : Bona
vita ducit ad honam mortem.
De Jacques deLausanne; édition de 1530, fol. 183 ;
pour le huitième dimanche après la Trinité. Encore
une anecdote, dont nous allons donner un texte meil-
leur, en corrigeant tour à tour, les uns avec les autres,
notre manuscrit, le n® 18181 (fol. 159) et l'imprimé :
Quidam princeps cum esset religiosus, maturus, semper
cogitativus, quidam mimus de curia sua interrogavit eum
quare talem vitam duceret, et non in festis et ludis sicut ce-
teri. Ilespondit ei per exemplum. Paravit enim cathedram
altam de lignis antiquis et putridis sub qua fecit ignem co-
piosum, et super cathedram ligavit gladium acutum et eva-
ginatum et fecit mimum ibi situari. Quo facto, petiit ab eo
quare esset tristis et quare non faceret bonum vultum. Ille
autem mœrens et tristis respondit : c Quomodo, inquit,
possem facere laetum vultum, videns quod non possum diu
vivere. Cathedra in qua sedeo debilis est et putrida ; diu
durare non potest. Si cado inferius, combustus sum; si
erigo me superius, mortuus sum. » Tum princeps adjecit :
« In tali, inquit, statu sum ; semper enim considero debili-
tatem corporis, quod semper corrumpitur et putrescit et diu
durare non potest. Considero subtus me ignem inferni, super
me gladium divini judicii, et ideo timoré soUicitor, nec pos-
sum in prsesenti vita gaudere. »
Autre exemplaire anonyme : 14963, n° 69.
Fol. 243, col. 1. (Sans indication de jour.) Cognosco
oves meas,., — Pastori prœcipitur in Prov. : Diligenter
agnosce vultum pecoris tui.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 131
De Jacques de Lausanne, dans le n° 18181 (fol. 103)
et dans l'édition de 1530, fol. 120; pour le dimanche
dans l'octave de Pâques. Il y a, dans ce sermon, un
passage où l'orateur nous donne en spectacle une
classe de Garlande au xui^ siècle : les écoliers assis
par terre, dans la poussière :
Scolaris quandiu sedet in imo, in pulvere, non cognosci-
tur, non examinatur; sed quando vult promoveri ad cathe-
dram magistralem, vel ecclesiasticam dignitatem, tune opor-
tet quod cognoscatur et examinetur. Nos sumus in hoc
mundo sicut scolares sedentes in terra, scilicet in pulvere.
Sicut enim scolares sedentes in terra vel in pulvere acqui-
runt scientiam per quam postmodum examinantur et hono>
rantur, sic oportet nos in hoc mundo virtutes acquirere,
spiritualia bona et dona lucrari per quœ debemus honorari
et ad cœlestia exaltari.
Autre exemplaire anonyme : 14963, n'*46.
Fol. 244, col. 2. (Sans indication de jour). Pontifex
ex hominibus assumptus,,, — Assumptio seu promotio
uniîMS bonsB personx aliquando est relevatio totivs
parentelœ.
De Jacques de Lkusanne. Sous son nom dans
le n" 18181, fol. 313 ; anonyme dans les n*» 14963,
deuxième série, n® 74 et 14973 (fol. 186). Ce sermon
est inédit.
Fol. 245, col. 1. (Sans indication de jour.) Voluntas
Dei sanctificatio nostra.,. ' — Non potesi bene serviri
personx nisi sciatur ejus voluntas.
De Jacques de Lausanne, édition de 1530, fol. 67 ;
pour le second dimanche du Carême. Ce sermon est
incomplet dans notre manuscrit. Dans l'édition et
dans len® 18181 (fol. 47), il est suivi d'une collation.
132 MANUSCRITS LATINS
Les premiers mots du thème sont, dans le n** 18181 :
Hœc est voluntas Dei.., Autre exemplaire anonyme:
14963, n^ 30.
Fol. 245, col. De beatis apostolis Petro et Paulo. —
Fecit Deus duo luminaria,.. — Carissimi, in operibws
Dei nullus potest esse defectus ; quod palet. . .
Ce sermon est encore calqué sur un autre de Jacques
de Lausanne. Voici Texorde de celui de Jacques dans
le n^ 3534 (fol. 213), où il est anonyme, et dans le
n° 18181 (fol. 251), où se lit le nom de Tauteur :
Fecit Beus' duo luminaria. Omnibus in operibus Dei
non potest esse defectus. Deuteron. xxxi : t Dei perfectasunt
opéra •. Perfectum est cui nihil déficit. Batio autem qualiter
in operibus Dei non potest esse defectus, quia artifex nun-
quam déficit bonum operando nisi propter artis ignoran-
tiam, vel impossibiiitatem operandi, vel voluntatis malitiam,
vel materisB insufûcientiam vel ministrorum. Nihil istorum
potest poni id Deo ; in ejus operibus non potest esse malitia
et defectus.
Et telle est, dans notre n^ 14799, Tamplification de
cet exorde :
Fecit Deus duo luminaria magna. Carissimi, in operi-
bus Dei nullus potest esse defectus; quod potest ostendi
auctoritate et ratione. Auctoritate : in Deuteronomio dicitur :
t Dei perfecta sunt opéra ». Perfectum autem est cujus nil
deest; igitur in operibus Dei nullus est defectus. Item Gen.
primo: < Vidit Deus cuncta quai fecerat et erant valde bona ».
Bonum et perfectum idem. Item potest ostendi ratione quod
in operibus Dei nullus sit defectus. Quod enim in operando
artifex deficiat hoc contigit vel propter ignorantiam artis,
vel propter impossibiiitatem operandi, vel propter volun-
tatis malitiam, vel propter materise indlspositionem, vel
propter instrumentorum carentiam. Sed nuUo istorum mo-
dorum potuit esse defectus in opère Dei. Quare et cet. Ma-
jor patet ex sufflcienti divislone. . .
DE LÀ BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 133
Fol. 246 (6«), col. 2. Dominica in Passionc. —
Sanguis Christi enundavitconscientias.., — AiÂgustintùS
dkit quod vincere constietudinem dura pugna est. Ce
sermon très grave est d'un théologien qui a dédaigné
d'égayer son auditoire.
Fol. 247, col. 1. (Sans indication de ]0\y£ ,) Humilia-
vitsemetipsum.,.Bernardiis dicitsic: ii Non est magnum
esse humilem in abjectione ». Nous croyons ce sermon
du même prédicateur que le précédent. Un autre
exemplaire anonyme est dans le n* 14973 (fol. 187).
Fol. 248, col. (Sans indication de jour.) Venit Jésus
et stetit... — In Ecclesiastico dicitur : « Non agnoscetur
{in bonis) amicus » ; quia, sicut patet ad sensum, in pros^
péris ita se aliquando offert infidelis amicus sicut fide-
lis,
n ne faut pas confondre ce sermon avec un autre de
Jacques de Lausanne, qui commence par les mêmes
citations de Tévangile de saint Jean et de l'Ëcclésiasti-
que. Les princes de l'Eglise ne sont pas toutefois
mieux traités ici qu'ils ne le sont habituellement par
Jacques de Lausanne :
Exercitus dicitur bene ordinatus quando nobiles sunt in
equis et ignobiles sunt pedites ; sed, si econtra ût, maie est
ordinatus. Ita dico quod Ecclesia dicitur bene ordinata
quando nobiles nobilitate morum sunt in equis, scilicet do-
minantur, et ignobUes sunt subjecti vel vilescunt. Sed hodie
fit econtra, quia nobiles sunt pedites et ignobiles sunt équi-
tés vel in equis.
Gela veut dire : à cheval sont les évêques ; à pied les
religieux.
Fol. 249, col. 3. (Sans indication de jour.) Gaudebit
134 MANUSCRITS LATINS
corvestrum... — Inter alia qux dolorem cordis lenitmt
et mitigant. . .
Ce sermon est suivi d'une collation. Nous lisons
dans la collation :
Parisius, quando satellites Gastelleti insequuntur furem,
fur, si invenit ostium ecclesise, evadit ab eis qui eum inse-
quuntur; sèd, si non intrat, capitur et ad patibulum
ducitur.
Fol. 251, col. 3. Pet.de Palud.j tempore pœnoso. —
Tempus trihulationis est.,. — Ad hoc quodbladmn
ponatur in horreo et vinum in cella...
L'auteur est sûrement ici le Dominicain Pierre de
La Palu. Ce n'était pas un orateur de très nobletenue.
Il y a dans son sermon plus d'une comparaison vul-
gaire.
Fol. 252, coL 2. De Purificationebeatœ Marias A. de
Insula. — Ecce gloriaDomini impleta est... — Domus
est sancta mater Ecclesia.
Nous avons déjà signalé ce sermon d'Alain de Lille :
Mémoires de VAcad. des Inscript., t. XXXII, première
partie, p. 21. Il est d'un homme naturellement indé -
pendant, qui censure à la fois ou tour à tour les mœurs
des séculiers et des réguliers. Autre copie : n"* 14973
(foL 171).
Fol. 213, col. 3. In die Paschœ. — Fui mortuus et
ecce sum vivons. . . — Dicit Psalmvf : ce Hœc mutatio
dexterœ excelsi. » A la suite de ce long sermon est une
longue collation.
Fol. 256, col. 3. In octavis Paschœ. — Vidimus
Dominum. — Dicit Isidorus quod panthera est arnica
omnium animalium.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATONALE 135
Ce sermon finit parle récit d'un miracle :
Psalmus: « Audi, filia, et vide >, etc. Nota, sicut ille mona-
chus de Sancto Joanne, qui, infidelitate percussus dum cor-
pus Christi teneret, post Agnus Dei mutatum est corpus
Christi in veram carnem ; quod manens usque hodie cemi-
tur ; item, sanguis ebullire cœpit super corporale.
Fol. 260, col. 1 . (Pour le jour de l'Epiphanie.) Venii
lumen tuum et gloria.., — Vulgo dicitur quod pauper
est qui non videt. Tanta pauper tas est excitas...
Nous avons quatre autres copies anonymes de ce
sermon, dans les n<>* 3552 (fol. 28), 14963, n» 14,
14966 (fol. 42) et 17516 (fol. 64); mais il est à bon
droit sous le nom de Jacques de Lausanne dans le
no 18181 (fol. 22), et l'éditeur de l'année 1530rapublié
dans son recueil, au fol. 31.
Fol. 257, col. 1. (Pour la fête des SS. Innocents.)
Sine macula sunt ante thronum Dei... — Carissimi^
in vsrbis nobis proposais accipienda ea loco prothesis.
Un passage de ce sermon, d'ailleurs peu recomman-
dable, est assez curieux pour être transcrit :
Si quis vellet commendare Achillem, magis deberet eum
commendare ex hoc quod interfecit Hectorem, qui fuit optimus
Trojanorum, quam ex hoc quod super Trojanos militavit,
quia super Trojanos militare fuit commune sibi et Diomedi
et multis aliis ; sed Hectorem interfecisse, qui fuit optimus
Trojanorum, solum convenit Âchilli. Modo ad propositum.
Inter omnes sanctos de quibus mater Ëcclesia solemnisat,
prseter illos paucos qui de speciali gratia fuerunt sanctiû-
cati in utero matris, esse sine macula magis proprie convenit
istis Innocentibus quorum solemne agimus quam aliis sanc-
tis, quia sine ulla culpse macula fuerunt tam in locutione
quam in operatione ...
Fol, 260, col. 4. (Sans indication de jour.) Apparuit
136 MANUSCRITS LATINS
benignitas et humanilas... Boni rimiores IxHficant
cor... — Meliores rumores qui possuntaudiri... Peut-
être pour le jour de Noël. C'est un sermon de haut
style.
Fol. 261, col. 4. (Sans indication de jour.) Exsur-
gam diluculo... — Augustinus super Joann. : « Hoc
solum lœtificat in laboribus etpericulis... » Ily abeau-
coup d'histoire naturelle dans ce sermon très travaillé.
Fol. 262, col. 3. (Sans indication de jour.) Facta est
lex... — Lex divina, etiam lex humana facta est et
ordinata propter cognitionem defectuum.
Avec une collation. Nous lisons plus d'une fois dans
le sermon et dans la collation que les dignités ecclé-
siastiques sont trop souvent conférées à des personnes
indignes. Gela nous apprend que Torateur est un
régulier.
Fol. 264, col. 3. (Sans indication de jour.) Formans
me ex utero.,. — Solet dici in mundo quod nullus ita
bene facit negotium suum sicut ipsemet. . . Nous ne
croyons avoir ici qu'un fragment de sermon.
Au fol. 265, la série des sermons est interrompue
par le prologue et le commencement d'un commen-
taire sur le livre de Job. Le prologue a pour début :
Quxritur quis libri beati Job scriptor habeatur. Le
commentaire est très développé. Nous n'en connais-
sons pas Tauteur.
Fol. 267. (Sans indication de jour.) Veni, corona-
beris... — Dicitur communiter : « Qui a mestier du feu
a son doit le quiert. » In qtwlibet opère quod habemus...
Il y a beaucoup de français dans ce sermon. Nous
y lisons aussi une anecdote :
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 137
Âd hsec multa exempla leguntur... De armigero despe-
rato, in diœcesi Bituricensi, in tempore sancti Ludovici, qui
servierat libenter et dévote beat» Mari», sed pro paupertate
se reddidit diabolo et abnegavit ûdem christianam et
Christum et omnes sanctos, praeter beatam Mariam. Postea
pœnitens coram imagine quadam beatœ MariaB cum lacrymis
uberrimis se prostravit, et quidam miles ibi orans vidit ima-
ginem parvulum quem tenebat alloqueûtem, et ut omnem
culpam et offensam suo prœsenti armigero dimitteret sup-
plicantem ; quod ita impetravit. Tune imago militem haec
videntem et super hoc admirantem vocavit éique praîcepit
ut armigerum surgere faceret et ei peccatum suum esse re-
missum, dum tamen pœniteret et conûteretur, nuntiaret
ipsumque secum duceret et ûliam unam quam habebat ei
daret uxorem, sciens pro certo quod eis esset semper auxi-
liatrix. Ita factum est. Postea, cum armiger factus esset
potcns et dives, recolens auxiliatricem suam et dominam,
fecit tantum quod uxor sua castitatem vovit et sanctimo-
nialis effecta est et beatae Marias serviens sancte vixit.
Ipse quoque, Cisterciensis ordinis monachus factus, beat»
Mari» devotissime servivit et salvatus est.
Fol. 268. In dei Natali Domini. — Natus est tibi
puer,.. Nescio loqui "quia puer... — Quando aliquis
magnus vuU mittere aliquem suorum nuntiorum...
Ce sermon anonyme est de Gui d'Évreux, dont il
porte le nom dans les n^* 16492 (fol. 16), 17516
(fol. 117) et 18180 (fol. 17).
Gui d'Évreux, de Tordre des frères Prêcheurs, est
un orateur souvent facétieux. Ses sermons sont restés
inédits, sans doute parce que ses confrères ne les ont
pas, au xvi* siècle, jugés assez graves. Nous ne pou-
vons dire qu'ils flattent notre goût; mais ils nous
intéressent le plus, avouons-le, quand ils TofFensent
davantage. Gomme la plupart des prédicateurs de son
temps. Gui d'Evreux est banal et médiocre lorsqu'il
138 Manuscrits latins
ne vise pas à forcer rattention de ses auditeurs par
quelque gai propos.
Pourquoi Dieu s'est-il incarné dans la persoane
d'un enfant? Il semble périlleux de poser cette ques-
tion. Mais un prédicateur badin est prompt à la
résoudre :
Deus puer. Si ènim secundum formam suae immensitatis
nasceretar, homo eum non caperet. Si nasceretur magnus
etgigas, timeret peccator ejus potentiam omnia corrigentem.
Si appareret philosophas et sapiens, timeret peccator ejus
sapientiam omnia cognoscèntem. Si veniret angelorum ag-
minibus circumseptus, timeret peccator et erubesceret ejus
societatem. Propter hoc venit puer, t Qui veut que l'en
n'eustpaour de sagrant félonie; queTen n'eustpaour de son
sens ne de sa grant clergie ; et que l'en n'eust honte de sa
grant compaignie. >
Cela n'est-il pas décisif? En tout. cas, l'orateur
s'est bien certainement moins soucié de convaincre
ses auditeurs que de les égayer. Il dit plus loin, sur
le même ton :
Ad nostram aedificationem dicere possumus quod Salvator
noster dicitur puer quia quatuor conditiones sunt in puero
quae in nostro Salvatore eminentius sunt repertae. Primo
puer vult mundus excubari : « que il soit couchié neite-
ment. » Videtur enim quod panni ubi puer débet cubari
multum fréquenter debent mundari et siccari ; aliter puer
non bene dormiret. Ita certe puer noster Jésus Christus
vult habere lectum mundum, id est mundam conscientiam.
Debent enim esse mundi quod sentiant « lessive; » talis
conscientia est domus Christi Jesu ; talem conscientiam ac-
cepit pro caméra sua tanquam plenam puris cogitationibus,
sanctis affectionibus, desideriis bonis, et ideo dicitur, Sap. viii :
Intravi in domum meam, conquiescam in illa. Nota
quod non libenter intraret domum suam si sciret ibi esse
latrones. Unde rex multum turbatur quando de villa sua,
DE LÀ BIBUOTHÈQUE NATIONALE 139
maxime de caméra sua, fit receptaculum latronum... c Toutes
manières de gens > qui habent cor pollutum pravis cogita-
tionibus, pejoribus, pessimis consensibus, nefandis operibus,
similes sunt meretrici quœ nuUum respuit ; fecerunt de corde
suo prostibulum. In talibus non quiescat puer (1). »
Quelle façon d'enseigner aux gens qu'ils doivent
tenir leur conscience en bon état ! Mais un prédica-
teur qui parle cet étrange langage ne fait-il pas mieux
connaître et lui-même et son temps qu'un grave ra-
bâcheur de somnifères banalités ?
Fol. 269. (Sans indication de jour.) Laventur pedes
vestri... — Si viator lutosus^ fessus etfamelicus inveni-
ret fontem in itinere. . •
Gui d'Évreux est aussi, Ton n'en doute pas, Tauteur
de ce sermon, où le français et le latin sont mêlés
comme dans le précédent, et de la même manière.
A la vérité, nous ne l'avons rencontré nulle part sous
son nom; mais il fait partie dans le n** 14969, fol. 197,
d'une liasse où tout lui appartient. Signalons, en
outre, un exemplaire incomplet de ce sermon dans
le nM 4973 (fol. 24).
Fol. 270, col. 1. (Pour le jour de la Passion.) Humi-
liavit semetipsum factus obediens... — Consuetudoest,
quando mulier habuit maritum quem multum dilexit..
Un autre exemplaire anonyme de ce sermon est
dans le n** 508 de Tours ; mais nous l'avons sous le
nom de Gui d'Évreux dans les n^« 16492 (fol. 72),
17516 (fol. 182), 18180 (fol. 77). C'est un sermon très
long, où sont racontées toutes les circonstances de
Tarrestation, du jugement, du supplice de Jésus.
(t) Nous établissons notre texte sur les n<» 14799 et 18180.
142 MANUSCRITS LATINS
sur le prophète Joël doat il existe une autra copie,
pareillement anonyme, dans le n** 344 des Cod. Laud.
misCf à la Bodléienne. Nous le trouvons, à la vérité,
dans le tome CLXXV de la Patrologie, col. 322, sous
le nom du célèbre chanoine Hugues de Saint- Victor ;
mais nous croyons avoir démontré que cette attribu-
tion n'est pas acceptable (1). L'auteur a voulu rester
inconnu. C'est une intention qu'il a lui-même ex-
primée dans ces quatre vers qui terminent son
œuvre :
Non quseras nomen cui gratia contulit omen.
Utilis etdulcis et sine mole levis;
Nam studii flores morumque propino sâpores.
Ërgo non dubito quin placeam; legito.
En publiant cet écrit sous le nom de leur confrère,
(probablement d'après notre manuscrit), les chanoines
de Saint- Victor ont supprimé les quatre vers qu'on
vient de lire. Ils auraient été tenus, en les donnant,
de justifier leur attribution; ce qu'ils n'auraient pu
faire.
Au revers du feuillet 25, commencent les fragments
•confus dont nous allons nommer quelques auteurs.
Des premiers nous n'avons rien à dire, n'en ayant
rencontré jusqu'à ce jour aucune autre copie. Mais
sur tous ceux qui se succèdent du fol. 26 v® au f° 33,
voici des informations précises.
Fol. 26 v**. Fili memorare^ etc. C'est le sermon XII
de saint Bernard, parmi ceux que les éditeurs ont in-
titulés Sermones de diversis.
(1) Les OEuvr. de Uug. de S, Victor, p. 18.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 143
Fol. 28 V*. Tria sunt oscula. . . — Diw sunt ubera.
De saint Bernard, dans le petit recueil de ses Sen-
tences, art. 8 et 9. — Duo sunt pedes Dei. De saint
Bernard : Sermon XC De diversis.
Fol. 30. Emissiones tux paradistùs. Sermon XCI
De diversis.
Fol. 31 V®. Erant ibi positas. Sermon LV De di*
versis. *
Fol. 32 v°, au milieu de la colonne. Capientes sin-
gulœ. Sermon LVl De diversis.
Suit une très courte glose sur ce thème : Sapientia
vincit malitiam. Est-elle de saint Bernard ? Nous ne
la trouvons pas dans ses Œuvres. Elle n'est pas non
plus dans celles de Hugues de Saint- Victor, où le
même texte est plusieurs fois paraphrasé, mais en
des termes différents. Après cette glose, nous avons
deux autres extraits de saint Bernard.
Fol. 33 v^ Intravit Jésus. Sermon XLVIII De di-
versis. — Qui vuU venire. Sermon LXIII De di-
versis .
Les fragments qui se suivent, du f" 33 v° au fol , 37 r*,
sont des déânitions, des sentences extraites de ser-
mons divers. Si nous n'avons pu découvrir de qui
sont tels ou tels des sermons, nous n'avons pourtant
pas, en faisant cette recherche, perdu toute notre
peine. Voici les premiers mots de ces fragments, avec
les notes que nous avons recueillies au cours de notre
laborieuse enquête.
Le premier commence par : Ad exercitium humili-
tatis quinque prodesse possunt : amor vilitatis... C'est
un de ceux dont nous ignorons rauteur.
144 MANUSCRITS LATINS
Justum deduxU Dominus. . . — Est justus qui in
principio. Extrait d^un sermon de saint Bernard ; ser-
mon XXI De diversis.
Aspiciebam ego in visions. . . Cœlestibtcs vir deside-
rii flagrans mysieriis. Phrases extraites, avec quel-
ques abréviations, d'un sermon de Pierre le Lombard
que Beaugendre a publié dans les Œuvres d'Hildebert ;
col. 238. Nous l'avons déjà rencontré 4^nB les
no- 3537 (1), 12415, 13374, 13578 (2).
Ad me clamât ex Seir. . . — Seir hispidus et pila-
sics interpretaiur. Extrait du sermon de Pierre le Lom-
Lombard qui, dans l'édition de Beaugendre, est à la
col. 245 des Œuvres d'Hildebert. Ce qu'on lit ici se
trou ve à la col . 247.
Melior est puer pauper... — Puer Christusest. L'au-
teur nous est inconnu.
Dum médium silentium,.. — Tria sunt silentia,
Primum ante legem. Extrait d'un sermon de Pierre le
Lombard ; Œuvres d'Hildebert, col. 269. Pierre le
Lombard a, dans ce passage, reproduit une série de
distinctions et d'antithèses dont le subtil inventeur
nous parait être Hugues de Saint- Victor : Collationes
de verbo incarn.\ coll. 1.
Dum natv^ esset Jésus. . . — Omnes de Saba ve-
nient. Extrait d'un sermon de Pierre le Lombard :
Œuvres d'Hildebert, col. 274.
Dominus de Sinai venit... — Sinai interpretatur
mandatum. Extrait d'un sermon de Pierre le Lom-
bard : Œuvres d'Hildebert; col. 511. Des phrases
(1) Tomel, p. 217.
(2) Tome II, p. 274.
DE LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE 145
que nous avons ici, les une» sont au commencement,
les autres à la fin du sermon. Le même extrait se lit
dans le n* 16 d'Alençon.
In Mgyptum descendet populus... — Descendit
Adam tribus modis. Extrait du sermon de Pierre le
Lombard qu'on lit à la col. 766 des Œuvres d'Hilde-
bert. Les phrases ici transcrites sont à la col. 767.
Pone mensam. . . Quatuor indicantur : mensœposi"
tio.. Extrait d'un sermon de Pierre le Lombard :
Œuvres d'Hildebert, col. 395.
Imago terreni est vetu^tas^ imago cœlestis novitas.
Extrait d'un sermon de Pierre le Lombard : Œuvres
d'Hildebert, col. 415.
Non solum abiit Adam, sed et sletit et sedit. Extrait
d'an sermon de Pierre le Lombard : Œuvres d'Hilde-
bert, col. 309 et suivant. On remarquera néanmoins
que le dernier paragraphe de cet extrait manque dans
Tédition donnée par Beaugendre. C'est que Beaugen-
dre n'avait pas le sermon tout entier dans le manus-
crit qu il a copié. Nous en avons reproduit la fin dans
le tome XXXII, deuxième partie, des Notices et extr. des
Manuscrits^ où commence, i la fin de la page 121, le
paragraphe qu'on ne lit pas dans l'édition de Beau-
gendre.
Ici finissent les emprunts faits aux sermons de
Pierre le Lombard. Nous ne savons pas à qui nous
devons attribuer l'extrait qui suit et dont tels sont les
premiers mots : Non est vir in domosua; abiit via
longissima.
Fol. 37. Panent angelorum... — Non lateat vos,
venerandi sacerdotes, seriem hanc vobis recitatam. Ici
in. 10
146 MANUSCRITS LATINS
nous avons un sermon entier, prononcé, comme on
disait, en synode. Mais nous n'en avons pas trouvé
Tauteur. Autre sermon :
Fol. 40. Ex JSgypto vocavi filium... — Tria esse
loca ex sacrœ Scripturx erudiiione cognovimus. L'au-
teur ne nous est pas non plus connu.
Au fol. 42, un traité sur les vœux. De votis, qui
s'étend sur quatre colonnes bien remplies. Une dédi-
cace le précède, commençant par : De votis votum
non solvo. Tu postulasti; ego quod non spopondi
solvere cogor.
Du feuillet 4â au revers du feuillet 48, une disser-
tation étendue sur les vices et les vertus, sous un
long titre où sont indiquées toutes les divisions des
chapitres qui la composent. Ce n'est pourtant pas,
comme cela parait être, un traité particulier; c'est un
morceau détaché d'un grand et très remarquable
ouvrage, le De sacramentis de Hugues de Saint-
Victor. Nous avons ici la treizième partie tout en-
tière du second livre. Le premier et le second
chapitre de cette treizième partie se trouvent, ainsi
détachées de l'ensemble, dans le n** 2 d'Evreux.
Au revers du feuillet 48, un long sermon, commen-
çant par : Videns turhas Jésus ascendit... — Ut, quasi
vitans multitudinem, solis discipulis loqueretur. Une
autre copie de ce sermon est dans le n* 529 (fol. 134);
mais cette autre copie est pareillement anonyme.
Au feuillet 52, le premier écrit dont l'auteur soit
indiqué, du moins par la lettre initiale de son nom,
c'est Hugues de^aint- Victor, et nous avons ici son
opuscule intitulé De Oratione, De Virtute orationis, ou
DE LA BOLIOTHEQCK NATIONALE 147
De Modo orandi, qn^oo peut lire ao tome CLXXVI de
la Patrologiej col. 977. Les éditears ont singnlière-
ment altéré les premiers mots du prologue, qu'ils
donnent de cette £içon : Domino ei pairi carissimo H.
Munusculum hoc dilectionismeas ea vos preoor... Ainsi
Topuscole serait anonyme, et la lettre H. commence-
rait le nom de la personne i qui Pauteur Taurait
dédié. Hais, dans notre manuscrit et dans tous ceux
où ne manque pas la dédicace, le début est : Dommo
ei patri Th. H. Munusculum hoc dileciionis mex..,; ce
qui nous apprend que l'auteur, Hugues, avait adressé
son opuscule à quelque religieux nommé Thomas,
Thibaut ou Thierry.
Puis encore un fragment, dont l'auteur nous est
connu. Ce fragment, qui commence, au revers du
feuillet 53, par Sacramentum circumcisionis ante legis
lationem, contient encore (quelques phrases omises)
cinq chapitres du traité De saeramenlis de Hugues de
Saint-Yictor; au livre I, partie xiii : Patrologie^ t.
CLXXVI, col. 351-359. Le copiste n'a pas achevé la
transcription du cinquième chapitre.
Au revers du fol. 65, un sermon : Induite, vos arma-
turam Dei... — Militia est, fratres, vita hominis
super terram. Ce sermon est de Geofifroy de Troyes.
Nous l'avons cité sous son nom dans notre notice sur
lenM3586(l).
A la suite, quatre sermons que nous avons le regret
de laisser anonymes :
1** Salomon fecit sibi thronum.,. — Non solum Salo^
(i) Tome II, p 300.
148 MANUSCRITS LATINS
mon, verum et David qui Salomonem prœcessit Chris-
tum regem désignât — 2* Diliges. Dominum Deum
tuum... — Ecce summa totius religionis in qua lex
totapendet. 3<* — Très sunt status amoris Dei in anima
fideli. — 4® jEgrotante Elisseo in infirmitate qua
mortvAJis esty descendit ad eum rex Israël.
La pièce suivante mérite d'être particulièrement
signalée. C'est un sermon commençant par.: Qtumtas
commissis vobis ovibus debeatis excubias, et ce sermon,
anonyme, comme il Test ici, dans notre n^ 14804
(fol. 60), dans les n^ 272 (fol. 53) de l'Arsenal et 962
(fol. 83) de la Mazariné, est sous le nom de Tauteur,
Hildebert de Lavardin, dans nos n°* 2484 (fol. 46),
2904 (fol. 56) et 14867 (fol. 128). Parmi les cent trente
neuf sermons publiés dans les Œuvres d'Hildebert,
c'est un des quatre qui seuls sont sûrement de lui.
Il est à la col. 662 de l'édition de Beaugendre.
Cette pièce commence une nouvelle série de ser-
mons ou de Themata sermonum qui sera rarement
interrompue.
Fol. 67. Beata illa et sempiterna trinitas, Pater et
filius et Spiritus Sanctus, unus Deus... C'est le sermon
de saint Bernard que nous avons, sous le n^ XLV,
parmi les Sermones de diversis.Msils il y a de grandes
dififérences entre notre manuscrit etTédition bénédic-
tine. Une partie du commencement fait défaut dans
notre manuscrit, et, dans l'édition, toute la fin, le
sermon tronqué n'ayant pas de conclusion. Cette fin,
la voici :
Est praeterea et alius resurgendi modus sub eodam numéro
comprehensus, primi hominis casui oppositus. Adam quippe
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 149
iii paradiso positus primo perdidit circumspectionem Dei.
Testatur enim beatus Augustinus quod nequaquam hominem
tentator de paradiso ejecisset nisi aliqua elatio in anima ho-
minis praecessisset, cum verissime scriptum sit : Ante rui-
nant eœaltatur cor (1). Secundo perdidit justitiam quando
uxoris voci plus quam divinsB obedivit. Justitia enim est vir-
tus quse sua unicuique reddit. Tertio amisit judicium cum
post peccatum, correptus oblique per mulierem, retorsit pro-
priam culpam in auctorem, dicens : Mulier quam dedisti
mt^«...Eisdem igitur virtutum gradibus redeundum est ho-
mini in exilio posito quibus privatus expelli meruit de para-
diso. Primum itaque faciendum est judicium, deinde exercen-
da justitia, tandem circumspectio adhibenda : judicium quœro
nobis ut nos ipsos judicemus et accusemus, justitiam pro-
ximo, circumspectionem Deo. Hanc redeundi viam ostendit
nobis propheta Micheas, dicens : Indicabo tibi, o homo,
quid sit bonum et quod Dominus quxrat a te : utique
facere judicium et diligere misericordiam et ambulare
soUicitum cum Deo tuo (2). Hanc salutis viam testatur
apostolus se docuisse, dicens : Apparuit gratia Dei, Salva-
toris nostri,hom.inibus, erudiens nos ut abnegantes,etc.,
etc. (3). Et in multis aliis sacras Scripturse locis hic ordo
vitse et institutio, si dlligenter quseratur, potest inveniri ;
ut illud : Beatus vir qui in sapientia morabitur et qui
in justitia sua meditabitur et in sensu cogitabit circums-
pectionem Dei (4). Moratur quippe in sapientia et sapiens
est qui semetipsum hic semper dimicat ut seternum Dei
judicium évadât; si enim nosmetipsos dimicaremus, non
utique judicaremur : Cum judicamur autem a Domino
corripimur, ut non cum hoc mundo damnemur (5);
sapiens non secundum sapientiam hujus sseculi, sed secun-
dum illam sapientiam quae trahitur de occultis, per quam
utique, miro Dei opère, agitur ut electi quique, tonsionibus
et pressuris attriti, in aedificio veri Salomonis sine sonitu
mallei postmodum construantur.
(1) Prov. XVI, 18. (4) Ecclesiasiicusy XIV, 22.
(2) Micheas, VI, 8. (5) Epist, Pauli ad Corinth.
(3) Epist, Pauli ad Titum, II, prima, XT, 32,
11.
150 MANUSCRITS LATINS
Voilà donc un firagment de saint Bernard qei étaM
resté Jusqu^à ce jour, inédit. L*intérêt» nous le recon-
naissons, n'en est pas considérable. Mais le grand
renom de Fauteur nous faisait presque un devoir de
le publier.
Aielde Bethel sedificavit Jéricho... — Aiel bonù$ in
hoc vita, Deo servienies, significat. D^aatres copies
anonymes sont dans les n~ 13572 (fol. 59) (1), 18096
(fol. 57).
Fol. 63. Ait Dominus : Ecce ego demetam.., — Ad
liUeram, non mirum si iniquttatem Dominus punivit.
Autres copies anonymes : 13572 (fol. 61) (2), 17400
(fol. 134), 18096 (fol. 69).
Fol. 65. Un fragment du &ux Denys TAréopagite
sépare ici deux sermons. Le titre de ce fragment en
indique l'auteur.
Audite, peccatores, orantem peccatorem et discite qua-
liter pro peccatis vestris orare débetis. Le thème de ce
sermon, qui manque dans notre copie, est : Miserere
mei^ Deus^ secundum magnam misericordiam tuam.
Quant à Tauteur, c'est Hugues de Saint- Victor ;
Miscell.f lib. II, cap. lviii. La première phrase du
sermon est moins claire dans Timprimé. D'autres
corrections pourraient encore être faites, d'après
notre manuscrit, au texte publié par les chanoines de
Saint- Victor.
Fol. 66. Tria sunt mala in quibw homo affligitur . —
Quaiuor sunt paces. — Factus est in pace locus. Trois
courtes distinctions, dont les deux premières sont de
»
(l) Tome II, p. Î25. (2) Jbid, p. 226.
DE LÀ BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 151
Hugues de Saint- Victor : MiscelL lib. 11^ c. lxi et lxii.
La troisième est peut-être aussi de lui ; mais nous ne la
trouvons pas dans ses GEuvres.
Sacerdotes nescientes Dominum,,. — * Cum quilibet
christianus scire debeat Dominum, maxime sacerdotes
quibus incumbit doctrina stoa. Autre exemplaire ano-
nyme : n* 18096 (fol. 51). La fin du sermon manque
dans noire manuscrit.
Fol. 67. Desiderium pauperum exavdivit Dominus,. . .
— Est enim paupertas trifaria. Alia quidem necessaria^
alla simulatoria, alia voluntaria. Hugues de Saint-
Victor a fourni la matière dont nous avons ici l'am-
pliôcation : MiscelL lib. V. cap. lvii.
Beati gui nunc fletis... — Tria sunt gênera fletus vel
compimctionis : primum in pudore, secundum in
dolore, tertium in timoré. Ce fragment n'occupe que
dix lignes.
Hora est jam nos de somno surgere. . . — Très sunt
species somni : prima qua dormitavit homo, secunda
qua dormivit. • . Ces trois sortes de sommeil sont
décrites presque dans les mêmes termes par Hugues
de Saint-Victor : Mélanges^ livre VI, chapitre vu.
Dicite Joanni: Surdi audiunt... — Quœ cum tria sint
numéro, unumquodque sub temario continetur. Nous
avons encore, dans cette sorte de sermon, une imi-
tation, et même, en certains endroits, une reproduc-
tion tout à fait littérale d'un morceau très soigné de
prose mystique dont l'auteur est Hugues de Saint-
Victor. L'original est le chapitre lviii du livre 11 des
Mélanges ; l'imitation parait devoir être attribuée à
quelque Victorin.
152 MANUSCRITS LATINS
Fol. 69. Dum médium silentium tenerent... — His
verbis tria in brevi proponimtùs : silentium, sermonem
et sedes. Une autre copie de ce sermon est dans le
n"" 14934 (fol. 17). EUen'oifrc pas non plus le nom de
l'auteur.
Fol. 70. Obtulerunt magi. Domino... — Sunt qui
Dominum regem creduntj sed Deum negant. Auteur
inconnu.
Nuptix factx sunt in Cana... — Quia per litteram
manifeste patet historia et quoniam nuptiw fréquenter
fiunt in ecclesia. Autres copies anonymes : n^ 3563
(fol. 80), 14925 (fol. 190). Avec le nom de Tauteur,
Gébouiii : n°» 14937 (fol. 124) de notre fonds latin
et 982 (fol. 19) de la Mazarine.
Ce Gébouin, archidiacre deTroyes, dont Hildebert,
saint Bernard et Nicolas de Clairvaux ont honoré de
leurs suffrages les mœurs et le talent oratoire, est
aujourd'hui presque inconnu. Non seulement ses
œuvres sont inédites, mais la notice qui le concerne,
dans y Histoire littéraire^ n'occupe que cinq lignes (1).
C'est vraiment trop peu. Nous indiquerons particuliè-
rement chacun de ses sermons que contient notre
volume, en faisant remarquer que plusieurs ont été
quelquefois copiés sous un autre nom que le sien.
Fol. 71. Singuli singulos accepere... — Verba prolo-
cutisermonis sunt evangelica^ assertione Salvatoris
apud fidèles authentica . Autre copie anonyme : n"3563
(fol. 83). Dans Texorde nous lisons ces vers, dont
Tauteur n'est pas nommé :
II) ffist, litt. de la Fr., t. XII, p. 230,
DE hk BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 153
Mane dédit viti cultores. Tertîa» sexta
Horaque nona suos misit et undecima ;
Sed qui non fuerunt operis tolerando labores
Mercedem fuerunt accipiendo pares.
Plus loin, d'autres vers, que ces mots précèdent :
Quidam alius versificator :
Yinea cultafait, cultores praemia quserunt.
Non labor sequalis, sBqualia dona fuerunt.
Qui venit extremus, dispensatore vocante,
Tantumdem recipit quantum qui venerat ante.
Ces quatre hexamètres ont été publiés par Beau-
gendre sous le nom d'Hildebert ; mais nous doutons
qu'ils soient de lui (1). Nous ignorons aussi Tauteur
des premiers. Quant au sermon, la place qu'il occupe
dans ce volume et dans le n^ 3563 nous fait supposer
qu'il est de Gébouin, quoiqu'il ne soit pas au nom-
bre de ceux qui figurent sous son nom dans le
n° 14937.
Fol. 72. Fili^ memorare novissima.., — Filius pro^
digus, jam in regionem dissimilitudinis . . . Sur ce
sermon, attribué quelquefois à Pierre Le Mangeur»
plus souvent à l'archidiacre Gébouin, voir ce que
nous avons dit sous le n^ 3705 (2).
Fol. 73. Christus apparuil nobis.., — Tribus modis
Christus. Ce sermon est aussi, croyons-nous, de
Gébouin. Nous pensons avoir justifié cette attribution
sous le n°3705(3).
Faciamus hominem ad imagiaem... — Hxc verba
(1) Les Mélang, poét. cPHild,, p. 127.
(2) Tome I, p. 227.
(3) Tome I, p. 226.
154 HAMUSGRITS lATINS
partimrespicitmi ad prœterUum,partim ad^futurum.
Autres copies anonymes : n**» 3563 (fol. 74), 3570
(fol. 67), 14925 (fol. 194); Arsenal, 272 (fol. 15); Ma-
zarine, 962 (fol. 81). Sous le nom de Pierre Le Man-
geur, n** 14934 (fol. 14). Sous le nom de Gébouin,
no 14937 (fol. 129); Mazarine, 982 (fol. 24).
Fol. 74. Cum venerit Spiritus Sanctus... — Spiri-
tus scilicet donum Patris et Filii est, quia vere spiritus.
Autres copies anonymes : n®» 2952 (fol. 3), 3563
(fol. 75), 14925 (fol. 195); Arsenal, 272 (fol. 7). Sous
le nom de Pierre Le Mangeur, n° 14934 (fol. 15). Sous
le nom de Gébouin, n«» 14937 (foL 130); Mazarine,
982 (fol. 25).
On s'étonne de rencontrer dans ce sermon un pro-
verbe gascon : Sicut ait Gasco : « à tal cultel ial
morsel. » Ge mélange de la langue latine et d'une
langue vulgaire était, au xii* siècle, tout à fait inusité.
Spectaculuin facti sumus,.. -- Ita plane^ et malis et
bonis pariter. C'est le sermon LXX De diversis dans
les Œuvres de Saint Bernard.
Fol. 75. Dixit Jésus Petro : Petre... ^ A petra autem
dictus est Petrus ; qua petra très notanturproprietates.
Autre copie anonyme : n*** 14925 (fol. 205). Avec le
nom de Gébouin : n* 14937 (fol. 247); Mazarine, 982
(fol. 38).
Même feuillet : Mulier Cananea afinibus Tyri... —
Hxc mulier magna simplicium est information Autres
copies anonymes ; n«* 3563 (fol. 85), 3730 (fol. 246),
14925 (fol. 199). Sous le nom de Gébouin : n°' 14937
(fol. 139) ; Mazarine, 982 (fol. 30).
Fol. 76. Dominus dédit ^ dominus abstulit... — In
DE LA BIBUOTHÈQUE NATIONALE 155
hac verborum brevi superficie j brevi conatu prolata.. .
Autres copies anonymes : n*» 3730 (fol. 249), 14925
(fol 200). Avec le nom deGébouin : n»*14937 (fol.141);
Mazarine, 982 (fol. 32).
Ile, ait, baptizate eos.,. — Tria vero sunt quibus
Domintbs vindictam exercet in hostes stws. Autres
copies anonymes ; n^3563 (fol. 76), 14925 (fol. 195).
Sous le nom de Pierre Le Mangeur: n® 14934 (fol. 15).
Sous le nom de Gébouin : n"^ 14937 (fol. 131); Maza-
rine, 982 (fol. 25).
Amice, commoda mihi très panes. — Amicus est
qui loquitur et amico loquitur. Autres copies anony-
mes : n^* 3563 (fol. 76), 14925 (fol. 185). Avec le nom
de Pierre Le Mangeur, n® 14934 (fol. 16). Avec le nom
de Gébouin: n»' 14937 (fol. 119) ; Mazarine, 982 (fol. 14).
N'omettons pas de* faire remarquer que ce sermon
est inséré dans les Mélanges de Hugues de Saint-Yiclor,
livre V, tit. xlii. Mais très certainement il n'y est pas
à sa place. Quoique le style de l'archidiacre ne soit
pas sans rapports avec celui du chanoine, on les dis-
tingue néanmoins Tun de l'autre .
Fol. 78. Defunctus efferehatur. — Sub hac verborum
brevitate dicendi quatuor quidem dantur nobis intelligi.
Autres copies anonymes : n®* 3563 (fol. 77), 14925
(fol 186). Sous le nom de Pierre Le Mangeur :
n° 14934 (fol. 16). Sous le nom de Gébouin : n«* 14937
(fol. 119 et 132); Mazarine, 982 (fol. 14).
Aucun sermon de Gébouin n'ayant été jusqu'à ce
jour publié, nous allons tirer celui-ci des ténèbres :
Defunctus efferébatur. Sub hac verborum brevitate
dicendi quatuor quidem dantur nobis intelligi : defunctus
156 MANUSCRITS LATINS
ipse qui portabatur, lectica cadavens in qua ferebatar,
bomines ipsi qui cadaver portabant, sepulcbrum patens ad
quod illud deferebatur. Ex quatuor autem elementis corpus
ipsum, ex quatuor pedibus constat feretrum, qui portant
illud quatuor Bunt rustici, et sepulcbri quoque quatuor
sunt anguli. Sed base omnia, sic intellecta secundum lit-
teram, alla quidem morâliter vel typlce désignant per
figuram. Corpus enim defuncti quod portatur substan-
tiam peccati nobis significat ; lectica qua cadaver exa-
nimati fertur significat feretrum quo portatur peccatum;
qui vero portant corpus mortui portitores désignant peccati ;
sepulcbrum quo portatur Juvenis monumentum est peccati
mortalis. Ex quatuor enim elementis peccatum quodam modo
constat, sicut ex quatuor pedibus ejus feretrum ; qui portant
illud quatuor sunt rustici ; sepulcbro quoque ejus quatuor
anguli sunt. De singulis eodem ordine. Corpus enim peccati,
quod bominem veterem farcit corruptionibus, ex quatuor
membris constat inter cetera principalibus, quse sunt curio-
sitas, loquacitas, crudelitas, voluptas. Haec autem quatuor
ex quatuor elementis proveniunt, a quibus singula singulis
originem trabunt : curiositas ab igné, loquacitas ab aère,
crudelitas a terra, voluptas ab aqua. Ignis enim alta petens
et naturae subtiliy principaliter cooperatur oculis, lumen
exterius subministrans eis. Aer autem linguae mobili, et
lingua cooperatur aeri, per quœ duo, quodam modo mirabili,
data est bominibus facultas loquendi; terra vero, gravi-
tate ponderis sui principaliter accedens corpori, subministrat
membris vires potenter operandi; aqua vero per humorem
fluens corpus bumidum reddit et ex eo facultas propagandi
animalibus venit. Est igitur in oculis curiositas, in lingua
loquacitas, in manibus crudelitas, in lumbis voluptas :
curiositas in oculis per ignem; loquacitas in lingua per
aerem; crudelitas in manibus per terram; voluptas in lum-
bis per aquam. Est enim ab insolentia visus curiositas, a
levitate lingusB loquacitas, a corpulentia terrœ crudelitas,
ab humorum superfluitate voluptas : curiositas in oculis
quia inde pullulât, loquacitas in lingua quia vox inde
sonat, crudelitas in manibus quia ibi régnât, voluptas in
lumbis quia ibi titillât. Ecce qualiter, ad similitudinem hu-
mani corporis, corpus peccati constat ex quatuor elementis.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 157
Similiter autem et feretrnm ejus quatuor habet pedes, vide-
licet animi humani aftisctiones, quse sunt quatuor : timor,
spes, dolor, gaudium : timor mali temporalis, spes boni
materiaUs, dolor adversitatis, gaudium prosperitatis ; timor
perdendi, spes acquirendi, dolor de perditis, gaudium de
acquisitis ; timor de futuro malo, spes de futuro bono, dolor
de praesenti adversitate, gaudium de instante prosperitate.
Unde philosophus :
Gaudia pelle,
Pelle timorem
Spemque fugato,
Nec dolor assit (1).
Ecce per ordinem quatuor pedes prsedicti feretri in quo
misère portatur miserum corpus peccati; quod quatuor
rustici deferunt ad hoc destinati, videlicet impulsio, attrac.
tio, deceptio, delectatio : impulsio comminationis, attractio
promissionis, deceptio ignorantiae, delectatio malitiae. Fit
autem comminatio per odiosa, promissio per gratiosa, igno-
rantia per errorem, malitia per saporem. Est enim impulsio
gravis, attractio suavis, deceptio occulta, delectatio mellita.
Ecce quatuor rustici nominibus propriis et descriptionibus
designati, portantes quatuor pedes prsedicti feretri, ex pro-
prietate sua singuli singulis adhibiti. Impulsio commina-
tionis defert timorem mali, attractio promissionis vehit
spem boni, deceptio ignorantise sustinet dolorem adversi-
tatis, delectatio malitiae gerit gaudium prosperitatis; de
mails enim est impulsio, de bonis attractio, in adversis est
deceptio, in prosperis delectatio. Ferunt autem in consilium
impiorum ; quod similiter in quatuor consistit, quse sunt
malitia, astutia, audacia, impudentia : malitia ad amandum,
astutia ad ordinandum, audacia ad peragendum malum,
imprudentia ad iterandum; malitia enim operatur délecta-
tionem, astutia dispositionem, audacia impletionem, impu-
dentia iterationem; primo enim concupiscimus, secundo
disponimus, tertio perficimus, quarto recidimus; concupis-
cimus enim ex malitia, disponimus ex astutia, perficimus
ex audacia, recidimus ex impudentia. Primum est in con-
(1) Boèce, ConsoL phiL lib. I, circa finem.
.1
158 SASC9CB1TS hATtSS
cefta, wBeMtmémm m eomatosu^ tertiiim in acta, quartum
ni wsmi c oo wBtM m fogitalkinf, censos in ddiberationey
Com anlMB jam scpdîeodos ita pcMtaretnr, accessit Jésus
et tctigit loculnoi. Qui tcto portabant steteront, et ait :
Tibi dico surge. Qfda igitnr ooniraria eoninuiis conveoiont,
soigit per concraiiom. Corpus enim jnsiilî» similiter per
eontrariam consisûl in qnatnor, qnae sont modestia, lacan-
dia, innoeenûa, eontinenlia. Oppcmontor enim firontibus
opposids modesôa et enriositas, lacnndia et loqnacitas,
ionoeentia et cradelitas, continentia et Yolnptas : modestia
in rebos, facandia in sennonibos, innocentîa in operibus,
oontinenda in voiaptatibns; modestia in rébus danmandis,
famndla in sermonibns divims^innooentia in opeiibas bones-
tis, continentia in voiaptatibns illicitis ; modestia nibil
ninûs desiderans. facandia bona tantnm pr^Bdicans, innocen-
tia a malo declinans, continentia libidinem refraenans.
Seqaitar in erangelio : Et sedit qui erat mortuiu. Hoc
enim eorpas jastitiae reportatar in qaadriga qaataor
rotaram, qaae sont timor servilis, spes salatis, dolor com-
patientîs, gaadiam triampbantis. Timor servilis initiam
sapientiae; spes proTehit, dolor perfidt, gaadiam castodit.
Timor créât timidam, spes recréât secanim, dolor adjuvat
proximam, gaadiam est apud semetipsam. Timet enim
qaia didtar : Magnus Beus et magna rirttis ejus (1).
Sperat qaia legitar : Confitemini Domino qtu>niam bonus
(2). Condolet proximo qaia praecipitor : Alter alterius
onera portate invicem (3). Gaadet qaia promittitur :
Vincenti dàbo edere de îigno vitœ (4).
Seqaitar : Et cœpit loqui. Reportant enim eum quatuor
principes, qui sunt pradentîa, temperantia, fortitudo, jus-
titia : prudentia astuti serpentis, temperantia columbse
simplicis, fortitudo iratî leocîs^ justitia regiae yolucris ; ser-
pens enim astuta, simplex columba, leo fortis, fera aquila
solem fert in rota ; prudentia in bonis agendis, temperantia
ne quid ûat nimis, fortitudo in adversis, justitia in pros-
péris. Prudentia cantat : S stote prudentes sicut serpentes
(!) Psalmus GXLYI, 5. (3) Bpist. Panli ad Gai., VI, 2.
(2) Psalm. GVI, 1. (4) àpoc. Il, 7.
DE LÀ BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 159
(1); et iterum : Timentibus Deum in yeritate nihil deest.
Temperantia cantat : In patientia vestra possidebis ani,
mas vesiras (2) ; et iterum : Sperate in Domino ; spes, non
confundit (S). Fortitudo cantat : Viriliter agite (i) et
iterum : Ëstote constantes ; videbitis auxilium. Justitia.
cantat : Justus Dominus justitias dilexit (5) ; et iterum
Gaudete in Domino (6).
Sequitur : Et dédit eum, matri suce, Reportatur autem
in consilium piorum ; quod per contrarium consistit in qua-
tuor, quae sunt innocentia, providentia, constantia, reve-
rentia; innocentia privât, providentia dotât, constantia
confirmât, reverentia exornat : privât fœtore, dotât odore,
confirmât honore, exornat décore : fœtore pravitatis, odore
bonitatis, honore venustatis, décore sanctitatis. Innocentia
mundat, providentia fundat, constantia sedificat, reverentia
consummat : mundat locum, fundat domum, sedificat mu-
nim, consummat tectum : locum aedificii, domum Domini,
murum templi, tectum tabernaculi. Sequitur : Et accepit
omnes timor et magnificabant Dominum^ dicentes qui
propheta magnus surrexit (7).
Ainsi Ton pouvait tirer de deux mots, de ces deux
seuls niots Defunctus efferebatur, toutes ces antithèses,
toutes ces pointes et, par surcroit, toutes ces leçons
de morale. Qui par avance l'aurait soupçonné ? Mais
Vart de l'écrivain, le voilà. Cet art, nous ne l'admirons
plus; mais on ne peut ne pas reconnaître que,
pour trouver et mettre en œuvre tant de subtilités de
cette sorte, il faut avoir beaucoup d'esprit naturel et,
de plus, avoir acquis beaucoup d'expérience litté-
raire. Si les contemporains de Gébouin ont fait,
(1) Evang, Matthœi, X, 16. (6) Epist, Pauli ad Philipp.
(2) Evang. Lucas, XXI, 19. IV, 4.
(3) Psalm.LXX, 1. (7) Ce texte est établi sur
(4) Deuter. XXI, 6. notre n» 14804 et sur les autres
(5) Psalm. X, 8. copies.
160 MANUSCRITS LATINS
comme nous Tavons dit, grand cas de lui, il ne faut
pas trop s'en étonner.
Qui prxibant increpabant eum.,. — Hœc ad litte-
.ram simpliciter intellecta simplices instruunL Autres
copies anonymes : n«» 3563 (fol. 84), 14925 (fol. 198).
Sous le nom de Gébouin : n«» 14937 (fol. 138) ; Maza-
rine, 982 (fol. 29).
Venient ad vos in vestimentis ovium,.. — Bœc sunt
salubria Salvatoris nostri vcrba^ hœc est pia cœlestis
magisiri doctrina. Autres copies anonymes : n®* 3563
(fol. 89), 3730 (fol. 244), 14925 (fol. 205). Sous le
nom de Gébouin : n^' 14937 (fol. 146) ; Mazarine,
982 (fol. 37).
Fol. 80. Et facium est dum irent leprosi... — Sunt
autem très principales leprx species. Autres copies
anonymes : n^» 3563 (fol. 87), 14925 (fol. 202). Avec
le nom de Gébouin : n*' 14937 (fol. 143); Mazarine,
982 (fol. 34).
Nolite conformari huic sœculo... — Ordine naturali,
fratres carissimiy apostolics vitia prius evellit et extir-
pât. Nous n'avons rencontré que des copies anonymes
de ce sermon : n°* 3563 (fol 87), 3570 (fol. 65), 3730
(fol. 252).
Du fol. 83 au 93, nous avons une suite de frag-
ments, quelquefois de simples phrases, dont il faut
bien qu'on nous pardonne de ne pas connaître tous
les auteurs. Nous indiquerons du moins ceux qui
nous sont connus.
Amice, commoda mihi; fragment d'un sermon de
Gébouin que nous avons mentionné plus haut. —
Tribus panibus ; de Hugues de Saint- Victor : MiscelL,
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 161
lib. V, lit XXVI. — Très sunt panes Salomonis; du
même, ibid.^ lib. IV, tit. lix. — Dispone domui tux;
du même, ibid.^ lib. lY, tit. lxxiv. Mais remarquons
que le texte imprimé n'est pas complet; il y manque,
en effet, tout ce que nous allons transcrire :
De duabus portis ait Sophonias : A prima porta erit
clamor, a secunda uîuîatus (1). Clamabunt impii cum sua
conscientia accusabit eos ; ululabunt cum audient verbum
asperum : Ite maledicti in ignem œternum (2). Sic ergo
janitor vigilet in domo vestra, fratres, ne, ancilla ostiaria
dormiente, feriatur a latronibus in inguine. Que vigilante,
dicamus dapifero tutius sedentes : Pone mensam, prsecinge
te, ministra mihi. Acceleret dolor; primo ponat panes, la-
crymas scilicet pro delictis : hic est panis quotidianus,
quem pro quotidianis excessibus sumebat qui dicebat :
Fuerunt mihi lacrymœ panes die ac nocte (3). Unde :
Cibabis nos pane lacrymarum (4). Post istos panes dicat
animus dolori : Puer, numquid pulmentarium non habes
(5) ? Non in solo pane vivit homo (6) . Tune apponat dolor
tria fercula : primo miseriarum nostrarum memoriam,
secundo recordationem et pœnitentise dilationem, tertio
difficultatem redeundi. Primum apponens dicat : Mémento
quia cinis est et in cinerem reverteris (7), et: Fili, mémo-
rare novissima tua et in œternum non peccabisi^), Secun-
dum afferens dicat : Heu tibi quia incolatus tuus proton'
g atus est ! Habitas ti cum habitantibus Cedar ; multum
incola fuit anima tua (9); et iterum : Super flumina Ba-
bylonis sedere debes dum recordaris Sion (10). Dansque ter-
tium clamet : Yixjustus salvabitur et tu impius ubi appa-
rebis (11) ? Quid faciès, virgula deserti, ubi concutietur cedrus
Libani ? Durus est iste dapifer ûdelis, de apotheca docti
{\) Sophonias, 1, 10. (7) Texte liturgique tiré de
(2) Evang, Matthaei, XXV, 41. Job, XXXIV, 15.
(3) Psalm, XLI, 4. (8) Ecclesiastic, VII, 40.
(4) Psalm, LXXIX, 6. (9) Psalm, CXIX, 5.
(5) Jîuanflr. Joann. XXI, 5. (10) Psalm. GXXVI, 1,
(6) Evang, Matthœi, IV, 4. (11) EpisL prima Pelri, IV, 18.
lU. 11
162 MANUSCRITS LATINS
medici ferens cibaria ; [cibus] asper, sed salutaris, amarus
in gustu, sed, cuin deglutitus fuerit, dulcorabitur saper mel
etfayum. Tali cibo refectl dicamus: Sitio, misce potum
quo exhilaretur faciès mea. Cibus confortavit cor meum ;
sicut scriptum est: Beati qui nunc fletis (1); et iterum :
Exultate, justi, in Domino (2). Tune acceleretgaudîum, tria
gênera propinans potuum : primum infasio gratise primœ,
scilicet operantis; secundum infusio subsequentis gratiae,
scilicet cooperantis ; tertium perse verantia finalis. Primum
apponens dicat : Signatum super et lumen vultus Domini ;
ideo dédit lœtitiam in corde tuo (3). Secundum apponens
dicat : Cantàbiles tibi sint justificationes Domini in loco
peregrinationis tuae (4). Tertium afferens, dicat : Habe
caritatem et fac quidquid vis ; omnia enim difûcilia facilia
sunt amanti. Hilaris pincer na iste et amplectandus ! Félix
hsec ebrietas quse sobrios reddit ! Suspectus est aureus calix
Babylonis. Accédât et cubicularius et dicat : Edisti satis
atque bibisti ; surge, veni, cuba, quiesce. Haec tria lectisterna
parât : carnis resurrectionem, sanctorum communionem,
vitam aeteraam. Carnis resurrectionem, dicens : Mortale
hoc induit immortalitatem et corruptibile hoc incorruptio-
nem. Sanctorum communionem. ... ^5) gaudium omnium
e|se singulorum : non minus gaudebit unus de bono alterius
quam de suo. Vitam seternam, inquiens : Ibunt hi in vitam
seternam. Audiendus est iste cubicularius qui stratum quod
versaverat homo in infirmitate sua iste ad ordinem conver-
tit. Félix dominus si in hune moduin domui suse disponat,
quia non morietur, sed vivet, exaudiens prophetam dicen-
tem : Dispone domui tuœ (6).
Il nous semble que les chanoines de Saint- Victor
ont fait tort à leur confrère en ne dounaut pas ce
complément de sa paraphrase sur le verset d'Isaie.
Quand on achève la lecture de ce qu'ils ont publié,
(1) Evang, Lucae, VI, p. 21. (4) Isaie, XXXVIII, 1.
(2) Psalm,XXX.ll, 1 (5) Psalm. IV, 7.
(3) Cette lacune existe dans le (6) Pja/m. GXVIII, 54.
manuscrit.
DE LÀ BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 163
on attend la suite d'un discours interrompu. Cette
suite abonde d'ailleurs en traits ingénieux. C'est
pourquoi nous n'avons pas cru devoir la laisser plus
longtemps dans les ténèbres.
Le fragment qui vient après, commençant par Très
legimus cœlestis verbi auditores, est encore de Hugues
de Saint-Victor : Miscell. lib. VI, tit. lvui. — Tria
suntvitia; du même : iWd., tit. lxxxiii. — Tria
soient in prœdicatore requiri ; du môme : ibid.,
t. Lxiv. — Très sunt piscinx ; du même : ibid., tit.
xciii. — Testimonia tua credibilia ; du même : ibid.^
lib. III, tit. XVII. — Prima hora qua, Dominics; du
même : ibid. lib. VU, tit. x-xiii II peut être utile
d'indiquer quelques copies ignorées de ces fragments,
si courts qu'ils soient, l'auteur ayant conservé juste-
ment un grand renom et l'édition de ses Œuvres
étant, on le sait, très imparfaite.
Ad me clamât ex Seir. . . — Seir qui ipse est Edom. Ce
fragment est composé de phrases empruntées à Ri-
chard de Saint- Victor. Ce sont des phrases dispersées
dans les quatre premiers chapitres de son traité De
verbo incarnato ; tome CXGVI de la Patrologie, col. 995
et suiv. — Expurgate vêtus fermentum ; distinctions
extraites des Declarationes du même; Pat rologie^ col.
257. — Animadverte quid sit inter pascha JudœO'-
rrnn. . .; du même, iMd., col. 263.
Les fragments que nous laissons anonymes, ne
sachant à qui les rapporter, appartiennent sans doute
à quelques chanoines de Saint- Victor dont les écrits
n'ont jamais été publiés.
Du fol. 93 au fol. 112, de la même main, une liasse
164 MANUSCRITS LATINS
de neuf sermons que nous croyons tous du même
auteur, l'Italien Prévostin, chancelier de Paris. Plu-
sieurs de ces sermons sont, en effet, sous son nom
dans un manuscrit de TÂrsenal qui mérite notre con-
fiance. Il est vrai que ce manuscrit ne nous en offre
que quatre sur neuf ; mais ils sont tous du même ton,
du même style, et d'un ton assez original, d'un style
qui ne Test guère moins.
On a peu copié les sermons de Prévostin, qui sont
tous restés inédits? Nous ignorons pourquoi. Il nous
semble qu'on aurait dû les estimer davantage. N'en
ayant ici qu^un recueil incomplet, nous les indique-
rons tous séparément; nous ne saurions autrement
signaler l'existence de ceux que nous n'avons ren-
contrés ni dans le manuscrit de l'Arsenal ni dans
aucun autre.
Super eœcelsa mea deducet me,,. — Ëxcekus ille
Victor qui vicit et alligavit fortem et diripuit vasa
ejus. Ce sermon est un de ceux dont nous ne connais-
sons pas une autre copie.
Fol. 95. Qu^ est ista quas progreditur. . , — Hodie^
viri fratres, impleta sunt plurima sanctarùm myste--
ria Scripturarum. Ce sermon est sous le nom du
chancelier Prévostin dans le n® 543 (fol. 229) de l'Ar-
senal.
Fol. 97. Beati pauperes spiritu... — Consummatio
abbreviata per quant inundavit justitia verbum abbre-
viatum fecit. Sous le nom du chancelier Prévostin :
Arsenal, n« 543 (fol. 230).
Fol. 98. Haec recordatus sum et effudi in me ani'-
mam,.. In voce exultationis... — Miser ego quia sœpe
DE LÀ BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 165
mentitus sum animx^ veram ei confessionem promit^
tens. Pas d'autre copie.
Fol. 100. Justus germinabit sicut lilium.,. — Beati
Maglorii magna gloria, viri fratres, paucis verbis des-
cribUur. Pas d'autre copie. Nous lisons dans ce ser-
mon Tanecdote suivante :
•
Quidam regularis canonicus multum afûixit se come-
dendo herbas crudas et legumina, cum alii fratres comede-*
rent bona cibaria. Factus est prsepositus, et, cum dapifer
apponeret ei solita cibaria, ipse dixit : « Da milii meliora,
quia tandiu feci vigiliam quod veni ad festum. b
Fol. 101. Nolite me vocare Noemi... — Noemi,
nobilis mulier Bethleemites, cum viro suo... Sous le
nom du chancelier Prévostin ; Arsenal, n* 543 (fol 225).
Prévostin était chancelier de Paris en Tannée 1210.
Ce n'est pas un orateur coûfposé, raffiné comme Gé-
bouin ; il vise moins à l'esprit et a plus d'entrain.
Gébouin prêchait suivant la mode de son temps.
Hais la mode est changée. Maintenant le sermon doit
être un vif réquisitoire. Si le prédicateur veut être
écouté, gu*il s'abstienne désormais d'enseigner une
morale abstraite ; ce qu'on attend de lui c'est un
enseignement pratique, et plus ses remontrances
seront véhémentes, plus on le trouvera, qu'il en soit
certain, éloquent.
Après avoir établi que la condition sociale des
clercs est bien supérieure à celle des laïques, l'ora-
teur dit aux clercs ces dures vérités :
Non attendimus quod, quando nobis ût tonsura clericalis,
exigitar a nobis ut dicamus : Dominus pars hsereditatis mese,
id est Dominus est portiomeahereditaria; quasi dicat : Eli-
166 MANUSCRITS LATINS
gant alii quidquid Yoluerunt, ego eligo Dominum in heredita-
tem. Sed nosinterpretamur ad commodum nostrum, dicentes :
«Prseterpatrimoniumnostrumet alia, habebimus Dominum
et ea qusB pertinent ad Dominum, scilicet décimas, primitias
et oblationes et amplas possessiones quas fidèles ecclesiis
pro remediis animarum suarum dederunt... > Quid dicamde
prselatis ecclesiarum, qui, similes Jéroboam, posuerunt
duos vitulos aureos, unum in Dan et alium in Bethel ?
Dan interpretatur judicium, Bethel domus Dei. Ipsi in ju-
dicio et in domo Del posuerunt duos vitulos aureos, qui non
judicant nisi pro muneribus, et praebendas quse pertinent
ad domum orationis non dant nisi pro muneribus. Quid
dicam cum ipsa missa in domo Domini pro muneribus can-
tetur ? Quid dicam de scolaribus, qui, cum deberent audire
sacram Scripturam, ad vana studium suum convertunt et
student in legibus et aliis facultatibus, cum potius deberent
in his qu8B pertinent ad animarum sediûcationem ? Non dico
quin in artibus studendum sit ad necessitatem... ; sed omne
studium eorum in vanitatibus est. Quid dicam de theologis,
quorum plures discunt ut scyint, quod est curiositas..., vel
ut vendant, quod est simoniaca pravitas, et, quod deterius
est, ut veniant ad magnos honores; non discunt ut sedifi-
centur, quod esset prudens humilitas, vel ut œdificent, quod
esset fratema caritas ? Quid dicam de scolaribus artium qui
nocte incedunt armati et frangunt domus muliercularum,
violentiam eis facientes, de quibus mèretriculae quotidie que-
rimoniam deponunt, alise quia ab eis verberatse sunt, alise
quia vestes earum laniatœ, alise quia crines earum amputati,
et alia plura in acrimoniam veniunt quse etiam dicere
verecundum est ?
Ce tableau de mœurs est d'un peintre dont le pin-
ceau ne manque certes pas de vigueur. On s'étom[ie
même un peu de voir un chancelier traiter si dure-
ment les évêques. Quant aux écoliers, c'est différent:
en leur reprochant leurs scandaleux désordres, il ne
faisait qu'exercer un droit et remplir un devoir.
Fol. 103. Fonnavit Dominus Deus hominem... —
DE LA BIfiUOTHÈQUE NATIONALE 167
Admiranda est, viri fratres, Dei sapientia qux in
fine mundi ea fecit qum in principio. Sous le nom
de PrévosLin : Arsenal, n® 543 (fol. 231).
Très différent du précédent, ce sermon est une so-
lennelle leçon de théologie. La circonstance comman-
dait sans doute au chancelier de parler sur ce ton. Il
pouvait, d'ailleurs, le faire aisément ; d'autres de
ses écrits nous attestent que c'était un théologien
expérimenté.
Fol. 106. Militia estvita hominis... — Dei sapien^
Ha, qiù3B hodie secundum camem in tempus est prx-
sentata nobis , B .
Nous n'avons pas à citer une autre copie de ce ser-
mon, dont l'objet est de recommander aux clercs
l'exacte observation de leurs devoirs professionnels.
L'orateur leur reproche ainsi de les négliger par
paresse :
Tertinm impedlmentum est acidia, id estfastidiumintemi
boni, quod bene dicitur acidia quasi acida, quia omnia bona
nostra nobis reddit acida et insipida. Hsec duo septena
habere dignoscitur, nam in surgendo est nobis somnolentia,
in eundo ad ecclesiam inertia, in oratione multitudo musca-
rum, in stando ad psalmodiam dolor tibiarum, in divino
officio murmuratio ; murmurationem sequitur exeundi oc-
casio; exitum sequitur excusatio. In surgendo est nobis som-
nolentia, non attendentes illud Salomonis dicentis adpigrum:
Paululum dormies, paululum . dormitabis^ paululum
conseres manus tuas, et veniet tibi quasi viator egestas
etpaupertas quasi vir armatus (1); id est seterna damna-
tio, fortis et improvisa, in qua nec gutta aquas linguam
divitis refrigerabit. In eundo ad ecclesiam est nobis inertia ;
inertia enim corporis inertiam dénotât mentis ; nec Pauium
(l) Prov, VI, 10.
168 MANUSCRITS LATINS
audimus dicentem : Sic currite ut comprehendatis (1). la
oratione est multitudo muscarum, multitudo inutilium co-
gitationum qusB perdunt suavitatem unguenti. HaB sunt aves
quas amovebat Abraham a sacrificio ; quas quia nuUo modo
aut nimis tenuiter abigimus, sacriûcium nostrsB orationis ab
eistotum devoratur. In stando ad psalmodiam est nobis
dolor tibiarum ; qui enim in videndo vel audiendo aliqua
inutilia quotidie stamus absque fatigatione, statiin cum ad
ecclesiam accedimus crura dolemus ac si de longo itinere
veniremus. Sed unde hoc, nisi quia sumus in terrenis fortes,
in cœlestibus débiles.... In toto divino offîcio est nobis mur-
muratio, ut vere de nobis dicat Salomon : Rota carri prœ-
cordiafatui (2); fœnum portât et semper murmurât. Mur-
murationem sequitur exeundi occasio, in qua mentitur ini-
quitas, sibidicens : c Rationàbile siiobsequiumvestrum (3) ;
Dominus a te non exigit nisi quod facere potes ; exi ergo ut
fortiter redeas ». Ëxitum sequitur excusatio, nam a prsBlato
nostro, si reprehendimur, ûngimus excusationis mendacium ;
vel forsitan injuriose dicimus ad faciem ejus : c Alligasonera
gravia et importabilia super humeros nostros ; digito autem
tuo non vis ea movere. »
Hoc vitium jure vocatur torpor artuuip, quia in omnibus
bonis nos torpidos facit, ut cum dicimus Benedicam Domi-
num in omni tempore (4)^ verius diceremus : c Benedicam
Dominum in omni torpore. »
La réprimande est évidemment faite à des chanoi-
nes séculiers. Or qui, prêchant devant un collège
de chanoines, se serait permis de les admonester de
telle sorte, si ce n'est un évèque ou un chancelier?
Fol. 108. Dolebat Joannes quia non inveniebat qui
aperiret librwn et solveret septem signacula ejus. Pas
d'autre copie.
A deux pages occupées par une glose imparfaite
(1) Epist, prima ad Gorinth., (3) £pis^. Pauli ad Rom., xii,i.
IX, 24. (4) Psalm. XXXIII, 2.
(2) Ecclesiastic, XXXIII, 5.
DE LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE 169
sur TËcclésiaslique succèdent, en grand nombre,
d'autres sermons anonymes.
Fol. 113. Vos estis genw electum... — Venerandi
patres et fratres et domini meij qui estis sacerdoies
Domini et ministri Dei nostri...
Prononcé, comme ces premiers mots l'indiquent,
en synode, ce sermon est long et, d'un bout à Tautre,
très soigneusement rédigé. Nous voudrions en con-
naître Tauteur.
Il nous faut simplement mentionner la plupart des
sermons qu*on lit ensuite. La plupart, en effet,
n'offrent rien dont Thislorien puisse faire quelque
profit, et Ton doit croire que les contemporains des
auteurs les ont jugés eux-mêmes sans intérêt, car
nous n'en avons pas rencon-tré jusqu'à ce jour
d'autres copies.
Fol. 116. Unxit te Deus in principem.., — Ut
verbis cujusdam sapientis utar, utinam essem tam
potens opère, . .
Fol. 121. Filii Israël in deserto cibo mannx alti
sunt donec langèrent terram Canaan. — Fratres dilec^
tissimiy beatus Augustinus, cujus hodie solemnitas. . .
Qui mihi ministrat me sequatur. — Hoc est verbum
Domini breviter ad ministros. Quelques phrases de ce
sermon indiquent qu'il est d'un séculier.
Fol. 122. Numquid cadet laqueus... — Ista sunt
verba Amos, Un autre exemplaire anonyme a été cité
sous le no 13577 (1).
Tous les sermons qui suivent, jusqu'au feuillet 140,
(1) Tome II, p. 257.
170 MANUSCRITS LATINS
semblent de même auteur, et cet auteur parait être
un régulier.
FoL 124. Valde conturbor, carissimiy quando vel
vobis vel coram vobis loqui compellor : nec enim a
parvo grandia...
Fol. 1 27. In memetipsum confundor^ simul et vobis
compatior, fratres carissimi, quia nec vestris auribus
dignum nec hodiemx solemnitati congnàum sermo»
nem,..
Fol 129. VulnerasU me in unooeulorum... — Ego
vir videns paupertat&m meam inter viros divitia-
rum. . .
Fol. 133. In omnibus requiem quxsivi... — Quoiies
de illa virgine virginum inxstimdbili^ de regina cœlo-
rum, de maire régis...
Fol. 136. Quœ est ista qux progreditur... — Quia
semel cœpi, loqiuir itemm ad dominos meos^ cum sim
vulvis respectu ipsorum.
Fol. 140. Levavi oculos meos ad montes... — Non
dormit qui oculos levât.
Ce sermon est de Pierre Le Mangeur. Beaugendre
Ta publié dans les Œuvres d'Hildebert, col. 600.
Nous l'avons cité sous le n* 2951 (1) et nous en avons
indiqué de nombreuses copies.
Fol. 141. Justus germinabit sicut lilium,,. — Justus
lilio comparatur ratione foliorum.
Après une colonne de phrases empruntées, comme
il semble, à des sermons divers, nous avons de nou-
veau des sermons entiers.
(1) Tome. I n. 159.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 171
Fol. 143. Quihabet sponsam spottsus... — Sacros
et solemnes in ecclesia convertit^ et amicus amplecti^
tur et inimicus abhorrct. D'autres copies anonymes
sont dans les n- 1252 (fol. 158), 3733 (fol. 42), 16463
(fol. 96) de la Bibliothèque nationale et 20 d'Évreux;
mais les n^* 14935 (fol. 1) de la Bibliothèque natio-
nale et 400 (fol. 1) de T Arsenal offrent le nom de
Tauteur, Etienne, abbé de Sainte-Geneviève, puis
évêque de Tournai. Ce sermon est, d'ailleurs, imprimé
dans Tédition des Œuvres d'Etienne, donnée par
Claude Du Molinet. Il y a d'assez notables différences,
surtout vers la fin, entre le texte de notre manuscrit
et celui de Timprimé.
Fol. 144. Excitatus est tanquam dormiens... —
OpiùS, fratres carissimiy supra vires aggredior. Fon^
tibus enim irriguis licet sitiens...
Fol. 145. Fecit Deus du,o luminaria, . . — Hortum
deliciarum^ fratres carissimi, in quo aromalum areolae
mirabilem spirant odorem. . .
Fol. i^l.Nolite accipereuxorem de génère Canaam.,.
— CujuSy adquemsint hœc verba, fratres carissimi,
liber Geneseos evidenter insinuât.
Fol. 148. Sancti Spiritus adsit nobis gratia. Ipso
siquidem inspirante^ primitias laboris mei vobis secun-
dario^ Domino principaliter offerre proposui.
Fol. 149. Egredietur virga de radice Jesse.,. — /Va-
tres meiy fidelis est Dominus in omnibus verbis suis.
Fol. 150. Toile arma tua... — Ista sunt verba patris
ad filium, Isaac ad Esau loquentis.
Veni^ mittarn te ut educas... — Non mea, sed Domini
verba vobis propono. Populus enim Israël in Egypte...
172
FoL 151. Dmn médium sUenOumteneretU... — Spi-
riius sandus, per quem nobis manifesianiur œnsilia
Dei^ hie aperte nobis insinuai . . .
FoL 152. Caniietuba in Sion... — Fratres mei^ fere
toio mentis vigare destUuor; née nûrumj quia ferliks
areolas.,.
Fol. 153. Haurietis aquas in gaudio... Fraires, imo
patres mei^ rationis vigor etsi non penitus extinctiAS,
maxime tamen débilitai us.
Fol. 154. Reddite qux suni Cxsaris Cxsari... —
Fratres, invidix livor superari potest, non acquiescen-
tem confutari.
Fol. 155. Appréhende arma et scuium... Fratres^
dedaratio sermanum ttéorum... — Dt igitur eorum
qux nuper sonuerunt in auribus vestris dedarettar irir
tdligentia...
Fol. 156. Veni in altitudinem maris.. ^ — Ordinem
doctrinx turbatum video ^ fratres carissimi ; residenti-
bus enim in spécula custodibus...
Il y a daas ce sermon d'âpres censures, et les
clercs n*y sont pas mieux traités que les laïques. Nous
en citons un passage :
De avaritia nubes magna est; haec est nebula totam terram
tegens et obumbrans. Yidetur ut de humano génère dici
possit : a planta pedis usquLe ad verticem (1) non est in eo
claritas. Planta pedis sabditisunt, qnos obnubUat avaritia
fœnoris et rapîna. Vertex capitis sunt prselati, quos obnu-
bilât iniquitas et simonia. Iniquum est enim munera acci-
pere super innocentem, pupillo non indicare causam,
tempore necessitatis viscera misericordise claudere, petenti-
(1) Job, II, 7.
_fc — t. — t.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 173
bus ad erogandum manus non porrigere, sed potius ad
retinendam colligere.
FolT 157. Sacerdotes tui induantur jiùstitiam. —
Nisi quia sic obtinet ecclesiw consuetudo^ super fluum^
imo valde prxsumptuosum... Un autre exemplaire de
ce sermon, est dans le n^ 3495 (fol. 9), sous le nom
abrégé de mag. H.
Fol. 160. Qui descendunt mare... — Dominimeiet
patreSy verbv/m Sapientis, imo verbum sapientix est :
Anima saturata .. Inde est quod ego... Autre copie
anonyme : n® 3495 (fol. 201).
Fol. 164. Fen/, sancte Spiritus ; reple itborum
corda. . . — Dum solemnitatis hodiernx prœrogativam
attendo, mérita loqui pertimesco. Autre copie ano-
nyme : n<^ 12420 (fol. 97).
Fol. 166. Misit Deus filium suum, factum ex mu-
liera.. . — Supemus ille mediaus qui^ sicut dicitJob^
increpat per dolorem in lectulo...
Fol. 168. Hœc est virgo sapiens, quoniam Dominus...
— Vbi de incomprehensïbili sabbato sanctorum agitur,
multum feriata mente opiùs est.
Du fol. 171 au fol. 326, d'autres sermons, ou pour
mieux dire, des paraphrases sur le Psautier que nous
avons déjà rencontrées, sans le nom de l'auteur, dans
les n"** 447 (1), 457 (2), et qui sont pareillement ano-
nymes dans le n^ 129 de Soissons. Mais nous avons dit
que, dans notre n« 2519 (fol. 37) et dans les n^' 1387,
1993 de Troyes, ces paraphrases sont attribuées à
(1) Tome I, p. 12.
(2) Ibid., p. 20.
174 MANUSCRITS LATINS
Jeaa Halgrin d'Abbeville, et qu'elles sont, en effet,
de ce fécond écrivain.
Du fol. 238 au fol. 243, des extraits de saint Gré-
goire et d'autres Pères sur la Genèse, TExode, les
Juges, les Psaumes, etc., etc.
Fol. 243. Sous ce titre Sententiœ qv^mmdam philo-
sophorum, quelques dits moraux, que suivent d'autres
extraits des Pères.
EnflUy du fol. 245 au dernier feuillet, du volume des
Concordances intitulées par Claude de Grandrue : Con-
cordantiœ et allegationes textuum sacrœ Scripturx de
diversis moralibus materiis, ad prœdicandum utiles.
Ces concordances n'ont aucun rapport avec celles
dont nous faisons habituellement usage, où les mots
de l'Écriture sont rangés suivant l'ordre alphabéti-
que, avec rindication des versets où ils se trouvent.
Nous avons ici, sous les noms des vices, des vertus,
les phrases des livres saints qui peuvent être citées,
soit pour condamner ces vices, soit pour recomman-
der ces vertus. Comme l'a reconnu Claude de Grand-
rue, Tobjet de cette compilation est de venir en aide
aux prédicateurs. Avaient-ils à parler contre l'orgueil,
on leur indiquait pour thème cette phrase de la
Genèse : Venite, faciamus nobis civitatem et turrim
contra Dominum ; contre l'ambition, cette phrase du
deuxième livre des Rois : Quis me constituât judicem
super terram ? Il était bon de leur rendre ce service ;
mais il faut reconnaître qu'ils en ont beaucoup
abusé.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 175
14807
Nous avoQS ici des pièces mêlées dont la première
a pour titre : Quxstiones super Epistolas Pauli et solu--
tiones earumdem. Ces Questions ont été publiées dans
les Œuvres de Hugues de Saint- Victor ; mais c est une
attribution qu'aucun manuscrit n'autorise et dont
plusieurs arguments démontrent la fausseté (1). Le
principal est qu'on y trouve cité maître Achard, qui ne
peut l'avoir été par Hugues, mort trente ans environ
avant lui. L'auteur est Gautier, le tumultueux prieur
de Saint-Victor, dont le nom se lit dans le n^ 181 de
Dijon. Hugues n'a pu dire : Quod a magistro Achardo
accepimus (2) ; mais Gautier doit avoir eu pour ipattre
cet illustre abbé. Hugues n'a pu reproduire et contre-
dire les opinions diverses sur la double nature du
Christ qui mirent tant de docteurs aux prises vers la
fin du xii^ siècle; mais Gautier, cet ardent querelleur,
n'a pu manquer d'intervenir dans un tel débat (3). Le
copiste du manuscrit de Dijon doit donc avoir été bien
informé. Faisons remarquer qu'il y a dans ce manus-
crit, en tête des Questions, un prologue que nous n'a-
vons pas ici.
A la suite, au fol. 99, d'autres Questions, dont la
fin manque, intitulées : Quœsiiones diligcnter pertrac-
tatœ a magistra. . , Le nom a été effacé. Mais ce nom
était certainement Achardo^ car, dans le n® 181 de
(1) Les Œuvres de Bug. de S.-V., p. 27 et siiiv.
(1) In prim. ad Gorintbios, qusest. XGXIII.
(2) In eplst. ad Romanos qusst. VII, IX.
176 MANUSCRITS LATINS
DijoD, tout à rheure cité, le titre, sans rature, est
QuœsHones diligenter periractatx a mag. Achardo, ab-
baie Sancti Victoris. Mais pourquoi ce nom d'Achard
a-t-il été supprimé dans notre manuscrit ? Parce
qu'on savait, à Saint-Yictor, qu'Achard n'avait pas
traité ces questions. Deux autres copies anonymes
des mêmes Quœstiones existent dans les volumes cotés
14868 et 17990 ; mais dans le n^ 3230 (fol. 18) elles
font partie d'une œuvre bien plus considérable, dont
l'auteur est nommé, non pas Acbard, mais Eudes de
Soissons, abbé d'Ourscamp, plus tard évéque de Fras-
cati. Nous avons plus d*une fois justifié cette attri-
bution ; qu'il nous suffise aujourd'hui de rappeler ce
qu'on peut lire à ce sujet dans le Journal des Savants;
1888f p. 360 et suiv. M. le cardinal Pitra a récemment
publié, d'après notre n'' 3230, la plus grande partie
de ces Questions : Analecta novissima Spicil. Solesm.;
ait. contin., t. II. Si le manuscrit que nous décrivons
présentement est loin de contenir tout ce que con-
tient ce n° 3230, et par conséquent, tout ce qu'on peut
lire dans l'édition de M. le cardinal Pitra, on y trouve
néanmoins plusieurs chapitres qui manquent dans
cette édition.
Au fol. 115 : Objectiones contra eos qui dicunt quod
Christus non est aliquid secundum quod est homo. On
connaît les docteurs qui disaient ou semblaient dire
cela ; c'étaient Àbélard, Gilbert de La Porrée et même
Pierre le Lombard. Quant aux Objections dont nous
avons ici le texte, elles ont été publiées dans les
Œuvres de Hugues de Saint- Victor (1) ; mais on a
(1) Patrologie, t. GLXXVII, c.295.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONAI^ 177
depuis longtemps reconnu quMl n'en est pas Tlauteur.
L'auteur véritable est-il, comme on Ta quelquefois sup-
posé, Jean de Gornouailles ? Gela, sans doute, est
plus vraisemblable. Cependant on a pu même citer
à Tappui de cette supposition le témoignage d'un seul
copiste, et, d'ailleurs, la langue de cet écrit ne parait
pas celle du xii' siècle (1). Confessons que l'auteur est
par nous ignoré. Un autre exemplaire anonyme des
mêmes Objections est dans le n** 14589 (fol. 191).
Au feuillet 125 : Soliloquia heati Isidori, episcopi
Palatinensis urbis. Urbs Palatinensis est Palencia; or
on ne compte aucun Isidore parmi les évéques de
cette ville, et, d'autre part, les Soliloques dont il s'agit
ici sont attribués par tous les bibliographes, anciens
et modernes, à saint Isidore de Séville. Il faut croire
néanmoins que ces mots episcopi Palatinensis urbis
ont été lus en d'autres manuscrits que le nôtre. Nous
les trouvons en effet reproduits dans une vieille édi-
tion des Soliloques que mentionne le Répertoire de
Hain, sous le n® 9293.
Au feuillet 155, sans titre, Vltinerariumi mentis ad
Deum de saint Bonaventure. Le nom de l'auteur est à
Vexplicit.
Au feuillet 175, sous le nom de saint Augustin, l'o-
puscule mystique, souvent copié, qui commence par
ces mots : Quoniam in medio laqueorum positi sumus^
facile a cœlesti desiderio refrigescimus. Il est encore
sous le nom de saint Augustin dans nos n^" 458
(fol. 37) et 1 5988 (fol. 302), ainsi dans les n°' 868 et 1 168
(1) Les Œuvres de Hug. de S.-VicL p. 192 et suiv.
in. 12
178 MANUSCRITS LATINS
de la Mazarine et 113 de Soissons. Mais on lit le nom
de saiat Anselme dans notre n® 10620 (fol. 171) et
dans le n"* 865 de la Mazarine, tandis que dans le nM 91
de Toulouse, ainsi dans le n® 333 (fol. 238) de nos Nou-
velles acquisitions, on lit celui de saint Bernard. Enfin
il a été publié sous le nom de Hugues de Saint- Victor,
comme étant le quatrième livre de son traité De
VAme; PatroL, t. GLXXVII, col. 171. Aucune ces at-
tributions n'est acceptable. Cet opuscule est un cen-
ton dans lequel on rencontre des phrases d'Augus-
tin, d'Anselme, de Bernard, de Hugues, assez
habilement accouplées les unes aux autres ; mais
Tauteur de cet accouplement ne s'est pas fait con-
naître (1).
Au feuillet 186, un traité sous ce titre : De conflictu
virtutum et vitiorum (autre que celui qu'on a publié
sous le nom de saint Augustin), à la fin duquel on
lit : Secundum beatum B. C'est à dire Bemardum,
écrit sans hésiter Claude de Grandrue. Nous croyons,
en effet, que ce B. désigne saint Bernard, notre traité
commençant par les premiers mots de la deuxième
des Paraboles imprimées dans ses GEuvres. Mais, s'il
commence par les premiers mots de cette parabole,
les deux textes ne sont pas lontemps conformes. On
va l'apprécier. Yoici notre début :
Inter Babylonem et Jérusalem nuUa pax est, sed guerra
continua. Habetunaquseque civitasregem suum. Rex Jéru-
salem Christus Dominas; rex Babylonis est diabolus, et,
cum alterum in justitia, alterum in malitia semper
regnare deleetet, rex Babylonis quos potest de civlbus
(l) Les Œuv. de Hug. de S.-Victor, p. 183.
I)E LA BIBIJOTHÈQUE NATIONALE 179
Jérusalem per ministros, spiritus immundos, seducere, ut
eos iniquitati ad iniquitatem servira faciat, in Babylonem
trahit, spiritualia nequitise suumque illum tumultuosum
vitlorum exercitum dirigens ex ad verso. Rex autem Jérusa-
lem Christus, cujus anirnam semper cura sollicitât anima-
rum, contra eum aciem producit virtutiim terribilem et ordi-
natam^ super muros Jérusalem spiritum misericordiaB consti-
tuens custodem et speculatorem, ut annuntiet sibi captam
prsedam duci in Babylonem et reducat ad se filium suum
hominem quem creavit, quamvis sibi rebellem et inobedien-
tem. Iste autem rex Jérusalem, rex, inquam, dives et potens,
imo Deus omnipotens, filium sibi fecit hominem quem creavit,
cui, siciit puero delicato, paedagogos delega vit legem et prophe-
tas ceterosque tutores et actores, usque ad prœiînitum tempus
consummationis ejuslnstruxit eum etmonuit, dominum con-
stituens eum paradisi, omnesque thesauros glorlae susb ei
ostendens et repromittens si se non desereret ; et, ne quid
deesset bonis ejus, etiam liliàram arbitrium induisit ut bonum
esset voluntarium, non coactum. Sed ipse, accepta licentia
boni et mali, cœpit eum tsedere bonorum suorum a conçu-
piscentia sciendi bonum et malum. Quem videns antiquus
prsedo lascivum puerum sine- custode, sine rectore, jam
egressum de paradiso bon» conscientise, nova quserentem
quse nesciebat, qui nuUa adhuc nisi bona novejrat, jam etiam
a domo patris vagantem, accessit ad eum...
Gomme on le voit, notre texte coomnence par les
premières phrases de la deuxième parabole ; nous en
avons ensuite plusieurs qui manquent dans la pre-
mière comme dans la deuxième, et à ces phrases suc-
cède un long passage de la première parabole, passage
dont l'ordonnance n'est pas même celle du texte im-
primé. C'est ainsi jusqu'à la fin.
Mabillon considère, dit-il, la première parabole
comme authentique ; mais les deux suivantes en sont,
ajoute-t-il, des pastiches. S* il était prouvé que notre
texte, où les trois paraboles sont réunies, est le plus
180 MANUSCRITS LATINS
ancien, cette supposition de deux pastiches devrait
être immédiatement écartée. Mais de cela nous n'avons
aucune preuve. Il est donc possible que la première
parabole ait, en effet, servi de matière aux deux
autres. Mais nous ne croyons pas fermement que cette
première parabole soit de saint Bernard. Elle existe,
en effet, sous son nom dans un assez grand nombre
de manuscrits ; mais on la trouve dans quelques autres,
notamment dans les n^ 6674 (fol. 8) et 15959
(fol. 523), sous le nom de Hugues de Saint- Victor, et
de cela nous pouvons conclure que, dès le xiii° siècle,
on ne savait plus guère quel en est l'auleur.
1486a
Toutes les pièces que renferme ce volume sont
anonymes. La première, qui s'étend jusqu'au feuil-
let 56, a pour titre : Allégorie veteris Testamenti. Ces
Allégories sont attribuées par divers copistes à Ri-
chard de Saint- Victor. Suivant d'autres, Hugues en
est l'auteur, et c'est sous son nom qu'elles ont été
publiées. Nous avons exposé les raisons qui nous
portent à considérer cette dernière attribution comme
la mieux fondée (1). L'œuvre est, d'ailleurs, très digne
de remarqué, et, si jamais on la réimprime sous le
nom de Tun ou celui de l'autre Victorin, on fera
sagement de recourir à notre texte, qui est générale-
ment bon, pour corriger celui des anciennes éditions,
où les fautes sont vraiment innombrables.
Au feuillet 56, Allegoriœ novi Testamenti. On n'a
(1) Les Œuvres de Hugues de Saint- Victor ^ p. 33-54.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 181
jamais douté que ces Allégories fussent du même
auteur que les précédentes. Elles ont été de même
plusieurs fois publiées sous le nom de Hugues. Ici
nous avons à louer les éditeurs, non pas, à la vérité,
d'avoir mis en circulation un texte plus correct, mais
d^avoir disposé dans un ordre meilleur les chapitres
dont ces Allégories se composent.
Au feuillet 83, après une glose morale sur un
verset de saint Luc, un sermon intitulé Sermo ad po-
pulum^ qui commence par ces mots : Juda, osculo
filium hominis tradis . . . — Dominics et Salvatornostery
cujiis actio nostra lectio^ cujus doctrina nostra est
instructio... N'ayant pas rencontré jusqu'à ce jour
un autre exemplaire de ce sermon, nous ne saurions
dire quel en est Fauteur. C'est probablement un
Viclorin. C'est peut-être, nous en doutons, Richard ;
mais nous tenons pour certain que ce n'est pas
Hugues. Nous refusons de mettre à son compte une
si longue paraphrase du même texte, où les mêmes
antithèses sont tant de fois reproduites presque dans
la même forme. Son style très personnel ne nous
parait avoir rien de commun avec ce verbiage pénible.
A la suite, au feuillet 87, un autre sermon dont
tels sont les premiers mots : Sedisti ad mensam di-
vitis, . . — Dei sapientia, qux attingita fine usque ad
finem fortiter in activis, . . Nous ne connaissons pas
non plus Tauteur de ce sermon dont nous avons cité
précédemment une autre copie sous le n° 13586, où
il est à la page 147 (1).
(1) Tome II, p. 310.
182 MANUSCRITS LATINS
A ce sermoa succèdent deux courts fragments, le
premier sur le sens des actes qui accompagnent la
prière et le second sur le sacre des rois de France.
Nous avons publié le second sous le n"* 13578 (1).
Du feuillet 91 au feuillet 99, sur deux colonnes,
nous avons une série de questions théologiques,
sommairement discutées, mais très fermement réso-
lues par un docteur qui ne doute de rien. Mais cela
n'en fait pas soupçonner l'auteur ; qui doutait alors,
en ces matières, de quelque chose ? Deux autres
copies anonymes de ces Quœstiones existent dans
nos volumes cotés 14807 et 17990 ; et nous avons
dit, sous le n® 14807, qu'elles sont d'Eudes de Sois-
sons, abbé d'Ourscamp, qui fut plus tard évêque
de Frascali.
Du feuillet 99 à la fin du volume, un traité sur Tin-
carnation commençant par : De verbi incarnatione
tractatun primo videamus quare solus filius sit incar-
nattis. Nous ne savons pas quel est l'auteur de ce
traité.
14869
Ce volume est un recueil de pièces très diverses.
Là première, intitulée Allegoriœ quinque librorum
Moysi, id est de veteri Testamento, sans nom d'auteur,
nous offre les treize premiers livres des Seconds ex-
traits, Posteriores excerptiones^ communément allrïbués
à Hugues de Saint- Victor. Comme nous venons de
le dire sous le n'' 14868, cette attribution a plus d*une
(1) /6W.,p. 272.
DS LA BIBUOTHÈQUB NATIONALE 183
fois été contestée, et les Victorins eux-mêmes ne
Pont pas toujours admise avec une égale confiance.
Quelques copistes et quelques bibliographes ayant
donné ces Extraits à un autre de leurs confrères,
Richard, dont la gloire ne les intéressait pas moins,
ils ont tour à tour publié sous ces deux noms, Hugues
et Richard, une partie détachée de Tensemble. Hugues
est, suivant nous, le véritable auteur. Nous croyons
même l'avoir démontré (1).
Au verso du fol. 38, deux courtes notes, l'une sur
la sadnte-ampoule conservée à Saint-Remi de Reims,
Tautre sur les mérites du jeûne, de la prière, de
Taumône. Ces deux notes terminent souvent dans les
manuscrits les ii/Z^S'ona^ sur l'Ancien Testament. Nous
avons publié la première, sous le n*^ 13578 (2) et
l'avons depuis mentionnée sous le n" 14868.
Du fol. 39 au fol. 50, Allegorix supra Evangelium.
C'est la seconde partie des Posteriores excerptiones,
imprimées dans le tome GLXXVI de la Patrologie^
col. 751. L'ordre suivant lequel sont rangés les
chapitres est, encore ici, tout autre dans le manuscrit
etdansrimprimé.
Au fol. 57, sans titre et sans nom d'auteur, un
traité commençant par : De sacramentis Ecclesiœ locu-
turiy prius ipsa sacramenta ponamus^ postea vero quid
significent, prout dederit Dominus^ exponamiùs. Nous
pouvons indiquer deux autres exemplaires de ce
traité qui sont pareillement anonymes : l'un dans
le n» 18096 (fol. 23) ; Tautre, à Florence, dans un
(t) Les Œuvres de Bug. de S.-Vict., p. 33 et suiv.
(2 Tome II, p. 310.
184 MANUSCRITS LATINS
volume décrit par Bandini (1). Mais le nom de Tau-
tour se lit ailleurs, notamment dans notre n"* 3876.
C'est Brunond'Âsti, évéquede Segoi.
Au fol. 62, sans tilre et sans nom d'auteur, un
opuscule commençant par : Quia quatuor elementis
subsistentes Dominum die et nocte offendimus, dignum
est ut quater in die et quater in nocte et hymnis et
psalmis et orationiims Dei omnipotentiam, antigiw-
rum exempla sequentes, placare studearmis. D'autres
exemplaires anonymes de cet opuscule sont dans les
n~ 17251, fol. 81, et 17990, fol. 76. Claude de Grand-
rue l'intitule : De horis canonicis.
Du fol. 65 au v*du fol. 73, deux pièces sur la même
matière, le sacrement de l'Eucharistie, qui sont réunies
dans la plupart des manuscrits comme dans le nôtre,
et se succèdent dans. le même ordre. La première est
une lettre anonyme dont voici les premiers mots :
Fratri in Christo carissimo illuminatos cordis oculos^ et
dont un autre exemplaire, pareillement anonyme,
existe dans le n® 388 de l'Arsenal, fol. 61. Quel en
est Tauteur ? Une note de Jean Picard, chanoine de
Saint- Victor, écrite sur la marge de notre volume,
rapporte que Thomas de Galles a plusieurs fois cité
cette lettre dans un de ses écrits contre Wiclef, l'at-
tribuant à saint Anselme, archevêque de Cantorbery.
Thomas de Galles en avait pu rencontrer des copies
sous ce nom ; en efifet Gerberon reconnaît qu'un vo-
lume, conservé, de son temps, dans une bibliothèque
d'Arras, la donnait à saint Anselme. Cependant cet
(1) Bandini, CataL bibl, Laur.j t. II, col. 56.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 185
éditeur scrupuleux n^a pas admis une attribution que
réfute clairement la seconde phrase du texte. Cette
phrase, la voici : Lsgo et relego, carissime^ opus ves-
trumDe Officiis muUumque me delectat ejuslectio^ tum
pro sut utilUaie tumpro auctorisdulciBsimamihi cari*
iate. Or les passages de cet écrit De Officiis^ que cite
et censure plus loin l'auteur de la lettre, appartien-
nent à un traité de Rupert, abbé de Tuy, composé,
croit-on, en 1111, mais tenu longtemps secret, et pour
la première fois mis au jour après Tannée 1126 (1).
La critique épistolaire n'est donc pas d'Anselme, mort
en 1109. Elle est, suivant plusieurs autres manuscrits,
de Guillaume, abbé de Saint Thierry, et sous son
nom Tissier Ta publiée dans le tome IV, p. 132, de
sa Bibliotheca Cisterciensis. Voir aussi PatrologiCj
t.GLXXX, col. 342.
Vient ensuite une courte lettre, qui précède, non
plus une dissertation critique, mais un traité dogma-
tique sur TEucharistie, que les mêmes éditeurs ont
pareillement publiée sous le nom de Fabbé Guillaume.
Notre manuscrit ne dit pas à qui cette lettre fut adres-
sée ; mais elle le fut, suivant le témoignage des ma-
nuscrits vus par Tissier, à saint Bernard. Elle ne peut
donc pas être d'Anselme^ le futur abbé de Clair vaux
ayant à peine dix-huit ans quand Anselme est mort.
Il est vrai qu'elle est sous le nom d'Anselme dans le
Q^ 1036 de la Mazarine ; mais c'est un manuscrit du
XV* siècle, qui n'a conséquemment aucune autorité.
Quant au traité lui-même, sans la lettre, le n" 863 de
(1) HUt. littér. delaFr.,X. XI, p. 546.
186 MANUSCRITS LATINS
Vienne en nomme Fauteur Honoré d'Autun, Honoré
d'Autun fut, il est vrai, contemporain de saint Ber-
nard; cependant ce n^est pas à lui qu*il convient
d^attribuer ce traité. Les trois pièces sont inséparable-
ment unies par cette phrase de Tépitre à saint Ber-
nard : Cum nuper, te ita exigente, cuidam fratri bre-
viter de sacramentis scripsùsem^ et sont toutes les
trois de Guillaume, abbé de Saint-Thierry. Nous pou-
vons en indiquer d'autres copies anonymes dans
les n®* 2155 de la Bibliothèque nationale, 1034 de la
Mazarine, 63 et 64 de Douai.
Au fol. 73, V*, une. autre lettre anonyme touchant
rinterdiction du mariage entre les consanguins. Ail-
leurs, notamment dans le n^ 388 de l'Arsenal, fol. 72,
cette lettre se rencoqlre aussi sans le nom de Tauteur.
Mais on cite plusieurs manuscrits qui l'attribuent à
saint Anselme de Gantorbery. On les a toutefois tardi-
vement remarqués, puisqu'elle manque dans les an-
ciennes éditions de ses Œuvres. Publiée pour la pre-
mière fois dans celle de Gologne, elle a été reproduite
dans le tome GLVUI de la Patrologiey p. 557.
Au fol. 74, une pièce sans nom d'auteur, sous ce
titre : De missa ; qua hora debeat celebrari. Les pre-
miers mots du texte sont : Missa, juxia sanctorum ins-
iituta Patrum, hora tertia celebranda est. G'est donc
la messe que cette pièce a pour objet principal ; ce-
pendant il y est encore fait mention d'autres céré-
monies. L'auteur est Eudes de Soissons, abbé d'Ours-
camp. Nous avons ici un fragment de ses Questions
récemment publiées par M. le cardinal Pitra.
Au fol. 78, verso : Epistola a S. Remigio, AUissio-
DE LÀ BIBUOTHÈQUE NATIONALE 187
dorensi episcapOf traditaet sanctorum Patrwin senten^
iils et auctoritate confirmata . C'est encore de la messe
qu'il s'agit dans cette lettre, qui commence par Cele^
braiio mis$x in commemorationem passionis Chrisii
peragitur. Ainsi qu'on vient de le voir, notre manus-
crit la donne à saint Rémi d'Auxerre, à qui certaine-
ment elle appartient, quoiqu'on Tait mise au compte
d'autres théologiens, plus anciens et plus modernes.
Nous avons apprécié la valeur de ces attributions sous
le n» 12312 (1).
Du fol. 86 au fol. 94, traité De saerumento pceni-
tentiœ^ commençant par : Sacramt^ntum pœniieniix
redeunlibus ad Dominum semper est necessarium.
Nous avons déjà rencontré, sous le n^* 13442 (2), un
exemplaire anonyme de ce traité.
Du fol. 95 au fol. 112, Eœcerpta canonum, qux
quasUhet ex his utilissima suggerunt per compendium.
De quelle collection sont tirés ces Extraits ? Gela
n'est pas facile à découvrir. Le premier, emprunté au
livre 1, art. 91, de cette collection, commence par :
Episcopus in synodo residens, post allocutionem coU"
gruam, septem ex plèbe ipsius parochiœ. . .
Au folio i 12, Salubre antidotum animabus^ com-
mençant par : Institutio illa^ quas fiebat in diebus pa-
trum nostrorum, rectas vias mmquani deseruit. C'est
le premier chapitre des Canones de remediis peccaio-
rum publiés dans la Patrologie^ t. LXXXIX, col. 443,
sous le nom d'Egbert, archevêque d' Yorck. Nous en
pouvons citer d'autres exemplaires anonymes dans le
(1) Tome II, p. 59.
(2) Tome II, p. 188.
188 MANUSCRITS LATINS
n* 14993 (fol. 8) de la Bibliothèque nationale et 216
du Mont-Cassin ; mais le nom de Tauteur se lit dans
les n°' 485 et 554 de la bibliothèque Palatine, ainsi
que dans le n® 69 de Verdun, volumes du ix* et du
X* siècles, dignes de toute confiance. Cette attribution
n'est pas, d'ailleurs, contestée* De nombreuses diffé-
rences sont à signaler entre le texte de notre manus-
crit et celui de la Patrologie, qui est très défec-
tueux .
Au V® du fol. 112, une prière, Oratio sacerdotis ad
pœniientiam venietitibns dicenda, que suit un formu-
laire à r usage des confesseurs. Les premiers mots de
ce formulaire sont : Credis in Dominum Patrem et
Filium et Spiritum Sanctum ? Credis quod istœ très
personx unus Deus sit ? — fl. Credo, L'auteur de ce for-
mulaire est inconnu. Nous savons, du moins, que la
prière n'est pas inédite. Ganisius l'ayant pour la pre-
mière- fois publiée dans ses Antiques lecHones, t. V,
p. 285, après le Pénitentiel d'Halitgaire, elle a depuis
été remise sous la presse à la suite du même Péniten-
tiel. Voir Hist. litt. de la Fr., t. IV, p. 507.
Au fol. i20, Ew Pœnitentiali Theodori. Ce sont les
soixante chapitres des Capitula Theodori qu'on peut
lire au tome XGIX de la Patrologie, col. 935-952.
Du fol. 126 à la fin du volume, la longue paraphrase
du Psaume 118 que nous avons déjà rencontrée sous
le n® 14427 (1). Elle est ici, comme dans ce n® 14427,
sans le nom de l'auteur, qui, nous l'avons dit, est le
Cistercien Jean de Limoges.
(1) Ci-dessus, p. il.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 189
14877
Ce volume est un mélange de pièces de diverses
mains et qui n'offrent pas toutes, il s'en faut bien, le
même intérêt.
La première, intitulée Lavdes Virginis matriSy est
anonyme ; mais le bibliothécaire de Saint- Victor,
Claude de Grandrue, a facilement reconnu qu'elle est
de saint Bernard. Ce sont les quatre homélies dont la
préface commence par : Scribere me aliquid devotio
jibbet eiprohibet occupatio.
L'opuscule suivant, De gradibus humilitatis et sU'
perbiœ, est pareillement anonyme et l'auteur est en-
core saint Bernard. 11 suffit de mentionner des écrits
si justement célèbres. Sur le dernier nous faisons
simplement remarquer qu'il est, dans notre manuscrit,
à l'adresse d'un frère Gilduin, tandis que, dans
l'édition de Mabillon, ce religieux est nommé Go-
defroy .
Vient ensuite la lettre du même Bernard à Guil-
laume, abbé de Saint-Thierry, commençant par : Usque
modo si quid me scriptitare jussistis. Cette lettre a,
dans l'édition, une préface qui manque ici.
Au folio 83, une simple page de pensées, non moins
puériles que pieuses, exprimées dans une langue peu
littéraire, où des mots français s'entre-croisent avec
des mots latins. Si cette page, qui parait être du
XV® siècle, n'est pas autographe, l'auteur et son copiste
ont dû vivre dans le même temps. Personne n'aurait
190 MANUSCRITS LATINS
avant la fin du xnr siècle dlscoura sur ce ton en par-
lant de Jésus :
Secundo quaeritur si sit monachus albus vel niger? Res-
pondetur : niger, quia camem mortalem accepit et factus
est in simili nostrse eamis, postea nostri habitum habens
mœroris dum vizit, habens partim similitudinem, non rem.
Unde ait : Nigra sum, sed formosa ; in pœna mœroris, sine
culpa. Tertio : de quo ordine ? Respondetur : de ordine bene-
dicto Benedicti, nam Benedicta mater in mulieribus, Bene-
dictus fructus/ Benedicta terra, Ecce odor filii mei sicut odor
agri pleni, Oui benedixit Deus inter benedictos benedicetur.
Quarto : de qua abbatia ? De abbatia franchisise Francorum;
factus sub lege ut eos qui sub lege erant redimeret, ut
adoptionem filiorum reciperemus. Sic jam non sumus
ancillaefilu, sedliberaB; qua libertate Giîristus nos libe-
ravit. Hsec vero situata est abbatia ad duas leucas de Pari-
sius, id est de Paradiso...
Yoilà des efforts d'esprit bien malheureux. Il faut
reconnaître que la littérature religieuse n'avait pas
fait de progrès depuis saint Bernard.
Du feuillet 84 au feuillet 122, un comput anonyme
et incomplet. C'est le comput de Jean Holywood, que
Mélanclhon a publié le premier, en 1538, sous ce
titre : De anni ratione. Il y a, dans notre manuscrit,
des notes marginales qui ne sont pas toutes de la
même main. Nous lisons dans ces notes, au revers
du feuillet 106, que les Français ne se résignent pas
volontiers à jeûner et se tiennent pour très satisfaits
quand TÉglise les en dispense.
Suivent deux fragments de manuscrits lacérés,
dont récriture paraît être du xii* siècle. Le premier,
de quatre pages, a pour objet de recommander quel-
ques prescriptions de discipline ascétique. Le second,
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 191
•
un peu plus étendu, est un glossaire étymologique,
où sont d'abord expliqués les noms des mois de Tan-
née, puis ceux des jours delà semaine, enfin ceux des
saints et des saintes qui sont portés au calendrier. La
série des saints commence par Barbantianus, Concor-
dius^ Macarius, et finit ipdLvMarUm^, Mennus^ Brixius;
elle s'arrête donc vers la fin de novembre. On soup*
çonne ce que valent la plupart des étymologies. Il
n'est pas même vraisemblable * que Fauteur les ait
toutes prises au sérieux. Quoique son glossaire manque
d'intérêt, nous voudrions pouvoir dire quel est cet
auteur ; mais il nous est inconnu.
Sur le feuillet 130, un inventaire après décès, écrit
au XV* siècle. Voici cet inventaire :
Primo, in vestibus, unum inantellum de nigro viridi.
Item, unam tunicam, foderatam de grisiis.
Item, unam aliam tunicam, dupplatam de boacaciorubeo.
Item, duo epitogia, cum capuciis ejusdem panni, quorum
unum cum suo capucio dupplatum est de cendalo rubeo et
aliud cum suo capucio de blaveo est dupplatum.
Item, brevem tunicam de griso nigro, dupplatam de eodem
panno, praeterquam in manicis.
Item, unum gipponem et unum pellitionem longum, de
pelle angnina foderatum.
Item, tria paria linteaminum et unum sine compare.
Item, unam cooperturam lecti, parvi valoris.
Item, unum almucium et unum pileum breuzium.
Item, unam mapam et unam tongilam.
Item, in libris, habet unum breviarum et ung estuy sibi
appropriatum.
Item, unamBibliam.
Item, epistolas SenecaB primas et de Clementia ad Neronem
et de Remediis fortuitorum, cum tabula in eodem volumine.
Item, unum librum sermonum, cujus secundum folium
incipit Co^rifa* et ultimum Non consummantur .
192 MANUSCBITS LATINS ,
•
Item, librum, qui dicitur Flos evangeliorum, metriûcatum,
qui fuit quondam Pétri de Gandia.
Item, librum sermonum ligatum asseribos, cujus primus
sermo Elegit David et ultimus incipit Visitatio tua.
Nous n'avons pas besoin de faire remarquer que cet
inventaire ne peut avoir été dressé après la mort d'un
moine, un moine n'ayant pas une garde-robe ainsi
garnie, et, d'ailleurs, ne possédant rien en propre.
Mais, d'autre part, le défunt n'était pas non plus,
comme il semble, un clerc séculier, jouissant d'une
prébende quelconque; tout dignitaire de TEglise était,
au XV* siècle, mieux pourvu de draps, de serviettes,
et Tunique couverture de son lit n'était pas un objet
sans valeur. Notons, en outre, que le défunt n'avait
en sa possession que des vêtements et des livres ; ce
qui donne lieu de croire qu'il habitait un lieu garni
de meubles dont il n'avait que l'usage. Nous suppo-
sons donc qu'il était chanoine régulier, chanoine de
Saint- Victor. Et n'omettons pas de signaler, parmi
ses livres, ce Flos evangeliorum dont Pierre de Candie,
c'est-à-dire le pape Alexandre V, avait été jadis le
possesseur. Nous avons sous ce titre, dans le n** 3804,
un recueil d'homélies ; mais nous ne connaissons au-
cun poème ainsi intitulé. Serait-ce celui de Ju-
vencus ?
Claude de Grandrue mentionne ainsi la pièce sui-
vante : De casibus reservatis et eorum dispensationibus
tempore papse Nicolai IV. Ce titre n'est pas tout à fait
exact. Tous les premiers articles de la pièce sont, en
effet, de Tannée 1290; mais le dernier est une conces-
sion octroyée par le pape Jean XXII.
• DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 193
Au revers du feuillet 135 se lit une note,
dont il peut être utile de reproduire le dernier
alinéa :
Libra turonenRium parvorum, prout ponitur in bullis im-
petrantium, advaluata fuit tempore Pétri de Luna ad
20 grana monetœ tune temporis currentis in curia Romana
et civitate Avenionensi; et inde reperitur clausa scripta in
libris sive regestris constitutionum camer» apostolicœ.
Guillelmus Euvrie.
Sur le signataire de cette note, Guillaume Euvrie,
qui fut nommé clerc notaire du roi le 2 août 1428, on
peut consulter le Cabinet des Manuscrits de notre con-
frère M. Delisle, t. I, p. 538 et 539.
Nous avons ensuite une élégie funèbre, avec une
épitaphe en Thonneur de Jacques de Noyan, recteur
de rUniversité de Paris en 1401, qui mourut à Bolo-
gne en 1410. L'auteur de l'élégie est Nicolas de Cla-
menges, et elle est imprimée dans ses Œuvres^ à la
page 200 de l'édition de 1613. On en peut lire aussi
quelques vers dans V Histoire du collège de Navarre^
par Jean de Launoy : /. Launoii Opera^ t. IV, p. 704.
Jacques de Noyan a-t-il eu toutes les connaissances,
toutes les vertus, tous les mérites qui lui sont attri-
bués par son ami Nicolas de Glamenges ? 11 est certai-
nement permis d'en douter. L'amitié doit avoir em-
belli le portrait. Mais elle n'a pu faire un poète d'un
théologien à bon droit estimé ; les vers de cette élégie
doivent être, en effet, comptés parmi les plus mauvais
que nous ait transmis le xv* siècle. Quant à l'épitapbe,
nous la donnons ici, parce que le texte n*en est
m. 13
194 MANUSCRITS LATINS
pas tout à fait conforme à celui qu*a publié Du Bou-
lay (1) :
Gallia me genuit, docuit Parisina tellus;
Bononis ossa tenet, spiritus astra petat !
Du feuillet 138 au feuillet 146, un recueil d'étymo-
logies. Il ne faut pas croire que le goût des étymolo-
gies soit récent; il n'a jamais été plus vif qu'au moyen
âge. Certainement il n'a jamais troublé tant de cer-
velles qu'en ce temps-là. Si l'on en doute, que l'on
prenne la peine de lire cette digression sur les mots
latins dérivés des mots grecs eTSo; et tScop :
Ydos graece idem est quod forma latine, et inde aliud grae-
cum, scilicet ydor, quod est aqua, quia in aqua apparat
forma uniuscujusque propter ejusclaritatem. Abydor, quod
est aqua, dicitur per compositionem ydromel, et est aqua
mellita, gallice miesée. Item ab ydor, quod est aqua, dicitur
ydrus, serpens aquaticus, et ydra, serpente. Item ab ydor
dicitur ydrena, nae, gallice goutiere. Item ab ydor, quod est
aqua, dicitur celidra, quasi gelidra, et ibi transmutatur g
in c, et dicitur e ge, quod est terra, et ydor, quod est aqua,
et est serpens aliquando habitans in terris et aliquando in
aquis ; etprseterea ab ydor, quod est aqua, dicitur ydria, drias,
oUa aquosa. Item ab ydor dicitur ydraula, lae, gallice flauste,
eo quod, cum raucafuerit, sonum suum récupérât per aquam.
Item ad ydor dicitur ydropicus, ca, cum, et interpretatur ava-
rus, qui, quanto plus bibit, tant o plus sitit. Item ab ydor,quod
est aqua, et pisis, quod est humor, per compositionem dicitur
ydropisis, et est morbus iutercutaneus. Item ab ydos, quod
est forma, dicitur ydea, deae, et est forma intelligibilis
existens in mente artificis; unde in quibusdam versibus
antiquis efficiens causa Deus est formalis ydea, iin alis boni-
tas materialis yle. Item ab ydos derivatur Alcides, et es*
nomen proprium et imo appellativum, et dicitur ab alcon,
quod est fortis, et ydos, quod est forma, quasi virtuosus et
(1) Hist, Univ, Paris,, t. V, p. 884.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 195
formosus ; virtuosus quantum ad animam, formosus quan-
tum ad dispositionem corporis, et omnes homines ita dis-
positi hoc nomine possunt appellari. Item ab ydos, quod
est forma, et sto, stas, dicitur stolidus, da, dum, quasi stans
yda. Item ab ydos derivatur ydoleum, et est idem quod
falsus Deusy sicut Maia vel Jupiter, et dicitur ab ydos,
quod est forma, et dolus, 11, quasi forma dolosi, et componi-
tur hic et hsec ydolatra, et dicitur ab ydolum, li, et latron,
quod est cultura, et est ille qui colit idola, et Inde dicitur
ydolatria, trias, et est cultura ydolorum. Item ab ydolum, li,
dicitur ydolatitum, et est offertorium quod iUis ydolis con-
fertur, sicut denarii et hujusmodi. Unde beatus Paulus :
Non licet nobis uti ydolatitis. Item ab y [dos] dicitur isope-
rimeter, tra, trum, quasi ydoperimeter, et transmutatur
ibi d in «, et dicitur ab y [dos], quod est forma, et péri,
quod est circus, et métros, mensura, quasi corpus formatum
circulare et rotundum. Item ab ydos, quod est forma, et
poio, pois, derivatur Poidomus (1) et transformatur in lin-
guam latinam et fit Poidonius deus, scilicet Neptunus poiens
formas...
Un professeur qui lisait ces choses-là devant ses
élèves leur donnait, on en conviendra, d'étranges
leçons. Peu versé dans les étymologies grecques,
était-il, du moins, plus habile à trouver les racines
latines des mots latins ? On va en juger :
Hoc verbum mollio, lis, verbum latinum est etinde multu
veniunt. Ab hoc verbo mollio, lis, dicitur hic milvius, vii,
qui alio nomine dicitur mil vus, scilicet per syncopam, et
dicitur de mollio quia moUiter volât. Et a mollio dicitur
hic mulus, li mulet, et hsec mula, mule, eo quod molliter
incedit, et a mulo dicitur mulio, dux mulorum. Versus :
Mulio mulorum, etc. ;
et a verbo mollio, lis, dicitur mus, ris, quia mollis est, et de
(1) Nous n'avons pas besoin de faire remarquer que Poidomus est
ici pour IloaetScov.
196 MANUSCRITS LATINS
mus dicitur mucipula, le seurisiere, de mus et de capio, et
de decipio decipula, le piège. Versus :
MucipulsB murium, sint decipula luporum.
Item a mollio, lis, dicitur molo, lis, quod habet plures sen-
sus. Versus :
Qui molit hic acuit et qui molit atterit ille ;
Et quicumque coil cuin muliere molit ; (1)
id est futuit; et a molo dicitur hic molinus, moulins.
Versus :
Nescit vicinus et cet. ;
Et a molo dicitur hoc molendinum et molendinarius, corn-
manier s ^ et molendinaria et emolumenlum, lucrum molen-
dini ; et de molo, lis, hœc mola; duos sensus habet. Versus :
Est sacriflcium mola, sit pariter tibi saxum.
Item [a] mola fumi, quod est sacrificium, componitur
immolo, las, idem quodsacrifico, cas. Unde in Theodolo :
Immolât ante Deum Ghaym;
id est sacrificat. Item ab hoc verbo immolo, las, dicitur haec
immolatio, tionis, sacrefiemens, et immolacium, cil, locus
in quo fiunt sacriûcia^ et sua formantur participia^ ut immo-
lans, immolaturus; et iterum ab[hocYerbomollio,lis^ dici-
tur hic et haec mollis et hoc molle, et potest substantivari
dicendo haec mollis, quidam piscis, moulle gallice ; et insuper
potest substantivari dicendo hoc molle, moulgle ; quia molle
est; et a mollio, lis, dicitur haec musca, cae, quia mollis est, et
de musca muscosus, sa, sum, adjectivum est; undevidentur
in aestate canes muscosi ; et a mollio, lis, dicitur hoc mus-
éum, ci, mousse, quia molle et multum valet ad culum ter-
gendum, et a muscum,ci, dicitur haec muscus, ci, arbor quse-
dam quae fert nuces muscatas ; et a muscum, ci, mousse,
(1) Ces deux vers se lisent ainsi, au fol. 36 du n. 8427, dans une
glose sur le Grécisme :
Qui molit hic acuit et qui molit atterit ille ;
Et quicumque molit cum muliere coït.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 197
dicitur hicmuscor, ris, moisisseur de pain; muscor pertinet
ad panem ; et acor, ris, fœtor pravi vini et rancor fœtor
pravsB Garnis. Unde Primas :
Hœc caro rancorem mihi praestat, potus acoreoif
Muscorem panis; sit mantos (1) talis inanis;
id est vana. Ita assignatur differentia [inter] illos fœtores.
Polypus, pi, média correpta, est fœtor naris, et dicitur a
porus, ri, et sunt pori foramina quae emittunt fœtorem. Item
polypus, média producta, idem est quod piscis et dicitur a
polis, quod est pluralitas, et pos, quod est pes, quasi iiabens
plures pedes; et a polis dicitur poplex, cis, gares, quia
habet plures plicas.Item de fœtoribus repetamus pedor, ris,
fœtor pedum. Unde versus :
Sit pedor inde pedum, fœtor totidem tibi rerum,
Spirantisque bene sit odor nidorque coquin».
Est polypus naris, obsède dicitur oris.
Polypus est piscis, polypus fœdatio naris.
Voilà certes plus d^une preuve de crasse ignorance.
Quelle leçon ! Et l'ignorance n'est pas seule ici ré-
préhensible. Il y a, dans ce morceau, des phrases
d'une grossièreté révoltante. Mais telles étaient les
mœurs que ces phrases, cyniquement dites par un
maître sans pudeur, ont dû plutôt, croyons-nous,
faire sourire que rougir ses écoliers sans discipline.
 la suite, le traité De utensilibus, dont Tauteur, fic-
tif ou véritable, est dit Adam du Petit- Pont, traité
qu'accompagne une glose assez étendue. Un certain
maitre Anselme aurait souvent fait à maître Adam le
reproche d'employer des termes impropres dans ses
lettres. Pour lui montrer que les termes propres ne
lui sont pas inconnus, Adam suppose qu'ayant quitté
(1) Nous ne comprenons pas ce mot manios^ et nous ne pouvons
lire autre chose dans notre manuscrit.
198 MANUSCRITS LATINS
la France pour retourner en Angleterre, sa patrie, il
y revoit ses champs, sa maison et bien d'autres choses
encore, qu'il décrit minutieusement. Cette descrip-
tion est un assez riche vocabulaire, et, ce vocabu-
laire étant devenu classique, les professeurs Tont
commenté.
Il en existe une édition donnée par M. Scheler,
d'après un manuscrit de Bruges, dans sa Lexicogra-
phie latine du Xir et du XIIP siècle. Mais ce n'est pas,
M. Scheler le reconnaît, une édition satisfaisante, le
manuscrit de Bruges étant très défectueux. Le nôtre
n'est pas non plus irréprochable ; il est toutefois beau*
coup meilleur que celui dont H. Scheler a fait usage.
Mais, pour corriger celui de Bruges et le nôtre, nous
en avons deux autres : l'un, incomplet, que possédaient
jadis les chanoines de Saint-Victor et que conserve
aujourd'hui, sous le n<* 3807, la bibliothèque de l'Ar-
senal ; l'autre, d'une écriture anglaise, qui se trouve
à la bibliothèque de Cambridge sous le n*^ 136 du
fonds Caio-Gonville, et dont nous devons l'obligeante
communication aux savants administrateurs de cette
riche bibliothèque.
Des gloses diverses accompagnent le texte dans les
quatre manuscrits. Mais les gloses de Cambridge et
de Bruges difiFèrent beaucoup de celles que nous avons
ici, lesquelles se ressemblent beaucoup. Nous tenons,
en effet, pour certain que celles-ci ont été faites l'une
sur Vautre, ou qu'elles l'ont été Tune et l'autre sur
un original très librement pillé. Voici d'abord les deux
premiers chapitres de notre texte et de notre glose,
avec quelques changements autorisés par les manus-
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 199
crits de l'Arsenal et de Cambridge. On sera peut-être
surpris de lire la glose avant le texte ; mais tel est
Tordre observé dans notre manuscrit. Nous citons :
Materîa hujus libri sant nomina utensilium. Intentio
actoris est colligere nomina utensilium sub compendio et
rerum usitatissimarum quaB multîs ineruditis erant ignota.
Causa suscepti operis est petitio magistri Anselmi, qui arti-
ficem hujus libri, scilicet magistrum Adam Parvipontanum,
pro levitate epistolarum suarum saepe et multum redarguit.
Unde, ut eidem Anselme satisfaceret et aliorum instructioni,
hoc opusculum, quod orationem vocat, composuit. Utilitas
est nominum et rerum cognitio et partium expositio. Ti-
tulus est hic : Incipit oratio magistri Adœ Parvipontani
de Utensilibis ad domum regendam, ad Anselmum (1),
socium suum, Unde versus :
Est mea materies agros cum specto per omnes ;
Ac inventa domus mea sunt farrago libelli.
Incipit ergo sic : haec Phala, tor de fust, a phalon, quod
est lignum; vel dicitur phala a phalando, et est summitas
cœli. Inde phalanx, gis, est oaterva cœlestis. Item, a phala,
quod est lignum, dicitur phalanga, gae, tinel. Item a phalar,
graece, quod est ornare latine, dicuntur phalerae, arum,
harnas. Inde phaleratus, ta, tum. Phalanx transumitur
quando ponitur pro cohorte, ut in Alexandre :
Ante Pbaias phalerata phalanx fregere phalangas...
Oicis equi phaleras summique phalangia cœli (1:).
Et dicuntur a phalar, quod est ornare.
Tolum. Hic tolus, i, est coupet de maison, a tollo, lis,
et dicitur sic eo quod tollitur et in summo constituitur; vel
dicitur a stolon, grœce, quod notât perfectum latine, per
(1) Dans la glose de Cambridge cet Anselme est saint Anselme,
archevêque de Cantorbery, qui vécut, comme on le sait, un siècle
avant Adam du Petit-Pont.
(2) Les gloses de l'Arsenal et de Cambridge citent aussi ces vers ;
mais, remarquons-le, sans les attribuer à Gauthier de Châtillon.
200 MANUSCRITS LATINS
substractionem hajus literee s. Stolon enim habet plures
significationes. Quatidoque est idem quod abbreviatio; unde :
Sistole producit et cet. ; quia sistole est abbreviatio sylIabsB
naturaliter productœ. Item signiûcat ornare; undestola, lae
ornamentum ecclesiœ. Notât etiam perfectionem, ut hic
tolus^ li. Item, notât mission em ; unde versus :
Dénotât ista stolon : rem curtat, perficit, omat.
Systole dat primum, médium tolus, et stola ternum.
Missio sit stolum et epistola dicitur inde.
Cillentibus, id est commoventibus; a cilleo, les, quod est
moveo, ves, et componitur occilleo, les ; inde occillum, 11,
gallice loche (1). Item occillum in alla significatione est par-
vum os ; sed tune dicitur de os, ris ; unde versus :
Ocillum notât os minimum, funis quoque ludum.
Dum gerit ocillum me turbat motus (2) ocilli.
Hic Radius, i, a radio, as, et est sequivocum ad quatuor.
Unde versus :
Est radius rhedse, solis, talae, geometri.
Perspicum, gallice moult cler^ a perspicio, perspicis, et
illud est a per et spicio, cis, quod non est in usu. Per plu-
rimis modis sumitur. Quandoque privât significationem dic-
tionis cum qua componitur, ut perfidus ; ponitur et ad jusju-
randum faciendum, ut : Per Deum vivum, et cet. Versus ;
Per negat et jurât; causam, loca, tempora signât.
Signât idem valde, rem perfectam notât esse.
Accelerans, ab accelero, as, et illud de ad et celer.
MoroVy aris. Unde haec mora ; unde morosus, sa sum, id
est lentus, prima correpta. Prima producta, dicitur a mos,
ris. Versus :
Me mos morosum, mora me facit esse morosum (3).
(1) (( Gallice branle, » dans le manuscrit de TArsenal.
(2) Visus, dans le manuscrit de TArsenal.
' (3) Il faut lire :
Mens mea morosnm, mora me facit esse morosam.
Ce vers est tiré du poème de Serlon De partibus orationis.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 201
Haec Tesqua^ orum, a thesis, positio, et careo, res, quia
caret recta positione, et sunt loca aspera et inamœna; et
dicuntur quasi thesica, id est positione pontis carentia, et
tophidum, vel lignorum, et significant humida loca et
aspera, scilicet toez ; quandoque loca petrosa, et quidam
dicunt nigra tuguria. Pluraliter : hœ Scàbrœ^ a scabo, bis
gallice grater. Unde scabies.
Dumetaj a dumus, mi, quod est collectio spînarum cres-
centium in eodem loco. Dumetum est locus ubi dumi cres-
cunt.
Rubetum est locus ubi crescunt rubi, et dicuntur a rubeo,
es, quia fructus et virga ejus rubea est; scilicet houionnier^
vel esglantier. Dumus est collectio omnium arborum.
Quisquilice^ arum, id est ramunculi emissi cum vento,
et dicuntur a quisque et licet, quia Ucet eos cuicumque
colligere. Cadiœ sunt arbores evulsœ. Unde :
QuisquiliaB sunt servorum, cadias dominonim.
Confraga, Media correpta est, et, cum intervenit prœpo-
sitio, producitur, et sunt montana in quibùs venti undique
concurrentes sese confragunt; vel dicuntur plaisie^ et
dicuntur de frango, gis, et caret n. Inde fragus et fragum.
Inde naufragor, aris, et suffragor, garis, a quo suffragator
et [suffrag]ium.
Circumvallata^ decircum et vallum, li. Indeintervallum,
et hic vallus, li, palus.
Verba sunt discipuli ad magistrum :
Phaîœ tolum cillentibus radiis cum jam perspicuum
prospicereniy ecce accelerantem morabantur tesqua cum
scabris, dumeta cum quisquiliis, confraga rubetis cir-
cumvallata.
Papœ, interjectio admirandi.
Inquies, id est dices, verbum defectivum.
Quorsum, advérbium loci, a quo et orsum, id est qua
parte.
Scabrosus^ sa, sum, plenus scabris.
â
202 MANUSCRITS LATINS
Oratio ponitur pro libeîlo, et dicitur ab oro, as.
Respicio dicitnr a re et spicio, cis.
Initium, de in et jacio, cis; sed jaceo, es, aliud est. Unde :
Non possum jacere quo templo nocte jacere.
Quotidianus a quotidie, et illud a quoquo et die; vel hodie,
et illud est ab hoc et die.
Cibus, a cibO; as, et est pascere.
Acidus, de aceo, ces; inde hoc acinum, ni; et acio, cis.
idem est. £t de aceo derivatur acesco, cis, et acedo et ace-
tum. Acio, acis, se habetsicutpassivum hujus verbi : acuo,
is. Unde recte dicitur : acuo cultellum, et cultellus acer.
Unde versus :
Qui facit hoc acuit acer illud quod fit acutum.
Delectat, impersonale; a quodeliciae^ arum.
Scriptiunculœ est diminutivum, de scriptum*
Materia dicitur de mater et hio, as, quia materia hiat, id
est appétit formam ; id est materia dicitur quasi mater hians.
Causa dicitur a causor, aris, et componitur causidicus.
AdvertOf de ad et verto, tis, et nota quod dicimus adverto
et averto et avertor et animadvertor. Adverto duobus modis
dicitur. Dicitur adverto pro vertere et curam dare, et sic
in hoc loco sumitur, et dicitur adverte pro verte et respice.
Unde versus :
Adverto te respiciens curamque rependens.
Item animadverto sequivocum est et valet idem quod per-
cipio> et dicitur ab animo, vel anima, et verto ; et est autem
animadvertere gallice esmerveiller^ et tune exponitur:
animadverto, id estanimum illius vel alterius ad me verto.
Unde versus :
Hoc animadvertis quod percipitur tibi mente ;
Ast animadvertis in eum quem verbere punis (1).
Item averto idem est quod removeo ; unde : « Averte oculos
meos, » et cet. Avertor vero deponens idem est quod sper-
(l) Ces vers appartiennent au Grécisme d'Evrard, cap, xvn, v. 7
et 8.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 203
nere et tune exigit accuBativum casum ; ut : « Avertor cri-
mina. » Unde versus :
In vi passivi notât avertor removeri,
Si sit deponens désignât spernere, tuncque
Accusativum poscit jungi sibi casum (1).
Pandam ; pando, dis ; componitur de pando, dis, et facit
praeteritum pandi et pansum in supino. Unde versus :
Pando, pati, pa
Lomum. Haec domus a dama grœce, quod est turris latine,
ut dicit Isidorus.
Anglia; Inde Anglicus; ab anda, quod est stercus (2) ; vel
abangue, quia pungit cum cauda, sicut anguis ; vel ab
angulo ; vel ab angélus.
Optabam, ab opto componitur, et cet.
Nota quod In pluribus modis accipitur, ut patet per hos
versus :
In notât usque, supra, contra juxtaque diuque (3).
Gallia^ a gallo populo et est aequivocum. Versus :
Gallus avis, Gallus populus Gallusque poeta.
Est fluvius Gallus presbyterumque notât (4).
Condictum est brevis et communis sermo, a condico,
condicis, et illud a cum et dico, cis.
Rescribo, a re et scribo, bis.
Papœ! autem, inquies, mi Anselme, ut jam video,
quorsum hoc tam scabrosum orationis respicit initium ?
Ego autem, si forte quotidiani cibi satietatem acido sa-
pore relevare te détectât, scriptiunculœ istius incœptœ
materiam, causam et modumpaucis verbis, adverte, et
tihi pandam. Bomum quam in Angliam a Gallia rediens
(1) Grécisme, cap. xvii, v. 4-6.
(2) C'est pourquoi d'autres scoliastes interprètent ainsi le nom
latin d'Angers, Andegavum : Stercora avium. Anda ne signifie
Hercus dans aucune langue à nous connue. Il est probable que
c'était, pour nos scoliastes, un mot celtique.
(3) Grécismôy cap. xxnv. 160.
(4) C'est-à-dire un a curé », vulgairement appelé c coq de paroisse. »
204 MANUSCRITS LATINS
adiré optabam, qualiter adierim et qualem invenerim
ecce ex condicto conscribo.
Notre scoliaste prouve, en citant le Grécisme, qu'il
a vécu longtemps après Adam du Petit-Pont. Nous
le plaçons, par conjecture, dans le première moitié
du XIII* siècle. Si c'était quelque maître es arts, évi-
demment il ne savait guère les choses quUl faisait
profession d'enseigner.
Poursuivons maintenant la transcription du texte,
dont M. Scheler n'a pas eu la bonne fortune de ren-
contrer une copie facilement intelligible. Ce texte est,
à divers points de vue, intéressant. Il y a notamment
plus d'une information à recueillir pour l'histoire
des usages domestiques et celle de la langue que les
clercs parlaient entre eux. Tous les mots de cette
langue ne se trouvent pas, il s'en faut bien, dans le
Glossaire de Du Gange, et ceux qui s'y trouvent n'y sont
pas tous expliqués d'une manière satisfaisante. Nous
emprunterons aux diverses gloses les explications
qu elles nous fourniront sur quelques-uns de ces mots^
la glose de l'Arsenal étant indiquée par la lettre A,
celle de la Bibliothèque nationale par la lettre B, celle
de Cambridge par (a lettre C, enfin celle de Bruges
par la lettre D. Les philologues jugeront ce que
valent ces explications. Voici donc la suite du texte :
Sequitur autem oratio, partim demonstrans rerum illic
inventarum formam, ut tîbi res ibi inventœ innotescant,
partim evagationis ImaginariaB licentiam ; ut, quoniam ru-
ralium mansionum novus effectus es possessor, et loci eli-
gendi, et sedificii construendi et rerum copiam coUocandi
incomparatœ venustatis habeas exemplar. Nec mendacii
tamen argui posse videatur oratio, cum certissimum sit
DE LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE
205
licitum esse imaginatiombus quarumlibet reram comprehen-
dere formam et oratione quamlibet imaginationis promere
comprehensionem. Sed quoniam illum planum modam
loquendi, quo in meis epistolis uti consuevi, flumini visum
humanum usquequaque in ima admittenti comparabas,
nobiliorem autem tibi dicebas videri orationem fluvlo tene-
brosa profunditate stagnanti comparandam, ad arbitrium
morem tibi geram. Potest enim puri fluvii tranquillitas
hiemali incui'slone rivulorum turbari, et aeris lucidi sereni-
tas nubilosa densitate nebularum obvolvi. Quoniam etiam,
sed hoc rationabilius, latinse orationis copiam in dies minui
querebaris, et quia rerum usitatissimarum nomina ignotis-
sima esse vere dicebas, ideoque jam pêne obsoleta apud
eruditos, celebrari oportere asserebas, in hoc quoque ex
arbitrio tibi morem geram.
Accelerantem ergo, ut modo dicere inceperam, cum multa
morarentur, quam plurimum impediebant, in ter labinas (1)
arbonim récidiva gressum, arbusti flagella et cimse intui-
tum, vepreculsB oblitantes cirmata (2) planetae (3). Tard abat
quoque agrorum territorii circumspectio, quorum hinc
sationales^ inde pascuos, istinc floreos, illinc consitos,
secundum Maronis distinctionem, intemoscebam. Abunda-
bant autem pascui bestiis, florei apiculis, sationales ovium
caulis et opilionum (4) magalibus sive mapalibus (5) ; consiti
vero quarumdam arborum surculis aliarum corticibas inter*
sertis, et quarumdam oculis (6) cum adhérente libro (7) ad alia.
rum ramusculos translatis. Adjacebant autem agris sationa-
libas arciûnii (8) squalidi et uliginosi juxta novalia cum
(1) G. Le mareys, Unde ver-
sus:
Labor Ubinam dit, de labo dico Ubi«
[nam.
(2) B. tioc cirma, tis, dicitur
ploitf et sic sumitur hoc ]oco.
Aliter vero sumitur pro ipsa
veste qaorumdam civium.
(3) B. Haec planela^ manteU a
pianos, quod est error. Unde
stttllœ errantes planetse dicun-
ur eo qaod errant et certum
locum non habeat. Unde ver-
sus :
Vestes sea stellas qaasdam ToeitalM)
[plaaetas.
(4) G. De berchers,
(5) G. tiolez.
(6) B. Id est truncis in quibus
surculus iaseritur.
(7) G. Escors.
(8) G. Les foreres. Isidorus :
Arcilinius ager est dictas quia
certis linearum mensuris non
contiaetur.
j^
206
MANUSCRITS LATINS
succidiis (1), et hi omnes accurate cardinibus et decomanls
erant limitati. In his etiam glebas cernebam ante sationem
runcatione nudatas, Isetamine fœtas, post autem occatione
fractas, occaBcatione dispersas; veracta (2) vero videre tem-
pus hiemale prohibebat. Parte vero altéra, equos inter
fruteta (3) in equitio vagantes, prœcîpuis tresdecim colori-
bus, secundum Isidori distinctionem, spectabiles, notare
non tsedebat : scilicet badios (4), aureos^ myrrheos, cervî-
nos, qui olim a vulgo garannes (5) vocabantur, gilvos vel
gilinos, glaucos (6), scututatos (7), canos, candides, albos,
guttatos (8), nigros ; posterioris autem praBter hos dignitatis,
scilicet varies (9) ; pestreme desios (10) vel desines, cinereos,
quos dignius equiferes quam equos dixerim. Prseter hsec
etiam numerum venaterum, generaliter quadripartitum,
censiderare hilarius jocundabar, vestigatores (11), indaga-
teres (12), salateres (13), presseres. Tandem, hujusmodi
circumspectiene nondum satiatus, subito jam preeseus meta-
tum (14) conspicie, sed tanta admiratione ut vise et ipsius
temporis proprium spatium mihi clepsisse videretur.
Et ecce vallum aspicio, mole terrœ intrinsecus rejecta,
circumluvio extrinsecus velut ad ripam allidente, vallos
innumerabiles sudibus vi lentatis intertextos, intervallis
angustis distantes, velut munitionem sustinentes. In porta
autem valvas complicabiles (15) cîUi, celerrimum et introitum
patere mihi video. Introeunti mihi occurrunt qui me puerum
(1) B. Succidium est forieres
et est soitch gallice.
(2) G. Wares.
(3) G. Entre les bussoneus.
(4) G. Bayz.
(5) D. Brunisaunz. — G.
Lyarz.
(6) G. Dloys. — A. Cheval
félon. Et dicitur quasi habens
oculos pictos.
(7) B. Vergele. — G. Techelez,
(8) G. Ponieles vel rechilez,
(9) G. Veyrous.
(10) B. Dosius, fauves j et dici-
tur sic qui habet colorem cine-
reum, ut plures asmi, et equus
cinereus ejusdem coloris. —
O. Redoys,
(11) G. Traseours,
(12) G. Enserchours,
(13) G. Escorchours, — B. Hic
salator a sale; hic presser a
premo, mis. Versus :
Vestigator et indagator, pressor et ilie,
Et qui salator Tenatorum numerus
[SUDt.
(14) Voir ce mot dans le Glos-
saire de Ou Gange.
(15) G. MovahUs.
DE LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE
207
videranty in anno duodecioio jam revertentem visitantes :
primo fratres germani et nothi, nam uterinos, spurios et
favonios (1) matris monogamia me habere prohibebat;
deinde etiam consobrini ; patrueles etiam reliqueram ibi
unde veneram; fratueles autem materterae non contulerat
eastitas; postremo nepotes et sobrini. Horum autem qui
mihi noti fuerant alios secundum stemmatum distinctionem
mihi indicabant. Colloquendo itaque pertransivimus vesti
bulum amplum, sediûciis babitatoriis, repositoriis (2), ope-
ratoriis, ofûciariis circumdatum. Porticum demum ingressi
sumus, spatio quintanae formas imbulis comparandam, in qua
non litbostrata tessellis et crustis elaborata, sed ostracum
testaceum calcarividebam. Inde palatium ingredimur, in quo,
assurgentium salutationibus respondens, morionem quem-
dam non sine risu respicio,ut colluvio conquexerat se tetrum,
ut edulio terserat se fere immobilem, luxo genu frustra
surgere conantem et parasicastro obgannienti arridentem.
Penitiorem inde domum subeo, et ecce in abacta^ (3) matris
incidi am plexus. Occurrit autem, cum glore mea adhuc
in veste, matertera sororis meae; gains (4) et ipsa adbuc
investis erat ; quam ceterae, quia me, ut in pueritia consue-
verat, Adam Balsamiensem (5) appellaret, nec magisterii
nomen adjiceret, corripiebant. Cum quibus omnibus sermo-
nibus quos res postulabat collatis, ad cenam vocamur, et
ecce mœmana (6) quaedam conscendimus ; et lectisternia, in
quibus discumbendum erat, simplis (7) et ampbitapis (8)
(1) Voir ce mot dans le GloS'
saire de Du Gange.
(2) G. Gardrobes.
(3) B. AbactuSy ta, tum, dicitur
quasi ab actu remotus.
(4) B. Gains, li, soror viri soro-
ris mesB, vel soror feminae fratris.
(5) B. Balsamum, ungueatum
dulce. — Nous proposerons plus
loin uoe autre interprétation du
mot Balsamiensem,
(6) G. Solers. Mœmana dicun-
tur de mœnia, ium, ibus. Uude
versus :
Mœmana sant dicta quia sunt hacc
[mœnibusapta.
(7) G. De simples chalonns,
Simpla est tapeta ex una parte
villosa^ quia simpla.
(8) B. Couverture fourrée ; ab
amphi, quod est circum. et tape-
tum. — G. Doubles chalonns,
Amphitapa est ex utraque parte
viliosa, et huic concordat Joan-
nes (de Garlandia), dicens :
Amphitapan. dicas gemina de parte
[vilûsam.
208
XAXUSCRITS LATINS
eoornata erant. Cens autem apparatnm ni describam non
opoiiet; hoc tamen me diseere eompdlit admiratio, qaod
panis tria gênera sont apposita, azimos, infnngia (1), pla-
centa 12); item tria snnt gênera potns, celia, mnlsom, Ti-
nom sacdnatnm f3): nam lorea et passnm (4) et mniina (5)
deerant. Ciborom qnoqoe, qoibos paMa barbara atitnr,
similiter tria gênera, taxea (6), scruta (7) ex succidîis snmpta,
coUnstnun 18) in anaglyphis, coactom in cymbiis. Praeter
hase antem vix ennmerabilia âbomm gênera, offarionun
methodis moltipliciter elaborata. Ego yero, more iter
agentiom, gentacnlo (9) Tiali et merenda simplid cibomm.
appetitom adeo represseram nt mala ad nltimnminapopho-
retis allata mihi sufficerent.
Inter cenandom antem qnaesivi a quodam mihi collaterali
qoisnam ille esset qnem colomem (10), apparitorem calamis-
tratom, caesium (11), atratum, gypsatum ibi cemebam ; et
ille respondit hune plagiatorem, scenium (12),intentorem (13)
biliosum, mulctatorem, ganeonem, oblectatorem, femella-
rium, buccinum (14), balbutium, susurratorem, lanistam,
(1) ïi, Jnfungiat panis acidus;
el dicitur ab in et fungor, eris,
60 quod appetitum importât com-
edendi. ^ G. Sine fermento ;
Coket.
(2) G. Simenel.
(3) fi. Est vinum cum alio
8UCC0 mixtum. — G. Epurge.
(4) B. Vin de Auseire.
(5) B, Murina quasi morana:
id est potus factus de moris.
(6) G. Lardys.
(7) B. Hoc scrutum, tripe ; et
dicitur a scrutor, aris.
(8) B. CoUustrunif iac dulce.
(9) Gentaculum, gallice mati-
nes, a gentor, aris. Unde ver-
sus :
Gentamar maoe, cenamas Tespcre
[facto.
Yeseitor in nona, merenda tertia
[prandet.
ObsoDor iratns, obsonor noete fit
[esQs.
Yespere aam nmiptas obzenia diei-
[mas escas.
(10) G. Id est habentem col-
lum longum. — B. Colomem^
champenois. — M. Scheler pro-
pose de lire ealonem. Sa giose
traduit colomem par alifë.
(11) B. Cxsius^ a, um, recelé;
a caedo, dis, eo quod habet vul-
tum caesuris divisum, scilicet
diversis maculis.
(12) G. Fallacem.— B. Cutant;
et dicitur a cenos, quod est umbra,
quia semper quaBritumbram %?.e-
nius^ id est nequam ot inlidelis.
(13) B. Hic intentor, ab in-
tendo, dis, id est accuse, as.
Unde intenter, id est accusator.
(14) fi. Buccinus^ a, um, id est
garrulus, a bucca.
DE LX BIBUOTHEQUE NATIONALE
209
ambigium (1), volo ut cognoscas. Tune ego subridens :
« Si vera, inquam, dicis, satis hominem hune mihi notificas.
Sed ille quis est qui, malis insaqualibus, toxillis (2) dissi-
milibus, ocello oblongo, columna narium obliquata, pinila (3)
obtusa, pœnulis (4) retractis, interûnio extante, se uno as-
pectu notabilem prœbet?! Et ille: « Honestiorem, inquit,
mentis formam in indecentiori indumento nunquam, ut
arbitror, admiscuit natura. >
Post cenam autem lyricines et tibieines audire jocunda-
bamur. Deerant autem liticines, quos cum lituo cantare
dicit Judex Tesselius (5) in Lectionum antiquarum Com-
mentariis; sed etiam siticines deerant, quos apud siccos, id
est sepultos^ canere Acteus (6) poeta Capito dicit in Conjec-
taneis. Post paulum autem, confabulationibus in multiplici
materia consumptis, œdificii formam admirari cœpimus. In
msenianis autem illis nibil egregie spectabile erat, prœter
cseli (7) et pincellaB (8) opuscula. Qnibus inspectis, phalam
ascendimus, in qua armorum di versa gênera speculari
licebat. Stabant autem inter bastilia phalaricae, torno factœ,
caicse, quas et catejas (9) Teutones barbari nominant, pila,
venabula, lanceœ amentatas ferratseque sudes et acuta eus-
pide conti (10). In thecis autem latentia intuebamur spicula
et scorpiones in pharetris, arcus in eorytis (11), mucronesin
vaginis, pugiones in dolonibus. Gladiorum autem diversa
gênera videbamus : macbeeras, frameas (12), spatbas (13),
(1) B. Ambigo^ latro, ab am-
bigu, gis.
(2) B. Toxilla, lœ, rotunditas
genœ, et est diminutivum hujus
nominis toxus, i. — G. Anglice :
toskez, id est longis dentibus.
(3) B. Pirula, extrema et
acuta pars nasi.
(4) H.Pxnula, sb, in uno sensu
est hiffe^ et sic dicitur quasi
pêne nulla. In alio sensu est
pars nasi exterior. Versus :
Paenola sit yestis, pars est et pxnala
[ntsi.
(5) Lisez : Cafsellius Vindex.
III.
(6) Lisez ; Ateius. Voir Forcel-
lini, SLU. mot Siticen»
(7) Dans le manuscrit de TAr-
sena], au lieu de csli, il y a le
*mot français ehisel.
(S) Dans le Glossaire de Du
Gange : pincelltu, pinceau.
(9} G. Catejay secundum id
Virgilii (^n., VII, 471) :
TeatoDio rito soliti torqoere eatejas.
(10) G. Perchés,
(11) G. Foreus.^D, Enfureks
de quir.
(12) G. Gysarms.
(13) G. Fauchons,
14
210
MANUSCRITS LATINS
semispathas, sicas et secures. Parte autem altéra propagna-
cula(l) videbamus, hinc peditam clypeos, equitum scuta,
cetras laureas, peltas lunares, parmas habiles, ancilia
rotunda et loricas in ciliciis (2) politas, vel ex circulis testas,
circuinsquammatas ex laminis, sed etiam cassides ex la-
mina (3j, galeas ex corio. Deerant tela, jacula et gladii,
quorum nomina in veteribus historiis reperîuntur; haec
scilicet, soliferrea, gaesa (4), spari, ruini (5), gestri (6),
mesancyla, rbomphese, sibones (7), verutenses, clunacula,
lingulsB, de quo génère Nadvius in tragœdia Hesiona dixit :
Si nemini gerere videar morem, lingulaverit lingula.
PrsBdicta jam satis admirati, inde discedentes hypogeum
parvum respeximus et cetera sediûcia, sub vallo in circuitu
ordinata. Spatiando videbamus primo armamentarium ;
secundo bibliothecam, sive armarium, quod idem est ; deinde
basilicam,in qua analogium, pulpito scensB quod orchestrum
dicitur simile, ab antica et postica seque distabat; juxta
quod, parietinis interjacentibus yel interhiantibus, patebat
xenodochium, cui planctibus impletum misocomium (8) adja-
cebat;inde usque adportam transeuntes, apothecam (9) et
horrea (10), entbeca multiplici referta, videbamus; in horreis
autem cylindros (11), tribulas, palas, pastinatas (12), furcillas
cttessaras (13). In platea vero adjacenti, vehiculorum gênera,
scilicet plaustrum quatuor rotarum, rœdam duarum,carpen-
tum pompathicum, carracutium altum, capsum contextum
archera (14) viscata, cophum (15) arte canistrata (16), pilentum
(1) C. Bretaches.
(2) G. In ciliciis; gallîce : Fo-
rare de heri(.
(3) A. HsBc lamina y platenè
de fer vel d^or.
(4) Gysarms,
(5) B. RuiniLs. ni, a rus, is, vel
80 quod ruinam faciunt. — Ruv-
nus est, sans doute, pour runée.
(6) Ce mot nous est inconnu.
(7) C. Simbones.— Il faut pro-
bablement lire sibinas,
(8) Il y a misocomium, pour
nosocomium^ dans tous les ma*
nuscrits, et la traduction, dans
B et C, est maladrerie.
(9) G. Gerner,
(10) G. Granges.
(11) G. Balays,
(12) G. Forcke ferrés.
(13) B. Mensura qusedam. ^
G. Tessara est vas habens qua-
tuor angulos ad mensurandum
segetes.
(14j Voir ce mot dans le Glos-
saire de Du Gange.
(15) Peut-être faut-il lire cophi-
num.
(16) B. Arte canistrata, dQ ca-
nistra, virga vel calamus; et,
quando ponitur pro cophino,
sigDiûcat virgam ; vel a canistro;
Qft LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
211
matronale, quod et pratorium dicitur, basteraam Bine rôtis.
Circamjacebant autem rurisfractiva (1), veluti aratorii uten-
silîa, scilicet bures, stivœ, dentalia, falcastra, rancones,
scucidia, epiredia (2). Et jam a palatio usque ad portam
occidentalem velut semicircolam quemdam circuiveramus ;
parte vero altéra, in semicirculo oriental!, apodentio (3)
haustra per vallem mediam aquam administrabant. In sta-
bulis equorum deinde phaleras, sagenas, quas corrupte sai-
nas (4) nominant, canteria (5), lupatos (6), sellarum
antellas et postellas deauratas videbamus; forum (7) de-
mum introspeximus, non illum quem laxant nautae, nec
illud quod judiciis vel nundinîs deputaiur, sed illud quod
calcatorium appellatur. Ex parte autem altéra, qualos,
quaxillos (8), corbes (9) colaque (10) 'praelorum et acini (11)
acervos videbamus. Altéra vero parte, lacus, trapetum,
ûscelam^ amurcam. Praetereuntes autem in pisentium
ergasterio, sive ergastulo, molas, cribra, clibanos (12), rota-
bula respeximus.
In popina deinde verucula (13), crates, creagras, et fusci-
nas (14), et cocleariorum gênera, ollas, patinas, patellas,
cacabos,qui etiam caucumaB dicuntur,lebetes,sartagines (15)^
sed et mulgaria, labra (16), quœ etiam alvea dicuntur, pel-
iras, et est canistrare vasa fa-
cere de canistris. G. Arle canis-
trata, De l'art de vergerie.
(1) B. Rurisfractiva, a rus, is,
et frango, gis. — Il y a dans G
Rurisfracticiù
(2) B. Epiredium, chiveret cum
una rota.
(3) B. Apodentium, ab apo-
deo, des ; unde potest dici apo-
dyterium; est locus ubi vestes
pendent ad desiccandum. ~ G.
La lavenderie.
(4) G. Savinas.
(5) C. Fleumes.
(6) B et G. Chanfrains, chanf-
freyns.
(7) B. Hic forus, ri, locus est
ubi calcantur uvae, a forendo
dictas. In alio sensu est fora-
men per quod exit remue. Hoc
forum est ubi feruntur res ad
vendendum. Similiter et est fo-
rum ubi ventilantur causœ. Ver-
sus :
Est fonis in navi, dictas fonis est locas
[uvae.
(8) G. Petits paniers.
(9) G. Corhayles,
(10) B. Columy li sans. — G.
Entonneurs,
(il) B. Acinum est illud resi-
duum quod projicitur.
(12) For ne de fer,
(13) G. Espeys.
(14) G. Foynes.
(15) G. Granz poyles,
(16) G. Lavours,
212
MANUSCRITS LATINS
ves (1), scyphonesy In angalo vero quodam, gîrgillus et
funis cum situla et utres in puteum dimittebantur. Juxta
quem stabat hinc telon (2), quod Hispani ciconiam vocant;
inde ferreus harpax (3) et pyrgus (4) in quo coquebantur
opacorum (5) gênera, lagana (6) et artocreœ ; ia alio
angulo etiam nefrendes (7) cum succula in arula (8) lati-
tantes intuiti sumus. Post hoc promptuaria intravimus, in
quibus non Ajretina vasa nec Samia erant, sed crisentida (9)
et anaglypha videbamus : parte autem una mensoria,
parapsides, patellas, discos (10), lances gavatas (11), con-
chas, apopboreta,salina, acetabula (12), trisiles (13). Alla
parte scyphorum gênera, scilicet phialas, pateras, cratères,
cyatbos, cymbias^ calathos, calices, scalas (14), ampullas.
Parte autem ^tertia, onophora, flaccas (15), lagenas (16),-
situlas, cantharos, hyçlrias, catinos, orcas, urceos, urceolos,
sina, çereolas (17), dolia, cupas, olearia, emicadia (18), scor-
tias, lenticulas; in perticis autem appendebant toralia,
mappse, mantilia, gausapse, manutergia, facitergia. Inde
egressi, ad vel in palatium regredimur; et erat sartitectoris,
non cementarii artiûcio, ex scindulis, non ex lapidibus per
succedines (19) et per epiros (20) conjunctum vel compactum.
c Quid ergo, inqult consobrinorum qui venerat unus, cum
(1) G. Basynz,
(2) D. Tumberels,
(3) B. Croc.
(4) B. Parvus fumus. — Cet
D. Fum,
(5) B. Opacum^ i, flaon; et
dicitur ab ovo et pane et caseo.
(6) B. TurUL — C. Lagana
dicitur de latus, a, um, et ago,
is. Versus :
Lagana erunt sarti panes, sartagine
[cocti.
(7) B. PorceL — G. Porceus.
(8) B. Dimmutivum de ara.
(9) G. Vasa deaurata.
(10) G. EsqueUs.
(11) B. GateSj quasi cavatas.
— G. Gyphos monachorum.
(12) G. Saucers.
(13) Voir le Glossaire de Ou
Gange. — C. Tresteus, Trisiles
sunt vasa stantia super très
pedes.
(14) B. Scalas, nuuclins, — D.
Dubû cupe.
(15) B. Flacca, ae, hanap plat,
a fluo, is, eo quod de tali vase
vinum defluit.
(16) G. Galonns.
(17) B. Çereolas, vas corneum,
a ceros, quod est cornu.
(18) Voir le Glossaire de Du
Gange. — Dans G. Semicadia,
avec cette annotation : Vas di-
midium cadium continens.
(19) G. Succedines, id est ca«
villas. ^ D. Parpanns,
(20) B. Clou.
DE LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE
213
tu sis natione Anglicus, patria Balsamiensis (1), génère
Belvacensis (2), xnansione, jam diutiori quam voluissem,
Parisiensis, numquid alicubi rurale sediûcium haie simile
vidisti ? Nonne tibi, si fieri posset, honestius judicares rure
patemo frui quam salarii lucello addictum fuisse ? » Tune
ego, subridens : c Interrogationibus, inquam, istis duabus
et tam longis et pluscula meditatione circumvolvendis tam
subito respondere non aggredior, prsesertim trapezitse triviis
carens. »
Sed jam, circuitu pergirato, ab occidentali domus fronte,
qua prius in mœniana introivimus, ad orientalem partem
nunc a promptuaiiis venimus; egredimur deinde a latere
septentrionali, ubi ostinm patebat, meridiano quo primo
introiveramus oppositum, et, thalamum a latere dextro
inspicientes ultra virgultum, genethœum (3) a longe pro-
spectum prius adivimus, in quo telarum stamina, tramas,
insubulas, licia (4), radios, panulos (5) videbamus,
globellos (6) etiam et mataxas (7), alibra, calathos, qui
magis latine quasilla dicuntur, pensis plena, lanam et
etiam linum, byssum (8) et cannabum (9), fibrinum (10),
sericum, placium (11). Inde revertentes, thalamum vélo
et auleis, non cortina et cilicio, ornatum, ingressi
sumus, in quo, cum primum intueremur et vehementer
admiraremur vestes expositas, materia, textura, colore,
specie différentes, primo intuiti sumus différentes mataria,
sericas, bombycinas, olosericas, tramosericas (12), leucose-
ricas,byssilineas(13), linostinas (14), fibrinas. melotinas (15),
(1) G. De patria balsami.
(2) G. De Beuvey,
(3) B. Geneth3umj a gonet,
mulier; est enim genethœum
domus mulierum laboratoriam.
(4) G. Licia, anglice : ^9vel
yredes.
(5) C. Broches,
(6) G. Globellos, glaceus.
(7) G. Mataxas, cerences.
(8) G. Byssum, cheysil,
(9) G. Champfre.
(10) G. Camelot,
(11) B. Placium, estupe;sL pla-
cée, es, quia minime placet.
(12) B. Vestis cujus trama est
de serico.
(13) B. De serico et lino.
(14) B. Quasi lineum stramen
habens.
(15) G. Vestis melotina, quasi
vestis tota de ovibus. Dicitur
etiam vestis melotina de melotis,
gallice tesun, anglice broche.
214
MANUSCRITS LATINS
quas manellas (1) vocant ; textara, trilices, rallas, acupic-
tas, jaculatas, levidenses, pannidenses (2)^ segmenta (3),
licinia (4) (interpolae autem et pannuciaé (5) deerant ; ) colore,
polymitas, rosatas, coccineas, hyacinthinas, masticinas (6),
oloforas (7) ; specie, tunicas manuleatas, colobia, levitona-
ria (8), armillansas, lumbaria (9), limos, tibilia veltibîa-
cos (10). Harum autem vestium plerœque exoticae erant. Dee-
rant tamen sarabarse (II) Parthorum, Gallorum ligneœ (12),
Germanorum renones (18), quos vulgus vocabat reptos anti-
quitus, Hispanorum stringes (14), Sardorum mastrugse. Sed
etiam palliorum gênera intueri licebat : togam candidam,
palmataïii, trabeam, paludamentum, dlploidem, pœnulam,
lacernam, mantum, praBtextam, planetam (15), casulam (16).
Deerant birri et melotes; feminarum vero pallia, regilla,
pepla, palla, rechidigna (17), quœ graece stolae vocantur; ana-
boladia deerant,.etamiculumetteristrum (18),siveoperculum.
Inde apertaestqusedam archa,qu8e reticulas multimodascon-
tinebat; sed jam crepusculo noctem praenuntiante, ut liberius
singula intueremur sunt accensa lacunaria, lugubrœ (19),sive
cruciboli, latern8e(20), cerei, lignis velliciniis perustis scin-
duli (21) flammaiites. Continebat autem archa quam aperue-
(1) B. Manellay a manu, quia
manu débet teneri.
(2) B. Pannidenses ; veslis
spissa, et dicitur quasi pannus
densus.
(3) B. Segmentuniy i, est ves-
tis nobilium, extendens exterius
habitum interiorem.
(4) B. Licinium vestimentum
deauratum , et dicitur quasi
lucens a lucendo.
(5) B. Radoubé.
(6) B. Masticinus, a, um, a
mastiche, et dicitur vesture de
bleu.
(7) Olofbrus, ab olon, quod
est totum, et foris, eo quod ves-
tis ea est eadem intus et foria*
(8) G. Levitonaria, escapelons.
(9) C. Lumbaria, garde corps.
(ÎO) B. A tibia, brael.
(11) C. Sarabarasj esclaveyns.
(12) A. Au lieu de lignex^ lin-
(13) C. Renones, tàbars.
(14) B. Slringis, a stringo, is.
(15) Voir le Glossaire de Du
Gange.
(16) G. Cassulam, chape close.
(17) Voir Du Gange, au mot
Richedipna.
(18) B. Teristrumt a lero, is,
Chainse ride. — G. RocheU
(19) Lugubra, brse, chindoiles,
a luceo, es.
(20) G. Launtemes.
(21) B. Gortex debouol.
DE LA BIBUOTHÈQUS NATIONALE
215
rnnt : apiees, infulas, pilea (1), galeria (2), oyclares (3),
feminarum diademata, eapitalaria . (4), nimbos, mitras (5),
cum redimiculis vittas, reculas, cam teniis (6) reticula (7),
acu8, ansias (8), inaures, disoriminalia. Et hsac omnia
ornamenta capitis erant ; colli vero et humerorum et pec-
toris, torques, buUsB, monilia, murenulœ, catellse, annulée,
fibulK), limulaB (9) crarum ei perichelides (10) brachiorum,
Annulorum etiam gênera inspeximus : cingulos Samothra-
cios et Thynios, sed etiamf cinctoriorum gênera : semitinctea,
cingula, succentoria, baltea, strophea, catilla, braohilia.
Odoramentis autem et unguentis olfactoria, pixides, ala-
baustra abundabant; homm autem inspectione satiati in
suppeditaneis conscendimus, et, solitis colloquiis usi, hora
monente, lectos respeximus, quorum ornamenta erant
fulcra, stragula, lodices, pulvilli, culcitrce ex comento (11).
Gênera lectorum erant lecticse (12), stratoria, camse, grabata
quae bajonulsB dicuntur, spingœ (18) vel punicœ. Tandem
autem per^octaturi lectos ascendimus, ceteris discumbenti-
bus, et ego quidem, calceis abstractis, vestibus exutis,
scansilia consqendi, spondsB pedem affîxi, in pluteum (14) me
conjeci, et a talium rerum perspectione jam satis producta
cessât oratio.
Habes enim inhis quae dicta sunt, mi Anceline, incompa-
ratum, si in talibus fundamentis insanire velis, exemplar
et non cuilibei^ perspicuam qualem probabas orationem et
rerum usitatisslmarum copiosam, ut desideraveras, nomi-
(1) G. Pileay hures.
(2) D. Galeria, garland de or,
(3) B. Galladel gai lice.
(4) G. Ohapeus de feutre.
(5) G. Mitras, coyfes.
(6) A. Ténia, chappe. — C.
Frenges.
(7) G. Heticula, crespines.
(8) B. Crechoer. — G. Tresures.
(9) B. Limula, tasselt diminu-
tivum a lima.
(10) Perichelis ornamentum
brachiorum, a péri, quod est
circum, et cfaeli, quod est bra-
chium.
(11) B. Comentum, plume, a
quo comentatus, ta, tum; unde
lectus comentatus lectus mollis.
— G. De cotonn,
(12) G. LecticXt chaslit.
(13) B.Spinga, a spingo, as, et
est ieclus depictus.
(14) C. Pluteum aequivocum est.
Est enim concavitas lecti, sicut
hic, et pluteum dicitur tabula-
tum, gallice plancheys;... et
pluteum dicitur gallice karole;
cujus modi habent monachi
cum libris, ad superponendum
incaustum.
216 MANUSCRITS LATINS
nationem. Quod si hoc nostr» orationis crepusculum,
nubibus pêne clarescentibus, serenius quam quaerebas tibi
videatur, orationem ipsam mediœ noctis furvitate obductam
mittere tibi palpaturo paratus sum; sed ut aliquid non
superfluum, imo vere utile, amico destinata contineat epis-
tola, si philosophiam de hujusmodi rébus consulas, ipsa tibi
certissime ostendet tantœ rerum copise incomparabiliter
esse praestantiorem cognitionem quam possessionem ;
neque enim nunc ego de ea cognitione loquor qua talium
rerum species distinguuntur, neque de ea quam physici
de hujusmodi rerum natura profitentur, sed deea qua intel-
ligitur quam monstruosam efâcaciam habeant res hujus-
modi animas hominum ad sui concupiscentiam alliciendi et
a veri boni cognitione et amore abducendi. Quare, mi Ance-
line, illud nunquam apud temetipsum, ut quidam faciunt,
dissimula : non talia possidere, sed talibus bene uti vel
bene carere pretiosum est. Quod quidem a quibusdam philo-
logis, qui sola verba jactant, sicut nunquam credi et sicut
nunquam intelligi et etiam inutile putari, sic in illis inutile
esse sœpe a me accepisti. Yalete.
Adam du Petit-Pont est-il ou n'est-il pas l'auteur
de ce texte ? S'il ne Test pas, c'est probablement un
de ses contemporains, un de ses disciples, qui Ta
rédigé sous son nom, et peut-être avons-nous, dans
ce vocabulaire de termes inusités, un précieux rensei-
gnement sur la méthode propre à Técole du Petit-
Pont. Jean de Salisbury nous dit qu'on y dédaignait
l'ancienne manière d'enseigner, et qu'on s'y vantait
d'en avoir une nouvelle :
Si sapis auctores, veterum si scripta recenses
Ut statuas si quid forte probare velis,
Undique clamabunt : « Vêtus Me quo tendit aseUus?
Cur veterum nobis dicta vel acta refert ?
A nobis sapimus, docuit se nostra juventus ;
Non recipit veterum dogmata nostra cohors.
DE LA BIBLICTHÈQUE NATIONALE 217
Non onus accipimus ut eorum verba seqnamttr
Quos habet auctores Grœcia, Roma colit.
Incola sam Modici Pontis, novusauctor inarte,
Dam prias inventam glorior esse meam. *
Quod docuere (1) senes, nec novit arnica (2) javentus
Pectoris inventum jaro fuisse mei.
Sedala me javenam circumdat turba, putatqae
Grandia jactantem non nisi vera loqai. . . »
Iste loquax dicaxqae param redolet Melidannm (3),
Creditar Albrico (4) doctior esse suo;
Corrigit errores verbosus hic Abaelardi.
Pellitar a nostro trita moneta foro.
Temporibas placaere sais veteram bene dicta,
Temporibus nostris jam nova sola placent (5)...
Enseigner la langue latine suivant l'ancienne
manière, c'était exposer les règles de la grammaire
en commentant Priscien et Donat. La nouvelle consis-
tait-elle à mettre de côté la grammaire pour s'en
tenir à l'origine, au sens des mots ? Gela nous semble
d'autant plus vraisemblable que les partisans de cette
méthode facile paraissent avoir été nombreux au xiii^'
siècle et qu'ils ont repris faveur dans le nôtre, après
avoir été longtemps peu goûtés.
Nous avons maintenant à rechercher quels noms
de lieux nous sont désignés par ces adjectifs Balsa-
miensis, Belvacensis, que les quatre scoliastes parais-
sent avoir altérés et n'avoir pu comprendre. Adam
du Petit-Pont était Anglais ; sur ce point tous les
biographes sont d'accord. Mais à ces mots natione
Anglicus le texte ajoute : patrta Balsamiensis , génère
(1) Ce mot est évidemment (4) AlbericouAubrideReims.
altéré. (5) Joan. Sarisb. EntheticiiSj
(2) Sans doute : avita, édit. Giles, tome V.
(3) Robert de Melun.
218 MANUSCRITS LATINS
Belvacensis. Balsamimsis ne paraît pas offrir de dif-
ficulté ; Bakamum doit être Balsham, dans le comlé de
Cambridge. Ainsi Balsham serait le lieu natal d'Adam.
Belvacensis est moins clair. M. Scheler hésite à sup-
poser qu'il s'agisse ici de Beauvais. Nous ne le suppo-
sons pas non plus. Ne faut-il pas lire, au lieu de
Belvacensis^ Beverlacensis^ c'est-à-dire de Beverley ?
Génère Beverlacensis signifierait donc, si cette cor-
rection était acceptée, qu'Adam, né sur le terri-
toire de Balsham, était d'une famille originaire de
Beverley.
Le texte nous fournit encore deux autres rensei-
gnements sur maître Adam. Venu d'Angleterre en
France, il avait habité Paris pendant douze ans,
professant au Petit-Pont, dont il avait rendu l'école
célèbre, et, professeur libre, nous voulons dire ensei-
gnant dans une chaire qui n'était pas officielle, il
recevait de ses écoliers un salaire quelconque, salarii
lucello. Tel était, en effet, l'usage. Un témoin nou-
veau nous confirme ici ce que déjà d'autres nous
avaient appris.
On a conservé l'épitaphe de ce maître, qui fut vite,
après sa mort, oublié. Nous la trouvons dans notre
no 152, fol. 35 :
Nominis et culpae primi patris hic situs hères
Terra ût, a terrae nomine nomen habens.
Au feuillet 154 de notre volume est une seconde
glose sur quelques mots du même texte. Cette glose
vaut moins encore que la première. On va, dès
Tabord, le constater :
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 219
Phalœ tolum et cet. Versus :
GraBce phalando lignum notât, ut phala monstrat.
Inde phalanx venit, inde pbalanga» phalangsB.
Inde phalarica sit^ pharo phalerasque phaloque.
Phalarica est beffroi gallice ; phalo est portitor lignorum:
Dico pbalam summum sic et* csBlum, quoque turrim.
Tolla tolum donat, Tolomeum, sive Tolosam.
Vel stolon grece, quod signât quattuor ia se.
CillantihuSy a cilleo, les, quod est moveo, ves. Inde
cilium et sapereîlium et concilium, quia in concilio cilletur;
vel consilium, per s scriptum, de sileo, les, quod est tacere.
A cileo, les, dicitur Cillenius, id est Mercurius, quia inter
omnes planetas est velocissimus ; et haec sylliba, hi», et non
syllaba, ne decipiatur, et est sylliba mensa rotunda quœ cito
removetur; etcillenis etocillum, quod est sequlvocum. . .
Cibo. Cibus dicitur de capio, pis ; et componitur subcibo,
sicut mulieres comedunt in secreto ; et concibo, comedere
insimul; et hoccibutum, mensa; cibatus, tus, tui, comestio.
Pluraliter hse cibse, arum, sunt decii; et haec Gibele, dea,
et est média indifferens. Versus :
Die cibus a capio, cibo, subcibo, sitque cibutum.
Taxillique cib», Gybele dea, sive Cibole.
Acido, ab aceo, ces, et inde acuo, is; sed aceo non est in
usu ; et inde bœc acia, et acis, quod idem est, et sunt in-
strumenta carpentarii, et acinasis, ach gallice, et acer arbor.
Inde acerra, vas thuris. . .
Aer dicitur ab a, sine, et er, per contrarium vel congrue.
Inde aeripes, dis. Inde aranea, et tamen invenitur araneus ;
et aura, rae; et yris, quasi aer, ris; vel yris dicitur ab ir,
palmse propter rotunditatem; etyrundo, volucris, quia in
aère colligit cibum suum ; et auriga, quasi verberans aéra ;
et aurata, piscis, scilicet dorée ; ab aura dicitur aurum . . .
On s'est quelquefois étonné de voir les clercs du
xiu^ siècle parler une langue si barbare. Il nous
semble que nous prouvons, en citant de telles gloses»
220 MANUSCRITS LATINS
quMls ne pouvaient guère, étant si mal instruits , en
parler une plus correcte.
Au feuillet 155, un traité, souvent copié durant le
XIII* siècle et le xiv^, dont le titre est Dieta salutis^
Notre exemplaire est anonyme, et Claude de Grandrue
ne parait pas avoir connu le nom de l'auteur : (Jtuem
librum, dit-il, edidit quidam ordinis Minorum. Ce
frère Mineur est Guillaume de Lavicea, ailleurs de
Laniciaj de Lancea. On a fait si grand cas de son livre
qu'on Ta souvent imprimé sous le nom de saint
Bonaventure. Mais c'est là une erreur depuis long-
temps signalée. Il suffit de rappeler ici que toutes
les explications nécessaires ont été données sur ce
livre, ainsi que sur les thèmes de sermons et la table
qui le suivent, dans le tome XXVI de l'Histoire lit--
téraire, page 552.
Du feuillet 267 au feuillet 273, des gloses théo-
logiques et morales sur des vers mnémoniques ou
des maximes diverses. Claude de Grandrue donne
pour titre à tout ce fatras : DistincUones quxdam utiles
ad prœdicandum. Mais, dans le manuscrit, deux
titres le divisent en deux parties, et voici le premier :
In his quinque versibus notantur effectuas passionis
dominicœ; et tels sont les cinq vers :
Multiplicat, reserat, indulcat, potat, obumbrat,
Mortificat, végétât, munit, trahit atque triumphat,
Delectat, sanat, corroborât, instruit, armât,
Excitât, extinguit, confundit, prœmia reddit,
Paciâcat, mundat, redimit, dat vivere, ditat.
Tous les mots qui composent ces cinq vers léonins
sont particulièrement glosés. La glose, expliquant
db: la bibliothèque nationale 231
les énigmes que contiennent les vers, a pour objet
de montrer que le poète n'était pas sans quelque esprit.
Le second titre est Moralitas de oratione, et sous
ce titre figurent un grand nombre de maximes, tirées,
pour la plupart, des livres saints, touchant Taumône,
la confession, la pensée de la mort, etc.
A la suite, de la même écriture, un sermon sur ce
thèoie : Sanctificate bellum^ c'est-à-dire, qu'on l'en-
tende bien, la guerre contre le diable. Un autre exem-
plaire de ce sermon est, comme celui-ci, sans le nom
de Fauteur au feuillet 210 du n"* 14958. Cet auteur
nous est inconnu.
Nous ne savons pas non plus à qui nous devons
attribuer le recueil de pieuses moralités sur toutes
les grâces, toutes les vertus, tous les bienfajts de la
Vierge, qui s'étend du feuillet 275 au feuillet 280.
La première phrase figure, dans la Polyanthea Mariana
d'HippoIyte Marracci, sous le nom de Richard de
Saint-Laurent (i), et nous croyons que les suivantes
sont toutes pillées ailleurs. D'autres copies de cette
œuvre mystique sont dans les n^* 14297 (fol. 60)
de la Bibliothèque nationale, 49 de Douai et 1601 de
la Bibliothèque impériale de Vienne.
Claude de Grandrue intitule ce qui suit : Pulchra dicta-
mina. Ce titre est flatteur, mais il manque de précision.
Il s'agit d'un mélange de petits poèmes sur diverses ma-
tières théologiques. Voici le début du premier morceau :
Deitatis unitatem, Par est Patii Filioque
Personarum trinitatem, Qui procedit ab utroque,
Christiani colimas. Spiritus paraclitus.
(1) Polyanthea Mariana^ p. 2, col. 62.
233 MANUSCRITS LATINS
In personis minus, majas, Pater, Verbtim, sanctnm
Infra, supra, post etprius [munus.
Dici nefas ducimus. Très personsBjDeus unas,
Patri consubstantialîs, Una sub substantia,
Coseternus et aequalis Sunt unius potestatis
Yiyit ttiûgemtus. Et uuius majestatis ;
Una sunt essentia...
Il ne nous semble pas que cela soit, au point de
vue littéraire, d'une incontestable beauté.
La poème d'Hildebert sur Marie VÉgptienne finit
le volume. Claude de Grandrue donne à ce poème
ce titre qui peut sembler bizarre, Metra Zosimœ de
Maria jEgyptiaca, Zozime étant le héros, non Fauteur
du poème. Mais Claude de Grandrue ne fait ici que
reproduire une erreur accréditée dès la fin du xni^
siècle. Nous lisons en effet dans le Regisîrum mul-
toinim autorum de Hugues de Trimberg:
Sequitur hune Zozimas, auctor non ingratus,
Per quem iËgyptiacaô Marias claret status.
De même, le grammairien espagnol Jean Gilles,
citant le poème sur Marie l'Egyptienne, l'intitule
Zozima (1). Les derniers vers manquent dans notre
copie,
14883
Sur les feuilles de garde de ce volume, on lit quel-
ques vers latins ; d'abord ceux-ci, que nous rencon-
trons pour la première fois :
Taies exterius apparent esse benigni
Qui sunt interius fallaces atquè malignî
(1) HisU litU de la Fr,, t. XXX, p. 283.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 233
IjSl pensée est juste, mais elle n'est pas neuve et
n'est pas élégamment exprimée. Au revers du feuil-
let, les quatre premiers vers de l^épigramme bien
connue qui commence par :
Yinea culta fuit, cultores praeinia qufisrunt...
«
Comme nous l'avons dit dans notre notice sur le
n" 6765 (1), cette épigramme a été publiée par Beau-
gendre sous le nom d'Hildebert.
Le volume commence par une préface, que deux
pièces étrangères séparent de Touvrage auquel elle
appartient. Nous parlerons tout à l'heure de ces deux
pièces. Le titre de l'ouvrage est, au revers du feuil-
let 4 : Responsio cujusdam ad refellendam Judœorum
sententiam^ seu etiam ad nostram confirmandam. Ce
quidam estf comme Ta reconnu Claude de Grandrue,
Richard de Saint- Victor, et cette responsio sa réponse
au chanoine André, réponse qui, dans les éditions, a
pour titre : De Emmanuele libri duo. L'écriture paraît
ancienne ; elle est peut-être du xii* siècle. Mais,
quelques feuillets du manuscrit ayant disparu, nous
n'avons plus ici que le premier des deux livres;
encore ne Tavons-nous pas tout entier.
Quant aux pièces intercalées, ce sont deux lettres
d'Yves, évèque de Chartres. La première, qui n'a pas
de suscription , est la cent soixante-cinquième du
recueil publié par Juret. Elle est écrite à Sanson,
évèque de Worcester. La seconde a pour début : Ivo,
Deigratia Carnotensis ecclesix minister, Jo,, Gemme-
(1) Tomo I, p. 320.
224 MANUSCRITS LATINS
iicensis monasterii abbati. C'est la cent soixantième
du même recueil. Il faut remarquer que, dans Tédition
de Juret, cet abbé de Jumièges est désigné par la
lettre 0. Mais quel est cet 0. ? Et quel est ce Jo. ? Dans
la liste des abbés de Jumièges, telle, du moins, que
l'ont dressée les auteurs du Gallia christiana^ nous ne
rencontrons, au temps où vivait Yves de Chartres,
aucun abbé dont le nom commence soit par . soit
par Jo. Si donc cette liste est sans lacune, la leçon de
notre manuscrit et celle de l'édition sont également
fautives.
Nous avons au folio 27 un manuel élémentaire
d'astronomie, de géométrie, d'arithmétique et de
musique, dont voici les premiers mots : Tempus,
quod esicontinv/u/m^ dupliciter (consideratur ?) abastro-
logo et computista, ut ipsi habeant diversitates et diffi-
nitiones in tempore. L'auteur de ce manuel ne nous
est pas connu, et il est probable qu'il ne le sera jamais
à personne. En ce qui regarde l'arithmétique, la géo-
métrie, l'astronomie, on n'avait alors que des notions
d'emprunt ; les professeurs chargés d'enseigner ces
trois sciences ne pouvaient guère lire ou dicter que
des compilations. Il n'est donc pas étonnant qu'elles
soient presque toutes anonymes.
Suit une lettre de saint Jérôme à Héliodore, intitulée
dans notre manuscrit : Epistola quam de eromo CœU-
syrix adolescens scripsit ad Heliodorum monachum.
Yallarsi l'a publiée, 1. 1, p. 28.
Il y a plus à dire sur le traité qui succède à cette
lettre et que Claude de Grandrue intitule vaguement :
Tractatits quidam de confessione. On lit à la fin de ce
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 225
traité, folio 43 : ExplicU Summa magistri Pauli, fratris
S. Nicolai, de Pœniientia^ et c'est en en effet sous le
nom de ce frère Paul qu'il figure dans un certain
nombre de manuscrits. Nous en avons jusqu'à ce jour
rencontré vingt exemplaires. Sept sont anonymes :
dans les u^ 15952 (fol. 99), 16504 (fol. 83) de la Biblio-
thèque nationale, 397 de la bibliothèque Palatine,
au Vatican, 184 et 799 du Mont-Gassin, 3598 de
Munich et 208 des Codic. Laud. miscelL, à la Bod-
léienne. Huit sont, comme celui que nous avons ici,
sous le nom de maître Paul : dans les n®' 14528 de la
Bibliothèque nationale, 3238, 4586, 4782 et 9666 de la
bibliothèque royale de Munich, 67 du collège Lin-
coln, à Oxford, 381 de la bibliothèque d'Angers et
dans un manuscrit de Saint-Marc décrit par M. Valen-
tinelli (1). Mais voici d'autres attributions : dans les
n°' 1355 et 4012 de Vienne l'auteur est nommé
Raymond de Penafort, et Bérenger Frédol dans le
n° 1703 de la même bibliothèque ainsi que dans le
n° 14523 de la Bibliothèque nationale. Nous en avons
enfin, dans notre n"* 3568, une copie moins étendue
sous le nom du chancelier de Paris François Garaccioli.
Il semble bien que voilà de quoi troubler l'esprit d'un
bibliographe. Raymond de Penafort et Bérenger
Frédol peuvent être néanmoins écartés sans hésita-
tion ; ils ont l'un et l'autre traité la matière de la con-
fession, mais ils l'ont fait en des écrits qui n'ont
aucun rapport avec celui que leur attribuent les ma-
nuscrits cités. Restent le chancelier François et maître
(t) Bibl man. S. Marci, t. II, p. 99.
m. 15
226 MANUSCRITS LATINS
Paul, doïit Tun a certainement spolié l'autre. Mais
quel est le spoliateur? Est-ce l'auteur du traité le plus
long ou celui du traité le plus court? Gela demeure
incertain (1). Quoi qu'il en soit, le traité le plus long,
celui que nous offre ce n" 14883, a été récemment
imprimé, sans aucun nom d'auteur, par les religieux
du Mont-Cassin, danâ le tome IV du catalogue de
leurs manuscrits : Florilegium^ p. 191.
A ce traité succède un tableau généalogique des
vices qui dérivent de l'orgueil. Mais ce tableau n'est
pas ici complet, et nous en trouverons plus loin une
autre copie moins imparfaite.
Du folio 55 au folio 59, un opuscule anonyme, qui
parait incomplet, sur les droits et les devoirs des con-
fesseurs. Cet opuscule commence par deux vers, qui
sont ensuite commentés :
Confessor dulcis, affabilis atquesuavis,
Prudens, discretus, mitis, pius atque benignus.
Ces deux vers, souvent cités par les scoliastes, en
rappellent deux autres d'un poème attribué le plus
souvent à Jean de Garlande, et néanmoins publié
récemment, peut-être par inadvertance, sous le nom
de Pierre de Blois (2) :
Confessor dulcis, affabilis atque benignus
Sit sapiens, justus, sit mitis compatiensque (3).
Nous ne faisons pas ce rapprochement, pour cen-
surer un éditeur plus d'une fois pris en défaut.
Noire intention, en insistant sur ces vers, est de
(1) HisU littér, de la France, t. XXX, p. 409-415.
(2) Patroîogie, t. GGVII, col. 1153.
(3) Notices et extraits des manuscrits^ t. XXVII, 2« partie, p. 13.
DE LÀ BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 227
montrer qu'on recommandait habituellement aux
confesseurs, en ce temps-là, d'être plutôt indulgents
que rigides. Ils devaient à la vérité, dans les cas
graves, renvoyer le pénitent devant son évéque, ou
même devant le pape. Nous avons, dans la secondiB
partie de l'opuscule, une assez longue nomenclature
de ces cas graves, qu'on appelait réservés. Mais on
ne suivait pas toujours, dans la pratique, cette procé-
dure minutieuse. Nous ne connaissons aucun autre
manuscrit de ce petit traité.
A la suite, folio 59, une somme de théologie qui
parait avoir eu beaucoup de lecteurs parmi les clercs
du xiu® siècle et dont on ne sait à qui faire hon-
neur. Cette somme commence par ces mots : Ad in-
structionem minorum quibus non vacat opiisculorum
variorwn prolixitatem perscrutari ; elle se compose
de huit chapitres, ou iractatus, sur les articles de la
foi, les sept pétitions de l'oraison dominicale, les dix
préceptes, les sept sacrements, les sept vertus, les
sept dons, les sept béatitudes et les sept vices. Les
copies en sont nombreuses. Nous la trouvons encore
dans les n°» 14976 (fol. 113), 16412 (fol. 3) de la Biblio-
thèque nationale, 1015 de la Mazarine, A 511 de
Rouen, 303 de Bruges, 397 des Cod. Laud. miscelL,
à la Bodléienne, 202 du collège Merton, 219 du col-
lège Balliol. Toutes ces copies sont anonymes, à
l'exception de la dernière, qui a pour titre : Hugonis
Sententiœ. Mais ce titre est faux. Hugues, c'est-à-dire
Hugues de Saint-Victor, nous a laissé des Sentences ;
mais ce ne sont pas celles dont il s*agit ici (1).
(i) Les Œuvres de Hugues de Saint- Victor, p. 75.
228 MANUSCRITS LATINS
Au folio 91, une copie, celle-ci complète, du tableau
généalogique dont nous n'avons rencontré qu'un
fragment au folio 54. La rubrique de ce tableau fait
clairement connaître ce qu'il a pour objet de démon-
trer : Ex virulenta radice superbix nascitur pestifera
proies septem principalium vitiorum, qux sunt inanis
gloria, invidia, ira^ accidia^ avaritia^ gulci, luxuria.
On nous en signale deux autres exemplaires dans les
n°* 406 de Tours et 377 de Berne ; nous en avons
encore un dans le n^ 14957 (fol. 96) de la Bibliothèque
nationale.
Au revers du feuillet 103, un très long sermon sur
la nativité de la Vierge, dont la fin manquait déjà
quand la description du volume fut faite par Claude de
Grandrue. En voici le début : Oportetprœveniresolem...
Cum de hodierna solemnitate^ dilectissimi^ ad laudem
beatœ Virginis et vestri collegii utilitatem... Quel est
ce collège ici vaguement désigné î On voit plus loin
que l'orateur a pour auditeurs des claustrales et des
scolares. Le collège est-il donc une congrégation de
chanoines cloîtrés, c'est-à-dire réguliers ? L'orateur
nous confirme dans cette conjecture, lorsqu'il traite
avec tant de mépris les clercs prébendes, c'est-à-dire
séculiers (fol. 110 v°):
Attendite, vos scolares, . . Relinquite ventum et strepitum
scientisB ssBcularis et accedite ad theologiam.. . Sed tamen
multum timendum esttheologis nostris, quia, cum praedieent
humilitatem, nulle modo amplecti volunt paupertatem. Non
enim sufûcit eis una prsBbenda, et utinam contenti essent
duabus, dummodo se non extenderent ad plures ! Nec suf-
ûcit eis habere libros et sufficientes- expensas, nisi thesauros
congregent magnos quos erogare nolunt etiam in tempore
DE lA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 329
famis. Uudo timeo ne theologi ignorent cui congregent ea ;
imo» quod deterius est, ipsi spéciales thesaurarii dsemonam
efûciuntur ; et etiam quidam claustrales.
Cependant on peut objecter à cette conjecture que
les mots nostris magistris semblent bien désigner les
maîtres des écoliers qui font, partie de l'auditoire,
et que les professeurs séculiers de théologie ensei-
gnaient dans un lieu nommé cloître^ le cloître Notre-
Dame. La question posée n'est donc pas résolue. Quoi
qu'il en soit, le sermon est très soigné,d'un style noble
et généralement correct. Il appartient certainement
à l'un des meilleurs prédicateurs du xii* siècle.
Suivent divers extraits auxquels Claude de Grand-
rue donne le titre de Quxdam theologicalia , Les
auteurs cités sont désignés à la marge, mais peu
clairement. Les modernes le sont ainsi: Branf.,
Gant., Genomanensis, Gorb., Doai., Edua., Gallond.,
Mag. Schol., Persenna, Pict., Praeposit. Nous inter-
prétons ainsi quelques-unes de ces abréviations :
Gant., Pétries Cantor; Gorb., Petrus de Corboiio;
Doai,, Odo de Duaco; Persenna, Adam ou Thomas de
Persenia; Vicl., Pétries Pictaviensis; Prœposit.jPrcBpo-
sitinus ou Prsepositivus, chancelier de Paris. Mais
nous renonçons, après de vains efiforts, à deviner les
autres énigmes. L'écriture du manuscrit paraissant
sont être du xiii® siècle, tous les théologiens cités
antérieurs au xiv®. Notre regret est d'autant
plus vif de ne pas les connaître tous ; il y a peut-
être, parmi ceux dont nous ne trouvons pas les
noms, quelques maîtres jadis fameux à tirer mainte-
nant de l'oubli.
230 MANUSCRITS LATINS
Au folio 124 commence un arbre généalogique des
vertus, correspondant à celui des vices. Deux courts
fragments se lisent à la suite, sous ces titres : De
correctione per flagellum alterius et Contra sont no-
lentos. Ces deux fragments ne sont composés que de
sentences ou d'exemples empruntés aux livres cano-
niques. On usait beaucoup du fouet au moyen âge.
En justifier l'usage avec des textes de l'Écriture,
c'était incontestablement le rendre légitime.
Le sermon anonyme, qui s'étend du folio- 125 au
folio 130, est d'Absalon, abbé de Saint- Victor. Nous
en avons d'autres exemplaires anonymes dans les
n°« 14859 (fol. 225) et 14925 (fol. 130); mais l'auteur
est nommé dans le n"* 14525 (fol. 180). Ce sermon se
lit d'ailleurs sous son nom dans le tome CGXI de la
Patrologie, col. 168. Absalon est un serjuonnaire
généralement estimé. Eh bien, il nous semble qu'il
est encore plus estimable. Il avait certainement beau-
coup étudié les anciens pour apprendre d'eux Tart
d'écrire, et presque jamais il- ne paraphrase un lieu
commun sans introduire dans ses longues périodes
quelque chose de personnel. C'est un des derniers
orateurs de Saint-Victor.
Au folio 130, sous ce titre : Tractatus de tribus
dietis viœ paradisi, encore un écrit anonyme dont
voici les premiers mots : Ibimus ou Eamus viam
trium dierum in solitudinetn . . . Vias tuas^ Domine^
demonstramihi,.. — Quilibet dicit quod ipsevultire in
paradisum, sed pauci sciunt viam. Cet écrit parait
avoir eu du succès, car nous en avons d'assez nom-
breuses copies : dans les n°" 3565 (fol. 170), 3744
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 231
(fol. 25) et 15129 (fol. 268) de la Bibliothèque natio-
nale, 1067 de la Mazarine, 1724 de Troyes, 397 de
Tours et 150 de Metz. Et pourtant ce succès ne
semble guère mérité. Nous allons, en effet, prouver
qu^on a tant honoré, non pas une œuvre originale,
mais une simple compilation.
Le n*" 16505 de la Bibliothèque nationale nous
offre sous le même titre, De tribus dietis, un traité
de Robert de Sorbon que nous avons déjà cité sous le
n** 3218 (1) et dont voici le début : Ne descendas in
jEgyptum, sedquiescein terra ... — Verba suniDomini
ad IsaaCj qui inlerpretatur risus. Or le plan de
cet écrit est, sans aucun changement, le plan de
l'autre, et, dans l'un et dans Tautre, les mêmes défl-
nilions, les mêmes distinctions, les mêmes thèses,
sont présentées dans le même ordre, presque dans les
mêmes termes. Celui que contient notre n"* 14883 est,
à la vérité, le plus considérable, le plus étendu ;
mais la plupart des additions qui s'y trouvent sont
des emprunts faits à d'autres opuscules dont Robert
de Sorbon est l'auteur certain.
Voici maintenant les preuves que nous avons pris
l'engagement de fournir.
Les deux De tribus dietis veulent être d'abord
comparés. Au folio 130 du n** 14883, les trois jour-
nées de marche entre lesquelles se partage le chemin
qui mène au paradis sont ainsi décrites :
Notandum quod hsec via brevis est scientibus eam. Sunt
cnim in ea solum très dietae parvae, quia quselibet non babet
(l) Tome I, p. 204.
232 MANUSCRITS LATINS
nisi très leucas brèves, non magnas sicut illse de Burgundia
vel Ardennia, sed sunt quasi gallicanae, et istsB très dietse
sunt vera cordis contritio, vera oris confessio et vera operis
satisfactio.
C'est le plan du livre entier. Or ce plan est exposé
dans les mêmes termes au folio 161 du n° 16505.
Entre les deux textes, il y a cette unique différence
que, dans ce n^ 16505, les grandes lieues des
Ardennes sont seules citées en exemple. Robert, né,
croit-on, près de Rethel, avait plus d'une fois sans
doute, au temps de sa jeunesse, voyagé dans la
forêt des Ardennes. Sans rien conclure de Tallu-
sion additionnelle aux grandes lieues de Bourgogne,
notons-la.
Ainsi, nous sommes avertis que les deux ouvrages
seront composés sur le même plan. Ce plan étant
indiqué dans les préambules de l'un et de Tautre, aux
préambules qui ne sont pas tout à fait semblables suc-
cèdent des chapitres qui le sont bien plus. Voici le
premier dans le n® 14883 :
Notandum quod per tria exempla apparet quod brevis est
via haec. Primum exemplum taie est. Ecce quidam captus
est in latrocinio ita manifesto quod non potest negare; judi<
catus est, ligatus, oculis bandatis ducitur ad suspendium :
Obviât ei rex quserens : « Amice, quo duceris ? Quomodo est
tibi? 9 Respondet : t Domine, propter latrocinium vel fore-
factum meum ducor ad suspendium. » Dicit rex : c Amice,
doleo et misereor tui. » Quod audiens latro : ce Domine, sup-
plico vobis quod vos me juvetis. > Respondet rex : t Si vis
credere mihi et facere quod dicam tibi, liberabo te. Doleas
quod tu duceris ad patibulum, et eris liberatus. » Non esset
mirum si cito doleret et facillimum esset ei dolere. Non est
palefridus in mundo qui ita cito iret unam leucam sicut ille
doleret Sed valde mirum esiset si non dolerit.
DE LA UIBLIOTUEQUK NATONALE 233
Et voici le même chapitre dans le n^ 16505, fol.
161 :
Ecce dicam quam brevis est hœc via per tria exempla.
Primum est taie. Ecce homo qui captus est in latrocinio
manifesto ; judicatus est, ducitur ad suspendium. Obviât ei
rex, quserens : c Amice, quo duceris ? Quomodo est tibi ? •
Respondet : « Domine, propter latrocinium meum ducor ad
suspendium. » Dicit eirex : < Amice, doleoet multum mise-
reor tui. » Quod audiens latro, dicit: « Domine, supplico
vobis quod juvetis me. >. Respondet rex :« Amice, si vis
credere mihi et facere quod dicam tibi, liberabo te. > Non
est dubium quin responderet : « Domine, nihil est tam grave,
tam vile, quod non sim paratus facere ut libère tis me. >
Respondet rex : c Amice, non imponam tibi aliquid grave ;
sed sis dolens quia duceris ad suspendium et liberabo te. >
Non est dubium quin talis cito doleret, et esset ei facilli-
mum de hoc dolere.
Comme on le voit, les deux textes de ce premier
chapitre diffèrent peu, et nous attestons que ceux
des chapitres suivants ne diffèrent pas davantage.
D'autres rapprochements ne sont-ils pas inutiles?
Mais on n'est peut-être pas certain que le texte
contenu dans le n® 16505 soit le premier en date et
que Robert en soit l'auteur. L'un et l'autre de ces
doutes vont être levés par le n® 14883, où nous lisons,
folio 180 :
Nota exemplum de quodam confessore, de quo récitât ma-
gister R., qui per triginta annos audierat confessiones et erat
magnae auctoritatis. A quo quidam quaesivit si a confitenti-
bus aliquid quaereret de sociis quos habuerunt in peccato.
Respondit quod sic, quia est circumstantia aggravans pec-
catum. Et cum iterum qusereret de pœnitentia quaminjun-
gebat, respondit quod injungebat dicere Psalterium,vel jeju~
nare, vel aliquid taie. Cui objectum est : « Amice, vos
assimilamini cyrurgico qui vulnerato ad mortem in capite
234 MANUSCRITS LATINS
dicit quo bene sanabit eam et apponit emplastrum in pede ;
talis enim non curât nec sanat vulneratum. » Respondit
quod non, Deo placente . Tune objecit contra eum per illud
simile sic : t Aliquis venit ad vos et confitetur quod spoliavit
vicinos, et vos injungitis ei quod jejunet; est ne sanatus ?
Patet quod non, quia vulnus fecit in dorso pauperis et ap-
ponit emplastrum in ore, quia non dimittitur peccatum nisi
restituatur ablatum... »
Où maître Robert a-t-il fait le compte rendu de ce
colloque? Il Ta fait dans son De tribus dietis, au
folio 168 du n® 16505. Ainsi le De tribus dietis du
n® 16505 existait avant celui du n^ 14883, qui le cite,
et le cite comme étant de Robert. La démonstration
est assurément convaincante. Elle ne sera certes pas
infirmée par le passage suivant, extrait du n® 14883,
fol, 147 :
Débet (peccator) considerare quod (sacramentum confes-
sionis) tribuit virtutem resistendi tentationibus et multa
alla bona facit quad enumerantur a magistro E. in versibus
suis. Unde versus :
Sordibus imbutum, quamvis mala quœque secutum,
Vera facit tutum confessio, dans sibi scutum,
Et tribuit vires confessio ne récidivât.
Est bene securus, lit ei confessio murus.
Les vers transcrits ici sous le nom de Robert, et
que nous ne croyons pas de lui, sont lires du texte
conservé dans le n® 16505, fol. 167, et nous ne les
avons trouvés dans aucune autre de ses œuvres.
A ces autres œuvres de Robert l'auteur du traité
contenu dans le n® 14883 a fait, avons-nous dit,
des emprunts non moins libres qu'à son De tribus
dietis. C'est là ce qu'il nous reste à montrer. Il s'agit
DE LA BIBUOTUÈQUE NATIONALE 235
des traités De la conscience et De la confession, impri-
més dans le tome XXV de la Bibliot/ièque des Pères^
édition de Lyon. Puisqu'ils sont imprimés, la colla-
tion sera facile.
Au folio 166 de notre n** 14883, nous lisons :
Notandum quod Parisius non reputatur scolarîs qui non
vadit ad scolas in septimana bis vel ter, vel qui solum audit
lectiones cursorias et non ordinarias. Non repetitur a ma-
gisti'o aliquo si capiatur a praeposito vel ofûciali et ponatur
in Castalleto vel in carcere alio. Quomodo reputabitur sco-
laris qui non vadit nisi semel vel bis ad scolas confessionis
in anno, et qui nunquam conûtetur nisi cursorie, scilicet
currendo et transeundo, sicut gallus super prunas, solum
aliqua peccata in grosso dicendo et multa omittendo... ?
Ce passage est emprunté presque littéralement au
chapitre xin du traité De conscientia : BibL Patrum.,
t. XXV, p. 350. Notons, en effet, que certains mots
changés sont tout simplement de bonnes variantes,
fournies par un manuscrit plus correct que celui dont
ont fait usage les éditeurs de la Bibliothèque des Pères,
si toutefois les fautes nombreuses de leur édition ne
leur sont pas, pour la plupart, imputables.
A la page suivante de notre manuscrit :
Si esset quidam magister qui daret cuilibet scolarium
suorum bonam praebendam cathedralem ubicumque vellet
eligere, imo dignitatem et personatum magnum, multos
haberet scolares, nec locus posset eos capere, et esset maxima
pressura, et alii magistri, quantumcumque probi essent,
possent bene viellas suas sub banco ponere, qui nullos lia-
berent auditores. Talis magister est Christus, qui confert
bonis scolaribus suis, et solum suis, optimas praebendas,
scilicet hic praebendam gratise, quse prasvalet omnibus prœ-
bendis de mundo, etc., etc.
236 MANUSCRITS LATINS
Est ici reproduit presque tout le chapitre xv du
Liber de conscientia, et, comme on le voit encore,
d'après un texte meilleur. Ainsi, dans le texte
imprimé, viellas éiànt remplacé par me//a^, Du Gange
s'est vu contraint dMntroduire dans son Glossaire cet
étrange mot niellas^ employé, dit-il, par Robert en
son Livre de la conscience; mais il s'est, du moins,
abstenu, ne le connaissant pas d'ailleurs, de cher-
cher à l'expliquer. Rétablissez viellas, la phrase est
claire et même plaisante : <c mettre sa vielle sous le
banc » était un proverbe qui voulait dire se taire,
renoncer à parler. Nous l'avons plusieurs fois ren-
contré.
Il nous serait facile de multiplier ces citations. En
fait, presque tous les passages notables des traités
De la conscience et De la confession ont été, sans trop
de contrainte, introduits dans notre De tribus dietis :
sans trop de contrainte, disons-nous, car la matière
de ces trois traités est à peu près la même ; il s'agit
en effet uniquement, dans les uns et les autres, de
recommander aux pécheurs la pénitence, aux con-
fesseurs la scrupuleuse observance de tous leurs
devoirs.
Eh bien ! n'a-t-on pas d'abord été tenté de croire
que Robert, craignant de n'avoir pas assez bien indi-
qué ni dans son Iter Paradisi, ni dans son traité De
tribus dietis, ni dans l'écrit sans titre que contient
notre iv 3218, le chemin si court, dit-il,et si facile qui
conduit au paradis, et jugeant que son itinéraire
n'engageait pas suffisamment à faire le voyage, Ta
remis une quatrième fois sur le métier et rendu
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 337
plus digne du sujet en l'ornant de fleurs cueillies
par lui-même dans ses propres domaines ? Si Ton a
fait cette conjecture, on a déjà dû la soupçonner
fausse en voyant Tauteur de Técrit antérieur désigné
par rinitiale de son nom dans l'écrit postérieur. Il a
toujours été contre l'usage de se nommer à la troi-
sième personne comme auteur d'une œuvre que l'on
cite. Or nous allons de nouveau voir Robert plusieurs
fois mis en scène dans notre livre anonyme, non
seulement pour avoir écrit des livres édifiants, mais
encore pour avoir dit certains mots jugés plaisants
et dignes d'être conservés. On lit au fol. 166 :
Multi simplices, qui papelard! et beguini vocantur a sa-
pientibus mundi, sive sint de sœculo sive in religione, sa-
pientiores sunt, quia frequentius et diligentius conlitentur,
sicut patet ad sensum; unde propter hoc vocantur papelardi
et beguini. Sed, sicut dicebat magister Robertus'de Sorbonio,
si taies vocarentur c chavace (1) » et alio vili nomine, non
curarent, dum tamen non essent taies.
Cela n'est extrait d'aucun livre de Robert; c'est
un de ses propos, raconté, comme il semble, par un
auditeur. Voici maintenant une autre citation d'un de
ses livres, qui, faite sous son nom, ne peut en consé-
quence l'être par lui-même. On la trouve en ces ter-
mes au revers du folio 178 :
(Dixit) magister Robertus quod ipse vidit quemdam qui,
quando erat cum beguinis, sive cum magnis papelardis, ha-
bebat magnum supertunicale rotundum cum manicis ;
quando erat cum mundanis, habebat supertunicale de bru-
nota, fissum ante, sine manicis, furratum de vario.Unde qui
videt taies non débet tacere, sed débet monere eos, etc., etc.
(1) Ce mot n'est pas dans le Dictionnaire de M. Godefroy.
238 MANUSCRITS LATINS
Cette historiette est racontée par Robert dans le
chapitre viii du Liher de conscientia; la citation est à
peu près littérale. Plus loin, au folio 182, cette autre
anecdote, tirée, non d'un livre de Robert, mais
peut-être d'un de ses sermons :
Ponebat exemplum magister Robertus de Sorbonîo de
domina Daudenarda quas maximam 'pœnam posuit ad re-
trahendum alios de statu peccati ad statum gratise et spe-
cialiter circa mulieres quae peccato luxurise se exponebant.
Unde instituit domum in qua ponebat hujusmodi mulieres,
quando per se aut per suos adjutores poterat eas retrahere.
Accidit autem quod, audita fama ejus, magister Robertus
visitavit eam et quœsivit qualiter se habebat taie negotium.
Illa vero dolens respondit quod non prosperabatur multum ;
et, cum qusesivisset causam, respondit quia, quando maxi-
mam curam et laborem per se et per alios apposuerat in
retrabendo eas a peccato et magnos custus, saepius accidebat
quod illae in quibus majorem pœnam apposuerat cito post
recedebant e't redibant ad peccatum ; et inde multum dole-
bat quia totum amittebat. Magister Robertus audiens dixifc
illi dominae : « Ostendo vobis quod, quando recedunt, nihil
amittitis, sed quod plus et majus lucrum habetis de illisquae
recedunt quam de illis quîB rémanent ». Primum ostendit
per exemplum suprapositum de operatore in vinea ; scilicet
qui fecit dietam suam habet mercedem,. quiquid sit de
fructu. Sic in proposito, quando facit quod est in se. Ideo
dicitbeatus Bernardus : « Fac tu quod tuum est, nam Deus
quod suum est absque tua soUicitudine et anxietate cura-
bit ». Secundum ostendit per boc quod ubi major labor ibi
majus lucrum ; sed plus laborat soUicitudine et dolore cor
de illis qu3e redeunt ad peccatum quam de aliis quse réma-
nent et persévérant in bono. Unde Augustinus... et beatus
Bernardus : t Quos corrigere nequeo. quasi superimpositum
onus porto » ; et ita plus meretur quam si persévèrent. Idem
ostendebat sic : de illo opère bono de quo minus habetur de
honore sivegloriain prgesenti plus habebibur in futuro; sed
de illis qu8e récidivant minus laudatur in prœsenti. Quod si
omnes remanerent, haberet majorem laudem humanam et ex
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 239
hoc forte vanam glorîam, et ita minus haberet de praBmio.
HsBc audiens bona domina consolata est et proposait quod
non cessaret facere quod in se est, attrahendo eas ad
bonum, quidquid accideret (1).
Nous pourrions indiquer d'autres passages de ce
livre où Robert est nommé ; mais il nous semble que
ces autres citations seraient jugées superflues. Il
est assez prouvé que l'œuvre est d'un compilateur
qui, professant pour les écrits de Robert une estime
toute particulière, en a fait un seul de plusieurs,
avec l'intention de composer un plaidoyer complet
en faveur de la confession. On pourrait, à la vérité,
le qualifier d'effronté plagiaire s'il avait édité ce
plaidoyer comme sien, sous son nom; mais il ne l'a
pas fait. Tout ce qu'il nous apprend de lui-même,
c'est qu'il vivait encore quelques années après Robert.
Parlant en effet d'un convertisseur jadis célèbre,
qu'on appelait Bosquet d'Arras, il dit de lui, fol. 188 :
Sicut accidit tempore magistri Roherti de illo qui
vocabatur Bosquet de Atrebato, qui multos convertit.
Si Ton rencontre dans le livre de notre anonyme
plusieurs narrations qui sont peut-être originales,
elles ne méritent guère d'être citées. Seraient-elles
encore jugées édifiantes? Nous en doutons; mais
certainement elles seraient lues sans agrément, étant
rédigées sans esprit. Nous soupçonnons d'ailleurs
que Fauteur les a contées, pour la plupart, d'après
autrui. Ainsi nous avions déjà lu cette aventure d'une
jeune fille d'Angers qui, pour avoir aimé trop le bal,
(l) Nous avons corrigé sur le nP 3565 quelques mots de ce frag-
ment.
240 MANUSCRITS LATINS
fut si cruellement punie par le diable (1). L'auleur
en a fait Temprunt au traité De septem donis d'Etienne
de Bourbon (2).
Au feuillet 164, une citation de quelque intérêt
pour rhistoire littéraire, l'épitaphe de maître Nicolas
de Paris, que nous avons publiée sous le n® 11412 (3).
^ C'était, croyons-nous, un canoniste en son temps re-
nommé; mais il est aujourd'hui bien peu connu.
Après ce traité De tribus dietis, le manuscrit nous
en offre un autre, pareillement anonyme, intitulé
Liber conscientias. Quoique beaucoup plus considérable
que récrit de Robert qui porte le même titre, ce Livre
de la conscience est moins original et d'une lecture
moins plaisante. On y rencontre aussi des extraits
de Robert, mais reproduits assez librement. Ce ne
sont pas, comme dans l'écrit précédent, des copies
littérales. Ici Ton imite; on ne pille pas.
Suppose-t-on que Robert a lui-même ainsi modifié,
développé le texte primitif de son Livre de la cons-
cience, publié dans la Bibliothèque des Pères? Nous
allons facilement démontrer que cette autre conjec-
ture serait pareillement fausse. On lit en effet au
folio 223 :
Aliqui negant Deum multoties pro pulice. Rex Ludovicus
et magister Robertus de Sorbonio dieebant quod illud dubi-
tandum erat specialiter ne aliquarido Ecclesia pateretur
persecutionem 5 quia in tali blasphemia fit aperte Deo
injuria.
(1) Fol. 162.
(2) Lecoy de La Marche, Anecd, hist,<, lég. d Etienne de Bourbon,
p. 161.
(3) Tome II, p. 44.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 241
Cet écrit est donc postérieur à Robert. Deux anec-
dotes racontées d'après frère Bonaventure, qui mourut,
ainsi que Robert, en 1274, prouvent pareillement
que ce Livre.de la conscience fut composé dans les
dernières années du xiii® siècle. Notons en passant
que ces anecdotes, qui se lisent aux folios 221 et 228,
sont de vrais contes de bonne femme. Oudin pré-
tend que Ton a calomnié saint Bonaventure en le
disant auteur de plusieurs écrits où se trouvent
bien d'autres fables semblables. Nous voyons ici, .
non sans regret, que les contemporains du saint
docteur ne doutaient pas de sa crédulité.
Mais laissons ces anecdotes et passons à d'autres.
Il y en a d'assez nombreuses dans notre Livre de la
conscience. Quelques-unes, à la vérité, n'ont pas eu
pour nous et n'auraient pas pour nos lecteurs Tattrait
de la nouveauté. Ainsi nous ne transcrirons pas la
fable romanesque de la jeune princesse délivrée par
un chevalier qui meurt en combattant pour elle et
qu'elle pleure après sa mort avec une si constante
affection. Nous aurons à citer doux textes de pette
fable, l'un d'Albert de Metz, l'autre de Guy d'Évreux,
et celui que nous avons ici n'offre aucun détail par-
ticulier. Mais une autre historiette, qui concerne
Maurice, évéque de Paris, doit être reproduite; si
Taventure qu'elle rapporte n'est pas moins connue,
la date du récit est un argument à faire valoir contre
la critique qui Ta rendue moins digne de créance.
Nous lisons au folio 228 :
Exemplum de quodam episcopo Parisiensi, scilicet Mau-
ricio, qui prius faerat paiiper clericus et habebat màtrem
ni. 16
242 MANUSCRITS LATINS
multum padperem. Qui clericus pauper bene addiscit et
bene vixit, ita quod fuit electus in episcopum Parisiensem.
Mater sua pauper, sciens hoc, venit Parisius videre ôlium ;
quam bene ornatam vestimentis pretiosis, et sibi accomitati-
vam bene honestam de mulieribus Parisiensibus, noluit re-
cognoscere nec cameram exire. Dicebat enim quod habebat
matrem pauperem, non divitem. Ipsa autem deposuit vesti-
menta illa pretiosa et induit suum supertunicale grossum,
accipiens baculum in manu, sine comitativa venit ad domum
episcopi, et nuntiatum fuit episcopo quod mater sua venerat
in dicto habitu. Tune episcopus, exiens cameram et currens,
projecit brachia super collum matris et dixit quod ista erat
mater sua.
Le fait avait été raconté par Du Boulay d'après un
sermon qil'il attribuait à saint Bpnaventure. Mais^
avait (lit Casimir Oudin, Du Boulay s'était ici bien
trompé, le sermon étant, non pas de saint Bonaven-
ture, mais de certain Godescalc HoUen, qui vivait
dans la seconde moitié du xv" siècle; et M, Daunou
n'avait pas, sur ce point, contredit Casimir Oudin (1).
Quel que soit l'auteur du sermon, voilà le fait relatif
à Maurice attesté par un contemporain de saint
Bonaventure, après l'avoir été par Etienne de Bourbon
d'après Jacques de Vitry (2). Qu'on n'en doute plus.
Encore d'autres anecdotes, qui ne méritent pas
toutes autant de confiance. Au revers du feuillet 206 :
Narratur quod quidam fuit episcopus probus homo ; et ibi
erat quidam archidiaconus invidus, (qui) anhelans multum
ad episcopatum, dolebat multum de illo episcopo sene quod
tam vivebat. Iste archidiaconus ingeniavit qualiter posset
episcopum interûcere, et posuit quosdam lapides multum
magnos super ostium cujusdam portse veteris per quam ipse
(1) Hist, litUr. de la France, t. XV, p. 151.
(2) Anecd. hisl, d'Etienne de Bourbon, p. 231.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 243
episcopus ibat ante alios canonicos ad matutinas, ut, ante-
quam dicerentur matutinse, diceret orationes de beata Yir-
gine et illa quse habebat dicere. Contigît quod ille episco-
pus, inane volens ire ad templum, ut solebat, venit ad
portam, et, porta illa aperta, lapides illi ceciderunt super
caput et mortuus est. Ille archidiaconus, sive per fas sive
par nefas, fuit episcopus. Qui festum suum cum ma«
gnatibus quos invitaverat (celebrans) , sedebat in mensa
et habebat quemdam militem scindentem coram se. Flexis
genibus qui existens raptus fuit, et, videns quemdam judi-
cem cum magna multitudine, vidit etiam episcopum inter-
fectum, prœdecessorem domini sui, qui sanguinolentus,
tenons cerebrum suum intra manus suas, adducebatur a
beata Virgine coram illo judice, ûlio suo; quse dixit : c Fili,
ecce meum athletam et servientem meum, qui maie interfec-
tus fuit a quodam qui modo tenet episcopatum suum. Precor
quod vindices eum. » «Tudex respondens dixit illi militi :
« Yade et cites dominum tuum coram me^ et dices quod, te
audito, statim veniat ad me. > Qui miles, rediens ad se, et
quasi evigilatus, incœpit clamare ita fortiter quod omnes
timuerunt sedentes in mensa, et etiam episcopus petiit ab eo
quid habebat. Qui dicit quod viderat talem judicem et epis-
copum interfectum cum beata Virgine ; qui judex mandave-
rat sibi quod iret ad eum ; et statim, audita voce militis^
ipse episcopus mortuus est subita morte.
Le narrateur aurait du nous apprendre le lieu de
la scène et le nom de cet archidiacre accusé d'avoir
tué son évèque. Ainsi la légende aurait pu servir à
l'histoire. Le folio 217 nous ramène à Paris :
Quidam conversus, probus homo, quondam Parisius petiit
a pluribus magistris simul congregatis unam quaestionem,
scilicet quid esset magis utile^ aut aliquem hominem addis-
cere quod nescit, aut facere quod scit. Qui responderunt
quod est utilius facere id quod scit homo quam addiscere id
quod non scit. Qui stutim conclusit eis quod erant stulti et
démentes, quia veniebant Parisius de partibus diversis, di-
mittendo parochias et prsebendas, et studebant unam lectio-
244 MANUSCRITS LATINS
nem quam nesciebant et postea aliam et sic deinceps, et ita
addiscebant quod nesciebant. Sed dlxit eis conversus : c Vos
(melius esset) facere id quod scitis, scilicet vivere et facere
secundum verba Dei ; et hoc est Dei sapientia vera. >
La narration suivante, qu'on lit au folio 220, nous
montre que, parmi les maîtres de Paris ou d'ailleurs,
d'autres que frère Bonaventure ne se faisaient pas
scrupule d'inventer des contes puérils pour prouver
la grande puissance du diable :
De caracteribus hebemus exemplum quod quidam magnus
magister in theologia recitavit. Dicit enim quod quidam
juvenis puer fuerat cum quadam juvencula ad scolas gram-
maticales, quaB intravit religionem et fuit monialis. Juvenis
venit Parisius et fuit magister ; et tune accidit quod iste
magister recessit ad partes, et, transiens satis prope illam
abbatiam, cogitavit quod iret visum illam monialem cum
qua fuerat ad scolas in juventute. Ergo fecit. Tune illa ma-
gnum festum fecit ei, petens ab eo si sciret facere aliquas
scripturas per quas poterat {sic) aperire portas abbatise et
ire extra quando vellet de nocte. Qui, nesciens penitus ali-
quid, finxit se scire, sicut multi faciunt, et dixit ei quod
apportaret pergamenum, et incœpit facere scripturas et
scribere infra, et cum nihil penitus sciebat de hoc. Tune illa
accepit scriptum et iste recessit. Tune illa, volens tentare
scriptum suum et habere fiduciam in eo, de nocte venit ad
ostium quod erat valde bene lirmatum et tangit (sic) id
scripto suo. Statim, diabolo opérante, non propter libellum,
apertum est ; et cogitavit quod esset bonum scriptum. Sic
fecit pluries. Tandem accidit dictum magistrum Parisius
venientem verti adhuc ad abbatiam, et dicta monialis.
maximum festum fecit ei, et, trabens eum ad partem unam,
dixit sibi quod fecerat valde bonum librum [sic) per quem
aperiebat ostium : sed dixit quod erat semper in dubio ne
aïiquis veniret et inveniret illud ostium non firmatum; ideo
precabatur eum quantum poterat quatenus sibi faceret aliud
scriptum per quod ostium ûrmaretur. Qui stupefactus et
sciens quod virtute diaboli hoc fiebat, non virtute scripti,
i
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 245
dixit : « Affer mihi scriptum et faciam aliud. » Qase tradidit
et ipse projecit in ignem.
Nous transcrirons encore le récit d'une légende
saxonne, où Ton voit qu'il était habituel, en Saxe
comme en France, de danser le dimanche dans les
cimetières. Notre auteur, après s'être très vivement
exprimé sur la danse en général, propose cette élymo-
logie du mot « carole » : carens omni lege. Est-elle
plus ingénieuse qu'elle n'est vraie? Quoi qu'il en soit,
voici la légende saxonne, qu'ont aussi racontée, mais
en d'autres termes, Guillaume de Malmesbury et
Wilham de Waddinglon (1) :
Quidam frater de Sancto Victore, qui erat natus in Saxonia,
dixit quod illis partibus contigerat quod in quadam villa erat
festum cujusdam sancti, et (cum) presbyter erat indutus
armatura Dei et praedicabat parochianis, multi et multse
choreizabant in cssmeterio, quod est valde inhonestum, et
ipsos impedientes sermonem suum, sive divinum, monebat
pluries quod dimitterent choreas; qui, nolentes dimittere
propter monitionem suam, magis templo appropinquave-
rant. Tune iste sanctus homo rogavit Dominum ut ipsi du*
cerent semper choreas usque ad annum, nec comederent nec
biberent, ut alii inde exemplum acciperent; et factum est
ita, et sic coeuntes anno revoluto, eodem die, ceciderunt
incinerati (2).
Nous ne saurions indiquer un autre exemplaire de
ce livre. Faut-il s'en étonner ? Il est d'un clerc peu
lettré, qui parlait un latin très incorrect et qui, d'ail-
leurs, manquait d'esprit. Si nous ignorons son nom,
nous connaissons, du moins, sa patrie. 11 était fran-
çais ; ce que nous prouvent quelques quelques cita-
(1) Bist. lUtér. delà France, t. XXVIII, p. 203.
(2) Fol. 225.
246 MANUSCRITS LATINS
lions de proverbes français et les fréquents gallicismes
qu'on rencontre dans son mauvais latin.
Après ce livre, de la même écriture^ un autre traité
de morale, safis nom d'auteur, intitulé : Tractatus de
septem speciebus homicidii inierflcientibus animai
hominum. Ce sont, cela va sans dire, les sept péchés
capitaux. On a lieu de croire que ce traité fut plus
estimé que le précédent, car il en existe au moins une
autre copie, pareillement anonyme, dans le n^ 453 de
Douai. Nous constatons cette préférence sans nous
l'expliquer. Les deux écrits peuvent être, en effet,
définis, Tun comme Tautre, un assemblage plus ou
moins bien ordonné de sentences, d'anecdotes pillées
partout, et quelquefois abrégées, plus souvent para-
phrasées dans un style qui n'a rien de littéraire. Des
pages entières du premier De tribus dieiis sont même
ici trancrites.
Un dernier mot sur ces trois traités. De tribus dieiis^
De conscientia , De septem speciebus homicidii, qui sont
rapprochés ici les uns des autres et se ressemblent
tant. Notre opinion est qu'ils sont du même auteur,
un respectueux disciple de Robert de Sorbon, qui avait
beaucoup lu quelques théologiens, saint Augustin,
saint Jérôme^ saint Grégoire, saint Bernard, mais avait
trop négligé les études propres à la faculté des arts.
Parmi les .propositions condamnées par Tévêque
Etienne Tempier se trouve celle-ci : Quod nihil plus
scitur propter scire theologiam (1). Comme il paraît, il
y avait alors quelques gens qui se plaignaient de voir
(1) Bihl Pa<r.,t.XXV, p. 335 (cap. xi, art. 4).
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 347
les autres sciences sacrifiées à la théologie. Notre
auteur se plaint, au contraire, de ce que la théologie
n'est plus assez en honneur :
Aliqui tôt annis sunt discipuli AristoteUs vel alterius phi-
losopha quod in iUa scientia fiunt decrepiti ; sed debemus
immorari solum iû aliis scientiis a theologia quousque simus
dispositi ad eam audiendam.
Eh bien ! le conseil qu'il donne aux autres, il se
l'est donné certainement à lui-même ; il a rompu de
très bonne heure avec Aristote et même avec Donat,
pour se vouer plus tôt et tout entier à la théologie ;
mais il est résulté de cela que, bon moraliste, il est
très mauvais écrivain.
14884
Nous avons d'abord ici le gros traité de Pierre,
abbé de Moutier-la-Celle^ intitulé De Panibus. Le
nom de Fauteur se lisant en tête de Tépitre dé-
dicatoire, il n'y a pas à le rechercher. Mais deux
remarques sont à faire sur l'édition de cet écrit que
contient le tome GCII de la Pairologie. Dès le début
elle est fautive. On ne comprend pas ces mots :
Quia multum altitudo et ardua est. Lisons avec
notre manuscrit : Quia montium alHtudo. L'auteur
n'essayera pas, dit-il, de gravir des montagnes escar-
pées et nuageuses ; il restera prudemment dans la
plaine. Notre seconde remarque est sur la fin du texte
édité. Il manque à cette fin plusieurs pages que l'écri-
vain parait avoir rédigées avec un soin tout particu
lier. C'est sa péroraison.
248 MANUSCRITS LATINS
Nous avons ensuite, au feuillet 86, d'une écriture
plus récente, une courte note sur TAssomption de la
Vierge, et, du feuillet 89 au feuillet 97, des défini-
tions théologiques auxquelles Claude de Grandrue a
donné ce titre : Notulœ et dlstinciiones quxdam mora-
lesy cum quïbusdam versibus. Les vers sont quatre
petites pièces dont voici la première :
Anatole, disis; arctos, mesembrio (1), mundi
Quattuor hse partes esse loquuntur Adam.
Anatole dédit A, disis D, contulit arctos
A, mesembrio M ; collige : fiet Adam.
La seconde est cette épigramme dont le fond est
banal et la forme peu correcte :
Facto de limo pâtre primo, tempore primo,
Nascitur ex costis ilUus uxor et hostis.
La troisième,
Mens mala mors intus, malus actus mors foris^ usus.. .
a été publiée dans les œuvres d^Hildebert ; col. 1228
de rédition de Beaugendre. La quatrième est une
énigme ; la cinquième,
JSre luo pignus, cruce pœnas, luce tenebras,
Dicitur et luere quando salitur ovis. . .
est le début d'un glossaire métrique que nous avons
dans le n° 5009.
Au fol. 97, un fragment de quelque traité sur les
sacrements. Ce fragment concerne la pénitence. Au
fol. 106, le manuel des confesseurs intitulé Correptor,
ou Corrector. D'autres copies anonymes sont dans les
n- 3572 (fol. 157), 12315 (fol. 43) de notre Bibliothè-
(1) Voir rezplication de ces mots dans le Glossaire de Du Gange.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 249
que, 853 de l'Arsenal, 229 de Toulouse, 300 de Char-
tres, A 118 de Dresde. Charles de Visch avait con-
fondu ce pénilenliel avec celui d'Alain de Lille.
Oudin a montré son erreur (1) ; mais il ne Ta corrigée
qu'à demi, n'ayant pas fait connaître l'auteur vérita-
ble, après avoir écarlé l'auleur faussement supposé.
Ce Correptor ou Corrector est le dix-neuvième livre
des Décréta de Burchard de Worms, Il est imprimé
dans le tome CXL de la Palrologie, col. 949.
Du feuillet 129 au feuillet 166, des gloses sur les
épilres canoniques. Ces gloses sont des notes très
brèves sur tous les mots, sur ceux même qu'il n'est
aucunement besoin d'expliquer, et l'explication est
souvent moins claire que le texte.
Du feuillet 165 au feuillet 170, deux fragments de
sermons et un sermon complet qui commence par :
Memoriam fecit mirabilium,,, Legimus quod Moyses a
Domino missvs est in jEgyptum. Nous n'en connais-
sons pas l'auteur.
A la fin du volume, le Tractatus de laudibus Pari-
sius, publié, d'après ce manuscrit et un manuscrit de
Vienne, dans le volume de ï Histoire générale de Paris
qui a pour litre Paris et ses historiens. L'auteur est
nommé dans le manuscrit de Vienne ; c'est le célèbre
disciple de Marsile de Padoue, Jean de Jandun.
14886
Ce volume est un recueil, formé de pièces diverses,
qui commence par trois pages de maximes sur les
(1) Gomnu de script, eccl.y t. II, coU 1407.
250 MANUSCRITS LATINS
vices, toutes empruntées aux livres saints, aux Pères
et à des poètes quelquefois nommés, dont plusieurs
sont des poètes profanes.
Suit un long traité, sans nom d*auteur et sans tilre,
dont voici les premiers mots : Sicut in Orthographia
legiiur, d littêra média est inter th aspiratum et t levé.
En d'autres manuscrits le titre est tantôt Summa
theologica, tantôt Institutiones in sacram paginam.
Quant au nom de Tauteur, il nous est indiqué par
plusieurs de ses autres manuscrits, notamment par
les n^" 3114 A de la Bibliothèque nationale, 519 de
TArsenal et 132 du collège Merton, à Oxford; c^est
un des maîtres les plus justement fameux du xii® siècle,
Simon de Tournai. Il se nomme, d'ailleurs, lui-même
en divers endroits de son livre. A la première page
nous trouvons : Tertio vox significat quod est et esse
videtur, ut Symonem Tornacensem scribere hanc pagi-
nam (1); plus loin, fol. 33 v**, col. 1 : Ego Symon,
hujus paginx scriptor^ sine prœjudicio m^lioris sen-
tentiœ dico; plus loin encore, fol. 36, col. 1 : Volunt
quidam his et aibctoritaiibus firmare caritatem qua
quis diligit Devm et prog^imum esse et dici Spiritum
sanctum; hoc autem mihi Symoni Tornacensi non
videtur. Simon a donc voulu que la postérité, lisant
son livre, en connût bien l'auteur. C'était son droit,
et nous ne lui reprocherons certes pas d'en avoir
usé. Si tous ses contemporains, avaient agi de même,
ils nous auraient épargné bien des tortures.
(1) Les trois texles contenus dans les n*« 3114 À, 14886 de la Biblio-
thèque nationale et 519 de T Arsenal sont souvent corrompus. Nous
corrigeons ce n» 14886, qui Test quelquefois, avec le secours des autres.
DE LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE 251
Mais aux trois citations que nous venons de faire
nous en pourrions joindre beaucoup d*autres sembla-
bles. Évidemment Simon prenait plaisir à se nommer ;
ce qui n'est pas d'un homme modeste. Nous remar-
quons, en outre, que le ton de son discours est vif,
tranchant et même quelquefois arrogant. C'est ainsi,
croyons-nous, qu'il s'est fait des ennemis. Ce que
gênéralemenl on pardonne le moins, ce sont les offen-
ses de Torgueil. Or nous avons la preuve que Simon
eut des ennemis très passionnés, dans les étranges
propos qui lui sont attribués, d'après la rumeur
publique, sans autre garantie, par Gérald de Barry,
Thomas de Gantimpré et Matthieu de Paris (1). Nous le
reconnaissons, il est possible que Simon ait plusieurs
fois tenu dans le particulier, coram privatis, comme
on dit, quelques discours libres et choquants pour
des oreilles catholiques; mais, ce qu'on refuse d'ad-
mettre, c'est qu'il ait raillé dans les termes les plus
méprisants les dogmes capitaux de la théologie chré-
tienne. S'il l'avait osé faire il aurait été bien mal
avisé de parler d'imposteurs. Le premier venu l'aurait
facilement convaincu, montrant ses livres, qu'il n'avait
jamais existé sous le ciel un imposteur plus effronté
que lui.
On doit donc, ces fables mises de côté, prendre
au sérieux ses livres, qui sont, en effet, très sérieux
et même, on Ta reconnu, très orthodoxes.
(1) On a plus d'une fois cilô les passages de Thomas de Gan-
timpré et de Matthieu de Paris qui concernent Simon de Tournai ;
mais nous ne croyons pas qu'on ait encore remarqué ce que rap-
porte sur lui Gérald de Barry : Gemma EccUsiXf dist. I, cap. vi.
Ce récit diffère des deux antres.
252 MANUSCRITS LATINS
Nous n'avons pas sous les yeux un exemplaire
complet de la Somme théologiqtue. Dans le n** 31 14 A
le texte finit au chapitre qui concerne le courage dans
l'adversité, et ne nous offre que les premières phrases
de ce chapitre. Gela correspond à ce que nous lisons
au fol. 37 V*, col. 1, du n" 14886. Le texte contenu
dans ce n"" 14886 et dans le n^ 519 de la bibliothèque
de r Arsenal est d'une étendue presque double. Cepen-
dant il y manque plus ou moins de pages ; ce que
nous prouvent ces mots qui le terminent : De con-
jugali affinitate dictum est; superest dicendum de
spirituali. Est autem affiniias spiritualis compater-
nitas. Nous nous croyons néanmoins en mesure de
faire connaître le plan de cette Somme et la doctrine
de l'auteur.
Il y est d'abord traité du langage propre à la théo-
logie. C'est un préambule assez long et qui dut pa-
raître assez original. Il s'agit ensuite de Dieu, de la
nature divine philosophiquement considérée, de la
Trinité, des anges, de la créature simplement cor-
porelle, le ciel et la terre, de la créature composée
d'un corps et d'une âme, c'est-à-dire de l'homme, de
son état primitif et de son état présent, de ses vertus,
de ses vices et de ses devoirs. Etant descendu jus-
qu'à ce degré de l'échelle des êtres, l'auteur s'arrête
et s'abandonne à de longues digressions sur ce qu'il y
eut d'humain dans la personne du Christ incarné :
. question très agitée de son temps. Il expose enfin
les commandements de Dieu, et démontre la néces-
sité, la vertu des sacrements.
Il suffit de lire quelques chapitres de ce livre pour
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 253
se rendre compte du succès qu^eurent les leçons de
Simon dans 1 école de Paris. C'est à-la fois un théo-
logien très savant et un logicien très subtil. Il est
d'ailleurs, comme théologien et comme logicien, dans
le courant des opinions dominantes; sa doctrine est
le réalisme; son chef d'école, parmi les modernes,
est Jean Scot Erigène, qu'il cite souvent. Cependant
il ne peut se dissimuler qu'un tel maître est un guide
dangereux, qu'il mène ses écoliers aveuglément
dociles bien au delà des limites où la foi prétend
enserrer la raison ; prenant donc conseil d'Aristole,
de Boëce, et par eux conseillé de ne pas aller si loin,
il évite, avec leur approbation, le péril d'une con-
clusion rigoureusement conforme* aux prémisses.
C'est, en fait, un réaliste très ferme et néanmoins
très modéré. La preuve de sa clairvoyance et de sa
modération nous est dès l'abord fournie dans les
chapitres où, le mieux qu'il peut, il définit l'essence
de Dieu.
Nous en avons déjà cité quelque chose (1). Rien,
dit-il, n'est en Dieu comme en un sujet. Telle créature
n'est distinguée de telle autre que par des formes
adventices ; elle est un sujet que ces formes viennent
affecter. Mais toutes les qualités de Dieu lui sont inhé-
rentes ; elles sont de sa substance. Il n'est pas bon, il
n'est pas juste ; il est la justice, la bonté. Jean Scot
n'ayant pu se défendre de constater la diversité de
ses théophanies, cette définition de Dieu ne contredit
pas la sienne. Mais la contradiction est formelle dans
(1) Hist. de la philos, scolast., deux^ période, t. I, p. 60.
254 MANUSCRITS LATINS
un des chapitres suivants où Simon s'explique sur
Tubiquité divine. Voici ce chapitre :
Ut ait Boetius in libro de Trinitate (1) : * Ubi vel de Deo
vel de homine prœdicari potest : de homine ut in foro, de
Deo ut ubique ; sed ita ut non quasi ipsa sit res id quod
prœdicatur de qua dicitur. Non enim ita homo dicitur esse
in foro quemadmodum est albus esse vel longus, nec quasi
circumfusus et determinatus proprietate aliqua qua desi-
gnari secundum se possit, sed tamen quod sit illud aliis in-
formatum rébus prsedicatione ostenditur ; de Deo vero non
ita, nam quia ubique est ita dici videtur non quod in
omni sit loco, omnino enim in loco esse non potest, sed
quod omnis locus ei adsit ad eum capiendum, cum ipse non
suscipiatur in loco ; atque ideo nusquam in loco esse dicitur,
quoniam ubique est, sed non in loco. » Ecce dieit prs&dica-
mentum t ubi » prsedicari de homine ut homo est inforo, vel
de Deo ut Deus est' ubique, et déterminât quomodo, dieens :
« Sed ita dicitur vel homo esse in foro vel Deus esse ubique
non ut dicatur quasi ipsa res de qua dicitur », scilicet homo
vel Deus, « sit id quod prsedicatur >, id est habeat esse, eo
vel affici. Quamvis enim sit quod in loco est, tamen in loco
esse non est esse, nec prœdicamento « ubi > insinuatur praedi-
cati ad subjectum inhserentia, quo modo prœdicamento qua-
litatis vel quantitatis : esse enim quale vel quantum est esse
affectum proprietate, sed esse in foro non ; imo esse in foro
est esse alii coUatum. Unde subdit : « Non ita dicitur homo
esse in foro quemadmodum esse albus ; » nam cum dicitur
esse in foro intelligitur quidem circumfusus et determinatus ;
non tamen hoc est esse vel affici ex aliqua proprietate qua
possit designari secundum se, non ad aliud facta collatione
sui, sicut absque sui comparatione ad alterum per se desi-
gnatur esse humanitate homo, albedine albus, linea linea-
tus. His enim praedicationibus nulla concipitur unius ad
aliud comparatio. Econtra in eo quod dicitur esse in foro
intelligitur circumfusus et determinatus ; nec per se dicitur
sine relatione, sed collatione sui ad illa quibus extra se
circumdatus continetur et offendens in ea suis finibus deter-
(l) Cap, IV.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 255
minatur. Sic ergo per hoc quod home dicitur esse in foro
nequaquam homini inhaerens proprietas notatur, sed, ut
addit, per hanc prsedicationem hoc tantum' ostenditur quod
illud quoque circumfusum et delerminatum per esse in foro
dicitur quod rébus aliis circumstantibus sit informatum ;
non forma inhaerente affectum, sed informatum rébus cir-
cumstantibus, circumfusum vel vallatum. Sic ergo per prae-
dicamentum « ubi »,ut per esse in foro, praedicatur de homiue
ejus circumstantia vel circumfusa vallatio. Nil vero est aliud
esse rei ad rem coUationem quam relatio. Patet ergo
praedicamentum « ubi », etiam de creaturis dictum, in prœdi-
camentum relationis reduci. De Deo quoque quod dicitur in
idem praedicamentum reducitur, quamvis de Deo dictum
aliter concipitur. Unde subdit : « De Deo non ita » ; id est
non eo sensu quo dicitur de creaturis ; nam quod dicitur
« Deus ubique est » dici videtur ita, scilicet non quod non
sit in omni loco, id est quod circumfusus aliquibus continea-
tur aut offendens in aliqua terminetur circumstantia. Omnino
enim non potest dici esse in loco ut circumfusus et determi-
natus ; sed hoc sensu dicitur esse ubique quod omnis quo-
ramlibet locus ei adsit ad eum capiendum qui intra se sine
termino, cum ipse tamen non suscipiatur loco tanquam cir-
cumfusus aut terminatus aliquibus extérioribus; atque ideo,
quia circumfusus non est aliquibus circumpositis, nusquam
ut in loco esse dicitur, quoniam rêvera est totus ubique, sed
non ut in loco circumfusus. Est ergo sensus: Deus est
ubique, id est ubicumque aliquid locatum est Deus est ;
igitur hoc praedicamento « ubique > de Deo prœdicatur coUatio
vel ejus ad loca vel ad ea quae in locis sunt (1).
Gomme on le sait, Jean Scot n'a pas recours à de
lelles subtilités pour mettre d'accord sa raison et sa
foi; c'est bien réellement que Dieu, dit-il, est par-
tout.
Nous allons maintenant reproduire les explications
que Simon donne, avec une précision remarquable,
(I) Fol. 6 V», du n* 14886; fol. 7 du n« 3144 A fol. 6, v% du ms.
de r Arsenal.
256 MANUSCRITS LATINS
sur un point qui n'est pas moins important, sur la
nature de Tâme humaine.
Simon est, parmi les maîtres de Paris, un des pre-
miers à qui les traducteurs de Tolède aient commu-
que les écrits d'Aristote qu'Abélard regrettait de
n'avoir pas connus. Il cite la Physique et, s'il ne cite
pas le Traité de Vâme, il Ta certainement lu^ sachant
qu^on a défini l'àme une entéléchie. Mais il n'accepte
pas cette définition. Une entéléchie n'est qu'une forme,
et l'âme est, dit-il, plus qu'une forme; c'est une sub-
stance. Elle n'existe pas, à la vérité, comme une per-
sonne, individuellement ; Tâme de Platon n'est pas,
en Platon, une personne distincte de cette autre per-
sonne, le corps de Platon ; la personne, c'est Platon,
dont son corps et son âme sont des parties. Mais cela
n'empêche pas que l'âme soit, en elle-même, une
substance, sujet de formes, d'accidents divers :
Boetius, in libro de Duabus naturls et una persona Christi,
personam desciibit dicens : « Persona est naturse rationalis
individua substantia (1). > Secundum hanc difûnitionem
humana anima videtur esse persona. Non enim, Ucet quidam
hoc dixerunt,est endelichia, id est forma, sed potius substan-
tia habens in se formas et diversorum generum accidentia.
Est etiam anima substantia naturaR rationalis. Intelligit enim
atque discernit et separata et in corpore posita . . . Sed quo-
niam nulia persona parspersonae, anima autem personae pars,
anima non est persona. Sed anima, licet sit substantia natur»)
rationalis, tamen non est individua,sedsingularis. Differtenim
inter singulare et ind^viduum, inter singularem proprietatem
et individualem, cum omne individuum singulare sit, sed
non convertitur ; omnis ideo individualis forma singularis,
ûon autem conversim. Est enim forma duplex. Forma simi-
(l) Liber de Nalura et persona, c. ni.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIOÎ^ALE 257
litudînîs, qaa quis alii assimilatur et unitur, ut albedo qua
album alii albo conformatur ; sed eadem a nigro secernitur
et dividitur. Unde forma similitudinis etiam dividua dicitur.
Nam licet rem subjectam uniat uni, ab alio tamen dividit.
Est et alia quse dicitur forma dissimilitudinis, ut qualitas
quam proprium nomen significat, quae a Boetio ficto nomine
dicitur socratitas vel platonitas ; quœ idée dicitur forma
dissimilitudinis quia sic est causa differendi quidem, nequa*
quam uniendi. Socrates eqim, in eo quod Socrates, et Plato,
in 60 quod Plato, participiô propriae qualitatis ab omni alio
differt et cum nullo alio convenit Unde et hœc proprietas
individua dicitur, id est valde dividua, eo quod rem subjec-
tam ab omni alia dividit, ut propositio ista intensive intelli-
gatur, non remissive. Platonis autem est propria qualitas et
individua qua discernitur ab omni alio et qua Plato dicitur
individuum, id est valde dividuum, quia ab omni alia re
divisum. Plato enim, in eo quod Plato, differt tam ab omni
parte sua quam ab omni alia re ; anima vero Platonis nuUius
proprietatis participiô differt a Platon e.Omnis enim proprie-
tas partis est totius. Nam quidquid in parte est in toto, • sed
non quidquid est in toto et in parte, nec totius qua^vis pro-
prietas statim suse partis esse intelligitur. Unde nec anima
Platonis. nec alia Platonis pars aliqua, proprietate participât
qua différât tam ab eo toto cujus est pars quam ab omni
alio. Quare nulla partis proprietas est individua, nec pars
alicujus proprietatis participiô individuum, etsi anima sit
substantia, non tamen individua.
Item anima non solum non est individua individuali forma,
sed etiam ratione locali. Non enim seorsum bine positum est
corpus, hinc autem anima ; sed toti corpori tota est anima
infusa, ut nusquam possit dici corpus esse ubi non sit
anima, nusquan animam ubi et corpus non constet esse.
Onde et Joannes Scotus super Hierarcbiam Dionysii ponit
hocparadigma: < Sicut ignis infunditur toti carboni ut nulla
pars carbonis relinquatur inaccensa. sic anima infunditur
toti corpori ut nulla pars corporis relinquatur exanimis (1). »
(1) Cette phrase est citée par M. Petit-Radel, Hist. liltér. de la Fr,
t. XVI, p. 393, cammo étant *de notre Simon de Tournai. Mais on
voit qu'elle est de Jean Scot.
m. 17
258 MANUSCRITS LATINS
Ergo non localL positione anima est individna, id est valde
ab omni re alia divisa, eum dicto modo corpoii sit infdsa.
Persona igitur est snbstantia et in hoc differt a formis ; in-
dividua, in quo differt ab animabns, pront sunt personanim
partes ; naturœ rationalis, in quo differt tam ab inanimatis
quam animantibus ratione carentibus. Solaigitor snbstantia
naturœ rationalis, cum sit individna. id est eo quod partici-
pât individuali forma, est persona (1).
Nous ne disons pas que cette définition de rame
soit exactement celle que les spiritualistes modernes
ont préférée. Ce qui, du moins, est ici notable, c'est
que Simon Toppose à celle d'Ârislote, qu'il parait
avoir bien comprise.
Après un court fragment, où sont décrits les douze
échelons qui composent l'échelle de Thumilité, com-
mence, au feuillet 73, un traité sans titre dont tel est,
au feuillet 83, Vexplicit : EœplicU Traciatus magistri
Tornacensis super Quicumque vult. Celte note finale
est précieuse ; le même traité Super Quicumque
vult, c'est-à-dire sur le symbole de saint Athanase,
est, en effet, anonyme, comme on Ta vu (2), dans le
n® 13576 (fol. 129) de notre Bibliothèque nationale, et
les moines du Mont-Cassin, le jugeant à bon droit
digne d'estime, l'ont récemment publié sans nom
d'auteur dans le tome IV de leur catalogue, p. 322 du
Florilegium. On ne peut douter que ce traité soit, en
effet, de Simon ; pour s'en convaincre, il suffit de lire
ce qui concerne, au folio 75, les idées de Platon.
Qu'on se porte ensuite au chapitre xxv de la Somme
théologique (3), on y trouvera la critique de ces idées
(1) N* 14886, fol. 11 ; Qo 3144 A, fol. 15; n*519 de T Arsenal, fol. 10 v.
(2) Tome II, p. 251.
(3) N* 14886, fol. 3 vo, col. 2.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 259
en des termes semblables ; Tun des passages est cer-
tainement la copie de Tautre.
Ce traité sur le symbole étant maintenant imprimé,
nous n'avons besoin d'en rien extraire. Il nous parait
toutefois utile de mettre les lignes suivantes sous
les yeux de quiconque hésite encore à disculper
Simon des gros blasphèmes qui lui sont reprochés :
Doctrina Aristotelis est de bis de quibus ratio facit fldem,
sed Obristi doctrina de his quorum fides facit rationem. Hanc
autem distinctionem doctrinarum christianœ et AristotelicaB,
naturalis philosophiae et theologiae, plerique non attenden-
tes, in varios errores lapsi sunt, indifferenter in omni facul-
tate ex ratione praevia fidem quserentes, et sic quod proprium
est naturaU facultati et doctrinœ Axistotelicœ theologise
etiam christianœ communicantes (1).
Aucun théologien orthodoxe n'a plus recommandé
cette distinction nécessaire, et saint Thomas lui-même
ne Ta pas mieux justifiée.
Deux pages sont ensuite occupées par des fragments
théologiques dont on rechercherait vainement les au-
teurs. Ces fragments n'ont d'ailleurs aucune impor-
tance ; mais ce qui vient après mérite plus d'atten-
tion. C'est une longue Somme, commençant au feuillet
85 pour finir 180, dont voici les premiers mots : Qui
parce seminat parce metet... Ideo ut nos in futurome"
tamiis seminarium verbi Dei proponimus. Cette Som-
me, dont nous avons un autre exemplaire dans
le n" 16506 (fol. 32), est d'un érudit plutôt que
d'un théologien. Ce que l'auteur s'est, en efiFet, pro-
posé, c'est moins d'expliquer ou même d'exposer les
(1) N* 14886, fol. 73, col. i.
260 MANUSCRITS LATINS
dogmes de la foi chrétienne, qae de mettre sous les
yeux de ses lecteurs tous les passages des deux Tes-
taments qui se rapportent, dit-il, à ces dogmes et en
démontrent conséquemment la vérité. Le but de cette
compilation doit avoir été d'offrir des documents aux
prédicateurs ; c'est pour cela sans doute que Fauteur
y a joint plusieurs modèles de sermons variés. Yoici
le dernier, qui n'est pas sans rapport avec un sermon
d'Etienoe de Tournai (1) et une pièce rythmique con-
servée dans le n^ 11867 (fol. 130) de la Bibliothèque
nationale. Nous corrigerons le texte souvent défec-
tueux de notre copie en faisant usage d'une autre qui
nous est offerte par le ii"* 5556 (fol. 64) :
Misericordia et veritas obviaverunt sibi^ etc. Fuit qui-
dam paterfamilias, scilicet rex quidam potens, qui quatuor
habuit filias, quarum prima vocabatur Misericordia, altéra
Veritas, tertia Pax, quarta Justitia ; de quibus dictum est :
Misericordia et veritas^ etc. Habebat etiam filium
sapientissimum, cui nemo in omni scientia poterat compa-
rari. Habebat etiam famulum suum, quem exaltaverat, quem
sublimaverat, quem multo honore ditaverat, utpote quem
ad imaginem et similitudinem fecerat, etiam nullo suo me-
rito prsecedente. Dominus vero, uti mos est hujusmodi do-
minorum sapientium, voluit mores cognoscere et explorare
fidem famuli sui : utrum esset famulus ûdelis erga se, necne.
Dedil ei levé praeceptum vel mandat um, dicens : « Die qua-
cumque comederis fructum scientiœ boni et mali, morte
morieris; istud mandatum si bene custodieris, ampliori
honore donaberis; sin autem, morte pessima morieris. »
Famulus, suscepto mandato domini sui, haud mora trans-
gressus est id mandatum. Quid plura? quid verborum vos
laciniis demorabor ? Dominus, transgressio cui non latuit,
(1) Stephani sermo. n» 14935 (fol. 6) et 16463 (fol. 100). La même
fiction est aussi la matière d'un sermon anonyme, commençant
par In propria venit^ que conserve le n* 14958 (fol. 114).
DB LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 261
adfuit et causa m transgressionis quœsivit. Famulus su-
perbus, turgldus, contumeliosus, inflatus, totam culpam
retorsit in dominum suum. Cum enim dixit c Mulier quam
dedisti mihi ipsa me decepit i, totam culpam impegit in
auctorem. Dominus vero, non tam pro trangresso mandato
quam pro illata contumelia offensus, quatuor vocavit torto-
res ssevissimos, uni illorum prsBcipiens ut, ligatis manibus
et pedibus, superbum transgressorem Incarceraret, alteri ut
vivum decoriaret, tertio ut eumjugularet, quarto ut eum
devoraret crudeli pœna. Posthac autem, cum occasio se
obtulerit, hos quatuor tortores propriis designabo nominibus
et eorumdem effraenatam insaniam in caput famuli enu-
cleabo. Tortores igitur, sua ssevitia domino placere studentes,
arreptum miserum omnibus pœnis affîcere cœperunt. Has
autem famuli pœnas audiens una de ûliabus régis, scilicet
Misericordia, veloci cursu cucurrit ad carcerem et intro as-
piciens vidensque famulum incarceratum, tortoribus nequam
mancipatum, pœnis affectum, non potuit non misereri, quia
proprium est Misericordise misereri, et, laceratis vestibus
et Gomplosis manibus sparsisque per colla capillis, ululans
et damans reôurrit ad patrem et ingeniculata ante paternos
pedes, cœpit simplici et gemebunda voce dicere : « Heu I
pater carissime, numquld ego sum fîlia tua Misericordia et
non diceris misericors ? Si misericors fueris, famuli Jui mi-
serearis, et, si famuli tui non miserearis, misericors non
eris. Si misericors non fueris, meMisericordiam filiam non ha-
bebis. » Taliter illa ante patrem argumentante, advenitsoror
ejus Veritas, et cur Misericordia fleret quaeslvit a pâtre. Gui
pater : a Ista, inquit, soror tua vult ut ego miserear illius
superbi transgressoris cui pœnam indixi. » Veritas, hsBc au-
diens, admodum stomachata, torvisque oculis intuens pa-
trem, sic ait : c Numquid ego sum ûlia tua Veritas et non
diceris verax ? Nonne verum est quod ei pœnam injunxisti
et per mortem tormenta promisisti ? Si verax fueris, verum
persequaris. Si verum non persequaris, verax non eris. Si
verax non fueris, Veritatem ûliam non habebis. i Et ecce
Misericordia et Veritas obviaverunt sibi. Has lites. has
contentiones, has rrxas, has causas audivit tertia soror, sci-
licet Justitia, et, clamoribus earum accita, cœpit a Veritate
causam querelae quaerere ; et Veritas, quae non poterat nisi
262 HAKUSCBITS UkTDiS
vera dieere, ait : c Ista, inqint, êomr nostra Misericordîa,
si soror diei débet, qoîa nofais non conaentik, Tult ot pater
noster misereatnr illins snperbi transgressons. > Tiine Jas-
titia, inflanunato mita, versans in corde d<dorem, sic ait ad
patrem : « Xomqoid ego snm filia toa Jostitia et non dioeris
esse jastns ? Si jostos faeris, in transgressorem jnstitiam
exercebis ; si jastitiam non exercnens, non eris jastns. Si
jnstas non foeris, me Jnstitiam filiam tnam non habebis.
Ecce Veritas et Jostitia bine, illinc sola Misericordia;
Et Tirgo caede madentes,
Ultima eœlestnm, terras Astraea reliqoit (1);
scitieet Pax fagit in regionem longinqoam. Ubi enim lis est
et contentio ibi non est pax, et qaanto major est
contentio tanto magis i>acis elongatio. Pace igitar amissa
et tribus filiabas régis in gravi dissensione positis, qoid
pater faceret, cni parti tatins cederet difficillime diffiniebat.
Si enim Misericordiae cederet, Veritatem et Jnstitiam offèn^
deret. Si vero Veritati et Jnstitiae cederet, Misericordiam
filiam non haberet; et tamen necesse erat ut misericors
esset et justus et pacificus et verax. Propterea consilio opus
erat Advocans itaque filium suum sapientissimum, super
hoc negotio eum consuluit. Cui Filius : « Committe mibi,
pater, prsesens negotium prosequendum, et ego tibi de trans-
gressore vindictam faciam, et quatuor filias tuas reducta
pace tibi restituam. • Cui pater ait : c Magna sunt quse pro-
mittis, nec vocem facta sequentur. Si dictis facta compen-
sas, faciam quod liortaris. > Suscepto igitur mandato regali,
filius sumpsit secum Misericordiam, sororem suam, et,
salîens in montibus et transiliens colles, pervenit ad car-
cerem, et, respiciens per fenestras, prospiciens per cancellos,
vidit famulum incarceratum et positum in calamitate prae-
sentis vitae ; vidit enim eum excoriatum, jugulatum, devora-
tum, quia ex quo homo moritur vermibus esca datur, et per
ipsum mors intravit in mundum ; et, quoniam occasio se
obtulit, dicamus nomina quatuor tortorum. Primus tortor
tortorum qui eum incarceravit est carcer et exilium praesen-
tis vitse ; de quo dictum est : c Heu mihi f quia intus la. > ; in
Pro. Secundus, qui eum decoriavit, miseria est mundi quse
(1) Ovide, Metarn., lib. I, v. 149.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 263
nos omnes pœnis et miseriis afficit. Tertius, qui eum jugu-
lavity mors est, qnae nos omnes jugulât et occidit. Quartus,
qui eum devoravit, vermis est, quia, sicut dixi, exquo homo
moritur vermibus esca datur et venues ad corrodendum eum
suscipiunt. Quatuor, inquam, tortores isti, videlicet carcer
hujus exilii et miseria hujus mundi et mors et vermis, isti,
inquam, tortores a primo homine usquead novissimum,per to-
tam successionem, primi transgressoris pœnas exigunt. Carcer
enim nos detinet, miseria mundi nos cruciat, quse nobis miseris
omnia malainfert, mors nos jugulât, vermis nos rodit. Videns
igitur filius patrisfamilias bis quatuor tortoribus famulum
suum mancipatum, non potuit non misereri, quia Misericor*
diam comitem habebat, et, intro saliens in carcerem, morte
sua mortem devicit, et, alligato forti, id est diabolo, ejus
vasa rapuit et spolia distribuit, et, eum copiosa prœda ascen-
dens in altum, captivam duxit captivitatem deditque dona
hominibus et famulum duplicato honore ad patriam reduxit,
dans ei stolam immortalitatis. Hoc videns Misericordia non
habebat unde conqueretur, quia vidit famulum duplicato
honore reversum, et stola immortalitatis indutum. Veritas
non inveniebat causam querelœ, quia pater inventus fuerat
verax, nam famulus omnes pœnas exsolverat. Justitia, soror,
jam nil conquerebatur, quia in transgressore fuerat justitia
comprobata, et, si revixit, perierat et inventus in (1)
Videns itaque Fax sorores suas concordantes, reversa est et
eas paciûcavit. Ecce misericordia et veritas obviaverunt
sibi, justitia et pcuv oscuîatœ sunt. Sic igitur per mediato-
rem Del, hominum et angelorum, scilicet Christum Jesum,
pacificatus et reconciliatus est homo et ad ovile Dei ovis
.centesima reducta est. Ad quod ovile nos perducat Jésus
Ghristus, cui est honor et gloria ! Amen.
A la fin du du volume, une note du xiv* siècle
nomme Tauleur de cette Somme « frère Pierre de
Poitiers » . Trois Pierre de Poitiers nous ont laissé des
écrits : le premier, grand-prieur de Cluny ; le second,
chancelier de Paris ; le troisième, chanoine de Saint-
(1) Cette phrase n'est pas achevée. Il faut peutrôtre ajouter : morte.
264 MANUSCRITS LATINS
Victor. De ces trois homonymes le second n^a jamais
été dit « frère », puisqu'il était séculier, et le premier,
qui a fait beaucoup de vers, n'est connu comme
auteur d'aucun ouvrage en prose. Il nous parait donc
que la Somme dont il s'agit est du chanoine de Saint-
Victor.
Ce troisième Pierre de Poitiers, qui vécut au com-
mencement du XIII® siècle, n'a pas obtenu, dansl'tft^-
toire liiiêraire de la France^ la notice à laquelle il
avait droit. Puisque l'occasion nous est ofiFerte de
combler cette lacune, nous ne saurions la négliger.
La Somme contenue dans le n"" 14886 est le plus
considérable de ses ouvrages, mais non pas le plus
intéressant. Nous allpns en indiquer deux autres,
pareillement inédits, où nous aurons à signaler quel-
ques digressions moins banales et quelques rensei-
gnements utiles à l'histoire des doctrines ou des
mœurs.
L'un de ces ouvrages est, sous le simple titre de
Tractatus^ dans le n® 14470 de la Bibliothèque natio-
nale, fol . 1 82, où il commence par ces mots : In capite
jejunii nec cineribus caput aspergere nec nudis ince-
dere plantis opus esset si omnes lugendi scientiam
haberemus. On lit au bas de la première page : Trac*
talus mag. Pétri PictaviensiSy canonici S. Victoris
Parisiensis., et cette attribution parait mériter toute
notre confiance ; nous ne connaissons, du moins, au-
cune autre copie du même traité sous le nom d'un
auteur difiFérent. Quant à l'objet de ce traité, c'est la
morale, et particulièrement l'article premier de la
morale cénobilique, l'obéissance. Mais il y a de fré-
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 265
quentes digressions qui font perdre de vue celte ques-
tion principale ; ainsi le traité finit par un chapitre sur
la dédicace du temple, qui ne parait aucunement se
rapporter aux précédents.
L'obéissance est, dit notre chanoine, une obligation
commune à tous les hommes. Cependant on n'est pas
tenu, dans toutes les conditions, d'obéir aussi passi-
vement. Il reste au laïque, même au clerc séculier,
quelque indépendance à Tégard de leurs supérieurs
spirituels. Nous citons :
Vide quod aUter débet obedientiam laicus, aliter clericus
saecularis, aliter regularis. Laicus habet obedire plebano suc
in bis quse spectant ad jus parocbiale et parère sententise
quam in eum tulit, sive juste sive injuste; quamdiu estejus
ordinarius, débet enim se gerere pro ligato ; sed petat abso-
lutionem a superiori prœlato. Clericus saecularis tenetur
obedire suo episcopo in his quae pertinent ad catbedram.
Gloriantur quidam prœlati, audientes ob favorem eorum
Dominum injunxisse subditis : « Qusecumque dixerint vobis
servate et facite, » et glosa sic restringit universitatem, ne
sit vaga : Quaîcumque scilicet pertinentia ad catbedram,
quse sunt duo, scilicet instructio et correctio. In his duobus
habet tantum clericus obedire suo prselato, ut scilicet obe-
dienter suscipiat cum instruitur ab eo, et sustineat libenter,
vel saltem patienter, cum corrigitur. Pro meritis tamen ; in
his enim in quibus non delinquimus pares sumus. Sic ita
clericus sanam habens conscientiam, cujusnecfamalaborat,
potest, secura conscientia et fronte non attrito, suo propo-
nere prslato famosum illud verbum domini senatoris : « Si
non habes me ut senatorem, nec ego te ut imperatorem (1). •
Mais le clerc régulier doit à son chef une soumis-
sion complète, absolue. Son chef peut tout lui com-
mander; si ce n'est pourtant, par abus d'autorité,
(1) Bibl. nat., ms. lat. n» 14470, fol. 184.
266 MA^ccsours latins
(Tenfireindre les prescriptHHis de la règle. Peut-il
mémCj par diarite, le dispenser de les observer ? Il
ne le peol ; et, discomant à œ propos sur les gra-
Tes îocoQTêm^its des dispenses, Taulear rapporte
que maître Hugues de Saint-Yictor a Eût dériver
le mot dispensatio du mot dispendium^ dommage.
L*étymoIogie n*étant pas acceptable, nous supposons
qu*eUe n*a pas été sérieusonent proposée par le savant
prieur.
Pierre dte pins loin .^fol. 186 y*] ces vers :
Unde sapeitât Imhiio, eojiis eoneeptio calpa ?
Kasâ pceoa, Labor vita, necesse moii.
Nous regrettons qull n en indique pas Fauteur. Mais
ce n'est certes pas Gérald de Barrv, à qui les a récem-
ment attribués l'éditeur de ses œuvres (1). Ces vers
étaient connus de Gérald, qui les a cités aussi, et, les
citant, les a loués 2). Il est donc évident qu'ils ne
sont pas de lui. Ils sont d'un poète beaucoup plus
ancien, ayant été recueillis par Herrade de Landsberg,
qui les a £iit transcrire dans son Hortus delicia-
rum (3\ En deux vers, d'ailleurs, la pièce est incom-
plète. Elle se compose en effet de trois distiques,
qu'on trouve réunis dans les n* 294 d'Angers et 710
de Berne.
Dans ce traité, comme dans tous les écrits que
nous ont laissés les chanoines de Saint- Victor, le
sentiment qui domine est le mépris du siècle. Les
(1) Giraldus Cambrensis, Oper., t. I, p. 371.
(2) Giraldus Cambrensis, Spéculum Eccles., dist. lY, ch. xtii.
^3) Bihlioih. de V École des chartes, 1. 1, p. 251.
D£ LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 267
Victorîns sont devenus bien plus tard des reclus mo-
destes ; ils le sont devenus quand le succès des ordres
nouveaux eut fait baisser leur crédit. Au temps de
Pierre, ils étaient doublement glorieux d'être cités
comme les plus lettrés et comme les plus austères
des réguliers. Aussi Pierre se plaît-il à raconter
Tanecdote suivante qui doit concerner un de ses rigi-
des confrères :
Quidam nobilis regfularis respondit aliis mirantibus de
burello : « Taies mercatores sumus ; > dicens : c Modo, Dec
gratias, plus Yolumus lucrari in burello quam perdere in
scarlata, in qua nimis perdidimus (1). >
Un troisième ouvrage de notre chanoine est, sans
nom d'auteur, au feuillet 254 do notre n^ 14886, séparé
du premier par quelques pièces auxquelles nous revien-
drons. Ce troisième ouvrage est un Pénitentiel, qui
commence par ces mots : CompUatio prœsens, mate-
riam habens confessionemy nullum viateriœ profitetur
auctorem, sed tôt habet auctores quoi continel auctores,
(Inde illud :
Gui pater est populus non habet iUe patrem.
Il est, disons- nous, anonyme dans notre n® 14886.
Il l'est aussi dans les n*»» 1520 et 1653 de Vienne et
dans un manuscrit de TEscurial décrit par M. Wilhelm
von Hartel (2); mais plusieurs autres manuscrits,
parmi lesquels les n**" 13455, 14525 de la Bibliothè-
que nationale et 388 de Laon, désignent ainsi Tauteur
sans équivoque : Pierre de Poitiers, chanoine de Saint-
0) Fol. 186.
(2) Biblioth, patr, latin» tiispan., p. 80.
iH.t
-ri:i.à»i iz. ^a^ igiii î* Paaz: f iit ie :l:re était:
^%hU'th 5- r .'3.:-nû rfflfc: ?.*•::: ! - Eii: îl est faicaeer-
ik^z T'Jl ztt ^rfzi «Tt n:5 a= ^ccz^e d- zrand-priear
yt CirT r:,:r:Ters !1-Vj, zl da rhaiyriâcr de Paris
z:..n e- îrV; :^ y iricrç e:: cSei plasienrs fois
f. '>-^ >r d jc:e Prér»!;:!, ç:::: f-î îe soccesseur de ce
'î-rrr.Ier Vj^rrh â la tZiAi^çcZcric, rérAgoe Maurice de
S-11t, iL^rtea 1215. cl plassoareDtaKrore, lepape
Iiin>-:eal Cî, ciortla n:-rnie ansêc. Il n'y a donc
pas la moindre incerûtcde scr la personne de Tau-
Les pLrases tirées da livre par Jaoqoes Le Petit ont
paru sans dj^te paniculierement instructives tant aux
corileiKporaîns de cet éditeur qu'à lui-même; mais
elles n'offrent plus qu'un faible intérêt, et beaucoup
d'autres, qui sont encore inédites, contiennent des
renseignements aujourd'hui plus utiles. Signalons
d abord celles qui noos font apprécier le caractère de
Tauteur. Tous les Pénitentiels ne se ressemblent pas ;
il y en a dMndulgenls, il y en a de rigides. Celui de
notre chanoine se distingue par Tindulgence. Le con-
fesseur est, lisons-nous ici, le médecin des âmes.
Qu'il observe avec grand soin les malades, c'est-à-
dire les pécheurs qui s'adressent à lui, et, si quel-
ques-uns lui semblent capables de supporter le régime
d'une pénitence sévère, qu'il se garde bien d'appli-
(3) Tbeodori Gantuar . i>û?nt7e/i<iai«, 1. 1. p. 341.
DE TA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 269
quer ce remède à des gens dont le tempérament n'a
pas une égale énergie. Pour traiter avec succès les
maladies du corps et celles de Tâme, il faut compo-
ser avec la nature et non la violenter (1). Le métier
du confesseur serait trop facile sMl consistait simple-
ment à savoir par cœur les textes légaux qui prescri-
vent la peine applicable à chaque délit. Ces textes
sont-ils, d'ailleurs, tous conformes? Non, ils ne le
sont pas, et les plus anciens, qui sont les plus sévè-
res, doivent être tenus pour surannés :
Sicut moderni physici tempérant antiquarum violentiam
potionum, sic et nos plerumque antiquorum rigorem cano-
num pœnitentialium, quia non possumus sustinere censuram
illius temporis, quando et corda et mérita defecerunt. Tune
enim in amore Christi ferventiores erant fidèles quando
recens erat cruor Christi, ideoque et valebant et volebant,
non patienter solum, sed et libenter, pro ipso custodire vias
duras. Tune quidem robustiores homines, et prœcipue in
primis legum constitutionibus saeviori censura transgresso-
res percellunt, sicut Petrus Ananiam. Unde multi falluntur
et fallunt qui nil vel parum de jure vel theologia a magistris
didicerunt, sed magistram sibi fecerunt opinionem suam et
se, sicut dicemus, docuerunt et quasi judaizantes littersB
adhaerent antiquorum decretorum quœ anti'quata sunt; qufe
multa sunt in Decreiis Yvonis (2).
Aussi conseille-t-il de traiter avec ménagement,
même les seigneurs qui grèvent de taxes abusives
les hommes de leurs terres, même ceux qui s*appro-
prient les dîmes dues à l'Eglise. Il faut sans doute
les réprimander, mais avec douceur ; il suffit quelque-
(l)FoI. 260 V, col. 2.
(2) Fol. 261 V. col. 1.
tlO XANCSCBRS lATIXS
foÎ5, par exemple, de les engager à faire an bon
À des sommes mal acquises :
Milites qui detinent dedmas, ut didt Petros, eantor
3Bgiisi% sastinet Ecdesia el ocHnmaiiicat cam eis et in ecde-
sia et in saçrapnentis, quia multitado est in cansa... Item de
eorreis et talleis et de aliis exactionibns yel violentîis qnas
faâant hosplûbos Tel alienis, qaod emendent pro posse,
saltem iilis qnos nîmis se graTasse erednnt Tel probabiliter
credere debent. Tel partant eis in aliis, t^ alias benefaciani,
cnm animo restitaendi. Sed qoa fironte personae ecclesiasticae
aadebant super hojosmodî milites Tel damnare, cnm multi
sint in eadem damnatione. Tel etiam argaere ? Yidetur antem
tanc qnod bi qnicnmqne non possant reddere maie babita
debeant omnes eleonosynas qnas fadontCacere animo resti-
taendi, pro illis spedaliter qnos laesemnt, et Dens colligat sic
restitnentes in illis eleemosjnis quantum ei placuerit (1).
Pierre avoue, qu'on le remarque, ce qui l'engage
à recommander Findulgence envers ces pécheurs-là.
Leur nombre Teffraye : Muliitudo in caissa est. U ne
redoute pas moins sans doute leur brulalité II cen-
sure plus librement les chanoines séculiers :
Visum est aliquibus quod, sieut vivunt de coinmuni, ita
et deberent Aiyere in communi, id est habere refectorium
commune, utinam et dormitorium; sicut exîstunt alicubi
etiam circa ecclesias canonicorum sœcularinm, et bic sant
officioae regulares sicut et capitulum. Romae sic se babent
canonici regulares Sancti Pétri, et simul dormiunt et simul
comedunt. Omnes quidem bujusmodi permittuntur habere
proprium et domos, quia non babent infirmarias communes
nec bospitium commune ad recipiendos pauperes et religio-
sosetalios honestos, maxime familiares ecclesiae... Deberent
boni viri de praebendis currere ad parrochias; sed res cedit
in contrarium ; imo, quod mirari non sufûcio, qui bodie
(I) Fol. 257 V, col. 2.
DE Là BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 271
refatat parrochiam, dicens se non esse suffîctenteni, cras
recipiet bacnlam pastoralem. Tel archiepiscopi (1).
Il est vrai que ces chanoines séculiers sont encore
plus mal traités par la plupart des canonisles; ce qui
ne peut surprendre^ car, d*une part, leurs .mœurs
étaient généralement mauvaises, et, d'autre part»
étant richement dotés, ils excitaient Tenvie qui médit
volontiers .
Il y a même à tirer de ce Pénitentiel quelques in-
formations sur des écrivains du xii^ siècle. IjSl plus
précieuse concerne Pierre le Chantre, qui est souvent
cité (2). Trois traités sur les sacrements ont été mis
au compte de cet illustre docteur. L'auteur de sa no-
tice dans V Histoire littéraire^ Dom Brial, n'en admet
qu'un, ordinairement intitulé Liber de sacramentis et
animas consUiis. Mais, comme nous TavoQs dit sous
le n® 9593, celui-ci même est attribué par divers
manuscrits, sous le titre de Quxstiones Scholares, à
Pierre de Corbeil, archevêque de Sens, et M. Dau-
nou<, dan^sa notice sur Pierre de Corbeil, mentionne
ces Quœstiones à son avoir, ignorant que cet ouvrage
avait été précédemment revendiqué par Uom Brial,
sous un autre titre, pour Pierre le Chantre. Eh bien !
cette affaire obscure, c est Pierre de Poitiers qui nous
Ta pleinement éclaircie. L'ouvrage, il nous Tatteste,
est de Pierre le Chantre (3).
Il importait assurément de faire mieux connaître
ce troisième Pierre de Poitiers. Il s'est à bon droit
(1) PoL Wd, col. 2
(2) Voir notammeot fol. 254 ¥*, col. 2; 257, col 2.
(3) Voir noire tome II, p. 5 et suiv.
272 MANUSCRITS LATINS
qualifié de compilateur; dous retrouvons en effet,
dans son Pénitentiel, un assez grand nombre dephra-
ses presque littéralement empruntés à celui d'Alain de
Lille. Il n'était pas, malgré cela, plus indigne que
bien d'autres d'être tiré de l'oubli. Retournons main-
tenant au feuillet 179 de notre manuscrit.
Nous y trouvons, après la Somme de Pierre, deux
fragments intitulés De statu primi hominis et De prae-
cepto disciplinœ. Ils n'occupent que deux pages. Y
sont cités maître Gilbert, sans doute Gilbert de La
Porrée, Pierre le Lombard, saint Anselme de Cantor-
béry. Ces deux fragments semblent appartenir à
quelque théologien du xiii* siècle. L'écriture est
du XIV*.
Au verso du feuillet 180 se lisent ces trois vers :
Ex Joachim, Gleopha, Salome, très Anna Marias
Quas habuit junxit Joseph, Aiphaeo, Zebedaeo.
Unius hsec mater, hsBc quattuor, illa duorum.
Ces vers sont pareillement sans nom d'auteur dans
le n® 15952 de la Bibliothèque nationale, fol. 117 v%
et dans le n° 471 du Cod, Laud. miscelL, à la Bod-
léienne. Guillaume Péraud les a cités en tête d'un
de ses sermons publiés sous le nom de Guillaume
d'Auvergne (1), et l'on n'aurait pas à chercher long-
temps pour les trouver ailleurs encore, ces épigram-
mes mnémoniques étant, au xiii« siècle, en égale
faveur chez les maîtres et les écoliers.
Le titre de la pièce suivante est EœposiUo hymno-
rum^ et cette exposition commence ainsi : Liber iste
(1) Oper. GuilL Arv.f t. II, p. 244.
/
DE LA BIBLIOTHÂQUE NATIONALE 273
dicitur Liber Hymnorum. Hymnus est laits Dei eum can*
tico facta. Ce recueil d'hymnes aurait été formé, lit-
on plus bas, par on homme très avisé, nomméHilaire:
Quatuor fuerunt principales auctores qui hymnes eompo*
fiuerunt : Gregorius, Prudentius, Ambrosius atque Sedulius ;
sed quidam vir prudens, nomine Hilarius« videns eos multos
hymnos composuisse, placuit ei quosdam in unum colligere
et compendio suum opns componere, id est brevem et utilera
tractatum cui omnes hympi fuerunt materia (1).
On a de nombreux manuscrits de ces hymnes et de
la glose qui les accompagne. Il suffit de citer ceux que
contiennent nos n" 1093 (fol. 1), 11282 (fol. 30),
15005 (fol. 277), 15037 (fol. 142), ainsi que les n«» 40
et 384 des Cod, Laud. mise, à la Bodléienne.
L'ensemble a même été souvent imprimé sous
le nom de cet Hilaire, que le Répertoire de Hain
confond (n® 8667) avec Hilaire de Poitiers. De telles
erreurs ^e réfutent d'elles-mêmes. Antérieur d'un
siècle à Sedulius, Hilaire de Poitiers n'a pu le com-
menter. Les auteurs de V Histoire littéraire croient que
ce commentaire est du xii^ siècle, mais n^osent en
désigner l'auteur parmi les Hilaires de ce temps-là (2).
Nous imiterons leur prudence.
Sur le verso du fol. 207 commence un sermon
anonyme dont voici les premiers mots : Sol oritur et
iterwm revertitur. . . Per solem quandoque significatur
Dominus, quandoque vir sapiens. Ce sermon sans
intérêt est de quelque moderne puisqu'on y trouve
cité saint Germain d'Auxerre.
(1) Fol. 181.
(2) BisU LiUér, de la Fr., t. XII, p. 253.
ni. 18
274 MANUSCRITS LATCfS
Le traité qui soit est bien connu. On lit à la fin le
nom incontestable de l'auteur, le docte maître Alain
de Lille. Le titre qui manque est Ars prœdicandL De
cet écrit, qui fut jadis très goûté, nous avons des
manuscrits nombreux et, en outre, plusieurs éditions.
La dernière est dans le tome CCX de la Pctirologie^
col. 3. Mais à cette édition, qui reproduit fidèlement
celle de Charles de Visch, nous devons faire un
assez grave reproche : elle est incomplète, elle nous
présente impar&it, tronqué, un des meilleurs écrits
de cet Alain qui fut lui-même un des meilleurs écri-
vains de son temps. Charles de Visch nous avertit
qu'après avoir tiré la première partie de l'ouvrage
d'un manuscrit qui finissait avec le trentième cha-
pitre, il a donné la suite d'après une copie plus
moderne. Or, dans cette copie plus moderne, il y
avait des lacunes que de Yisch n'a pas soupçonnées,
et qui n'existent pas plus dans noire n** 14886 qu'en
d'autres manuscrits par nous consultés. Il nous suffit
d'indiquer notre n® 14925 et le n* 335 des Nouvelles
acquisitions.
Ainsi l'on n'a pas dans les éditions un assez long
chapitre intitulé, dans quelques manuscrits, Inviiatio
ad pœnitentiam, dont la place est immédiatement
après le chapitre trentième. Il manque, en outre,
dans les éditions toute la fin du trente* deuxième cha-
pitre, où il y a des mouvements d'une remarquable
éloquence. Ajoutons que les chapitres suivants sont,
dans les éditions, plus ou moins abrégés ou cor-
rompus. Par contre, le chapitre quarante-huitième,
Ad somnolentos, est un hors-d'œuvre. De Visch n'a,
OE LA BIBUOTHÈQUE NATIONALE 275
dit-il, rencontré que douze sermons d'Alain, et pour-
tant il en a publié treize ; mais il a fait du treizième,
par inadvertance, le chapitre final de VArs prwdh
candi.
Au verso du feuillet 250 commence, sans nom d'au-
teur, un autre traité d'Alain, celui que les éditeurs
ont intitulé : De sex alis Cherubim. Mais cela n'est
pas facile à reconnaître, les éditeurs en ayant sup-
primé le prologue dont voici les premiers mots :
Corporalis exercitatio ad modicum est uHlis, pietas
autem ad omnia utilis est^ promissionem habens vitœ
qux nunc est et futures. Ce prologue, qui est très
court, manque, à la vérité, dans la plupart des manus-
crits; il est néanmoins utile, car il aide à comprendre
la pensée de Tauteur. Les explications qui précédent
un écrit mystique ne sont, d'ailleurs, jamais super-
flues.
Le feuillet 253 finit par un autre fragment du
même genre littéraire dont tel est le début : Sex sunt
species laorijmarv/m. Esi enim lacryma compunctioniSj
id est cor dis contritio, lacryma compassionis^ id est
compati proximo, lacryma peregrinationis... Ce frîig-
ment est peut-être aussi d'Alain, mais, s'il est de lui,
nous ne saurions dire auquel de ses ouvrages il
appartient.
A ce fragment succède le Pénitentiel du chanoine
Pierre de Poitiers. Quelques instructions pour les
confesseurs occupent ensuite trois feuillets, instruc-
tions tirées sans doute d'un autre Pénitentiel.
Il faut aller chercher au feuillet 274 le commence-
ment du dernier ouvrage qui compose ce recueil,
276 MANUSCRITS LATINS
ouvrage aBonyme dont la suite est au feuillet 368.
Les feuillets étant remis en bon ordre, les premiers
mots sont : Primi parentes generis humani per culpam
suam se et siMm sobolem morti et damnationi fecerunt
obnoxios. A ce début nous reconnaissons les Allégo-
ries sur le nouveau Testament qu'on a plusieurs fois
publiées sous le nom de Hugues de Saint-Yictor.
Mais les chapitres ne sont pas ici rangés comme dans
les éditions. Dans les éditions, chaque évangile est
pris à part et sous le titre de chacun sont les allégo-
ries qui se rapportent au texte ; ici tous les évangiles
sont confondus. Mis en regard de Tédition de M. Tabbé
Migne (1), notre exemplaire de ces Allégories nous
offre, après le prologue : Jean, cb. 1, 2; Matthieu, 1,
2, 16 ; Marc, 2 ; Jean, 6 ; Luc, 26; Marc, 8 ; Luc, 12;
Matthieu, 26, 15; Jean, 10; Matthieu, 21, 22, 23, 24,
25, 18 ; Marc, 3, 1 ; Luc, 9, 4, 10 ; Matthieu, 34, 35,
3; Luc, 16, 17, 19, 20, 21, 22, 30; Marc, 5; Jean,
7; Marc, 6, 7; Matthieu, 28; Luc, 31 ; Matthieu, 19,
27; Luc, 27, 29; Matthieu, 30, 20; Marc, 7, 8;
Luc, 23, 11 ; Marc, 9; Luc, 25, 13, 1, 18; Matthieu,
31; Luc, 6, 5; Jean, 11, 4, 9, 8, 5; Matthieu, 32,
29; Luc, 14; Jean, 3; Luc, 3. Il nous a paru qu*il
pouvait être utile de signaler cette différence de com-
position.
14889
On lit à la un de ce manuscrit une table faite avec
soin, mais qui pourtant n'offre pas tous les renseigne-
(1) Hugonis Opera^ t. I. col. 73 f.
J
DE LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE 277
ments désirables. Nous en reproduirons sommaire-
ment les indications suffisantes, et à d'autres, gui ne
le sont pas, ou même sont inexactes, nous ajouterons»
quand nous le pourrons, les compléments^ les correc-
tions, que nous jugerons nécessaires.
Le volume commence par une liste des questions
disculées par Pierre de Tarentaise dans son commen-
taire sur le quatrième livre des Sentences.' A la suite,
une thèse sur la pénitence et un court traité sur les
sacrements dcmt tels sont les premiers mots : Sacrer
mentum est invisibilis gruUiâs visibilis forma ; vel sic :
sacramentum est sacrx rei signum. Une autre copie de
ce traité parait être dans le n* 238 du collège Balliol,
à Oxford.
Du feuillet 43 à la fia du volume, avec quelques
interruptions qui seront signalées, nous avons des
sermons dont les auteurs sont parfois nommés : Guil-
lauDQ^.de MoussY) fol. 43; Jean d'Orléans, fol. 46;
Salixitias ou Servais, fol. 58, 108, 151 ; Nicolas de
Gorrad, fol. 96, t25; Simon, fol. 119; Jean d'Abbe-
ville, fol. 123; Raymond, fol. 135; Jean La Loue,
fol. 172.
Plusieurs de ces prédicateurs, Jean d'Orléans
Nicolas de Gorran, Jean Halgrin d'Âbbeville sont bien
connus ; les autres le sont moins.
Guillaume de Mô\:iss.y, confondu quelquefois avec
Guillaume de Mailly^ a sa notice dans V Histoire litté-
raire (1), et là sont indiqués plusieurs de ses sermons;
mais il n'y est pas fait mention de celui que nous
rencontrons ici.
(1) Tome XXVI, p. 448.
278 MANUSCRITS LATINS
Servais, abbé du Mont-Saint- Eloi, fit plus de bruit.
G^était un savant canoniste, adversaire redouté des
ordres nouveaux et un prédicateur selon le goût du
jour, qui conversait en chaire avec un assez libre
enjouement. Ses trois sermons que nous avons ici
sont cités par VHistoire littéraire (1).
Simon est-il un Simon de Landiaco ou de Londaico
dont il existe d'autres sermons à Oxford et à
Turin (2)? Est-ce plutôt Simon de Sons, ou Simon
le Normand qui viWient dans le même temps (3),
et qui prêchèrent l'un et l'autre à Paris ? Quel que
soit notre Simon, il aimait conter des histoires.
Dans une collation qu'il fit le même jour que son
sermon, il y en a deux que nous ne nous rappelons pas
avoir lues ailleurs. Citons celle-ci :
Quidam rusticus habuit multa bona. In morte dixit Mo
quod daret elecmosynas pro anima sua, et ipse dimitteret
ei omnia quse haberet. Mortuus est ille et ûlius suus tiihil
dédit pro anima ejus. Quadam die, cum veniret de foro, in
equo suc portavit frustum carnis rétro se.. Venit canis et
accepit frustum carnis ; et tune dixit ille : • Yade ; pro anima
patris mei sit t Diu est quod nihil dedi pro eo. »
Raymond est dit Mineur. Est-ce Raymond de
Brette ? On peut le supposer, car Raymond de Brette
était certainement un religieux, qui portait Thabit
d'un ordre quelconque (4], tandis que, parmi les. autres
Raymond du même temps dont .on a des sermons,
aucun n'appartenait à Tordre de Saint-François.
(1) Hist, m. de la Fr., t. XXVIII, p. 324.
(2) Ibid. t. XXVII, p. 392.
(3) Ibid, t. XXVI, p. 413, 414.
(4) Ibid. t. XXVII, p. 163.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 279
- Quant à maître Jean La Loue, nous ne le trouvons
pas ailleurs cité. Que son nom ici rencontré soit désor-
mais porté sur la liste des ^ermonnaires du xin* siècle.
Voici maintenant le détail des sermons anonymes.
Nous pourrons en désigner quelques auteurs.
' Fol. 50. Sermo infesto beati Vincentii — Probasti
cormeum... Visita nos in salutari îtùo... — Verba ultimo
proposita scripta sunt in Psalmis. Le sermon, que
suit une collation, est constamment grave. Il a pour
objet la confession.
Fol. 55. Libenter gloriabor in infirmitatibus... —
Sicut dicit, Isidorus, in libro De summo bono, cap. 16,
ea qtùx saeculi amatoribus..^ Il n'y a guère, dans
ce sermon, que des citations, et la plupart sont
d'Isidore.
Fol. 60. De S. Matthia. — In caritate perpétua
dilexi... — Verba ista scripta sunt in Jer. et possunt
intelligi de Salvatore nostro. Ce prédicateur cite, outre
les anciens, quelques docteurs modernes, saint An-
selme, Hugues de Saint-Victor.
Fol. 62. In Quadragesima. — Ecce nunc tempus
acceptabile... — Sicut vulgariter dicitur et estsumptum
de EccL 8, omnia tempus habent; gallice : « toutes
choses ont lor sayson. » L'auteur de ce sermon est
Guillaume de Mailly. Nous l'avons encore, sans le
nom de l'auteur, dans les n~ 3738 (fol. 74), 14961
{fol. 81), 15956 (fol. 41), 16474 (fol. 66), 16507
(fol. 243), et dans le n^ 1726 deTroyes; mais Tauteur
est nommé dans le n* 16475 (fol. 66). Ce que le pré-
dicateur se propose de démontrer, c'est que nous
n'avons pas^ en cette vie, de temps à perdre, et il le
280 MANUSCRITS LATINS
fai4 en des termes quelquefois lamilîers, jamais vul-
gaires. Nous lisons dans son sermon cet autre pro-
verbe : < Fottx ne garde ce qoi prent »
Fol. 64. In Exaltaiitme sancts^ crucis. — Erallabo
ad populos signum.,. — E( potesi sumi i)erbum isitbd
ad lavdem pressentis sokmmtatis. G'eirt un aermoii
où tout est banal. Noos ne regrettons pas de le
laisser anonyme.
Fol. 67. In DedicatkfM ecd^iss. — Momus mea
domus orationis... — Dicit Philosùphus quod qm
accipit uwtm instrumentum pro alio maie facit. Ge
sermon est du frère Mineur Eustacte ; nous ravona
sous son nom dans le n^ 14952 (M. 151).
Fol. 69. Dominiea post Pascha. — Non enim qui
dicit : Domine... — Dicitur vulgariter : Quibene faciet
bene inveniet. Sermon court et d^assez belle humeiir.
Cependant nous n'en avons rien à citw.
Fol. 71. Dominiea ter tia post Pascha. — Obsecro
vos tanquam advenas. . . — Sciens beatus Petrus istud
temptis, scilicet paschale , esse tempv^ peregrina4ionis\ . .
De Guillaume de Mailly. Autres copies anonymes :
n«» 3731 (fol. 43), 3738 (fol. 119), 15955 (foi. 330>,
15956 (fol. 76), 16474 (fol. 102). Avec le nom de l'au^
teur : n« 16475 (fol. 126). Une copie, dans le n*^ 16507
(fol. 291), est sous le nom de Gérard de Reims. Mais
cette attribution ne doit pas être admisis. Nous
avons les sermons do Guillaume en des recueils for-
més par lui-même, et ce sont des cc^istœ qui nous
en ont transmis quelques-uns avec le nom de
Gérard.
Fol. 74. Dominiea quartaposi Pentecosten. — Est4)te
OB LA BIDLIOTilÈOUE NATIONALE 281
miséricordes.., — Servie qui in tn uUisof fendit dominum
Siiurriy si petit a domino justitia m... Ce sermon est de
rillustre saint Bonaventure. Nous en citerons une
autre copie sous son nom quand nous aurons à décrire
le Qo 14952.
* ♦
Fol. 77. InRogationibus, — Petite et accipietis...
— Dicit beatus Hicronymus quod omnia opéra nostra
oratio dominica débet prœcedere. Ce sermon, qu'accom-
pagae une coUaLion, est d*un docteur plus illustre
encore, saint Thomas d*Aquin. Il est inédit, et nous
nous réservons de la publier intégralement sous
lenM4952.
Fol. 82. Sermo in ordinibus ab episcopo Parisiensi.
— • Attendite vobis et universo gregi,,. — Carissimi
fratre8,egrcgius prœdicaior Paulusin verbis proposais. . .
Nous ne saurions dire avec sûreté quel est cet évéque
de Paris. Son sermon est court et n'offre rien qui soit
à remarquer.
Fol. 83. Sermo a fratre Joanne, quondam cancel-
lario. — Nolite solliciti esse... — Et sequitur parum
post : Primum quœrite regnum Dei. L'auteur est ici
nommé, mais il faut joindre à son nom, pour plus de
clarté, ses deux surnoms. Il s'agit du chancelier Jean
d'Orléans, ou des Alleus, qui, désigné par le pape
comme évéque de Paris, se réfugia, pour ne pas l'être,
chez les Dominicains de la rue Saint-Jacques et prit
leur habit. Cet événement, qui fît grand bruit, eut lieu
le 12 avril 1281. L'objet du sermon qu'on lit ici est de
montrer qu'on ne saurait être trop en garde contre les
séductions de la vie séculière. L'orateur est certaine-
ment do bonne foi quand, après avoir fait preuve
282 MANUSCRITS LATINS
d'un désintéressement exemplaire, il dit des ambi-
tieux :
Multi fragilitatem suam non consideraiit , neque
timent ; ideo instigat eos diabolus ad honores et dignitates
acquirendas. Et ad quid ? Certe ut, sicut pica nucem levât
in altum et facit cadere supra saxum ut frangatur, sic dia-
bolus hominem élevât ad honores et dignitates ut ipsum
gravius cadere faciat.
Pour prouver qu'on ne peut se partager entre Dieu
et le monde, il raconte ici cette plaisante anecdote
que Pierre le Chantre avait déjà narrée (1)^ mais d'une
manière moins dramatique :
Qui vult servire Deo et mundo minor est in utroque...
Exemplum habemus de quodam eremita qui cum asino suc
venit ad ecclesiam. Intravit in ecclesiam et dimisit asinum
suum ad ostium, et incœpit dicere Pater noster, . . ; et tune
cogitavit : « Quid comedet asinus meus » ? Secundo incœpit
Pater noster ; et statim cogitavit : « Latrones furabuntur
asinum meum. » Et sic cogitans de asino, sollicitus de asino,
non potuit perficere Pater noster. Exivit ecclesiam, accepit
asinum, venit ad quemdam leprosum et dédit ei asinum, et,
reversus ad ecclesiam, dixit Pater noster et perfecit oratio-
nem suam.
Une collation suit ce sermon. C'est une autre remon-
trance, non moins vive, à l'adresse des mondains. Ce
prédicateur croit n'en avoir jamais assez dit contre le
monde qu'il a fui.
Fol. 89. Sapientiam sanctorum narrant, . . — Duo sunt
ibiconsideranda. Primumest qux est illasapientia sanc-
torum quam debent popult christiani.. . Une autre copie
anonyme de ce sermon est dans le n° 946 (fol. 32) de
(1) Journal des Saiafiis, 1886, p. 681.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 283
TArsenal ; mais le nom de Tauteur se lit dans noire
n» 15957 (fol. 170). C'est Nicolas d'Hacqueville, reli-
gieux Mineur. Si les sermons dominicaux de Nicolas
d'Hacqueville ont été plusieurs fois imprimés, ses
sermons pour les fêtes des saints sont, croyons-nous,
inédits.
Fol. 91. Probavit me Dominus. . . — Duo sunt ibi
consideranda. Primum est quomodo verba ista conve'
niurU beato Laureniio. Autre sermon de Nicolas
d'Hacqueville, que nous avons sous son nom dans le
n« 15957 (fol. 138).
Fol. 93. Quasi Stella matutina... — In verbisistis
duo sunt consideranda. Primum est quomodo conve^
niuntsancto Antonio. Encore de Nicolas d'Hacqueville.
Avec le nom de l'auteur : n° 15957 (fol. 116). Le
Franciscain se révèle dans ce passage :
Fecît Deus duo luminaria magna, luminare majus ut
prsBesset diei et luminare minus ut prseesset nocti, et stellas,
et posuit in ûrmamento cœli ut lucerent super terram et
prieessent diei et nocti. Luminare majus est beatus Fran-
ciscus, luminare minus est beatus Antonius ; stellae, qusB
debent esse in firmamento, omnes alii fratres Minores qui
debent lucere super terram per bonum exemplum.
Fol. 100. Dominica tertia post Pentecosten. — In
novitate vitx ambulemus... — Quoniam, sicut legitur
in Genesi, Deus post omnem creaturam creavit homi^
nem... Anonyme dans les n^ 15956 (fol. 107), 16474
(fol. 539) et 16499 (fol. 58), ce sermon est sous le nom
de l'auteur, Guillaume de Mailly, dans le n^ 16475
(fol. 171).
Fol. 103. Dominica septima post Pentecosten... —
284 MANUSCRITS LATINS
Sicut eœhibuisiis membra vestra.,. — Sicut incuria
sxculari acceptus est minister qui bene scit servire . . .
Autres copies anonymes : n^ 3738 (fol. 152), 15956
(fol. 110), 16474 (fol. 142), 16499 (fol, 59). De GuiU
laume de Mailly : n^ 16475 (fol, 174). C'est encore un
sermon faussement attribué par un copiste à Gérard
de Reims : n» 15964 (fol. 162). Nous remarquons ici
plusieurs proverbes ou dictons populaires : « Une
bontés autre requiert. » — k Qui jeunes saintil
viens est diables. » — « Vieille piaus ne weut
confire. » Et cet autre, en latin : Bona faciès valet
unum ferculum.
Fol. 104. Dominica vigesima prima post Pentecosten.
— Videte quomodo caute... — Quoniam vita nostra
non est nisi quidam cursus. . . Autres copies anony-
mes : n<>- 15956 (fol. 144), 15964 (fol. 364), 16474
(fol. 176), 16499 (fol. 79). Avec le nom de Tauteur,
Guillaume de Mailly : n° 16475 (fol. 213).
Fol. 106. Dominica décima seœtapost Pentecosten.
— Omnis qui se humiliât. . . — Quamvis homo in infimo
loco, quia in terra, conditus sit.,. Autres copies ano-
nymes : n^ 15956 (fol. 135), 16474 (fol. 168), 16499
(fol. 75) . Avec le nom de Guillaume de Mailly :
n** 16475 (fol. 204). Voici encore un proverbe : « Qui
plus haut monte que il ne doit de plus haut chiet
que il ne voudroil. »
Foi. 109. In Quadragesima. — Sic currite ut corn-
prehendatis.,. — Vulgariter dicitur quod quœlibet
vetula plangit suum damnum. Ce sermon est intitulé
dans le n* 15952 (fol. 113) : Sermo cancellarii; et il
y a dans ce volume un sermon du chancelier Nicolas
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 285
de Nonancourt. On peut donc supposer qu*il est Tau-
leur de Tun et de Tautre.
Fol. 111. In Quadragesima. — Quid hic statis tota
die... — Verbum reprehensionis est, etreprehenduntur
et ratione loci, cum dicit hic, id est in tam vili loco.
Nous ue connaissoQS pas Tauteur de ce court sermon.
Si court qu'il soit, il contient une anecdote ailleurs
racontée : par Etienne de Bourbon (t) dans son traité
De septem donis, et par l'auteur inconnu du Traclatus
de abundantia éxemplorum in sermonibus (2). Voici
cette anecdote :
Nota hoc exemplam de magistro. qui fuit Bononiae, qui
nolebat audire loqui de Deo. Quem cum visitasset aliquando
quidam frater Prœdicator, fecit ille protestationem ne loque-
retur ei de Deo. Tandem, expletis quibusdam aliis ver bis,
rogavit eum frater ille ut ei saltem daret licentiam dicendi
unum verbum de Deo. Oui cum vix ille acquievisset, dixit
frater ille : « Rogo, inquit, vos in hac nocte, cum intrave-
ritis lectum vestrum », qui erat delicatissimus, c cogitetis
quem lectum habent in inferno qui in isto saeculo non agunt
pœnitentiam. » Et magister : « Quem ? » Cui frater : « Qua-
lem, ait, dicit Isaias, 14 : Subter te siernetur tinea, > Hoc
audito, in tantum magister verbum istud fréquenter rumi-
navit quod post paucos dies religionem intravit.
Fol. 111. In Ramis palmarum. — Humiliavit semet
ipsum... — Sicut militi princeps ponitur in exemplum^
sic nobispassio Christi... Autre exemplaire anonyme :
n° 18194 (fol. 112).
Fol. 112. //i Parasceve. — vos omnesquitransitis.
— Yerba sunt Jeremix prophetx in persona Domini
(1) Lecoy de la Marche, Anecd. hislor, tirées durée, d' Etienne de
Bourbon^ p. 29.
(2) HisL liU. de la Fr.,t. XXIX, p. 548.
286 MANUSCRITS LATINS
nos invitantis. Autre copie anonyme : n® 18194
(fol. 115).
Fol. 113. In die Paschm. — Si consurrexistis cum
Christo... — Quoniam familia sequitur dominum
suum,.. Autre copie anonyme : n° 18194 (fol. 118).
Fol. 114. In Rogationibus. — Confite mini alteru-
trum •• — Loquitur Jacobtis ad modum solertis medici
proponentis confectionem antidoii. Autres copies ano-
nymes : n- 14923 (fol. 87), 18194 (fol. 125).
Fol. 115. De S. Joanne. — Numquid adprœceptum
tuum... Cibavit illum pane vitâs.., — Hoc uUimum
verbum dicit et vult tantum dicere : Partis vitœ est
verbum Domini. Ce sermon est d*Arnulfe ou Ranulfe
d'Humblières, évèque de Paris. Il est sous son nom
dans le n° 16481 (fol. 54). Ce qu'on va lire nous fait
supposer qu'il fut prononcé devant des religieux.
Carlssimi, resplclte istas aves genlis et nobiles. Ponuntur
in muta versus ver usque ad festum beati Michaelis, et ibl
projicitur sibi ad comedendum, et ibi omnes plumae veteres
sibi cadunt et induunt plumas no vas, unde omnes plumœ
veteres et quassatse propter volatum factum in hieme sibi
cadunt omnes ; sic personae religiosœ ponuntur in religione
tanquam in quadam muta, ut ibi mutent totam vitam suam
et mores et plumam veterem cogitationum quas habent in
saeculo et novas plumas et cogitationes induant.
L'auteur de ce sermon était, nous le supposons
volontiers, un évêque très estimable; mais nous ne
pouvons ne pas reconnaître que c'était un bien
mauvais écrivain.
Fol. 116. Ante Adveritum Dominiy a subpriore. —
Gaudete in Domino semper... Dominus prope est. —
Ve7'ba secundo propositascripta sunt in epistola Pauli
DE LA BIBUOTHÈQUE NATIONALE 287
ad Phil. et leguntur in episiola hodiema... Quel est ce
sous-prieur? Sous-prieur de quelle maison ? Plusieurs
phrases du sermon nous donnent lieu de croire qu'il
était ou Prêcheur ou Mineur. Ces deux ordres étant
alors en grande faveur, les écoliers de Paris se laissent
facilement entraîner à faire profession dans Tun ou
dans l'autre ; ce qui désole leurs parents. A ces parents
inquiets le sous-prieur répond :
Quantam damnationem meretur ille qui de juste facit
peccatorem, vel justum pervertit ! Veniet aliquis in morte
ad fratres, quaudo erit quinquagenarius, et dicet : « Quando
fui juvenis libenter intrassem religionem, sed habui magis-
trum vel socium qui impedivit me. » Et quomodo salvabitur
ille qui tôt mala commisit, qui non solum in propria per-
sona peccavit, imo alios peccare fecit et a bono proposito
retraxit?... Attendatis, vos pueri, et vos magistri qui ha-
betis taies regere t Dicunt parentes magistris puerorum suo-
rum, quando mittunt eos Parisius : c Non permittatis pueros
nostros ire ad fratres Prsedicatores vel Minores, quia ipsi
sunt latrones et cito râpèrent eos. • Non dicunt eis : « Non
permittatis eos ire ad lupanar nec ad tabernam. »
Voilà un document pour Thistoire des mœurs. Il
faut le joindre au poème du Mineur Guy de La Marche
ialitulé Disputatio mundi et religionis. Les deux
ordres, sur tant de points divisés, étaient d'accord
lorsqu'il s'agissait de défendre leurs intérêts com-
muns contre leur commun ennemi, le monde, le
siècle. Un autre passage du même sermon a trait aux
profanes divertissements qu'un usage plus que sécu-
laire autorisait la veille et le jour de Noël :
Multi gaudent in Domino, sed multi in festo isto gaur
dent, non in Domino, sed in sseculo. Quot dissolutiones
committuntur in vigilia Nativitatis Domini 1 Ludunt clerici
288 MANuscniTS latins
ad taxillos, ingurgltantur et inebiiantur, et aliqui modo
committunt quantum fecerunt a festo S. Joannis, imo plura
peccata committunt aliqui in festo Nativitatis quam in toto
anno. Isti non honestant Dominum, sed diabolum, etnullus
débet reputare illum bonum scolarem, vel bonum hominem,
qui talia fecit, vel qui talia facere permittit
Une collation, du même sous-prieur, succède à ce
sennon. C'est encore une apologie de la vie régulière.
Combien misérable est celle des clercs séculiers!
Citons :
Unum quod maxime placet Dec, est scilicet quando homo
in statu Isetandi pœnitentiam agit, ita quod gaudium suum
vergat in dissolutionem. Est aliquis pauper scolaris. Pro-
mittitur sibi ecclesia. Tantum gaudet quod salit et non po-
test coinedere nec bibere ; et, si quseratur ab eo quid habet,
quare non comedit nec bibit, et respondet: c Episcopus
talis promisit ecclesiam, et de hoc tantum gaudeo quod non
possum comedere nec bibere, • videte quod iste pauper sco-
laris, qui spem habet habendi modioum temporale, tantum
gaudet quod pro gaudio non potest se tenere, et forte tamen
non habebit illud de quo tantum gaudebat. Non est igitur
rairum si sanctus homo agat pœnitentiam in jucunditate.
Cela n*est pas dit avec esprit, mais Test avec passion.
Le mépris du clergé séculier est, on le sent, ce qu'il y
a de plus vif chez notre sous-prieur ; c'est le démon
qui l'obsède. Nous citerone encore un fragment de
cette collation où se trouvent quelques renseignements
sur une personne jusqu'à ce jour très peu connue :
Fuit quidam archidiaconus Lingonensisvirtutibusillustris,
opère strenuus et consilio providus. Intravit religionetn
fratrum. Missus fuit in Losaniam, ubi electus fuerat in
episcopum. Infirmabatur ad mortem, et, postquam labora-
bat in extremis, habebat medicos et vidit quod tristes ince-
debant, sicut faciunt quotidie quando desperant de sanitate
DE LA BIBIilOTHÊQUE NATIOf^ALB 289
inôrmi ; et tune ille, videns medicos suos tristes, dixit ma-
gistro ordini, scilicet fratri Jordano, qui tune magister fuit
ordinis et ibi proesens fuit : c Cur, inquit, çelatur a me hujus
vitsB exitus ? Ego mori non timeo. Eis celetur mors qui-
bus memoria mortis est amara. Certe peccatoribus qui non
egerunt pœnitentiam, qui alios impediunt a pœnitentia et in
morte nesciunt quam maneriem tenere debent, quantus
dolor est illis I Sed qui pœnitentiam egerunt mortem non
timent. >
Jourdain de Saxe fut général de l'ordre des Prêcheurs
de l'année 1222 à l'année 1237. Quel est donc cet
archidiacre de Langres, plus tard frère Prêcheur, enfin
évêque élu de Lausanne, qui mourut en venant
prendre possession de son évêchéî Ce ne peut être,
pensons-nous, que l'un des deux concurrents élus en
1229, après la mort de Guillaume d'Escoublens, par
le chapitre divisé. On savait que l'un des deux était
Thomas de Savoie; mais on n'avait sur l'autre aucune
information, ses contemporains ne nous ayant appris
ni son nom ni sa qualité (1). Une sera plus désormais
tout à fait inconnu.
Fol. 122. i4 subpriore Prxdic. — Fr aires mei caris'-
simi et desideratissimi, gavdium meum... — Ibi ad
Philipp. alloquitur apostolus subditos SiU)s. Rien ne
nous paraît ici digne de remarque.
Fol. 129. Sermo magistri nostri de Advefiitu Domini.
— Ecoe Dominus veniet... — Sancta mater Ecclesia,
in isto sancto iempore in quo de adventu Christi
célébrât,.. Aucune autre copie de ce sermon ne nous
apprend quel fut le maître du clerc qui nous Ta trans-
mis. Quelques phrases nous font seulement supposer
(1) Gallia c/ins/.,t. XV, col. 357.
ni. 19
290 MANUSCRITS LATINS
que c'était un régulier. Son sermon est d'ailleurs sans
intérêt. Tout ce que nous y trouvons à noter,
c'est que l'auteur n'admettait pas Timmaculée
conception.
Fol. 132. Serino fr. Johannis, qtiondamcancellarii,
in Adventu Dominù — Ecce mitto angelum... Dicitur
vulgariter : Qui est prœmonitus non est confusus. Ce
frère Jean, ancien chancelier, est, nous l'avons dit,
Jean des AUeus.
Fol. 139. Dominica in Adventu Dominij amagistro
nostro. — Veniat delectus meus... — Sancta mater
ecclesia his diebibs recolit nobis desiderium sanctorum.
Comme le précédent sermon du même auteur, celui-ci
n'est guère qu'un fatras de propos rebattus.
Au fol. 142, les sermons sont interrompus par une
série de dix-huit questions quodlibé tiques traitées par
un prévôt de Saint-Omer qui n'est pas nommé. C'est,
à n'en pas douter, Adenulfe d'Anagni, neveu du
Grégoire IX, mort en 1290. Il est parlé de ces ques-
tions dans le Journal des Savants; 1889, p. 306.
Les sermons recommencent au feuillet 150 par
celui-ci : In Quadragesima. — Hortamur vos ne in
vacuum.... — In epistola hodierna ; scilicet gratiam
reconciliationis qum ?iobis modo offertur... Nous
n'avons pas rencontré d'autres copies de ce sermon.
Fol. 152. Exivit vincens.. . — Hic explicatur Victoria
beati Vincentii quantum ad tria. Une collation suit ce
sermon, et, dans la collation comme dans le sermon,
sont plusieurs fois cités Hugues et Richard de Saint-
Victor. L'orateur est certainement un hôte de la même
maison.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 291
Fol. 153. InRamis palmarum. ^~' Secundum glo^
riam ejus. . . — Verha ista scripta sunt primo Machab.j
in quibus verbis spiritualiter intellectis duo circa Dei
filium... Autres copies anonymes : n^ 3574 (fol. 33),
14847 (fol. 295), 15952 (fol. 293), 16474 (fol. 74),
16500 (fol. 120). Avec le nom de l'auteur, Guillaume
de Mailly : 16475 (fol. 74). C'est encore un sermon de
Guillaume de Mailly donné par un copiste à Gérard
de Reims : 15955 (fol. 92).
Fol. 155. Dominica post Trinitatem sectmda. —
Homo quidam fecit cxnam... — Ecclesia facit sicut
piclor pingens imaginem . Autres copies anonymes :
n^ 3738 (fol. 137), 15956 (fol. 95), 16474 (fol. 127).
Avec le nom de Guillaume de Mailly : 16475
(fol. 157).
Fol. 159. Dominica postPascha, — Sifiliieù heredes...
— Deus ab origine mundi posuit hominem in paradiso
voluptaiis. Autres copies anonymes : 15956 (fol. 112),
16474 (fol. 144), 16499 (fol. 60). Avec le nom de Guil-
laume de Mailly : 16475 (fol. 176). De ce long sermon,
savamment composé, nous n'avons pourtant à citer
que ce proverbe : « A boen demendeur boen refuseur » .
Au folio 162, les sermons sont interrompus de nou-
veau par d'autres questions quodlibétiques intitulées ;
Quxstiones de Quolibet a magistro Eiistachio et Salvatio,
Nous avons plus haut rencontré Salvatius^ en
français Servais. Eustache est peut-être le frère
Mineur do ce nom dont il existe un sermon dans le
n° 14923 (1). Cela néanmoins est douteux. Les ques-
(1) Hisl. lilL de la Fr., t. XXVIf, p. 430.
292 MANUSCRITS LATINS
tions traitées par l'un et par l'autre étant ici confon-
dues, on ne sait auquel des deux attribuer telle ou
telle décision sur les points controversés. Les questions
sont d'ailleurs, pour la plupart, oiseuses et insolubles.
On se demande, par exemple, si, dans le ciel, les
corps glorieux occuperont un lieu déterminé, et l'on
expose ainsi les raisons qu'on a de tenir tant pour
l'aiffirmative que pour la négative :
Ultime quseritar atrum corpori glorioso sit locus determi-
natas ad quem naturaliter moveatur. Qaod sic arguitur,
quia, cum sit pars universi, ei locas assignari débet, vel
aliter partes universi essent confusaB. Quare et cet. Contra :
corpus gloriosum habet dotem agilitatis; sed ad dotem agili-
tatis pertinet quod moveatur secundum voluntatem animi,
et circumquaque et indifferenter. Quare et cet. Ad hoc dlco
quod de corpore glorioso est loqui dupliciter, aut in quan-
tum corpus aut in quantum gloriosum. Si in quantum corpus,
naturaliter sic moveretur ad centrum ; si in quantum glorio-
sum, sic removeturab eo gravitas ad nutum animi... Sicut
igitur nos videmus, ex vapore sicco terrestri calore incor-
porato elevaturet movetur circumquaque, non de sua natura,
quia si susb naturse relinqueretur statim descenderet^ ratione
tamen caloris incorporati elevatur et movetur circumqua-
que per aerem ; sic suo modo dico de corpore glorioso quod
ei i*atione suse gloriûcationis locus, scilicet cœlum empyreum ;
quia tamen est penitus animse obediens, movebitur secun-
dum voluntatem ejus. Et sic patet solutio ad argmnenta
utriusque partis.
Non, certes, la solution n*est pas claire . On
comprend sans peine que la logique se soit fait
grand tort en traitant de telles questions et de cette
manière. Elle n'aurait pas dû sortir de son domaine
pour envahir celui du mysticisme. Son ambition Ta
perdue.
DE LÀ BIBLIOTHÈQUE NATIONALE . 293
A la quatrième colonne du feuillet 167^ d^autres
questions discutées en 1285 par un chanoine régulier,
nommé Jacques des AUeus. Ces questions, au nombre
de six, sont presque toutes relatives à la discipline
monastique.
Quelques sermons anonymes terminent le volume.
Fol. 170. In die Cinerum. — Audite^ quxso, ser-^
mortes... — Ut idem habeatur pro theumate etprotheu-
mate... Ce sermon, dont nous ignorons l'auteur,
n'est guère qu'un assemblage de phrases empruntées
à saint Anselme et à saint Bernard.
Fol. 174. In Ramis palmarum. — Proposito sibi
gaudio... — In his verbis ad litteram de Christo ab
aposiolo dictis solemnitas prœsens reprwsentatur .
L'auteur ne nous est pas non plus connu.
Fol. 176. In Pascha. — Nonne cor nostrum... In
corde meo abscondi... — Hic tanguntur tria qux
debent esse in auditore verbi Dei. Rien de notable.
Fol. 178. De S. Marco. — Bonus homo de bono
thesauro,.. — Hic beatus evangelista Marcus a triplici
gradu bonitatis commendatur. Ces quatre sermons nous
paraissent du même prédicateur, peut-être quelque
chanoine de Saint- Victor.
Fol. 180. Prœvaluit David adversus Philislxum. . .
In uno lapide... — Secundum aliam translationem
dicitiir super unum lapidem.
Après ce sermon, une dissertation • difficilement
lisible sur les deux litanies. Nous la retrouverons dans
lenM4961.
294 . HAHuscam latins
Le premier écrit que contient ce volame est un traité
de droit canonique qui commence par ces mots :
Simonia est stiAdiasa emendi vel vendendi cupidités
spirituale vel annexumspirituali. In hoc enim simonia
atUnditur quod spirituale, vel annexum spirituali, ut
benefidum ecclesiasticum, cupide emitur vel venditur.
Nous citons deux phrases de ce prologue, parce que
la première est banale et se lit en tête de plusieurs
ouvrages différents. L'ordre des questions ici traitées
est le même que dans la Somme de Raymond . Quant à
la forme du livre, c'est un dialogue, où les deux inter-
locuteurs sont désignés par les lettres M et W. Nous
ignorons le nom de l'auteur.
Un court fragihent sur l'Eucharistie suit ce traité,
et à ce fragment succède un questionnaire, à l'usage
des confesseurs. Nous avons une autre copie de ce
questionnaire dans le n"" 15952 (fol. 93). L'une et
Tautre sont anonymes.
Au revers du feuillet 38, se lisent huit énigmes, que
nous allons transcrire, ne les ayant pas ailleurs ren-
contrées :
I Septimaluxmensis quarti tarrîs Turonensis
Casum scire dat his civi lucum numeratis.
II V decies, O bis, yo jungas, nomen habebis.
III In tauro spinas bibit anser ovemque requirit.
IV Porcus per taurum sequitur vestigia ferri.
V Dives olet lignum mea si fluit Isara lignum.
VI Si vis scrutari quid amo, vertatur amari.
Sit de ventre caput, de cauda venter, habebis
Caudam de capite ; quid amo sic scire valebis.
DE LA BIBUOTHÈQUE NATIONALE 295
VU In medio lanœ ponatur prima triumphi.
Si quis non odit, corruat In medio.
VIII Quattuor et penta, duo monos très mias unus
Hinc dias ambo trias unus dias et duo monos.
La première de ces énigmes offre la date d'un fait
historique. Tous les nombres que représentent les
lettres contenues dans ces deux mots civi et lucum^
e'est-à-dire CIVI LVGVM, sont les nombres 100, 1,5,
1, 50, 5, 100, 5, 1000. Additionnez-les; vous avez le
chiffre de 1267. Ainsi la tour, turris Turonensis, s'é-
croula le7avHl de Tannée 1267. Le mot de la deuxième
se lit à la marge de notre manuscrit ; et ce mot est Milo.
Nous ne devinons pas les trois suivantes . La sixième est
moins obscure. Le ventre à^amari est ma, la queue ri,
la tète a. Faites du ventre la tète, de la queue le
ventre et de la tète la queue, vous avez Maria. La
septième est encore plus claire. Séparez en deux le
mot lan3B et dans Tintervalle placez la première
syllabe du mot triimiphifYons avez latrinœ. Mais,
pour ce qui regarde la huitième, nous ne savons pas
même comment nous devons la ponctuer.
Après le feuillet 39, nous avons une nouvelle numé-
ration, qui commence par le chiffre 15.
Fol. 16, Angelica eoopositio amag. Girardo Remensi.
Il y eut vers le même temps, dit Échard, deux Gérard
ou Girard de Reims, l'un séculier, l'autre régulier,
qui tous deux nous ont laissé quelques œuvres ;
mais Échard ajoute qu'il est facile de les distinguer Tun
de l'autre, le séculier étant qualifié de magister et le
régulier de frater (1). Le séculier serait donc l'auteur
(1) Hist. litUr. de la Fr., t. XXI, p. 311.
296 MANUSCRITS LATINS
de notre exposition sur la salutation angélique. Il est
vrai qu'on pourrait en douter, car nous avons ici le
même copiste qualifiant tour à tour de magister Gé-
rard de Reims et saint Thomas d'Aquin. Il parait toute-
fois probable que le régulier n^a laissé que des sermons .
Cette paraphrase de la salutation angélique est, sous
le même nom, dans le n° 530 de l'Arsenal.
Suivent divers sermons dont chacun réclame encore
une mention particulière.
Fol. 19. Sermo in Assumptione B. Marim. — QuaB
est ista quas ascendit... — Yerba ista sunt Spiritus
sanoti per Salomonem in persona angelorum. Nous
n'avons à citer aucune autre copie de ce sermon
anonyme.
Fol. 20. Sermo mag. Girardi Remensis in Nativitate
B. Mariée. — Orietur Stella ex Jacob... — In istis verbis
virgo gloriosa describitur. Le même sermon est, sous
le nom de Gérard de Reims, dans le n° 530 de l'Ar-
senal, et il y suit immédiatement l'exposition de la
salutation angélique. On n'hésite donc pas à supposer
que les deux écrits ont le même auteur, le séculier,
chanoine de Paris.
Fol. 22. Dominica in Mogationibus, mag. Thomaè
Haquin. — Petite et accipietis.j. — Dicit apostolus ad
Romanos. Nous avons deux autres copies de ce ser-
mon, dans les n«« 14899 (fol. 76) et 14952 (fol. 112). Il
est suivi dans notre manuscrit, d'une collation qui
se lit aussi dans le n" 14899. Nous reproduirons,
sous le n** 14952, le sermon et la collation, en
ayant établi le texte sur les trois copies, qui ne
sont pas toujours conformes.
DE LÀ BIBUOTHÈQUE NATIONALE 297
Fol. 24. Sermo mag. Girardi Remensis, in die
Cinet^m. — Mémento quia cinis es... — In istis verbis
sancta mater Ecclesia reducit nobis ad memoriam . . .
Une autre copie du même sermon, mais sans le nom
de Tauteur, est dans le n^ 14955 (fol. 14). Quoiqu'il
n'y ait rien de jovial, il n'est pas cependant d'un style
très noble. C'est ce que va montrer une courte
citation :
Spiritualiter home, considerans se cinerem, débet facere
loxiviam ex memoria inortis et aquis lacrymarum... Sed
nota quod hujusmodi lotrices facientes loxiviam ponunt
cineres in suprema parte cimarii ; sic debemus ponere in
suprema parte, contra multos qai ponant in inûmo ; qui
dicunt : < Débile habeo caput, non possem jejunare. » Taies
ponunt cinerem in inflmo cimarii, non in supremo.
Fol. 25. Sermo fr. Auberti, Minoris^ dominica in
Quinquagesima. — Quid vis ut faciam... Domine^
adjuva me. — Dicitur vulgariter : « Gui Diex veut
aidier nus ne li puet nuire ». Nous retrouverons ce
sermon dans les n^' 14952 (fol. 50) et 14961 (fol. 60)
et nous en donnerons quelques extraits.
Fol. 27. Dominica in ramis Palmarum. — Humi-
liavit semetipsum... — Mortem autcm crucis. Sicut
dicit beatus Bernardus, Deus est qui dat sentirefideliter.
L'auteur inconnu de ce sermon s'est proposé d'imiter
saint Bernard, qu'il cite plus d'une fois. Son style,
assez animé, n'est jamais vulgaire.
Fol. 28. In Passione Domini. — Fasciculus myrrhœ
dilecius... — Verba ista scripta sunt in Canticis
et tangit sponsa per quam fidelis anima,.. Nous
avons encore ici de nombreuses citations de saint
298 MANUSCRITS LATINS
Bernard. Ce sermon nous parait être da même pré-
dicateur que le précédent.
Fol. 30. In festo tmit^ apostoli, vel pltsrimorum
— Hoc est prœceptum rmum... — Verha ista stmt
Salvatoris discipulos suos ad dilectionem exhorîantis.
Toujours du saint Bernard. L'auteur de ces trois
sermons anonymes est probablement quelque moine,
noir ou blanc.
Fol. 31. M festo unius apostoli^ vel plurimorum.
— Relictis omnibris, secuii sunt ... — Verba ista leguntur
in fine istiiis evangelii. Cum turbae multx irruerent,..
D'autres copies anonymes de ce sermon sont dans
les n*» 14935 (fol. 79), 14955 (fol. 6), 15957 (fol. 70),
15964 (fol. 120) de la Bibliothèque nationale et 530
(fol. 6) de l'Arsenal. Le nom de l'auteur se lit dans
notre n« 18193 (fol. 121) ; c'est Nicolas d'Hacque-
ville.
Fol. 33. Sermo in Dedicatione ecclesiœ. — Sancti-
ficavi domum... — In verbis istis triapossunt adprœ-
sens considerari. Primum est quid per hano domum
significatur. Rien n'est à remarquer ici. Ce sermon,
qui est d'une gravité soutenue, a pour auteur le même
Nicolas d'Hacqueville. Nous l'avons sous son nom
dans le n° 15957 (fol. 303).
Fol. 35. Sermo in Dedicatione ecclesiœ. — Feoe-
runt autem filii Israël... — Verba ista plana stmt
quantum ad officium dedicationis cujuslibet ecclesix.
Deux autres exemplaires anonymes sont dans les
n°» 3573 (fol. 215) et 15954 (fol. 251). Ce sermon est
du même auteur que le précédent, car on y lit : Scien-
dum quodj prxter ista qux ponuntur in prxcedenti
\
DE LÀ BIBLIOTHEQUE NATIONALE 299
sermone, dtùo requiruntur ad faciendam istam dedi-
cationem. Il est, d'ailleurs, sous le nom de Nicolas
d'Hacqueville dans le n» 15957 (fol. 305).
Fol. 37. (Sans titre.) Qui ex Deo est verbum.,.*^
Sunt qui nec audiunt verbwm Dei nec custodiunt. Ce
sermon , très court , ne provoque aucune remarque.
Fol. 38. Sermo in prima dominica Adventus, a fr.
Euslachio, fratre Minore, factus apud Minores. —
Hora est jam nos de somno,.. — Carissimi, sicut sdtis,
qucmdo rexnovus vult ire... Ce sermon est indiqué
dans V Histoire littéraire (1). Il est familier, mais sans
excès.
Nous avons ensuite une dissertation banale dont on
peut, dit la rubrique, faire un sermon. Mais le sermon
n^est pas fait.
Fol. 41. De Virgine Maria sermo. — In soleposuit
tabernaculum... — In sole, hoc est inbeata Maria FtV-
gineposuit Deus Pater tabernaculum.
A ce sermon, dont il n'y a rien à dire, succèdent
quelques autres fragments. Un de ces fragments con-
cerne cet abbé Date, dont la disgrâce eut de si
fâcheuses conséquences pour les moines qui l'avaient
déposé. L'aventure est ici très brièvement racontée ;
nous en avons un récit bien plus étendu dans le
n® 15971 (fol. 51). Un sermon complet commence au
fol. 47.
Fol. 47. Dominica quarta in Adventu. — Quid
existis in desertum videre. . . In verbis istis tria sunt con-
sideranda. Primum est unde debemics exire.
l) Tome XXVII, p. 430.
300 MANUSCaUTS LATINS
Ce sermon, où les séculiers sont plus d'une fois
maltraités, doit être d'un régulier.
D*aulres fragments suivent. Â ces fragments nous
empruntons cette anecdote :
Legimus quod duo fratres Minores valde religîosi ibant de
villa in villam praedicare de cnice. Accidit quadam die quod
intraverunt quoddam magnum nemus, eunt^s ad quoddam
castellum. Et quando fuerunt in medio nemoris invenerunt
plures latrones, hominum spoliatores et occisores, bannitos
a patria sua. Dixerunt latrones illis duobus fratribus :
t Exulte vestes et date nobis quidquid habetis. » Responde-
runt fratres : c Non habemus nisi tunicas nostras. Amore
Del parcatis nobis, quia sumus fratres religiosi praedicantes
fidem crucis. » Dixit unus ex latronibus : « Et quid valet
ista crux ? Non darem fabam unam. » Ait ei unus e fratri-
bus : t Dicam tibi : si non sis pœnitens de omnibus peccatis
tuis et non confessus' de omnibus, eris absolutus mediante
cruce. » Dixit latro : « Feci multa homicidia et infinita alla
mala. Quomodo possem esse immunis a tantis mails? »
Dixit frater quod certissime sciret (quod), post cruels sus-
ceptionem et veram confessionem omnium malorum
suorum, a Deo haberet absolutionem. Statlm latro, facta
confessione, cum magno affectu cordis accepit crucem. Que
facto, dixit fratribus quod de terra illa erat bannitus et
tamen volebat ire cum illis. Dixerunt fratres quod non iret,
quia forte prœpositus villse acciperet eum et mortitraderet.
« Et ego, ait, mori non timeo. » Noluerunt tamen fratres
quod iret cum eis, ne ipsi essent ei occasio suse mortis.
Tandem illi perrexerunt ad castellum, et, cum unus fratrum
faceret sermonem ad populum, venit latro ille secutus eos
et stetit in platea ubi fiebat sermo cum aliis. Tandem per-
ceperunt illum homines de villa, etnuntiaveruntpraiposito.
Prsepositus hoc audiens venit cum multis, accepit eum et
statim fecit duel ad patibulum et suspendi. Finita prsedica-
tione, frater qui prsedicaverat, quando percepit tumultum
gentium, qusesivit quid esset. Cui dixerunt totum factura.
Qui statim, memor illius boni latronis, venit ad locum ubi
suspensus erat, et veniens ibi statiu) cognovit eum, et, cum
DE LÀ BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 301
ipsum respiceret ex omni parte, vidit unam litteram clau-
sam subgutture ejus; quam accipiens invenit ibi scriptum
quod omnium malorum suorum, quaî per multa tempora
fecerat, in brevi pœnitentiam adimpleverat. Et sic iste la-
tro per virtutem crucis et tantae contritionis et brevis
pœnitentiae pervenit ad societatem angelorum.
Du fol. 51 au fol. 56, quelques sermons complets,
dont quelques-uns se trouvent encore ailleurs.
Fol. 51. Dominicain Sep tuagesima. — Mulii sunt
vocati... — Inter muUos modos quïbus nos Dominus
vocal, quatuor sunt. Une autre copie du même
sermon, dans le n° 14952 (fol. 44), en nomme l'au-
teur. C'est le Dominicain Guillaume de Lexi.
Fol. 52. Dominica secunda in Quadragesima, —
Domine, adjuva me. — Hoc verbum sicmplum est de
evangelio hodierno. Ce sermon est aussi, dans le
n*» 14952 (fol. 75), sous le nom de Guillaume de Lexi.
Nous dirons quelques mots de plus, sous ce n® 14952,
sur ces deux sermons et sur l'auteur.
Fol. 53. Dominiez ter lia in Quadragesima. — Erat
Jésus ejiciens dœmonium... Beati qui audiunt... —
Sunt qui audiunt verbum Dei, nec custodiunt. Ici le
copiste a nommé l'auteur : Fr. Guillelmi de Luxi.
Et il déclare qu'il a trouvé le sermon de son goût :
sermo bonus. C'est une opinion qui ne doit pas avoir
été partagée, car nous n'avons pas à désigner une
autre copie de cette pièce, qui nous semble, en fait,
médiocre.
A la suite, un mélange de sermons complets et
d'extraits. Les extraits, généralement très courts, ne
sont pas à mentionner particulièrement.
Fol. 56. De Adventu. — Respicite et levate capita...
302 MANUSCRITS LATINS
— In /loc evangelio agiiur de adventu Christi ad judi"
cium et prxmittwniur signa. D^aatres copies, pa-
reillement anonymes, de ce sermon sont dans les
n~ 15959 (fol. 38) et 15957 (fol. 9). L'auteur, Nicolas
d'Hacqueville, est nommé dans le n* 18193 (fol. 60).
Fol. 76. Sermo in Ascensione Domini. — Ascendens
Christics in altum... — Hodie, fratres mei carissimi,
ChristuSf tanqiuim Victor gloriosus, prxmitim asse-
quitur. L'auteur de ce sennon nous est inconnu.
Fol. 78. Stephaniùs plenus gratia... Très sagittas
jaciam... — Verbasunt Jonathx ad David et possunt
esse verba cujuslibet prxdicatoris. Nous n'avons à citer
aucune autre copie de ce sermon anonyme.
Fol. 79. Dominica in Rogationibus ; sermo fr,
Joannis de Sancto Benedicto, Jacobitae. — Petite et
accipietis,.. — Domimcs ac Salvator noster, qui vuU
omnes homines salves fier i... Plusieurs autres sermons
de ce frère Prêcheur, Jean de Saint-Benoit, seront
mentionnés sous le n® 15005. Il eut quelque renom-
mée, sans doute parce qu'il était homme de parti.
Nous le voyons ici traiter fort mal les évêques, qu'il
qualifie d'hypocrites. Son langage est familier, sans
recherche. Vient-il prêcher avec l'intention de donner
à ses auditeurs une bonne leçon de morale ? Nulle-
ment. Il est froid, ennuyeux et paraît s'ennuyer lui-
même quand il ne dit du mal de personne.
Fol. 86. Ecce nunc tempus acceptabile.., — Sicut
dicitur gallice, « un jor de respit cent souz vaut » ;
propter quod Dominus.., Autre exemplaire anonyme :
n° 16504 (fol. 11). L'auteur de ce sermon avait le goût
des proverbes. Nous lisons plus loin celui-ci : « Qui
DE LÀ BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 303
De fait quant il peut il ne fait quant il veut. » Et
plus loin encore : « Qui gaanier ne veut perte le
viengne. »
Fol. 87. Confitemini alterutrum.., — Beatus Jacobus
ad inodum sagacis medici loquitur, proponentis confec-
tionem antidoti. Autres copies anonymes : n°* 14899
(fol. 114), 18194 (fol. 125). Celle que nous avons ici
n*est pas complète.
Nous n'avons aussi qu'un fragment du sermon sui-
vant, commençant psTRepleti simtomnes spiritu^ mais
dont on peut lire un texte meilleur dans les n^> 3556
(fol. 48) et 18183 (fol. 202). Il est d'ailleurs peu intéres-
sant. Nous n'y trouvons de notable que la description
d'une musette, ou « chevrette » rustique, qux pr opter
venti repletionem aliquid magnum esse videùur, sed,
exsufflato vento^ pellis mortua cognoscitur. Il en est
ainsi, dit l'orateur, des orgueilleux.
Fol. 88. Convertimini ad Dominum... — Quoniam
secundum decursum temporis omnia convertuntur,
hoc tempore a sterilitate ad fœcunditatem . . . Autres
copies anonymes: n^» 3734 (fol, 64), 18194 (fol. 105);
Rouen, A 584.
Suit l'exorde d'un sermon, commençant par Con-
vertimini ad me que nous avons complet dans les
n«' 16504 (fol. 10) et 18183 (fol. 107).
Aux sermons succèdent divers traités. Le premier,
intitulé De septem sacramentis, a pour début : Sacra-
mentum est invisibilis gratix visibilis forma, vel sacrx
rei signum. Il en existe un autre exemplaire anonyme
dans le n? 228 du collège Balliol, à Oxford. On lit à la
fin ; Explicit Summa pœnitentialis. C'est, en effet,
304 MANUSCRITS LATINS
plus qu'un traité sur les sacrements; toute la seconde
partie est Tabrégé (l*un cours de droit canonique.
Fol. 144. Manuale Pétri, cancellarii Carnotensis,
de ecclesiasticis officiis. Nous croyons avoir démontré
qu'on a fait beaucoup de vaines conjectures sur Pau-
teur de ce Manuel. Il s'appelait, avons-nous dit,
Pierre de Roissy et vivait dans les premières années
du xiu* siècle (1). Son livre eut quelque succès. Aux
copies que nous en avons citées ajoutons celle qui
vient de nous être signalée dans le n° 21 d'Évreux.
Du fol. 170 au fol. 311, une abondante compilation
de précepteSjde sentences, en vers, en prose, emprunts
faits à des auteurs qui sont le plus souvent nommés.
L'écriture en étant du xv' siècle, on ne peut s'étonner
d'y rencontrer de fausses attributions. Il y en a dès la
première page, où sont rapportés à saint Bernard les
vers de Philippe de Grève :
Homo, vide quae pro te patior
Non est dolor..., (2).
Ce qui, dans tout ce fratras, offre quelque intérêt,
ce sont les vers, quoique, pour la plupart, ils
ne soient pas bons. Nous en citerons plusieurs pièces.
Celle-ci (fol. 169) est courte :
Forma, genus, mores, sapîentia, census, honores
Morte ruunt subita ; sola manent mérita.
Et celle-ci (fol. 189) n'est pas plus longue :
Cum quid turpe facis quo, me spectante, ruberes,
Gur, spectante Deo, non magis ipse rubes ?
(1) Mémoires de racad, des InscripUf t. XXKI, deux» part., p.
i04 et suiv.
(2) Despoèm, lat, attr, à S, Bem., p. 76.
DE LÀ BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 305
Les vers suivants (fol. 225) nous sont signalés
comme étant aussi dans le n^ 265 des Cod. Laud.
miscelL, à la Bodléienne :
NobUitas hominis mens est deitatis imago;
Nobilitas hominis virtatum clara propago ;
Nobilitas hominis mentem frsenare furentem ;
Nobilitas hominis homilem relevare jacentem.
Au fol. 229, nous avons le poème sur le mépris du
monde, commençant par
Die, homo, cur abuteris
Discretionis gratia,
altribué, par le n^ 902 (fol. 180) de laMazarine, àsaint
Bernard, et publié par Mabillon, après Gh. de Visch et
d'autres, dans les Œuvres de l'illustre abbé. Nous
répétons qu'il n'en est pas Fauteur (1). Il ne Test
pas non plus de la pièce suivante, que lui donne de
même le n® 902 de la Mazarine :
O Christ! magnanimitas et longa expectatio.
Ce manuscrit de la Mazarine, où fourmillent les faus-
ses attributions, est de l'année 1516. Il n'offre que
des copies faites sur des imprimés ; des imprimés où
la plupart de ces attributions ont été mises en avant
par des libraires.
Au fol. 238, quelques vers sur le jugement dernier,
commençant par,
Cum veniet judex, hsedos discernet ab agnis ;
et d'autres sur le supplice de Jésus crucifié :
Qui caput est nôstrum capitur, qui regibus ostrum
Prœbet nudatur ludibrioque datur. . .
(1) Des poèm. lat. aUr, à S, Bernard, p. 28.
m. 20
306 MÀNUSCHITS LATINS
Ces vers sont du xv^ siècle et nous en ignorons
Tauteur.
Au fol. 261, la pièce commençant par
Viri venerabiles, sacerdotes Dei
Prœcones altissimi, lucemee diei,
publiée par Wolf {LecL memor., t. I, p. 439), par
Francowitz ( Fana doct. viror,, p. 154), par M. Wright
{Walter Mapes^ p. 45), par M. Du Uéfû {Poésies popul.^
p. 15) et dont il existe de si nombreux manuscrits :
no» 1093 ffol. 73), 2962 (fol. 175), 3473 (fol. 210),
3480 (fol. 1), 8259 (fol. 36) de la Bibliothèque natio-
nale, 950 de l'Arsenal, 23 d'Auxerre, 250 de Cambrai,
349 du collège Balliol, 3591 et 5015 de Munich, etc., etc.
Au fol. 267, l'éloge, en vers léonins, de la vie
solitaire :
Hoc sonat inclusa Carthusia quod caro tusa.
Nos includamus... ;
pièce très médiocre, dont une autre copie se trouve
dans le n"" 6033 de Munich.
Au fol. 306, quatre vers, que nous avons lus aussi
dans les n«» 14271 (fol. 129) et 14961 (fol. 9) :
Sit timor in dapibus, benedictio, lectio, tempus,
Sermo brevis, vultus hilaris ; pars detur egenis ;
Absint delicise, detractio, crapula, rixse,
Finitoque cibo reddatur gratia Christo.
Au même feuillet, les dix commandements résumés
en quatre autres vers léonins, dont une copie sem-
blable nous est signalée dans le n<* 753 de Saint-Gall:
Disce Deum colère nomenque Dei reverere...
DE LÀ BIBLIOTHÂQUB NATIONALE 307
Au feuillet 307, diverses pièces de vers sur la con-
fession. La plus courte a pour début :
Confileor, tundo, respergor, conteror, oro...
Elle se rencontre aussi dans le n<» 16499 (fol. 278).
Citons ensuite celle-ci :
Sit simplex, humilia confessio, para fidelis...,
que nous avons aussi dans les n«* 6766 A (fol. 73),
15025 (foL 213) et dans le n» 593 (fol. 22) de.la
Mazarine. Dans le même volume de la Mazarine
(fol. 14) on lit quatre autres vers sur les droits et les
devoirs du confesseur, qui se trouvent au même
feuillet de notre manuscrit :
Presbyter arbiter est, audito crimîne penset...
Ce sont des vers détestables. Nous citons comme
un peu meilleurs ceux que nous offre le feuillet 308,
sur les divers tempéraments, le sanguin, le fleg-
matique, le colérique et le mélancolique :
Largus, amans, hilaris, ridens rubeique coloris,
Cantans, carnosus, satis audax utque benignus.
— Hic somnolentus, piger, in sputamine multus ;
Est hebes huic sensus, pinguis faciès, color albus.
— Hirsutus, fallax, irascens, prodigus, audax,
Astatus, gracilis, siccus croceique coloris.
— Lividus est, tristis, cupidus dextrasque tenacis,
Non expers fraudis, timidus luteique coloris.
Il y a beaucoup de fautes dans notre manuscrit.
Nous les avons corrigées sur une autre copie, que
contient le n® 8564 (fol. 158). Les mêmes vers sont
encore dans nos no» 11341 (fol. 109), 11382 (fol. 84),
308 MANUSCniTS LATINS
dans les n«» 593 (fol. 25) de la Maz^rine, 864 (fol. 80)
de TÂrsenaly 2^8 de Chartres, 5595 de Munich et 112
des Cod. Laud. miscelL, à la Bodléienne«
Ces mélanges de courts extraits finissent au feuil-
let 310, et nous avons ensuite de plus longs morceaux
dont rintérèt n'est pas, à la: vérité, beaucoup plus
considérable.
D'abord se présente le Stimulus amoris, commen-
çant par Currite gentes undique, que l'on a cru de
saint Bonaventure et publié sous son nom. Mais tous
les critiques modernes s'accordent à l'en disculper.
On le croit d'Anselme, évèque de Lucques. On ne le
croit, à la vérité, que par conjecture ; mais cette conjec-
ture est plus vraisemblable que d'autres. Un manuscrit
de Lire, cité par Oudin (1), donnait cet écrit au mys-
tique Henri de Baume, et le rédacteur du catalogue
des manuscrits de Munich a, sous le n*" 12723, pro-
posé la même attribution. Mais il faut la rejeter. Notre
manuscrit est du xiii® siècle, et c'est au xv* que vivait
Henri de Baume.
Au feuillet 347, un bref commentaire des vers sur
la confession, Summa pœnitentiœ, qu'on a souvent
attribués, mais sans raison, à Jean de Garlande. Il n'y
a, dans ce commentaire, rien à signaler.
Au feuillet 351, DoctrinaB. Bernardi super modo
confitendi, commençant par : Quando ad confessioneni
veneris his verbis utere, si placet addens vel minuens.
Nous ne connaissons aucun autre manuscrit qui rap-
porte à saint Bernard cette instruction minutieuse.
(î) Comm. de script, eccl.i. III, col. 224!.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 309
Au feuillet suivant, le Spéculum raonachorum que
Jean de Trittenheim et d'autres attribuent encore à
saint Bernard. On a le même nom dans notre ma-
nuscrit, à la fin de la pièce : Explicit Spéculum mo^
nac/iorum beati Bernardi. Les auteurs de VHistoire
littéraire ont revendiqué cet opuscule mystique pour
Arnoul, moine blanc de Boheries (1). .
Au feuillet 357 la Somme de Jean Beleth, avec le
nom deTaiiteur. Nous avons dit, sous le n"994 (2), que
le texte original de cet important ouvrage difiere beau-
coup de celui qu'offrent les éditions, le texte de ces
éditions étant d'un moderne, nommé Corneille Lau-
rimann.
Du feuillet 420 au feuillet 443, des Allégories sur
l'Ancien Testament, intitulées Allegorise mag. Pétri.
Elles sont imprimées au tome GLXXV, col. 635, de la
Patrologie, sous le nom de Hugues de Saint- Victor,
et ne paraissent lui pouvoir être contestées que pour
être données à son confrère Richard. Nous avons dit
qu'elles ne sont d'aucun des divers Pierre auxquels
on a cru pouvoir, par conjecture, les attribuer (3).
Au verso du feuillet 443 jusqu'au feuillet 456, Pars
quœdam' distinctionum moralium. L'auteur n'est pas
indiqué. Mais c'est ici qu'il fallait écrire le nom de
Pierre. Ces Distinctions appartiennent, en effet, à Pierre
de Reims, chantre de Paris. Elles sont empruntées
à son livre communément intitulé : Summa qux dici-
tur Abel.
(1) fJist. lut. de la Fr., t. XIII, p. 212.
(2) Tome I, p. 89 et suiv.
(3) Les Œuvres de Hug.de S.-Vict., p. 44 et suiv.
310 MANUSCRITS LATINS
Les deux derniers feaillets du volume sont occu-
pés par des fragments théologiques dont il serait
pénible et peut-être superflu de rechercher la pro-
venance.
14925
Ce manuscrit du xni' siècle nous offre d'abord le
traité bien connu, plus d'une fois publié,. d'Alain de
Lille qui a pour titre de Summa de arte prmdicandi.
Nous avons fait remarquer^ dans notre notice sur le
n® 14886, que Charles de Visch a publié ce traité
d'après un manuscrit où il y avait des lacunes et un
hors-d'œuvre. Il nous suffit de dire ici que le texte
du n*^ 14925 est conforme à celui du n® 14886 (l).
Toutes les autres pièces que contient ce volume
étant des sermons anonymes, il doit être utile d'en
rechercher les auteurs. La besogne sera longue et
difficile. Mais, si l'on veut bien nous savoir gré de
ravoir entreprise, nous aurons le salaire de notre
peine.
Ce qui s'offre d'abord à nous, du fol. 57 au fol. 102,
c'est un recueil, ou, comme on disait, une somme,
dont voici le début: Evangelistis evangeiizare, prxdi-
catoribus prœdicare, docere doctorïbus, sublimis est
valde negotii et supra vires nostras constituti. Gela
est Texorde d'un assez long discours sur les devoirs
d'un clerc ayant charge d'âmes. A ce discours succède
une première série de sermons, que suivent deux
autres séries dont chacune a son prologue particulier.
(1) Ci-dessus, p. ^74. •
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 311
Les trois séries contiennent cinquante-quatre ser-
mons. Ont-ils été prononcés en chaire ? On en doute,
quoiqu'ils soient intitulés, dans notre n® 14937, Ser-
mones de omnibiùs dominicis totitis anni ad populum.
Eu tout cas, c'est le prédicateur qui les a lui-même
assemblés, pour nous les offrir en corps d'ouvrage,
sous la forme d'une composition littéraire ; ce qui
nous dispense de mentionner chacun d'eux séparé-
ment. On a d'autres exemplaires anonymes de ce
recueil dans le n® 14895 du même fonds, ainsi que
dans les n®^ 249 du collège Merton et 145 du Collège
Neuf, à Oxford ; mais l'auteur est nommé dans un
grand nombre de manuscrits, parmi lesquels il suffira
de citer, à la Bibliothèque nationale, les n°' 2949
(fol. 1), 12420 (fol. 72), 13574 (fol. 1), 14937 (fol.21),
16463 (fol. 167) et 958 à la Mazarine. C'est Maurice de
Sully, évêque de Paris. Il a fait d'autres sermons.
Nous en avons déjà cité (1) et nous en citerons encore
plusieurs qiii ne figurent pas dan» ce recueil ; mais
nous avons ici ceux qu'on a, de son temps, le plus
estimés. Les uns et les autres sont très graves, très
sententieux et tout à fait en rapport avec le caractère
bien connu de l'auteur. Mais il y manque le trait, ce
qu'on appelle le talent. Aussi ne faut-il pas beaucoup
regretter qu'ils soient inédits.
Le savant bibliothécaire de Saint- Victor, Claude
de Grandrue, n'a su désigner les sermons suivants
que par ce titre : Sermones non tabulati. Nous allons
indiquer particulièrement chacun de ces sermons, qui
(1) Sous le n* 13432, t. II, p. 161 et suiv. ; et ci-dessus, sous le
n» 14590, p. 30 et suiv.
312 MANUSCRITS lATINS .
tous, nous l'avons dit, sont anonymes, et joindre à
cette indication sommaire, quand nous le pourrons,
quelques notes, quelques informations ailleurs recueil-
lies. Nous en transcrirons aussi plusieurs qui nous
ont paru dignes d'être tirés des ténèbres.
Fol. 103. Dies ista solemnis et celeberrimay fratres
carissimi. Nous avons déjà cité ce sermon sous le
n^ 568 (1), où il est anonyme conmie il Test ici.
Fol. 104. Beati moriui qui in Domino moriuntur..,,
— Licet mea imbecillitas triplici laboret incommoda...
Ce sermon est dans le n® 18172 (fol. 45) sous le nom
d'un certain Alanus Anglicus; mais, comme nous
Tavons dit, beaucoup d'autres sermons, dont les
auteurs sont connus, sont faussement donnés à cet
Alain par le n<» 18172 (2). Toutes les attributions de
ce manuscrit doivent inspirer la même défiance.
Fol. 106. Dominus dicit in Evangelio : « Pœniten"
tiam agite.». » Item sanctus Pomlus : Pœnitentiam
agite et baptizetur. .. Item Salomon : Fili^ ne tardes
converti.
Ce sermon est pareillement anonyme dans le
n* 14470 (fol, 133); mais au fol. 236 du n^ 14859,
l'auteur est nommé, et ce n'est pas Alain l'Anglais,
c'est « maître» Alain, c'est-à-dire, sans aucun doute,
Alain de Lille. Presque tous les sermons d'Alain
de Lille étant restés inconnus à ses éditeurs, on
ne doit pas s'étonner que celui-ci n'ait pas encore
vu le jour. Il est, d'ailleurs, court et bizarre. Le
prédicateur n'y a, pour ainsi parler, rien mis du sien ;
(1) Tomel, p. 25.
(2) Tome I, p. 248; t. II, p. 82, 301.
DÇ LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 313
#
ce ne sont que citations de TEçrituro et des
Pères.
Fol. 106. Miramini forte et erubescitis celebrari
festa de vobis ; sed nolite fieri sicut equus et muli^, etc.
Quid enim lapides isti sanctitatis. . . Gela ne parait
qu'un fragment de sermon.
Au même folio : Simon^ dormis ? — De vigiliis
potius quant de somno loqui debueram. Sous le nom
d'Etienne de Langton dans le n« 14859 (fol. 227).
Comme tous les autres sermons de ce cardinal, ora-
teur vif et brillant, celui-ci est inédit.
Fol. 109. Berhedictus qui venu.,. — Mediator Dei et
hominum homo Christus. Ce sermon est de Gauthier,
prieur de Saint-Victor. Nous l'avons cité sous le
n« 14590 (1).
Quelques fragments théologiques suivent ces ser-
mons. Il n'importe pas de les mentionner particuliè-
rement.
Fol. 110. Verbum caro factura est... — Ad sensum
videtis quod secv/ndum dispositionem materix sequitur
in rébus naturalibics impressio formw. G'est l'exorde
d'un philosophe ; la suite est d'un subtil théologien.
L'auteur nous est inconnu.
Fol. 112. Beati pauperes spiritu... — Spiritus sœpe
ponitur pro voluntate. Beati ergo sunt pauperes spi-
ritu, id est voluntate. Un autre exemplaire de ce
sermon se rencontre, pareillement anonyme, dans le
n® 14957 (fol. 133). Nous le croyons d'un Victorin.
Fol. 114. Vidit Jacob scalam... — Triplex est visio.
(1) Voir ci-dessus, p. 20.
314 MANUSCRITS LATINS
Nous avons cité ce sermon sous les n^ 13577 (1) et
14590 (2). Les copies en sont nombreuses, mais
toutes anonymes.
Fol. 115. Gaudeamus omnes in Domino !... — Prœ-
sens generatio non tam attendit quod dicatur... Du
prieur Gauthier (3).
Fol. 117. Quis dabit mihi pennas... — Videnturhœc
verba esse peccatoris qui longius advolavit in regionem
longinquam. De Pierre le Lombard. Nous avons pu-
blié ce sermon, jusqu'à ce jour inédit, dans notre
notice sur le n* 14590 (4).
Fol. 118, Septuagesima in alterius rei memoriam
et in alterius rei figuram... L'auteur est Achard, abbé
de Saint- Victor (5).
Fol. 119. Estote prudentes,. . — Prœcipiturin Evan-
gelio ut œdificaturus turrim... L'auteur est nommé
maître Henri dans plusieurs manuscrits indiqués sous
le n" 14590(6). C'était, croyons-nous, un chanoine de
Saint- Victor.
Au fol. 120, un sermon français dont tel est le
début : a David, le plus hauz de toz les prophètes, fit
une moût brief prière et moût bêle par ceste paroles :
Deus, illumina oculos meos, ne nunquam obdormiam
in morte.,. Beau sires Dex, enlumine mes oeoz que
je ne m'endorme en mort, que nus ennemis ne die
aucune feit : Je le sormonte, je le veincu. Ques sunt
cel oiel que David pree que seeit enlumine ? »
Fol, 121. Reddet Deus mercedem... — Nota quod
4) Tome II, p. 265. (4) Ci-dessas, p. 44.
(2) Ci-dessus, p. 42. (5) Ci-dessus, p. 41.
(3) Ci-dessus, p. 44. (6) Ci-dessus, p. 29.
DE LÀ BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 315
qtutndoqioe dot DeuSy quandoque commodat Deiis.
Nous ne connaissons pas une autre copie de ce ser-
mon, où le thème est commenté successivement en
latin et en français.
Fol. 122. Tristitia vestra vertetur in gaudium. —
Laata promissio Ixto corde suscipienda est. Qu3S lœtior ?
L'auteur de ce sermon ne nous est pas non plus
connu. Nous y lisons :
Abbas quidam Cisterciensis, cum oculum infirmura habe-
ret, quamvis multi ei dicereut, nolebat ut aliqua medicina
apponeretur, et, amisso oculo, gratias agens Deo dixit se
pauciores inimicos habere.
Fol. i23. Un sermon latin, dont les premiers mots
sont français : « David, li prophètes, qui parole par
le seint Esperit, et parole en la personne de tos boens
crestiens, dit : Beau sire Dex, je ai amée la beauté de
la meison...» L'orateur blâme vivement les tumul-
tueuses orgies dont Téglise du moyen âge était , fré-
quemment le théâtre : De illis qui choreas faciunt in
ecclesiis in vigiliis sanctorum, aut etiam morluorum,
qui cantv^ diabolicos ibi recitant, et de illis qui eos
patiuntur cum passent impedire. Nous joignons ce
témoignage à beaucoup d'autres qu'il vient con-
firmer.
Au même feuillet, un autre sermon français, dont
voici les premiers mots : Pater noster et cet. « Sei-
gnors et dames, ceste oreison devent saver tuit cres-
tien et totes crestiennes, quar Jesu Crist, noslre sau-
veires, la fist et ladist, e nos, por essample de lui, la
de von et saveir et dire. »
Fol. 125. Le sermon que nous avons ici n'est pas
316 MANUSCRITS LATINS
entièrement français: il y a du latin. En latin sont
les premiers mots : Hodie, id est in die hujus sasculi,
qui dicitur units soliùs dies respectu àlierius sxculi^
scilicet malorum... Mais le français domine. Tel
est le commencement du français : « Mi sires, sent
Pères, li apostres, cul dam le Dex tant ama, e cui
il fist si grant bonté et si grant merci que, peis que
il ot fet si grant pèche corne de lui renier très feiz
par la acusation d'une chamberiero, peis le fist
mestre de toz les apostres e de seinte iglise... »
Fol. 127. Videte, vigilate, orate... Triplex funicu^
Itùs difficile rumpitur. — Hic est funiculus quo cap-
tivus extrahitur de ergastulo^ naufragus deprofundo.
Il y a beaucoup de français dans ce sermon. Les deux
langues sont quelquefois ainsi mélangées :
Quidam sunt qui faciunt confessionem suam en gros,
sicut mercatores vendunt pannos vel vinum en gros ; sed
non est sic facienda, imo a broche, sive a détail^ chascun
péché par se et la circonstance ; autresi^ corne li traver-
ners qui vent a broche^ quar plus igaigne que se il vendet
en gros.
Fol. 128. Qui converti fecerit peccatorem ab errore
vi33 sux... — Notandum quod triplex est via: via
Dei, via diaboli, via hominis. Nous avons encore ici
quelques paraphrases françaises de textes latins.
Les huit sermons qui se succèdent, du feuillet 120
au feuillet 128, nous semblent être du même auteur,
et notre conjecture est que cet auteur vivait dans les
premières années du xm' siècle, peut-être dans les
dernières du xii®. Le français qu'il parle peut donc
être l'objet d'une étude intéressante.
DE LÀ BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 317
.. Fol. 129. Ponisnubem ascensum tvAAm... — Cur^
rxint enim tria flumina Babylonis inter cœlum et
terram. Ce sermon ne paraît pas achevé.
. Fol. 130. Est puer unus hic... — Non invitamiùs
vos, fratreSy ad mensam illius divitis... L'auteur de
-ce sermon, que nous avons déjà rencontré dans le
n^ 14883 (1), est Àbsalon, abbé de Saint- Victor. Il est,
avons-nous dit, imprimé.
Fol. 132. Solemnitates vestras odivit... •— Cibtcs
delicatus liominem habentem sanum palatum compe^
tenter rjsficit. Nous ignorons Tauteurde ce sermon;
mais nous en pouvons indiquer une autre copie dans
le n° 3495 (fol. 192). La phrase suivante est à citer :
Cum voce joculatoris, in plateis sedentis, quomodo illi
strenui milites antiqui,scilicetRolandus etOIiverius, etcet.,
in bello occubuere recitatur, populus circumstans pietate
movetur et interdum lacrymatur ; sed cum voce Ecclesiœ
inclyta Christi bella , quomodo scilicet mortem mo-
tièndo devicit et de hoste superbo triumphavit quotidie
fere commemoratur, qui sunt qui pietate moventur ?
Mais faisons remarquer que, dans ien^ 3495, au lieu
des mots in plateis ^ se lisent ceux-ci : in Parvo Ponte.
Voilà donc un renseignement nouveau pour l'histoire
du Petit-Pont.
Fol. 133. Obtuleruntmagi Domino... — Siquisgra-
vaille segriiudine medicinam corporalem esset accep*
turus... Autre copie anonyme : n® 3496 (fol. 193).
Fol. 134. Sic currite ut comprehendatis... — Quanlo
magis soUicitudo et diligentia adhibetur ut aliquis
(1) Ci-dessus, p. 230.
318 lUHuscaiTS làtiks
apud peregrinos in captivitaU detentus liberetur...
Pas d'autre copie à citer.
FoL 135. Quicredidit in me,.. — Dum clamatur
a maojuepain » pauperes undique Ixti concurrunt.
Pas d'autre copie. Ce cri de mcmjuepain est à noter.
Fol. 136. Si complantati facti fueHmits... — Domi-
nus in Evangdio : Qui ex Deo est verba Dei audit, non
aure corpoi^ sicut bos. Ce sermon a pour objet de
recommander le jeûne et la pénitence durant le
Carême.
Au même feuillet : Noli timere^ filia Sion... — Si
aliquis mortuus esset in prœsentia nostra. Un peu plus
long que les précédents, ce sermon n'offre pas plus
de traits originaux.
Fol 138. Qui conjidunt in Domino... — Sicntmen-
sam corporalem débet prœcedere dominica oratio . . .
Rien à citer.
Fol. 139. Prope estDeus omnibus, dicitSalomon...
— Pugil, campum intraiurus^ stultus est si non orat,..
Fol. 140. Vivit in Chrisio gemma sacerdotum —
Scit, amiciy unitsquisquevestrum : si cras haberet elec-
tuariurn pretiosum...
 celle série de sermons anonymes, gui paraissent
tous du même auteur, succèdent deux fragments, que
suivent d'autres sermons.
FoL 143. Putruerunt et corruptœ sunt cicatrices...
— Diligenterconsideranti quatuor hic gênera hominum
occurrunt. On ne s'en douterait pas. Mais quand nos
prédicateurs interprétaient aussi librement les textes
de rÉcriture, de tous ils pouvaient tirer telle ou telle
leçon de morale.
DE LA BIBUOTHÊQUE NATIONALE 319
Fol. 144. Viri Galilœi, quid statis ? — Dominus Jésus,
cum in cartie pro nobis assumptaconversarelur.,. Rien
que des phrases banales.
Fol. 145. Tu es Petrus... — Dominus ac redemptor
noster Jésus Christus, quifonsest totius plenitudinis ^ a
quo cuncta procedunt.,.
Fol. 149. Duplici intentions audit aliquis verbum
alterius, vel, quia amicus ejus est. Ce sermon sans
thème est d'un ton assez familier. Nous en citerons ce
passage :
Aliqua burgensis videt suam vicinam indutam variis
vestibus, et persuadet viro suc ut seque pretiosas vestes sibi
emat, et cogit eum yendere agrum suum, et facit eum ege-
num et pauperem et famelicum. Similiter aliqua puella
videt amasias scolarium, vel sacerdotum, vel militum,
abundare et ditari, et, earum peste lœsa, potius eligit mère-
tricari cum divitibus quam nubere pauperi et ita respondet
ulula ululsB ; ita diabolus. . .
Le trait contre les curés semble prouver que ce
sermon est d'un religieux ou d'un moine.
Fol. 151. Erat Jésus ejiciens dœmonium... — Ec^
clesia quotidie pandit nobis miracula Christi. Nous
avons cité ce sermon sous le n^ 14593 (1).
A la suite trois fragments, dont les deux premiers
se rapportent au droit canonique.
Fol. 153. Vere Dominus est in loco isto. — In templi
dedicatione, fratres mei, ecclesia propositum verbum
frequentare consuevit. Sans nom d'auteur dans les
n°« 272 de l'Arsenal (fol. 57) et 345 des Cod. Laud.
miscelL, à la Bodléienne. Sous le nom d'Hildebert de
(l) Ci-dessus, p. 72.
320 MANUSCRITS LATINS
Lavardin dans Fédilion de ses Œuvres donnée par
Beaugendre, col. 654. Mais Tauteur n'est pas Hilde-
bert; c'est Tévêque de Paris Maurice de Sully. La
preuve nous en est fournie par notre n" 14937,
beau manuscrit venu de Saint-Victor, dont le copiste
fut, à n'en pas douter, un contemporain de cet évêque.
Les sermons de Maurice que contient ce volume sont
divisés en deux séries. Celui dont il s'agit ici est le
premier de la première, qui finit au fol. 21 par ces
mots : Uactenus Sermones magistri Mauricii, Pari"
siensis episcopi.
Fol. 154. Descendi in horium mev/m... — Dignum
est valdcj fratres mei^ in fesHviiate Omnium sanctorum
pro parvitate nostra aliquid nos loqui. Sans nom d'au-
teur dans les n^» 14954 (fol. 9) de notre fonds latin et
272 de l'Arsenal (fol. 58), et sous le nom d'Hildebert
dansTédition de ses Œuvres, col. 611. Mais l'auteur
véritable est encore Maurice de Sully : n** 14937 (fol. 2).
Même feuillet : Omnia vasa fudit Hiram,.. — Spi^
ritiif sancto docente per Salomonem. Déjà cité sous le
n"" 13432 (1), ce sermon est aussi de Maurice.
Fol. 155. Fac iibiduas tuhas.. — Dicitur inDeutero-
nomio : Si ambulans... De Maurice. Voir sous le
nM3432(2).
Fol. 156. Sint lumbi vestri... — Omnia quae dicun-
«wr, fratres met... De Maurice. Sous le n"* 13432 (3).
Fol. 158. Quismihitribuat... — In hac verborum
brevitate, sidiligenterdiscutiantur...I)e Maurice. Sous
le no 13432 (4).
(1) Tome II, p. 167. (3) Tome II, p. 167.
(2) Ibid. (4) Ibid.
DE LÀ BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 321
Fol. 160. Egredimini, fUix Sion... — Qui tantum
verba sectatur. De Maurice. Sous le n® 13432 (1).
Fol. 161. Suscitabirmis super eum,.. — Dominici
adventus observantiam frequentare. De Maurice. Sous
le n« 13432 (2).
Fol. 162. Inignezelimei... — Audistis, fratres mei^
apostolum. De Maurice. Sous le n" 13432 (3).
Fol. 163. Vespere comedetis cames,.. — Ordo et
modiis nosirx redemptionis... De Maurice. Sous le
no 13432 (4).
Fol. 164. Petra refugium heriracium... — Brevem
materiam proponimus, fratres met. De Maurice. Sous
le n^ 13432 (5).
Fol. 165. Orietur Stella ex Jacob... — Cum singulx
solemnitates certis polleant privilegiis. De Maurice.
Sous le n^ 13432(6).
Fol. 166. Dominios sedébit conflans... — In hac
solemnitate plurima nobis sanctitatis... De Maurice.
Sous le n« 13432 (7).
Fol^ 167. Ejecit Dominus Adam... — Lacrymosa
narratio, fratres met. De Maurice. Sous le numéro
13432 (8).
Fol. 168. Adhuc quadraginta dies... — Nota sunt hase
verba Jonœ. De Maurice. Sons le n** 13432 (9)
Fol. 169. Militia est vita kominis... — Contra
civitatem Ninivx^ de qua prœcedenti sermone dictum
(1) Ihid,, p. 168. (6) Ibid.
(2) Ibid,, p. 169. (7) Ibid., p. 163.
(3) Ibid. (8) Ibid.
(4) Ibid., p. 163. (9) Ibid.
(5) Ibid., p. 162.
m. 21
322 MANUSCRITS LATINS
est. Nous n'avons pas rencontré ce sermon dans le
n^' 13432. Mais il est sous le nom de Maurice dans le
n° 14937 (fol. 16) et anonyme dans le n» 272 de l'Ar-
senal (fol. 77).
Fol. 170. Statue tibi speculam... — Teste Isaia,
fratres, beatusqui... De Maurice. Sous len* 13432(1).
Même feuillet : Utinamappenderenturpeccatamea...
— Melius est ire ad domum luctus quam ad domum
lœtitix. Sans nom d'auteur dans le n^ 272 de l'Arse-
sal, fol. 79. Sous le nom de Maurice dans notre
n» 14937 (fol. 18).
Fol. 171. Qiùare non in vulva mortuus sum... —
Manifestum est, fratres mei^ escas corporales modicum
prodesse. Sans nom d'auteur dans le n® 272 de l'Ar-
senal, fol. 80. Sous le nom de Maurice dans notre
n^ 14937 (fol. 19).
Fol. 173. F octant filii Israël phase... — QuiaDomini
et redempioris nostri. De Maurice. Ce sermon est cité
sous le n« 13577 (2).
Fol. HZ. Domine^ quid multiplicati sunt... — Hœc
sunt verba David prophetœ orantis ad Dominum in tri-
bulatione. Ici commence une série de sermons dont
l'auteur est Gébouin ou Gibuin, archidiacre de Troyes.
Ces sermons sont intitulés, dans notre n"* 14937 :
Sermones mag. Gelbuini Trecensis ; Ajàxis le ù° 982 de
la Mazarine: Homelixmag. Gibbuni Trecensis, Ils sont
tous inédits. Le premier est au fol. 104 dun** 14937.
Nous en avons d'autres exemplaires anonymes dans
les n" 3563 (fol. 91), 3570 (fol. 150) et 3730 (fol. 256).
(1) Ibid., p. 164. (2) Tome II. p. 256.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 323
Fol. 174. Eê adducunt ei surdum... — Surdum non
audientem, mutum loqui non valentem. Sunt autem
hic duo, videlicet auditus et locutio. De Gébouin :
n^ 14937 (fol. 104) ; Mazarine, 982 (fol. 1). Anonyme :
3563 (fol. 92), 3730 (fol. 92) ,3730 (fol. 257).
Fol. 174. Joannes clamabat : Pœnitentiam agite.,.
— Grave jugum portamus eocilio etmiseria. Anonyme:
no» 3563 (fol. 96), 3730 (fol. 261) et 982 delà Mazarine
(fol. 77). De Gébouin dans notre n« 14937 (fol. 105) et
len« 982 de la Mazarine (fol. 2).
Fol. 176. Jacob erexit lapidem... — Legitur autem
Jacob, quater fuisse luctatus. De Gébouin : 14937
(fol. 107) et n° 982 de la Mazarine (fol. 3). Anonyme :
n» 3563 (fol. 96).
Fol. 177. Ibo mihi et loquarsponsx mex. — Spon-
sUfS quidam eximiœ pietatis hic loquitur, qui sponsam
quam habet... — De Gébouin : n^ 14937 (fol. 108);
Mazarine, n«982 (fol. 4). Anonyme : n^ 3563 (fol. 97;.
Fol. 177. Non est hic aliud nisi domus Dei. — Tria
sunt qux Deus inhabitat : mundialis machina^ gène-
ralis ecclesia, fidelis anima. Anonyme : n^ 3563 (fol. 98).
De Gébouin : n° 14987 (fol. 109); Mazar., n^ 982 (fol. 5)
Le sermonnaire s'explique ainsi sur la présence réelle
de Dieu dans ce monde :
Habitat Deus in mundo sicut imperator in regno. , . . In
mundo ubique per essentiam. Quod contra hsereticos qui
dicunt Deum ubique esse non per essentiam divinitatis, sed
potius per potentiam majestatis, quasi aliud sît essentia
et aliud potentia, quasi aliud sit divinitas et aliud majes-
tas.
Ces hérétiques étaient des gens prudents. Gébouin
324 MANUSCRITS LATINS
n'a certainement pas soupçonné combien sa thèse,
qu'il croyait orthodoxe, est téméraire.
Fol. 178. Dominits et Salvator nosler^pater familias
nunquam otiosus^ très nuptias celebrare consuevU. De
Gébouin : n» 14937 (fol. 110) ; Mazar., n' 982 (fol. 6).
Fol. 179. Mulier, si perdiderit dragmam... — Très
parabolas commémorât Liacos non otiose. De Gébouia :
n» 14937 (fol. 1 1 1) ; Mazarine, n^ 982 (fol. 7). Anonyme :
n° 3563 (fol. 100),
Fol. 179. Planxit David super Saul... — Hœc sunt
verba in libro Regum^ verba de rege David. De Géboain :
n^ 14937 (fol. 111) ; Mazar., n<» 982 (fol. 7). Anonyme
dans le même n® de la Mazar., fol. 78, et dans le
n"» 3563 (fol. 101) de la Bibliothèque nationale.
Fol. 180. Est puerunus hic... — Admodum brevis
est hœc locutio^ sed non incommoda. De Gébouin :
n« 14937 (fol. 112); Mazar., n* 982 (fol. 8). Anonyme:
n«3563 (fol. 102).
Fol. 181. Ite in castellum quod contra nos est,,. —
verba Salvatoris utrobique salutiferalBe Gebouiu :
n^ 14937 (fol. 113) ; Mazar., n^ 982 (fol. 9); Anonyme,
3563 (fol. 103).
Fol. 182. Cum invitatvs fasris ad nuptias... —
In conjugio nuptiarum figura sanctx Trinitatis multi-
pliciter invenilur. De Gébouin: n® 14937 (fol. 115);
Mazar., n^ 982 (fol. 10). Sans nom d'auteur : n» 3563
(fol. 105).
Fol. 183. Servies tenens conservum su/focat eum... —
Sicut bonus homo quandoque bonus malo^ quandoque
malm bono. De Gébouin : n*" 14937 (fol. H6); Mazar.,
n« 982 (fol. 1 1 ).
DE LÀ BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 325
Fol. 184. Fili^ si oblila fuerit mater... — Hicpater
loquitur ad filium. Ce sermon est attribué tantôt à
Gébouin, tantôt à Pierre Le Mangeur. Nous avons
dit, sous le n" 13432, que Pierre Le Mangeur en est,
suivant nous, l'auteur le plus vraisemblable (1).
Fol. 185. Amice, commodamihi... — Amicus est qui
loquitur. De Gébouin. Voir sous le n* 14804(2).
Fol. 186. Defunctus efferébatur... — Sub hacver-
horvm brcvitate... Nous avons publié ci-dessus,
p. 155, ce sermon de Gébouin jusqu'à ce jour inédit.
Fol. 137. Hora est jam nos de somno surgere... —
Sedquando et ubi. De Gébouin : n" 44937 (fol. 121 et
133); Mazarine, 982 (fol. 16). Anonyme: n« 3563
(fol. 78), 16506 (fol. 115); Rouen, A 562.
Fol. 187. Ite, dicite Joanni : « Surdi...n — His
verbis tria nabis breviter proponuntur. Surdi au-
diunt... De Gébouin: ii° 14937 (fol. 121 et 134); Ma-
zarine, 982 (fol. 16). Anonyme : ii« 3563 (fol. 79).
Fol. 189. Obtulerunt magi Domino munera... —
Non magi maleficis artibics nocivi, sefl inquisitores
rerum prudentes philosophi. De Gébouin : n® 14937
(fol. 123); Mazarine, 982 (fol. 18. Anonyme: n° 3563
(fol. 81).
Fol. 190. Nuptim factx sunt... — Quia per litteram
manifeste patet historia. De Gébouin. Sous le 14804 (3).
Fol. 1 90. A^05 ovespascux ejus. . , — Quatuor sunt species
ovium, débiles, infirmœ, prsegnantes et fœtx. Ce sermon
se trouve dans le n° 14934 (fol. 12) sous le nom de
Pierre Le Mangeur; mais il est de Gébouin à qui le
(i) Tome II, p. 171. (3) Ci-dessus, p. 152.
(2) Ci-dessus, p. 155.
326 MANUSCRITS LATINS
donnent justement les n~ 14937 (fol. 124) de la Bi-
bliothèque nationale et 682 (fol. 20) de la Mazarine.
Nous avons déjà signalé, dans ce n** 14934, plus
d'une fausse attribution. Les huit sermons gui sui-
vent y figurent pareillement sous le nom de Pierre
Le Mangeur; mais à tort. Il suffit d'avoir lu quelques
sermons de Gébouin pour reconnaître que sa méthode
n'est pas celle de Pierre Le Mangeur. Ajoutons que,
sous le rapport du style^ ces deux écrivains ne diffè-
rent pas moins Tun de l'autre. Un exemplaire de
ce sermon est sans nom d'auteur à la bibliothèque
Mazarine, n<» 962, fol. 79.
Fol. 191. Audite verbum Domini. — Verbumalivd
primo homini inspiratum est^ aliud Moysi, famulo
Dei, indicatum . . . Sans nom d'auteur dans les
n°» 3563 (fol. 72) de la Bibliothèque nationale, 962
(fol. 81) de la Mazarine et 272 de l'Arsenal (fol. 14);
avec le nom de Pierre Le Mangeur dans notre
14934 (foL 13) ; mais sous celui de Gébouin dans le
no 14937 (fol. 126) de la Bibliothèque nationale elle
n^ 982 (fol. 21) de la Mazarine.
Fol. 192, Sint lumbi vesiri prxcincti . . . — Hocbrevi
et utili sarculo. De Gébouin. Voir ce que nous avons
dit sur ce sermon sous le n** 3705 (1).
Même feuillet: Fili, memorare novissima. . . —
Filius prodigtAS, jam in regionem dissimilitudinis...
De Gébouin. Cité sous les n«» 3705 (2) et 14804 (3).
Fol. 193. Christus apparuit... — Tribus modis
Christus nobisapparuit. De Gébouin. Sous le 3705 (4).
(1) Tome I, p. 227. (3) Ci-dessus, p. 153.
(2) Ibid, (4) Tome I, p. 226.
]
DE LA BIBUOTHÊQUB NATIONALE 327
Fol. 194, Faciamus hominem... — Hœc verba
partim respiciunt ad prxteritum. De Gébouin. Sous
le nM4804 (1).
Même feuillet : Tristitia vestra converletur in gau-
dium. — Dominiis Jésus discipulis suis, pro tempore^
loco et personiSj mortem suam prœdixerat. Sans nom
d'auteur dans les n*» 3563 (fol. 75) de la Bibliothèque
nationale et 272 de l'Arsenal (fol. 16); avec le nom
de Pierre Le Mangeur dans le n* 14934 (fol. 15); avec
celui de Gébouin dans le n* 14937 (fol. 129) et dans le
n* 982 de la Mazarine (fol. 24).
Il y a, dans ce sermon, de fréquentes allusions au
débat qui s'était récemment engagé sur la double
nature de Jésus.
Fol. 195. Cum venerit Spiritus,.. — Spiritus,sci-
licet donum Patris et Filïi. De Gébouin. Déjà cité
sous le nM 4804 (2).
Même feuillet : Ite, baptizate eos, ait. — Tria sunt
quibus Dominus vindictam exercet. De Gébouin. Sous
lenM4804 (3).
Fol. 196. Ego vox clamantis in deserto, — Dicebant
enim qui missi fuerant : « Tu, quis es ? » Anonyme :
n« 3563 (fol. 80). De Gébouin : n» 14937 (fol. 135) et
n*» 982 (fol. 26) de la Mazarine.
Fol. 196. Cum on Dum médium silentiumtenerent,,.
— Eoc est mel sub cera, nucleus in testa. Anonyme :
3563 (fol. 80) ; De Gébouin : n« 14937 (fol. 136) et 982
(fol. 27) de la Mazarine.
Fol. 197. Completi sunt dies purgationis Mariœ... —
(1) Ci-dessus, p. 153. (3) Ibid,y p. 155.
(2) Ci-dessus, p. 154.
328 MANUSCRITS LATINS
In Evangelio tria principaliter continentui\ quibtos tria
quasi per conirarium junguntur. Anonyme : 3563
(fol. 83), De Gébouin: n« 14937 (fol. 137) el n° 982
(fol. 28) de la Mazarine.
Fol. 198. Qui prxibant increpabant... — Hœc ad
litteram simpliciter intellecta, . . De Gébouin. Sous le
n« 14804 (1).
Même feuillet : Tentatus est Dominus a diabolo... —
Tentât Dominus, tentât diabolos, tentât uterque, sed
modis differentibus.kaon'^me: n®«3563 (fol. 84) ; Maza-
rine, 982 (fol. 39). Avec le nom de Gébouin :n« 14937
(fol. 138).
Fol. 199. Mulier Cananea... — Bœc mulier magna
siinplicium est informatio. De Gébouin. Cité sous le
n« 14804 (2).
Fol. 200. Dominus dedit^ Dominus abstulit... — In
hac brevi verborum superficie. De Gébouin. Sous le
n« 14804 (3).
Fol. 201. Erunt signa in sole et luna... — Duosunt
adventuSy primus occuUus, secundus manifestus. Ano-
nyme : n^» 3563 (fol. 86), 3730 (fol. 251). Avec le nom
de Gébouin : n°« 14937 (fol. 142) ; Mazarine, 982 (fol. 33).
Fol. 202. Et factum est dum irent,.. — Sunt autem
très principales species leprx. De Gébouin, sous le
nM4804(4).
Fol. 2QZ.Dilectus meus venit in hortum... — Bortus
Dei anima est humana. Non autem dico : haec vel illa.
De Gébouin: n"« 14937 (fol. 1437) et Mazarine, 982
(fol. 34).
(1) Ci-dessus, p, 160. (3) Ibid,
(2) Ibid.y p. 154. (4) Q-dessus. p. 160.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 329
Même feuillet : Beati pauperes spiritu,., — Sermo
iste affectu desiderabilis. De Gébouin. Déjà cité sous
lesn»M3432(l)etl3578(2).
Fol. 205. Venient ad nos. . . —-Bsec verba Salvatoris
nostri. De Gébouin. Sous le n<> 14804 (3).
Même feuillet : Dixit Dominus Petro... — Et hœc
tertio. Dictus autem Petrus a petra. De Gébouin. Sous
le nM 4804 (4).
Fol. 206. Sciendum est nohis, fratrescarissimi^quia
obedientia aliquando mag'ni meriti est. De Gébouin :
n«» 14937 (fol. 151) et Mazarine, 982 (fol. 43).
Ici finissent les sermons de Gébouin et la collection
est presque complète. S'ils n'ont pas été, comme
nous l'avons dit, publiés, ils auraient pu Tètre. Les
honneurs de l'impression ont été généreusement ac-
cordés à de plus mauvais. On n'y trouve, à la vérité,
que- des explications d'allégories imaginaires ; mais
trouve-t-on autre chose dans la plupart des sermons
du même temps? Ceux de Gébouin ont, du moins, le
mérite d'être ordonnés avec la plus rigoureuse symé-
trie et rédigés avec le plus grand soin. Il n*y a pas de
choquantes trivialités; ils n'offensent le goût que par
des subtilités prétentieuses.
Fol. 207. Moyses et Aaron in sacerdotibus.,. — Unus
est sermo quem audistis per os meum, sed duos fiabet
intellectus. Sous le nom de Pierre Le Mangeur dans le
n° 14937 (fol. 152), Sous le nom de Gébouin : Maza-
rine, 982 (fol. 44).
Le style de ce sermon n'est pas celui de Gébouin .
(1) Tome II, p. 165. (3) Ci-dessus, p. 160.
(2) Ibid., p. 271. (4) Ibid. , p. 154.
330 MANUSCRITS LATINS
Ea outre, il y a peu d'allégories ; des digressions his-
toriques en tiennent la place. Nous le croyons donc
de Pierre Le Mangeur, un historien, quoiqu'on ne lise
pas à la fin Tune ou l'autre des phrases qui termi-
nent la plupart de ses sermons. Il est inédit.
Fol. 208. Hodie, dilectissimi^ dies nobis illuxit insi-
gniSy tanto céleris diebus sanctior quanto sanctiorem
hominem terris effudit. Pour la fête de saint Jean-
Baptiste. Ce sermon, d'une longueur inusitée, se lit
sous le nom de Pierre Le Mangeur dans le n"* 14937
(fol. 66) ; mais on ne doute guère qu'il soit de Pierre
Damien, à qui l'attribuent des manuscrits plus dignes
de confiance. On le peut lire, d'ailleurs, sous ce nom
de Pierre Damien, dans le tome CXLIV de la Patrolo-
gie, col. 627.
A la suite plusieurs sermons de saint Bernard, que
nous ofiFre, dans le même ordre, le n° 307 de la Ma-
zarine, très beau volume autrefois conservé chez les
frères Prêcheurs de la rue Saint-Jacques, un des re-
cueils les plus estimables des sermons de l'illustre
abbé.
Fol. 212. Sicut œger ad medicumy sic esse débet pec-
cator ad creatorem suum. De saint Bernard. C'est le
sermon CVII De diversis, dans Tédition de ses Œuvres.
Nous l'avons anonyme dans les n^ 14517 (fol. 219) et
14925 (fol. 212).
Au même feuillet : Spiritus Domini replevit orbem.
— Per orbem terrarum intelligitw natura nostrarum
animarum, La place que ce sermon occupe dans ce
volume, dans notre n^ 14517 (fol. 219) et dans le
n** 307 de la Mazarine (fol. 51) prouve assez qu'au
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 331
temps des copistes on le croyait de saint Bernard.
Cependant Mabillon ne Ta publié ni parmi les œuvres
authentiques ni parmi les œuvres supposées de cet
illustre Père. 11 ne Ta donc trouvé dans aucun des
manuscrits dont il a fait usage, et conséquemment il
est encore inédit. Nous allons en donner le texte
d'après les trois copies dont nous avons fait Theu^
reuse rencontre :
Spiritus Lomini replevit orbem terrarum et hoc quod
continet omnia scientiam habet vocis. Per orbem terrarum
intelligitur natura nostrarum animarum. Sicut enim Ecclesia
sancta per totum mundum diffunditur et per omnium
gênera linguarum gratiam Spiritus sancti resonat et loqui-
tiir, diverses ritus et mores in confessione fidei consocians,
ita animarum nostrarum natura per varies affectus variata
distenditur, et, licet alia plus, alia minus, amorem Spiritus
concipiat, idem tamen Spiritus eperatur omnia in omnibus;
donerum cujus multiplex largitio hominis animam instruit
et informat ut cum eo unus spiritus fiât ; sicut compagum
divisa connexie corpus hominis in mensurain vel plenitudi-
nem œtatis prevehit et consummat, juxta illud apostoli :
Unus partis, unum corpus multi sumus in Christo (1) î
Dédit igitur apostolus intelligi, cum prsemisisset unus
paniSy deinde subjunxisset unum corpus, ex multis ani-
mis in unum cenflari per amorem, quia multitudinis cre-
dentium erat corpus unum et anima una, sicut ex multis
granis unus panis efficitur per ignis ardorem . Igitur terra
cordis nostri, quse per diluvium scelerum et multiplicium
errerum speciem suae creationis amiserat,'ut de ea dicere-
tur Terra autem erat inanis et vacua, per eperatienem
Spiritus sancti in primas creationis restaurata dignitatem,
gaudet et fructifieat. Dicatur ergo : per spiritum timoris fit
arida, per spiritum pietatis plana, per spiritum scientiae
plena; quorum duo prima sunt mérita, tertium prsemium.
Item, per spiritum fortitudinis solida, per spiritum cotisilii
(1) EpisL prima ad Corinth,, X, 17.
332 MANUSCRITS LATINS
munita, per spiritum intellectus degustata vel cibata ; quo-
rum 8eque duo prima sunt mérita, tertium prsemium. Quod
dicitur scientiam hdbet vocis, ita intelligitur quasi diceret
confessionis, quia corde creditur, ore conûtetur; cujus con-
fessionis Spiritus sanctus habet scientiam, quia, si quid
simulatum ore profertur,ipsenovit sécréta intelligentiae, cui
nuda est abyssus humansB conscientiaB, juxta apostolum
scribentem ad Hebraeos, quia ipse est divisor compagum et
medullarum, discretor cogitationum et intentionum
cordis (1). Dicatur ergo : scientiam habet confessionis.
Attende quoque quod confiteri est dicere ore quod in corde
est. Si non est in corde, fateri potest dici, non conûteri ; et
ideo dicturus ore oonfessio fit ad salutem, prsemisit corde ;
creditur ad justitiam. Sed, et hoc prsemisso, recte addidit :
ore autem confessio fit ad salutem , quia non sufficit esse in
corde ; quia verum non est si illud quod necesse est taceatur
vel falsum dicatur. Unde et Petrus, corde credens, tamen
peccavit quia ore negavit. Ad hoc enim in fronte, scilicet in
sede pudoris, fit signum crucis, ne christianus opprobria
erubescat. Dicatur ergo Spiritus sanctus habet scientiam
vocis, id est confessionis ; cujus confessionis tria sunt
gênera: confessio alla filia, alla an cilla, altéra adultéra.
Sicut enim mulier gignit prolem, ita confessio parit indul-
gentiam ; confessio itaque filia parit filium, scilicet fructum
sanum et incolumem; confessio ancilla filium luscum, debi-
lem; confessio adultéra filium abortivum; et horum nom!-
num effectus significant confessionum profectus vel defectus.
111a igitur confessio quse filia vera dicitur fieri débet humi-
liter, pure et fideliter. Humilis itaque confessio est quando
is qui confiteturvilis vult reputari, non humilis praedicari ;
gaudet enim contemptu sui, hoc solo sane superbus quod
laudes contemnit. Omnino illa confessione placatur Deus,
quando in ore confitentis humilitas sonat et eadem nihilo-
minus in corde radiât. Pura vero confessio est quando is qui
confitetur intentionem, forte qusB homines latet, si sit rea,
non excusât; non culpam, quse gravis est, levigat, non
alieno suasu, cum invitum nemo coegerit, adumbrat. Fidelis
denique confessio est quando confitens de spe indulgentise
(1) EpUt. ad Hebrwos, IV, 12.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 333
penitus non difûdit, ne suc se ore non tam justiûcet quam
condemnet. Judas proditor et Gain fratricida confessi sunt
et diffisi sunt. Alter : Peccavi, inquit, tradens sanguinem
justum ; alter : Major est iniquitas mea quam ut veniam
merear, Licet ergo verax fuerit, nil ei infidelis confessio
profuit. Nos autem, cum aperiamus os in vocem confessio-
nis, CQgitemus^ et revereamur eum qui habet scientiam
vocis; qui vivit et régnât in sœcula saeculorum, amen.
Il nous semble qu'on peut admettre sans aucune
hésitation que l'impérieux abbé de Glairvaux est bien
l'auteur de ce sermon très étudié, dont toutes les
phrases, réduites, à l'imitation de Sénèque, aux mots
nécessaires, sont autant de décisions sur des points
de morale, justes sans doute, mais dures et dure-
ment formulées.
Le suivant, qui est du même style, est sur la même
matière, la confession.
Fol. 213. Quatuor sunt qux impediunt corifessionem -
pudor, timor^ spes, desperatio. De saint Bernard; c'est
le n*^ GIV des Sermones de diversis.
Au même feuillet : Beata illa et sempUerna Trinitas
Pater et Filius et Spiritv^ sanctus, unus Deus scilicet^
summa poteniia, summa sapientia, summa benignitas.
De saint Bernard ; n° XLV De diversis.
Fol. 214. Quœ est ista qu3e ascendit... — Vobis,
loqui erubesco. Ce sermon, pour la fête de l'Assomp-
tion, est ici, dans les n"^ 14517 (fol. 222) et 2938
(fol. 111), ainsi que dans le n° 307 de la Maza-
rine (fol. 53), comme appartenant à saint Bernard.
Cependant cette attribution nous parait contes-
table. En effet l'orateur dit de la Vierge : Istanata
absque omni peccatOy ut prxparata in templum Dei
334 MANUSCRITS LATINS
et sanclificata a Spiritu sàncto. Telle n'était pas, on
le sait, Topinion de saint Bernard. « Malgré sa dé-
votion si éloquente et si tendre pour la sainte Vierge,
disent les auteurs de V Histoire littéraire (1), il soute-
nait que le privilège d'avoir été conçu sans tâche
n'avait jamais pu appartenir qu'à Jésus-Christ. » Cela
nous dissuade de publier ce sermon, quoiqu'il soit du
temps de saint Bernard et de son style.
Fol. 214. Emissiones tioœ paradisus. — Vox illius
cœlestis Jérusalem congaudentis huic quœ peregrinatur
in terris. Ce sermon est de saint Bernard ; on le peut
lire, dans l'édition de ses Œuvres, sous le n° XCI des
Sermones de diversis. Nous l'avons cité sous les n°'
13577 (2) et 14804 (3).
Fol. 216. Très sunt statusanimm; in corpore, posito
corpore, recepto corpore. Dans les Œuvres de saint
Bernard, sermon CVI De diversis. Dans les Œuvres de
Hugues de Saint- Victor, Miscellanea, lib. V, tit. 76.
Cela n'est certainement pas un sermon ; c'est un
court fragment de psychologie mystique. Mais quel
en est le véritable auteur ? Le style en est élégant,
très étudié ; ce qui Ta fait sans doute attribuer au
Victorin. Cependant on le rencontre sous le nom de
saint Bernard, non pas, à la vérité, dans les princi-
paux recueils de ses œuvres, mais, du moins, en des
manuscrits qui semblent très dignes de confiance.
Entre l'un et l'autre il convient d'hésiter.
Même feuillet : Dentés tui sicut grex tonsarum...^
(1) HisL liltér. de la Fr., tome XIII. p. 232.
(2) Tome II, p. 262.
(3) Ci-dessus, p. 143.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 335
Spiritus sanctus. de cujus secretiori fonte Canticorum
flumen émanât,.. De saint Bernard; sermon XGXIII
De diversis.
Même feuillet : Egredimini^ filix Sion.. . — Non di-
cit Ecclesiaslen aut Ididiam; nam et his nominibus
appellatus est rex ille et figurât Jesum Christum. De
saint Bernard ; sermon L De diversis.
Fol. 217. Sapientia vincit maliiiam, dum Saimam
conterit Dei virtus et sapientia Christi ; attingit ergo a
fine usquead finem. De saint Bernard; sermon XIV
De diversis.
Fol. 218. Hoc sentite in vobis... — Omnequod procès-
sitde ore Jesu.., Encore un sermon inédit, que nous
avons ici dans notre n° 14517 (fol. 227) et dans le
n^ 307 (fol. 58) de la Mazarine, joint à d'autres
dont saint Bernard est Fauteur incontesté. Il y
a plus: dans notre n° 2938 (fol. 117), il est, sans
équivoque, sous le nom même de saint Bernard, et
nous pouvons presque assurer qu'on né le trouvera
pas ailleurs sous un autre nom. Ces indications étant
données, on est certainement curieux de le lire. Nous
allons donc le publier, après en avoir établi le texte
sur les quatre manuscrits cités :
Hoc sentite in vobis quod et in Christo Jesu. Omne
quod processit de ore Jesu, de corde, de operatione, totum
prorsus caritatis opus erat. Vera locutus est, recta operatus
est, indigna passus est. Hoc sentite in vobis. Vera locutus
est; et, vos, intendite veraloqui. Recta operatus est; et, vos,
recta operari intendite. Indigna passus est ; et, vos, parati
estote indigna pati si oportet : si enim compatimur et conre-
gnabimus. Ecce tempus passionis, ecce audivimus Jesum
conclamentem et dieentem : Vos qui transitis per viain, non
336 MANUSCRITS LATINS
habentes hic manentem civitatem, sed futuram inquîritis,
attendite et vid&te si est dolor sicut meus. Ideo, ait propbeta,
vere languores nostros ipse tulit et dolores ipse porta-
vit (1). Vulneratus est propter iniquitates nostras et attritus
propter scelera nostra. JTbc item sentite in voMs: vianostra
Chris tus est ; Ohristum attende ; pati venit, sed et gloriûcari ;
contemniy sed et exaltari; mori, sed et resurgere. Opus te
terret; mercedem vide. Quare vis pervenire ad eam rem
delicatus, ad quam non perducit nisi labor ? Ad aliquod
transitorium non potes sine labore venire ; ad vitam aeter-
nam sine labore vis pervenire. Hoc item sentite in vohis^
amplectendo et imitando. Quod ductus est Jésus in desertum
a Spiritu, scilicet suo, id est Spiritu sancto, qua de causa ?
Ut tentaretur a diabolo, docens luctare et coronari. De bap-
tismate veniens tentatus est ; eodem modo veniens quis ad
conversionem a diabolo tentatur. Verbi gratia, archa clausa
tentatur utrum clavi obserata sit; nam apertam nemo est qui
tentet ; quod enim clausum est tentatur ut aperiatur. Absor-
bebit fluvium, id est saeculares de vitio in vitium fluentes,
ut qui in sordibus sunt sordescant adhuc, et non mirabitur.
mis imperat ut suis, ut patulis et ad malum proclivis ; reli-
giosos utpote clausos tentât utrum aperiant ei. In illis, id
est in patulis, potestate assueta, in istis a Dec ad correptio-
nem et ad coronam bénigne concessa. Non enim permittet
nos Deus tentari supra id quod possumus ; nobis suggerit,
illos interficit ; tentât, sed multipliciter ; sed in ter tôt de
tribus caveamus. Ait Salomon : Si Spiritus potestatem ha^
bentis ascenderit super te, locum tuum non deseras (2) .
Locum vocat locum religionis. Ule mille artifex (3), qui
locum suum deseruit sperans in multitudine divitiarum
suarum, id est glorise, et prsevalens in vanitate sua, secun-
dum illud: Ponam sedem meam ad aquilonem et ero
similis altissimo, factus apostata èx superbia, et tanta quod,
quia impenitens et ad se non revertens, in perpetuum cecidit
et absque misericordia, ille, inquam, apostata élaborât,
multa proponendo et promittendo, ut locum tuum deseras,
(1) Isaïe, XXIII, 4.
(2) Eccles. X, 4.
(3) Mille ariifeXy surnom de Satan.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 337
et irrevertibiliter factus apostata et impœnitentialiter, pro
eo quod pecces et idcirco absque misericordia. Ecce primus
locus. Aliud adhuc vocat locum, videlicet dignitatem animse,
qua tantum differt corpus ab ea quantum tenebrae et lux ;
illa enim vivificat , sensiûcat , régit et gubernat. Si
ascenderit super te spiritus potestatem habentis, locum
tuum non deseras ; id est : o tu, anima, non deseras digni-
tatem tuam, quse, cum vivificare, sensificare, etilludhabet
quod est potissimum, id est cetera gubernare, scilicet oculis
imperare ne videant vanitatem, manibus ne operentur ini«
quitatem, et sic de ceteris, et suum vas in sanctiûcatione
possidere. Si spiritus potestatem habentis ascenderit super
te, locum tuum non deseras. Tertius locus est quœdam
mera et examinata puritas conscientise, qua homo quasi
extra hominem factus, transcendens se supra se, nihil po-
test absconditum portare quod ipsam conscientiam inquietet,
contaminet et accuset, utpote cujus conversatio in cœlis est.
Sunt enim nonnulli qui nec primum locum deserunt nec
secundum. Primum non deserunt, quia monasterium tenent ;
secundum non deserunt, qui observantias ordinis corpora-
liter et sine querela observant ; exteriorem hominem secun-
dum ordinem regunt et gubernant, sed interiorem hominem
non bene examinant, occupante illum superiorem locum vel
ira vel contradictione contra praelatum, vel excellenti super-
bia contra coœqualem, vel indignatione contra inferiorem,
colantes culicem et camelum glutientes.
Plerique viri religiosi ducuntur in desertum a spiritu,
suo videlicet, id est spiritu superbiae; ducuntur in desertum,
id est in propriam voluntatem, quse nullum facit fructum
bonum, sicut terra inculta, sicut desertum, sicut terra déser-
ta, deserens voluntatem illius qui dixit : Non vent facere
voluntatem meam^ sed voluntatem ejus qui misit me (1).
Déserta, inquam, a Deo et nulla. Licet enim opéra illius
videantur bona, sancta et recta, utpote jejunare, laborare,
vigilare, orare, et cetera quœ sunt ordinis, quia plus hoc
agit quam ceteri et excedit quod exigit communis régula
monasterii et quod majorum cohortantur exempla, suas
volens constituere justicias, justitisB Dei non est subjecta.
(1) Evang, Joannis, v, 30.
m. 22
338 MANUSCRITS LATINS
Voluntas ista desertum est ; non colit eam ille qui dicit :
Qui vos audit me audit (1). Horum quanquoque allquis
jejunat diebus ac noctibus. Jejnnare diebus id est quod,
quando hujusmodi spiritu suo, id est superbisB, alios omnes
excidit, audit susurrare : « Homo iste monachum faciet; de
eo absque dubio res erit magna, » tune ultra totum . posse
suum jejunat, vigilat, laborat, orat, exterminât faciem suam,
ut videatur ab hoi^inibus jejunans. Non ungit caput, id est
conscientiam. Jejunat et noctibus, id est in adversitatibus;
etsi enim verbis increpetur, verberibus affligatur, publiée
coerceatur, non potest tamen redire ad id quod agunt alil,
deserto loco suo, id est humilitatis. Cum ascendisset super
eum spiritus potestatem habentis, non potest quidem redire,
non acquiescit consilio seniorum, donec esuriat et deficiat
et corpore et spiritu ; adeo quidem ut pro grossis cibis quos
coram hominibus amplectebatur et multum parce, in infir-
mitorio manibus sanctorum fratrum advectatus, nisi statim
apponentur ei cibi exquisiti, cibi delicati, murmurât et
obloquitur adeo quod eum nemo ferre potest, nec ultra
pacem habebit; et quae prius tangere nolebat anima ejus,
nunc prsB angustia non tam debilitati corporis quam animi
adnihilati, cibi ejus sunt.
La dernière partie de ce sermon manque dans notre
n® 14925 ; nous l'avons tirée du n® 2938, beau manus-
crit du XIII® siècle, jadis conservé dans Tabbaye de
Mortemer. Cette dernière partie montre clairement
que le sermon est d'un religieux bénédictin et fait
soupçonner qu'il est d'un abbé, d'un abbé sévère et
de grande autorité sur ses moines. Sur quel ton il les
conseille et les censure ! Pourquoi cet abbé rigide et,
comme il semble, redouté ne serait-il pas, ainsi que
nous le disent les copistes, le saint abbé de Clair-
vaux ?
Fol. 219. Justum deduxit Dominus... — Liber Sa*
(1) Evang. Lucœ, x, 16.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 339
pientiœ pluribus modis commendai homini sapientiam.
Avec le nom de Pierre Le Mangeur dans les n"" 2602
(fol. 40), 2950 (fol. 25), et 14937 (fol. 72), 16709 (fol.
106). Inédit. Ce sermon est pour la fête de saint Au-
gustin. Nous y remarquons le passage suivant, où
l'orateur explique à sa manière pourquoi Tinstinct et
Tintelligence sont, chez les aoîmaux, en raison in-
verse l'un de Tautre :
Daniel ad majestatem visionis prostratus audivit ab an-
gelo : Sta super pedes tuos, Quod si non creditis prophetse,
crédite poetae :
Os homini sublime dédit cœlumque videre
Jussit...
Quaesierat tyrannus a philosopho : « Quare te fecit
Deus? » Et respondit : « Ut contempler cœlum et cœli numi-
na. » Factus est enim homo in terra non ad terram, sed ad
cœlum ; factus est de terra non propter terram, sed propter
cœlum. Quod probabili liquet argumente. Animal brutum et
mutum naturaliter novit remedium œgritudinis suse : leo segro-
tans simiam quserit,qua devorata convalescit; simîa segrotans
quserit sanguinem canis, ursus formicas, leopardus capreas,
caprea dictamnum, limax origanum, serpens fœniculum.
Homo vero attritus in physica fere videtur ignorare haBC et
quarc habeantur. Idem est ac si dicat ei Dominus : « Non
ad hoc factus es, nec expedit tibi scire quse sunt super ter-
ram, quia nec etiam incolumitatem tuam, quam prsB omni-
bus terrenis affectas. Sta ergo in viis tuis, gradiantur bruta
in viis suis. »
Fol. 220. Homo cura in honore essei. . . — Deus ul-
tionum, Dominus Deus ultionum libère egit. Nous
avons déjà cité ce sermon, sans en indiquer Fauteur,
sous le n® 1 4593, où il est anonyme (1). Cet auteur
est certainement, nous le constatons aujourd'hui,
(1) Ci-dessus, p. 70.
340 MANUSCRITS LATINS
Pierre Le Mangeur ; mais il y a de grandes différences
entre le texte de noire manuscrit et celui de Tédition
autrefois donnée par Busée, nouvellement reproduite
par M. l'abbé Migne au tome GXCVIII, col. 1836, de
la Patrologie. Doit-on supposer que Pierre Le Man-
geur a lui-même pris le soin de modifier un travail
dont il n'était pas satisfait? Ou doit-on croire plutôt
que tous les changements dont il s*agitsont Touvrage
de quelque copiste? Il faut hésiter entre Tune et Fau-
Ire conjecture.
Fol. 221. Homo quidam peregreproficiscens... — De
scola superni magisterii verbum hoc prodiit quod au-
distis. Une autre copie de ce sermon est pareillement
anonyme dans le n* 14937 (fol. 79). Mais le n« 2950
(fol. 77) nomme l'auteur Pierre Le Mangeur. Prononcé,
non devant le peuple des fidèles, mais devant des
prêtres, Adsacerdotes^ ce sermon est court, simple cl
contient les plus sages recommandations. Il est inédit.
Fol. 222. Sint lumbi vestri prwcincH... — Fidelis
sermo et omni acceptione dignus, admodum brevis^ sed
sufficiens. Sous le nom de Pierre Le Mangeur dans les
n»' 2602 (fol. 138) et 14937 (f. 80). Inédit.
Fol. 223. Vere Dominus est in locoisto. — Viden-
dum guis hoc dixit et ubi, et quando et quare. Une au-
tre copie, dans le n** 14937 (fol. 82), n'offre pas non
plus le nom de l'auteur ; mais il nous est fourni par
le no 2602 (fol. 136); c'est Pierre le Mangeur. Inédit.
Ces deux derniers sermons finissent par une de ces
invocations dont les termes, qui n'ont rien de banal,
équivalent en quelque sorte, comme on Ta dit, à la
signature de Pierre Le Mangeur.
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 341
14929
La plus grande partie de ce manuscrit est occupée
par un fatras de sentences morales et d*exhortations
pieuses, rangées suivant l'ordre alphabétique.
Cet ordre n'est pas rigoureusement observé. Re-
marquons, en outre, que, sous la plupart des titres,
il y a des notes de diverses mains. En fait, ce que
nous avons ici n'est pas un livre : c'est un recueil de
notes, d'extraits, formé ^our servir de vade-mecum
aux prédicateurs quf ne se faisaient pas scrupule de
parader avec l'esprit des autres. Ces notes sont em-
pruntées, pour le plus grand nombre, à des sermons
du genre familier. Nous n'en citerons que plusieurs
anecdotes :
Fol. 3. Exemplum de clerico quodam de quo narratur,
quod, cum esset Parisius ad fenestram et audiret cantilenam
in vico, in qua dicebatur,
Li tens s'en veit,
Et je n'ei riens fait ;
Li tens revient^
Et je ne fais riens,
primo cœpit cogitare cantus dulcedinem, deinde verbi sen-
tentiam et sic accepit quasi a Deo sibi mitteretur, et in cras-
tinum omnia relinquens intravit religionem.
FoL 41. Magister Guiardus, cancellarius Parisiensis et
episcopus, dédit licentiam subditis suis laborandi in minori-
bus festis, ne irent ad choreas vel ad tabernam.
Fol. 78. Ebrietas est major fatuitas quam possit inveniri
in equo vel bove. Dicitur enim communiter : Menez le huef
à Viaue ja ne buvera si n'a soif Sed multi prseter sitim
bibunt a garsel et infatuati inebriantur. De hoc etiam multa
mala proveniunt. Exemplum de illo ebrio qui vendidit dia-
bolo in specie hominis in taberna animam snam pro 40
342 MANUSCRITS LATINS
solidis. Alla enim vendiderat socio suo, qui animam suam
noluerat emere. Qui, cum postea vellet pœnitere, diabolus
noluit, sed eum importavit in corpore et anima, quia, licet
corpus non emisset, tamen, quia emerat equum, de jure
habuit et chamum ; cum enim equus emitur non oportet
forum ezprimi de emptione chami. Ebrii sunt sicut situlse
aquaticœ qusd antequam implentur in puteum faciliter des-
cendunt, sed plensB de difQcili ascendunt, imo percutiuntur
hinc et inde. Sic iili, quando descendunt in tabemam,
faciliter descendunt, sed, quando exeunt, via eis stricta est.
Fol. 213. Quidam laici cum sacerdote simul ibant. Vene-
runt latrones, Dizerunt : « Quilibet se bene défendant. > Et
ait sacerdos : c Ego non sum homo, nec debeo me defen-
dere. » Tune illi, contenti ha<; ratione, sacerdotem défende-
runt. Obviaverunt meretricil^us. Dixerunt : « Quilibet suam
accipiat. » Dixit sacerdos : « Et ego meam. » — Non, dixe-
runt alii, tu non es homo. » — c Imo, dixit sacerdos, habeo
quidquid homo portât. >
Du fol. 247 au fol. 270, la plupart des notes sont
des proverbes français, que suivent des commentaires
latins. Du fol. 270 à la fin du volume, quelques
sermons.
Le premier commence par : Natus est tibi puer
masculuSu — Adoculum videmus qiùod, quando aliqua
domina nobilis... Quoiqu'il ne soit pas d'une gravité
soutenue, ce sermon est sans intérêt. Il y a des traits
vulgaires, mais non plaisants. Les sermons suivants,
jusqu'au fol. 279, sont presque tous inachevés. Nous
les croyons du même auteur.
Fol. 279. Gloria e jus quasi flos... — Vulgariter di-
citur : « Biauté fardée ne puet longuement durer. «
Ratio est quia durare non potest quod maie fundatur.
Autres copies anonymes : n®* 14963 (deuxième série,
n^ 87) et 14964 (fol. 222). Ce sermon suit et précède,
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 343
■
dans les manuscrits que nous venons de citer, des
serinons de Jacques de Lausanne. C'est pourquoi nous
ne doutons pas qu'il soit de lui.
Fol. 280. Bumiliavit semetipsum... — Vulgari-
ter dicitur ce que maladie est par son contraire gué-
rie. » Contraria contrariis curantur. Autres copies :
n«« 14963 (2« série, n« 88), 14964 (fol. 228). De Jacques
de Lausanne.
Fol. 283. Processerunt obviam ei... — Legatopacis
et concordiœ reformandx. Autres copies anonymes :
n^« 14963 (deuxième série, n*» 37), 14964 (fol. 17),
18181 (fol. 66) ; Troyes, n* 1853. Mais l'auteur, Jac-
ques de Lausanne, nous est indiqué par le n"" 1818.1,
el de plus le sermon est imprimé sous son nom à la
page 85 d'une édition de Tannée 1530.
Fol. 285. Custos domini sui gloriabitur... — Qui
bene custodit bene iiivenit. Aussi de Jacques de Lau-
sanne; p. 115 de l'édition. Autres copies: n*" 13374
(fol. 226), 14962 (fol. 239), 14963 (première série,
no 43), 14966 (fol. 49), 18181 (fol. 99).
FIN DU TOME TROISIEME
NUMÉROS DES VOLUMES DECRITS
Numéros. Pages.
U2i6 1
14i5D 2
14258 »
14264... 3
14265 ; »
14268 7
14269 »
14384 »
14411 8
14416
14425 10
14427 11
14435 13
14512 15
14590 18
14593 67
Numéros. Pages.
14604 79
14795 »
14799 HO
14802 140
14804 141
14807 175
14868 180
14869 182
14877 189
14883 222
14884 247
14886 249
14899 276
14923 2f)l
14925 310
14929 341
TABLE DES AUTEURS GITES
A. (frère), lecteur de la Bible.
Sermon, p. 136.
Absalon, abbé de Saint-Victor.
Sermons, p, 330, 317.
AcHARD, abbé de Saint-Victor. Ses
sermons, p. 2i, 26-29, 35-39»
41-41^ SO, 31-59, 314. — Quses-
tiones qui lui sont faussement
attribuées, p. 176.
AcHARD, moine de Glairvaux, con-
fondu avec Achard de Saint-
Victor, p. 56, 77.
Adam de Perseigne. Extraits,
p. 229.
Adam de Saint-Victor. N*esl pas
l'auteur du YocabulariumBiblix
p. 79.
Adam du Petit-Pont. Traité de
Utensilibus, p. 197-218.
Adénulfe d'Anagni, prévôt de
Saint-Omer. Questions quodli-
bétiques, p. 290.
Alain de Lille. Sermons, p. 134,
312. — Son Ars pi'xdicandif
p. 274, 310. De sex alis cherU'
biniy p. 273.
Alain l'Anglais. Sermon à lui
attribué, p. 312.
Anselme (S.), archev. de Gantor-
béry. Opuscule mystique qui
lui est faussement attribué,
p. 178. — Traités sur TEucha-
ristie dont il n'est pas l'auteur,
p. 184, 183. — Lettre sur le
mariage des consanguins ,
p. 186.
Anselme de Lucqubs. Auteur du
Stimulus amoris, p. 308.
Arnoul, moine de Boheries. Son
Spéculum monachorufk, p. 309.
Arnulfe d'Humblières. Sermon,
p. 286.
Augustin (S.). Opuscule mysti-
que qui lui est faussement at-
tribué, p. 177.
Bérenger Frédol. Somme sur la
pénitence qui lui est fausse-
ment attribuée, p. 225.
Bernard (S.), abbé de Glairvaux.
Fragments, p. 10, H. — N'est
pas l'auteur du De operibus
sex dierum, p. 16. — Sermons,
p. 142-144, 148, 154, 3:^0-338.
— N'est pas l'auteur d'un opus-
cule mystique qui lui est at-
tribué, p. 178. — Sur ses Pa-
raboles, p. 178. — Homélies
in laudem beat« Fîr^mîS,p.l89.
348
TABLE DES AUTEURS CITES
— De gradibus humilitatis et
superbUe, p. 189. — Lettre à
Guillaume, abbé de Saint-
Thierry, p. 189.— Poèmes qui
lui sont faussement attribués,
p. 305. — N'est pas l'auteur
de la Doctrina super modo con-
fiiendû p. 306. — N'est pas
l'auteur du Spéculum monacho-
rum^ p. 309.
Bernard de Parme. Son Brevia-
riumy p. 78.
Berthold, archidiacre de Wirtz-
bourg. Auteur supposé d'ouvra-
ges dont il n'a été que le do-
nateur, p. 13, 14.
BoNAVENTURE (S.)* lUnerarium
mentis ad Deum, p. 177. —
— Cité, p. 241. — Sermon,
p. 281. — N'est pas l'auteur
du Stimulus amoris p. 308.
Brunon d'Asti. De sacramentis,
p. 184.
Burchard de Worms. Son Cor-
reptor ou Corrector, p. 249.
Cyprien (S.). Auteur supposé du
De operibus sex dierum, p. 15.
Denys l'Aréopagite. Fragment,
p. 150.
Durand de Saint-Pourçain. Ser-
mons, p. 82-89, 92, 108, 109.
Egbert, archev. d'Yorck. Canones
de remediis peccatorum^ p. 187.
Ernaud, abbé de Bonneval. Ses
écrits De operibus sex dierum^
De verbis Domini in cruce et
sermon en l'honneur de la
Vierge, p. 16, 76.
Etienne de Langton. Sermons,
p. 67,71,313.
Etienne de Tournai. Sermon
p. 171.
Eudes de Chateauroux. Ses Dis-
tinctiones super Psalterium,
p. 10.
Eudes de Douai. Extraits, p. 229.
Eudes de Soissons, abbé d'Ours-
camp. Ses Qiuestiones, p. 176,
182, 186.
Eudes de Sullt. Ordonnances
synodales, p. 67.
Eustache, frère Mineur. Sermons
p. 280, 299. — Questions quod-
libétiques, p. 291 .
François Caraggioli, chancelier
de Paris. Sa somme par la pé-
nitence, p. 225, 226.
Gauthier, prieur de Saint-Victor,
Ses sermons, p. 20-23, 25, 32-
35, 43, 44, 51-53, 59-62, 312,
314. — QtUBStiones super épis-
tolas Pauli,p, 175.
GÉBOuiN, archidiacre de Troyes.
Sermons, p. 152-160, 322-
329.
Geoffroy de Troyes. Sermons,
p. 70, 147.
GéRALD DE Barry. Vors qui lui
sont faussement attribués, p.
2DO.
Gérard de Reims. Sermons de
Guillaume de Mailly qui lui
sont faussement attribués, p.
280, 284, 291. — Sermons de
lui, p. 296. — Exposition de la
salutation angélique, p. 295.
Gérard de Saint-Denys. — Ser-
mon, p. 91.
Gilbert Foliote. Son commen-
taire sur le Cantique des can-
tiques, p. 17.
Giraud le Cambrien. Voir Gérald
de Barry.
GODEFROY DE Saint-Victor. Scr-
mon, p. 35.
Grégoire S.). Commentaire sur
le Cantique des cantiques qui
TABLE DES AUTEURS CITES
349
lui est faussement attribué}
p. 140.
GuALA BiCHiERi^ Cardinal. Décret
de lui, p. 67.
GuERRic DE Saint-Quentin. Au-
teur supposé de postules sur
les Prophélies, les lamenta-
tions de Jérémie et le livre de
Baruth, p. 5, 6.
Guillaume d'Auvergnr. N'est pas
Fauteur des sermons publiés
sous son nom, p. â7â.
Guillaume de Lavicea. Dieta sa-
lulis, p. â^.
Guillaume de Lissy ou de Lexi.
Auteur supposé de postillcs
sur les Prophéties, les La-
mentations de Jérémie et le
livre de Baruth, p. 5, 6. — Ser-
mons, p. 301.
Guillaume de Mailly. Sermons,
p. 279,180,283,284,291.
Guillaume de Melton. Commen-
taire sur Job, p. 2.
Guillaume de Moussy. Sermons,
p. 277.
Guillaume de Saint -Thierry.
Traités sur l'eucharistie, p. 185.
Guillaume Euvrie. Note de lui,
p. 193.
Guillaume le Breton. Son Voca.
bularium Bihlia^ p. 79.
Guillaume Péraud. Ses sermons
publiés sous le nom de Guil-
laume d'Auvergne, p. 272.
Guy d'Eyreux. Sermons, p. 137,
139.
H. {magister), sermon, p. 173.
Henri (maître). Sermon, p. 29.
Henri de Baume. N'est pas l'au-
teur du Stimulus Âmoris y p,^GS,
Henri de Provins. Cité, p. 71.
Hilaire. Son recueil d'hymnes,
p. 273.
Hilaire de Poitikhs. Confondu
avec un autre Hilaire, p. 273.
HiLDEBERT DE Lavardin. Yers,
p. 74, 153, 223, 248. — Sermon
qui lui est faussement attribué,
p. 320. — Poème sur Marie
l'Égyptienne, p, 222.
Honoré d'Autun. Auteur supposé
d'un traité sur l'eucharistie,
p. 186.
Hugues de Fouilloi. écrits di-
vers, p. 16.
Hugues de Saint-Cher. Postillcs,
p. 1, 2.
Hugues de Saint-Victor. Exposi-
iio super Ecclesiasten^ p. 32. —
Commentaire sur Joël à lui
faussement attribué, p. 142. —
Fragments de son traité De sa-
cramentiSf p. 146, 147. — Son
traité De oratione, p. 146. —
— Sermon, p. 150. — Sermon
qui lui est faussement attribué
p. 155. — Fragments, p. 150,
151, 161. 163, 334. — N'est pas
l'auteur des Quœstiones super
Epistolas Paulif p. 175. — Ni
des Objectiones contra eos qui .
dicunt, etc., etc., p. 176, 177.
— Ni d'un traité De Anima in-
séré dans ses Œuvres, p. 178.
— Une des Paraboles publiées
sous le nom de Saint-Bernard
lui est attribuée, p. 180. —
Allegoria veteris et novi Testa-
menti, p. 180, 182, 276, 309. -
Des Sentences autres que les
siennes lui sont attribuées,
p. 527.
Hugues de Trimberg. Cité,
p. 222.
Isidore de Séville. Soliloquia,
p. 177.
IvEs DE Chartres. Lettres, p. 223.
350
TABLE DES AUTEURS CITÉS
^ACQUEs DE Lausanne. Ses pos-
tilics sur la Genèse, p. 80. —
— Sur Job, ibid, — Sur les
Proverbes, p. 8i. — Sur TEc-
clésiastique, ibid, — Ser-
mons; p. 09. 110-113, 115, 118,
133, lS6-i3â, 135, 343. — Cité,
p. 106,117,132.
Jacques de Noyan. Son épitaphe,
p. 193.
Jacques j)es Alleus. Questions
sur la discipline monastique,
p. 203.
Jean Belgth. Son Rationale, p.
67,309.
Jean de Baume. Sermons, p. 89,
Jean de Gornouailles. Auteur
supposé d'un écrit intitulé
Objectiones^ p. 177.
Jean de Garlande. Ne parait pas
Tautcur de la Summa pœniten-
tiéB, p. 308.
Jean de Hereford, frère Mineur.
Sa Tabula oiHginalium^ p. 79.
Jean de Jandun. Son Tractaius
de laudibtis Parisius, p. â49.
Jean de La Rochelle. Gommen-
tairc sur saint Marc, p. 5.
Jean de Limoges. Commentaire
sur le psaume Beati immacu-
lati, p. 11. 12, 188.
Jean de Naples. Sermons, p. 88,
93-95, 97.
Jean de Paris. Sermon, p. 86.
Jean de Saint-Benoit. Sermon,
p. 302.
Jean d'Orléans, ou des Alleus,
Sermons, p. 277, 281, 290.
Jean Halgrin d'Abbeville. Para-
phrases sur le Psautier, p. 173.
— Sermon p. 277.
Jean Holywood. Son Comput, p.
190.
Jean La Loue. Sermon, p. 277,
279.
Jean Marchesini. Auteur du
Mammothreptus, p. 8.
Jean de Salisrury. Cité, p. 216.
Jean Scot Érigêne. Souvent cité
par Simon de Tournai, p. 253.
JÉRÔME (S.). Lettre à Héliodore,
p. 224.
Maurice de Sully, évéque de
Paris. Sermons, p. 29, 30, 39,
41, 52, 311, 320^22. — Anec-
docte à lui relative, p. 241.
Nicolas de Biard. Sermon, p. 114.
Nicolas de Clamenges. Epitaphe
de Jacques de Noyan, p. 193.
Nicolas de Gorran. Commen-
taire sur Saint-Luc, p. 3. —
N'est pas Tauteur des postiUes
sur les Actes des apôtres, saint
Marc, les prophéties, les lamen-
tations de Jérémie, et le livre
de Baruth, qui lui sont attri-
buées par Échard, p. 3-7. —
Auteur supposé de postilles
sur les ÉpUres de saint Paul^
p. 7. — Son commentaire sur
le Pentateuque, p. 9. — Ser-
mons, p. 277.
Nicolas de Lire. N'est pas l'au-
teur d'un commentaire sur les
Actes des apôtres qui lui est
attribué, p. 4.
Odon (maître). Sermons, p. fô, 40.
Nicolas de Nonancourt. Sermon,
p. 285.
Nicolas d'Hagqceville. Sermons,
p. 283, 298, 299, 302.
Nicolas de Paris. Son épitaphe,
p. 240.
Paul (maître). Sa Summa de
pœnilentia, p. 225 et suiv.
Philippe de Bergame. Son com-
mentaire sur Caton, p. 8.
TABLE DES AUTEURS CITES
351
Pbilippr db Grève. Vers, p. 3(U.
Pierre, abbédeMouticr-la-GcUe.
Son traité De Panibus, p. 347.
Pierre de Baume. Cité à propos
d'un commentaire sur les Pro-
verbes, p. 81. — Sermons,
p. 85, 86, 89.
Pierre de Blois. N*est pas l'au-
teur d'un poème sur la péni-
tence qui a été imprimé sous
son nom, p. 226.
Pierre de Corbeil. Extraits, p.
229. — Les Quxsliones scolares
à lui faussement attribuées, p.
271.
Pierre de La Palu. Sermons, qui
lui sont à tort attribués, p. 85.
— Sermon, p. 134.
Pierre de Poitiers, chancelier
de Paris. Son Compendium
histoHx veterts et novi Testa-
menli, p. 14. — Sermons, p.
67, 75, 76, 78. — Extraits, p.
229.
Pierre de Poitiers, chanoine de
S.-Victor. Sa somme théoiogi-
que, p. 259 et suiv. — Son
Traclatus, p. 264. — Son Péni-
tenliel, p. 267.
Pierre de Roissy, chancelier de
Chartres. Peut-être auteur
d'un commentaire sur le Can-
tique des cantiques, p. 15. —
Son Manuale de ecclesiasticis
officiis, p, 304.
Pierre de Saint-Denys. Sermon,
p. 91.
Pierre de Tarentaise. Ses com-
mentaires sur les Ëpilres de
saint Paul, p. 7. — Questions
discutées dans son commen-
taire sur le quatrième livre des
Sentences t p. 277.
Pierre LE Chantre. Extraits, p.
229. — Son Liber de sacramen-
tis, p. 271. — Sa Summa qux
dicitur Abel, p. 309.
Pierre LE Lombard. Sermons, p.
44-50, 65, 144, 145, 314.— Fra$^-
ments de ses Sentences^ p. 67.
Pierre Le Mangeur. Ses postilies
sur saint Matthieu, p. 13. —
Sur saint Jean et saint Marc,
p. 14. — Sermons, p.125, 30-34,
41, 66, 70, 153-155, 170, 325,
326, 327, 329. 330, 339, 340.
Prévostin, chancelier de Paris.
Sermons, p. 72, 164-167. —
Extraits, p. 229.
Ranulfe d'Humbiéres. Voir Ar-
nulfe.
Raymond de Brette. Sermon, p.
277, 278. .
Raymond de Penafort. Somme
sur la pénitence qui lui est
faussement attribuée, p. 225.
Rémi d'Auxerre. Sur la célébra-
tion de la messe, p. 187.
Richard de Saint-Laurent. Cité,
p. 221.
Richard de Saint- Victor. Ser-
mons, p. 62-66. — Peut-être
auteur d'un Sermo ad populum
p. 181. — Fragfments, 163. —
Allegorix veleris et novi Testa-
menti, p. 180, 183, 309. — De
Emmanuele libriduo,p, 223.
Robert d'Envermeuil. Son com-
mentaire sur les distiques de
Caton, p. 8.
Robert de Sorbon. Collation de
ses ouvrages authentiques avec
divers écrits où ils sont pillés,
p. 231 et suiv. — Plusieurs fois
cité, p. 237, 238, 240.
Robert de Tombelaine. Son
commentaire sur le Cantique
des cantiques, p. 141,
L
1
352
TABLE DES AUTEURS CITES
Robert Uoleot. Ses postiUcs sur
le livre de la Sagesse, p. 9. —
Auteur supposé d'un commen-
taire sur la Consolation de
Boèce, p. 9.
Servais. Sermons, p. 277. 278.
— Questions quodlibétiqucs,
p. 291.
Simon. Auteur d'un Hortus deli-
eiarunif p. 13.
Simon de Landiàco, ou de Lon-
DAico. Sermon, p. 277, 278.
Simon de Sens. Peut-être auteur
d'un sermon, p. 278.
Simon de Tournai. Sa Summa
Theologica, aussi intitulée /nxi^
tutiones in sacram paginant,
p. 250 et suiv. — Son Tracta-
ttis super Quicumque vuU, p.
258.
Simon le Normand. Peut-être
auteur d'un sermon, p. 278.
Tancrèdb. Son traité De Sjponsa-
libus et matrimoniis, p. 78.
Théodore. Capitula, p. 188.
Thomas d^Aquin. Sermon, p. 281.
Thomas de Cabham. Son Péni-
tentielf p. 7a.
ZosiMA. Auteur imaginaire, p.
222.
FIN DE LA TABLE
Le Mans. — Topographie Edmond Monnoyer.
^^
DU MÊME AUTEUR
HISTOIR& DE LA PHILOSOPHIE SCOLASTIQUE
Paris, Pedone-Louriel, 1872-1880,. 3 vol. in-S».
LES MÉLANGES POÉTIQUES D'HILDEBERT DE LAVASDIN
Paris, Pedone-l^uriel, 1882, in-S".
LES ŒUVRES DE IJ,UGUES DE SAINT-VICTOR
Paris, Hachette et Cîe, 1886/1 vol. in-Bo.
DES POÈMES LATINS ATTRIBUÉS A SAINT EtERNARD
Paris, Kliricksieck, 1890, in^8^ >
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HISTOIRE LITTÉRAIRE DU MAINE
Paris, Dumoulin, 1870-1877, ÎO vol. in-18. ;
LE MANS. — TYP. ED. MONNOYER
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JUN 2 8 1938